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Plaidoyer pour Thomas Sankara et ses fidèles camarades

Publié le lundi 29 novembre 2021 à 12h19min

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Plaidoyer pour Thomas Sankara et ses fidèles camarades

Mwinsoma Jean Claude SOMDA est un conseiller en planification de l’éducation à la retraite. Diplômé du Centre d’enseignement supérieur (CESup) de Ouagadougou et de l’Institut international de planification de l’éducation (IIPE / UNESCO) de Paris, il débuté sa carrière à la direction de la planification de l’éducation du ministère de l’éducation nationale en 1974 et l’a terminée en 2010 au Centre régional pour l’eau potable et l’assainissement à faible coût (CREPA). Chercheur indépendant depuis lors, il est l’auteur d’un premier essai publié en 2017 aux Éditions l’Harmattan sous le titre "Refonder le Faso sur l’intégrité". Il nous propose ici un plaidoyer pour Thomas Sankara et ses fidèles compagnons.

Bonne lecture à :
• tous les lecteurs d’un essai antérieur intitulé « REFONDER LE FASO SUR L’INTEGRITE » (Editions L’Harmattan 2017) qui l’ont honoré de leur curiosité, enrichi de leurs contributions, critiques, réserves ;
• tous les futurs lecteurs, surtout les jeunes burkinabè et africains qui se demandent comment se rendre utiles à leur société, à leur patrie, à ce monde en panne d’âme que leur lèguent des générations décadentes d’aînés et de parents.

MWINSOMA Jean Claude SOMDA.

AVANT-PROPOS

Dans le Sidwaya Spécial SANKARA Hors-série d’octobre 2017 consacré au 30è anniversaire de l’assassinat du Président Thomas SANKARA, l’éditorial de Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA, intitulé « Et le temps réhabilita Thom Sank » livrait les réflexions suivantes :
« Une citation ne cesse de sonner, ces derniers temps, comme une prophétie en Côte d’Ivoire où le successeur de Thomas SANKARA a trouvé refuge depuis sa chute : « Le temps est l’autre nom de DIEU »…..
Le foyer incandescent de la Révolution burkinabè, cette enceinte militaire de Pô qui a abrité en octobre 2007 la célébration en grandes pompes des « 20 ans de renaissance démocratique avec Blaise COMPAORE » a été rebaptisé « Camp Thomas SANKARA », rendant ainsi à « SANKARA, ce qui est à SANKARA »….
Cette réhabilitation unanime témoigne du fait que le peuple burkinabè n’a jamais haï et renié Noël Isidore Thomas SANKARA au point de souhaiter sa mort. Le peuple burkinabè a été mis devant le fait accompli, a couvé son deuil, et a pris son mal en patience.

Malgré sa mort le 15 octobre 1987, le capitaine Thomas SANKARA est resté vivant dans les cœurs. Malheur au leader dont les idées et les actions ne survivent à sa mort ! En attendant que justice soit faite pour fermer définitivement cette douloureuse parenthèse de l’histoire sociopolitique du Burkina Faso, Thom Sank semble avoir déjà eu raison du temps et … de ses bourreaux ».

Voici que quatre ans plus tard, un communiqué du parquet du Procureur Militaire en date du 17 août 2021 informait l’opinion de l’ouverture du procès de l’assassinat du Président Thomas SANKARA et de ses douze compagnons le 11 octobre 2021. Cette annonce ne pouvait que remplir d’espoir tous ceux qui demeuraient meurtris par la fin tragique de ces martyrs de la contre révolution déchainée en interne ce 15 octobre 1987 par un commando assassin de revanchards haineux. A leur mémoire méritent d’être associées les nombreuses victimes de ce terrorisme d’Etat qui furent abattues sur d’autres sites le même jour, ou sauvagement massacrées plus tard au camp du BIA de Koudougou. Même si leurs veuves et leurs orphelins ne sont pas les seuls sur qui la Nation devrait faire des lamentations, le caractère massif des exécutions et la cruauté machiavélique de leurs bourreaux n’avaient ni précédent, ni équivalent et frappaient ce forfait d’indignité hideuse pour le pays des hommes intègres. Les témoignages de Valère SOME, l’auteur de « Les nuits froides de décembre, l’exil ou… la mort », et d’autres victimes de tortures sous le Front Populaire en disent long des représailles ou tracasseries encourues par les proches, les amis, les liens et les soutiens affichés ou supposés du leader anéanti. L’heure de leur revanche collective a-t-elle enfin sonné ? Jusques à quand faudra-t-il encore attendre pour connaître toute la vérité sur ce complot ourdi en amont et orchestré avec l’appui d’une diversité d’acteurs physiques ou institutionnels, nationaux ou étrangers dont l’assurance ostentatoire de l’époque se mue en résignation amère face à l’épreuve du temps ?

Faut-il croire désormais à une prochaine réhabilitation pleine et irrévocable pour le « renégat » proclamé « héros national » par son assassin présumé ? C’est l’espoir que ces feuilles de plaidoyer voudraient nourrir chez le lecteur sensible à toute forme d’injustice contre son semblable. Puisse le verdict de ce procès contribuer à exorciser la patrie des hommes intègres des démons de la division, et renforcer sa cohésion face aux organisations terroristes qui la ravagent du Sahel aux Cascades, et du Nord à l’Est !
Car, voici qu’aujourd’hui ceux qui jubilaient d’avoir remporté une victoire décisive sur l’autocrate hissé au sommet du pouvoir à la faveur des méandres de l’histoire et s’en vantaient avec arrogance, refusent de s’assumer et fuient leur terre natale : voudraient-ils toujours y trouver le lieu de leur repos éternel qu’ils lui manifesteraient plus d’attachement de leur vivant !
Et, ironie de la Justice Immanente, voici qu’aujourd’hui eux et tous ceux que dérangeait l’indomptable capitaine révolutionnaire assistent en témoins impuissants à son rayonnement posthume croissant. Par quelle magie ? Personne ne sait, sinon DIEU seul !

LE RETOUR EN BEAUTE DU FDF : UN SIGNAL OU UN LEURRE ?

Le président Thomas SANKARA pour qui « Le port du Faso Dan Fani (pagne traditionnel burkinabé) est un acte économique, culturel et politique défiant l’impérialisme ! », voulut le promouvoir en l’imposant par voie de décret aux agents publics durant les heures de service. Le kiti n°AN IV-161 CNR.CULT du 10 novembre 1986 y relatif disposait ceci :
« Il est institué le port de tenues de travail et de cérémonie en tissu Faso dan fani sur toute l’étendue du territoire national.
Les coupes de ces tenues sont laissées à l’initiative de tout un chacun, toutefois ces coupes devront être décentes. Les coloris devront également être sobres.
Les Présidents d’institution, les membres du Gouvernement révolutionnaire, les Secrétaires généraux des départements ministériels, les directeurs et chefs de service sont tenus de respecter les dispositions du présent kiti pendant les heures de service et pour toute cérémonie officielle.
Le présent kiti prend effet pour compter du 1er janvier 1987. » (Journal officiel n°48 du 27/11/1986)
Des réfractaires à cette mesure avaient aussitôt trouvé une parade. Ils gardaient à portée de main dans leur bureau un vêtement aux normes et se donnaient l’alerte, le cas échéant, par ces deux mots codés « SANKARA arrive ! » qui devinrent l’autre nom de ce type de tenue. Et le boubou faso dan fani (FDF) rapidement enfilé à la place de la chemise importée revêtait l’allié présumé de l’impérialisme du label révolutionnaire de patriote solidaire des intérêts du peuple travailleur.

Thomas SANKARA qui s’est toujours défendu de vouloir exporter la révolution hors du Burkina, se chargea lui-même d’une haute mission d’interpellation à l’action collective de tout le continent africain. Il saisit l’opportunité du sommet suivant de l’OUA à Addis Abeba le 29 juillet 1987, pour y conduire une délégation officielle entièrement habillée de cotonnade locale et ayant dans ses bagages des tenues et des ballots de ce textile pour exposition. Avocat bénévole du Burkina et de l’Afrique, n’hésitant pas à exposer sa vie pour leur cause, il lança à ses pairs de la Conférence des chefs d’Etat ce double appel historique à ne pas payer la dette de l’Afrique et à investir les ressources équivalentes pour promouvoir prioritairement le développement endogène et intégré de l’économie africaine :

« Je voudrais que notre conférence adopte la nécessité de dire clairement que nous ne pouvons pas payer le dette. Non pas dans un esprit belliqueux, belliciste. Ceci, pour éviter que nous allions individuellement nous faire assassiner. Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence ! Par contre, avec le soutien de tous, dont j’ai grand besoin, [Applaudissements] avec le soutien de tous, nous pourrons éviter de payer. Et en évitant de payer nous pourrons consacrer nos maigres ressources à notre développement. »

« …. Le Burkina Faso est venu vous exposer ici la cotonnade, produite au Burkina Faso, tissée au Burkina Faso, cousue au Burkina Faso pour habiller les Burkinabé. Ma délégation et moi-même, nous sommes habillés par nos tisserands, nos paysans. Il n’y a pas un seul fil qui vienne d’Europe ou d’Amérique. [Applaudissements] Je ne fais pas un défilé de mode mais je voudrais simplement dire que nous devons accepter de vivre africain. C’est la seule façon de vivre libre et de vivre digne. »

Grand visionnaire panafricaniste, militant engagé en faveur de l’intégration culturelle des peuples noirs et de leur libération de l’impérialisme international, il parla ce jour-là comme prophète de malheur pour lui-même : il périt assassiné moins de quatre mois après, le 15 octobre de la même année, et avec lui l’ère révolutionnaire de l’austérité et des sacrifices pour l’amour de la patrie entama son déclin ! Place à l’organisation pour la distribution des promotions et passe-droits, mange et tais-toi ! Vivement la mobilisation pour la prédation de la patrie !

Le renversement de son tombeur ayant fait voler en éclats, trente ans plus tard, les effets des stratégies de bannissement développées contre l’homme et son effigie, de salissure de sa mémoire, de corruption de sa vision, de désinformation sur sa gouvernance et de détournement de ses projets à visée sociale en opportunités d’enrichissement personnel pour la classe politique, « l’espoir assassiné » pourrait-il renaître de ses cendres ?

Le constat public est qu’il a suffi d’un arrêté du premier ministre pour amplifier le cours d’un réel changement de comportement vestimentaire observable depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. L’arrêté N02017.059 PM/CAB en date du 29 novembre 2017 portant promotion et valorisation du Faso Dan Fani et rendu public le lundi 8 janvier 2018 stipule simplement, en son article premier, que : « dans le cadre de la promotion de l’identité culturelle, le port du Faso Dan Fani par les autorités politiques du pays est encouragé lors des cérémonies officielles ou des manifestations d’envergure nationale ».

Il est vrai qu’un évènement d’un grand impact, qui mérite d’être rappelé, s’était produit quelques mois auparavant. A la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Rio de Janeiro le 5 août 2016, la délégation du ‪‎Burkina‬ Faso avait été classée première pour sa tenue vestimentaire en Faso Dan Fani, textile symbole de la révolution de Thomas SANKARA qui avait été subtilement délaissé peu de temps après sa mort.‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬‬

La cotonnade locale a, depuis lors, conquis le soutien des couches dirigeantes puis s’est diffusée au sein des milieux populaires sans autre pression que la saine émulation entre tisseuses et tisserands, tailleurs et brodeurs, stylistes et promoteurs de modes. Le FDF connaît désormais un retour en beauté dans le quotidien ordinaire comme lors des cérémonies officielles, sur la scène nationale et aussi à l’étranger au gré de la diaspora. Aujourd’hui cet engouement fait l’affaire de milliers d’artisans de la filière coton au Burkina et au Ghana, mais peut-on l’interpréter comme un signal que « SANKARA arrive » ou que SANKARA est de retour ?

L’expansion naturelle de cette option vestimentaire, pour de nombreux concitoyens, est largement à mettre au crédit du président Roch KABORE. Avec un style personnalisé à la coupe décente et aux coloris volontairement sobres, ses ensembles en FDF se signalent par leur renouvellement continuel, à l’instar des têtes couronnées, des stars et des grandes fortunes affichant pour leur part un goût du luxe à l’occidentale. Un cyber activiste reconnu souvent très critique envers certaines actions du gouvernement en donne son appréciation :
“On peut lui reprocher beaucoup de choses, notamment une certaine forme de laxisme dans la gestion des affaires de l’État. Mais il mérite d’être félicité de nous avoir imposé sans heurts ni violence le Faso Danfani. Sa gestion de l’État aurait été calquée sur ce modèle : l’exemplarité à la tâche, qu’il aurait eu beaucoup de succès. En tout cas, mes félicitations. M. Le Président d’avoir mis au goût de tous le FasoDanfani.” Dr Arouna LOURE.

Ces propos bien pesés sont riches d’allusions aux techniques éprouvées du président Thomas SANKARA en matière de changement des comportements et des mentalités. Celui-ci sachant parfaitement que « l’habit ne fait pas le moine » privilégiait la pédagogie de l’exemplarité dans la droiture et la sincérité du cœur. Prophète non reconnu chez lui ou rejeté par les siens, il usait, si nécessaire, de menaces verbales pour contraindre ses contradicteurs de mauvaise foi à se remettre en question, mais guère de violence physique car cela est contraire à son tempérament inné. C’est ainsi qu’il faisait les recommandations suivantes aux juges des TPR à l’ouverture du premier procès :

« Par contre, s’il s’en trouvait pour vous convaincre de leur gratitude à l’égard du peuple, qui en les châtiant sévèrement leur offre l’occasion de mesurer leurs forfaits, tendez-leur une main secourable. Faites-les nous connaître. Après leur avoir fait payer jusqu’au dernier centime ce que le peuple leur réclame légitimement, nous leur créerons les conditions pour qu’ils comprennent que, dépouillés des immenses richesses mal acquises, ils pourront trouver le vrai bonheur…. Ce bonheur auquel nous convions les éventuels repentis sera dans la satisfaction d’avoir prouvé leur utilité sociale et de jouir du droit de participer à la définition et à la réalisation effective des aspirations du peuple qui vous accepte et vous intègre. »

De même, les exigences de ses principes et convictions révolutionnaires l’entraînaient à faire des déclarations qu’il savait provocatrices pour les « ennemis du peuple », mais qui traduisaient sa détermination non négociable à servir en priorité l’intérêt général. Il en va ainsi du devoir moral pour l’Etat d’assurer la fourniture d’eau potable à tous plutôt que la dotation en champagne à une minorité.

C’est pourquoi il accompagnait la pensée par l’action, la parole par l’écoute, l’exercice de l’autorité par celui de la redevabilité envers le peuple, faisait ce qu’il faisait, disait ce qu’il faisait, et logiquement, liait patriotisme et culture des résultats. Malheureusement, sa brutale disparition prématurée a livré ses camarades survivants à la débandade face à la furie répressive et impitoyable des nouveaux seigneurs du pays. Quant aux milliers de disciples et d’admirateurs sincères mais non connectés en réseaux, leur dispersion géographique, leur capacité encore embryonnaire de concertation et de lutte partisanes, la difficile émergence d’un leadership consensuel pour la gestion des egos des héritiers politiques présomptifs, ruinant toute tentative d’unification des troupes, tous ces obstacles n’ont pas permis jusqu’à ce jour qu’apparaisse la lignée victorieuse que Thomas SANKARA lui-même avait prédite, sans fausse modestie, par deux fois :
-  une première fois quand il était Premier ministre du CSP, lors d’un meeting populaire au lendemain de l’explosion criminelle d’un magasin de munitions dans un camp militaire de la capitale ;
-  la seconde fois au cours d’une interview prémonitoire accordée à Mongo BETI le 3 novembre 1985 :
« Que SANKARA soit éliminé aujourd’hui physiquement, il y aura des milliers de SANKARA qui relèveront le défi face à l’impérialisme. Au niveau de notre Faso, la détermination de notre peuple, de notre jeunesse, enlève toute inquiétude quant à la poursuite de la lutte pour la dignité du Burkina et de notre continent. »
Il avait bien dit des milliers de SANKARA, et non pas des milliers de sankaristes, nuance que son ex alter ego a feint d’ignorer quand il s’est gaussé de sa popularité dans la parution N° 2792 du 13 au 19 juillet de Jeune Afrique :

« L’ancien ami de celui qui est aujourd’hui adulé par la jeunesse africaine qui n’hésite pas à le qualifier de Che Guevara africain, affirme ne pas être gêné par ce mythe illustrant son nom et sa personne en Afrique : « Pas le moins du monde. D’autres se souviennent qu’à son époque il n’y avait aucune liberté dans ce pays : ni de presse, ni d’association, ni d’entreprendre, ni syndicale, ni politique… D’ailleurs, les partis, nombreux, qui revendiquent sa mémoire et utilisent son nom n’ont jamais vraiment brillé. Il y a le mythe et il y a la réalité ».

Que dirait-il du lustre actuel de son parti depuis qu’il a perdu les commandes des détournements et de la patrimonialisation ? Il faut noter, par ailleurs, que ce ton péremptoire et triomphaliste passait sous silence le fait qu’à cette même époque il était l’inamovible numéro deux du CNR, ministre d’Etat à la Présidence chargé de la justice et garde des sceaux de surcroît. En cette qualité :
-  quelles positions avait-il défendues dans le cadre de la répression du monde syndical quand le corps de la magistrature était concerné, ou lorsque les CDR réclamaient la tête de Soumane TOURE ?
-  qui, en l’absence de Thomas SANKARA, a présidé le Conseil des ministres qui a prononcé en 1984 le licenciement massif des enseignants grévistes ? Au Conseil suivant, le PF a vainement tenté de revenir sur cette mesure par raison de bon sens et pour éviter l’irréparable pour la nation. De quel côté se trouvait-il durant ce débat et depuis lors ?
-  pourquoi a-t-il mis si longtemps avant de prendre ses responsabilités pour corriger les dérives autocratiques du numéro un du CNR alors qu’il disposait de tous les leviers de l’appareil judiciaire et du commandement opérationnel de la région militaire du Centre, position stratégique qui avait fait dire à Thomas SANKARA que si Blaise COMPAORE décidait de lui faire un coup d’Etat ce serait imparable ? Lui-même le savait et l’a démontré le jour venu.
-  comment expliquer la rigueur hâtive avec laquelle il a fait exécuter deux ans plus tard ses frères d’armes le commandant Boukari LINGANI et le capitaine Henri ZONGO, sinon par sa soif ardente de pouvoir sans partage ?

Il ne dit pas non plus pourquoi le mythe s’est formé autour du PF seul, plutôt que du quatuor de chefs historiques, échappant, même après le forfait, au bénéfice du trio justicier. Pourquoi la rectification de la réalité d’hier apparaît comme un recul aujourd’hui, et sa réhabilitation un recours nécessaire demain ? C’est que le peuple gémit d’avoir perdu son identité profonde de « pays des hommes intègres » que Thomas avait su ranimer, communiquer et exalter ! Tant que la Présidence du Faso sous le MPP persévèrera dans certaines pratiques telles que sa gestion insouciante des impôts du contribuable dépensés en de généreuses commandes de caisses de champagne, il n’y aura jamais « zéro corvée d’eau » pour le petit peuple. Le mutisme observé depuis les révélations détaillées du Courrier confidentiel n° 241 du 15-07-2021 citant un rapport d’audit de l’ASCE/LC selon lequel le dîner de gala offert au prince de Monaco aurait été arrosé de 60 bouteilles de champagne pour un montant de 1.800.000. FCFA ne traduit rien d’autre que du mépris : « les chiens aboient, la caravane passe ».

La tare du laxisme qui, depuis la chute du CNR, inhibe le sommet de l’Etat dans la gestion des affaires publiques, gangrène aussi dangereusement l’ensemble du corps social au point que le concept de l’intérêt général semble y avoir perdu droit de cité. L’exemplarité à la tâche fait défaut depuis le sommet et à tous les niveaux. Chacun revendique pour soi le droit de juger et de condamner les autres. Cela est tout le contraire de la pratique de Thomas SANKARA qui, en révolutionnaire pédagogue, enseigne :

« C’est pourquoi le révolutionnaire doit être un perpétuel pédagogue et un perpétuel point d’interrogation. Si les masses ne comprennent pas encore, c’est de notre faute. II faut prendre le temps d’expliquer et le temps de convaincre les masses pour agir avec elles et dans leurs intérêts.

Si les masses comprennent mal, c’est encore de notre faute. Et il faut rectifier, nuancer, il faut s’adapter aux masses et non vouloir adapter les masses à ses propres désirs, à ses propres rêves. Les révolutionnaires n’ont pas peur de leurs fautes. Ils ont le courage politique de les reconnaître publiquement, car c’est un engagement à se corriger, à mieux faire. Nous devons préférer un pas ensemble avec le peuple plutôt que de faire dix pas sans le peuple. » (Discours du 4/8/87).

Ces idéaux que Blaise COMPAORE a reniés, Roch KABORE les travestit avec subtilité, sous des allures d’homme de dialogue rassembleur et conciliateur, pour les dénaturer totalement dans les consciences citoyennes : avec lui, être burkinabè se traduit par le port extérieur du faso dan fani et, bientôt, du koko dunda son équivalent du côté de la cité de Sya. Quant à l’intégrité physique et morale du peuple burkinabè, qui ne semble pas le préoccuper lors de ses allocutions, la triste réalité en septembre 2021 est semblable à celle d’un poisson en grand danger de coma généralisé, car désespérément entraîné par un puissant courant de corruption. L’analyste Adama SIGUIRE en fait le constat en ces termes :

« La cupidité et la poursuite du gain facile ont détruit toutes les bases humaines au Burkina. On apprend que le réseau de trafic de carburant a des ramifications, même dans les grandes boîtes. L’argent de la corruption sert à une seule et unique chose : l’acquisition du luxe, l’investissement dans des biens immobiliers et mobiliers. C’est tout. Le constat est clair. Ils sont de plus en plus nombreux les Burkinabè qui peuvent ôter une vie à cause de mille francs. Pour l’argent, des Burkinabè sont prêts à toutes les turpitudes. On peut accepter la corruption. On peut la tolérer. Mais, se laisser corrompre tout en sachant que cela va tuer des compatriotes, on ne doit pas combattre ces corrompus. On doit les exclure de la société…. Le mal est profond. Quand le patriotisme manque dans un pays, ce pays n’a aucun avenir. » (Chaque jour qui passe me convainc que le ciel s’obscurcit au Burkina (Adama SIGUIRE) Publié le 28 septembre, 2021 par admin

LES RACINES DE L’IMPOSTURE

Dans un article fouillé sur les vraies causes du coup d’état sanglant du 15 octobre 87 publié dans L’Indépendant n°065 du 18 octobre 1994, Henri SEBGO analyse avec flair politique, lucidité intellectuelle et totale liberté d’esprit et du verbe les tenants et les aboutissants d’un putsch militaire hâtivement baptisé selon lui de révolution. A son avis :

« Rien n’était suffisamment clair dans la gestion de la victoire du 4 Août 1983, pour décider un homme très prudent et très méfiant de tempérament comme le capitaine Blaise Compaoré afin qu’il sautât pieds joints à la tête d’un pouvoir apparemment très précaire. Mais l’histoire nous dira un jour pourquoi il a refusé ce jour de jouir des fruits de son putsch. Tout est parti de là.
Au cours de cette même première réunion, le Parti africain de l’Indépendance (PAI), grand acteur civil du putsch parla de révolution et imposa la Révolution….

Le Capitaine SANKARA Thomas fut propulsé à la tête du nouveau pouvoir conquis par les putschistes et leurs parrains. La personnalité et l’expérience (très courte mais incisive) du promu avaient milité en sa faveur.

Tout est donc parti de ce jour-là : un putsch hâtivement préparé sur le plan politique, mené avec dextérité sur le plan militaire, des putschistes qui se voyaient contraints de mettre un non-putschiste à la tête du pouvoir conquis, mais aussi obligés de rester sous la tutelle idéologique de civils. Beaucoup d’improvisations dès la naissance du CNR. Le départ était faussé…..
Camaraderie de circonstances, fraternité de façade, dans la réalité, rien de fondamentalement sérieux n’avait uni ces quatre “héros” de la Révolution…

Après le 15 octobre 1987, nombreux ont été ceux qui furent surpris du retournement de veste d’anciens partisans de SANKARA. Il n’y avait pourtant rien d’étonnant.
Des gens étaient venus à la soupe, tant qu’elle est là, il n’y a pas lieu d’avoir des états d’âme. Tout était faussé dès le départ en cette nuit du 4 Août 1983. Un seul détail est demeuré : ce qui s’est passé cette nuit du 4 Août 1983 était un coup d’État. Rien que….

Lorsque les rédacteurs des déclarations de la « rectification » virent soustraire le mot révolution dans la proclamation « Front populaire révolutionnaire » par le nouveau numéro un, ils comprirent, mais un peu tard que la comédie révolutionnaire était finie. On retournait à la case départ de la nuit du 4 Août 1983. »
Il nuançait toutefois :
« Du CNR et de sa révolution, seuls y croyaient Thomas SANKARA et quelques très rares fidèles. Depuis la nuit de sa proclamation (le 4 Août 1983) jusqu’au 15 octobre 1987, ils furent très nombreux qui levèrent le poing, firent des discours tonitruants sans jamais croire en la Révolution. La plupart avaient une raison particulière d’être « révolutionnaires ». Chacun avait sa raison, sauf la vraie raison révolutionnaire ; »

Ces révélations permettent d’amortir le choc des propos violents et haineux des auteurs de la Proclamation du Front populaire. Aveuglés par leur volonté vindicative de persécuter leur victime jusque dans sa tombe, ils espéraient ainsi anéantir son nom dans la mémoire collective nationale et continentale :
« Proclamation.
Peuple burkinabè, militantes et militants de la Révolution démocratique et populaire, Amis du Burkina Faso, jeunesse militante d’Afrique.
Le Front populaire, regroupant les forces patriotiques, décide de mettre fin, en ce jour 15 octobre, au pouvoir autocratique de Thomas SANKARA, d’arrêter le processus de restauration néocolonial entrepris par ce traître à la révolution d’août.
Souvenons-nous que déjà, dans la nuit du 4 août 83, le renégat SANKARA avait dépêché un émissaire auprès des forces révolutionnaires en marche triomphales sur Ouagadougou, pour les dissuader d’engager l’assaut final contre les forces réactionnaires, sous prétexte que Jean-Baptiste OUEDRAOGO et lui étaient parvenus à un accord. »

Pour ces rectificateurs, chercher et conclure un accord avec le président réactionnaire Jean Baptiste OUEDRAOGO, fût-il en exercice, était condamnable. Prescrire fermement d’épargner sa vie lors de son arrestation en 1983 leur était inconcevable. Comment auraient-ils pu montrer moins de rigueur envers Thomas SANKARA, cet ancien camarade déclaré coupable de haute trahison ?

Le maintien en détention de Soumane TOURE, leader syndical charismatique fort redouté des régimes antérieurs, taxé à l’époque d’anarchosyndicalisme et soupçonné par les CDR de fomenter un putsch, visait à lui assurer plus de sécurité que sa relaxe sans mesures de protection requises. Pourtant, l’avènement du Front populaire accompagné de sa remise en liberté fera oublier que c’est le PF qui s’était ouvertement et résolument opposé à son exécution capitale que réclamaient certains de ses soi-disant libérateurs trop heureux de troquer leur hostilité d’hier contre son ralliement opportun.

Que dire de la mise en garde ouverte et des menaces de sanction répétées de Thomas SANKARA à ses partisans qui appelaient à en découdre par la violence contre un rival aux ambitions débordantes et considéré comme le prochain successeur ? Selon le témoignage du capitaine Boukari KABORE publié dans le Courrier confidentiel numéro 37 du 10 juillet 2013 et relatif au forfait du 15 octobre 1987 :
« Le coup d’Etat a été sciemment préparé. Ils ont d’abord créé la zizanie pour isoler le Président. Ils ont tout fait pour l’abattre moralement. SANKARA lui-même a contribué à démobiliser les gens qui étaient autour de lui. Ces derniers voulaient agir pour éviter que le Président soit atteint. Mais Thomas ne voulait pas que ses adversaires soient tués, ni arrêtés », au motif que « Le jour où la Révolution fera couler le sang, nous aurons perdu (…) Mais le sang ne coulera jamais de ma main ».

Ce jamais est sans ambiguïté et catégorique pour qui reconnaît en SANKARA la haine du mensonge et l’amour de la vérité : il signifie que jusqu’à l’heure de cette déclaration ses mains étaient pures de tout sang versé et qu’il entendait les garder telles même au risque de perdre sa propre vie.

Dans ces trois situations où il s’est abstenu d’attenter à la vie de rivaux, SANKARA a démontré sa capacité de maîtrise de soi et de refus de toute violence aveugle ou rancunière. Qui parmi ces trois sujets de sa mansuétude a cru devoir publiquement lui témoigner sa compassion reconnaissante, sans double langage, après le sort inique subi ? Pour sa part, Blaise COMPAORE dont le cœur battait à l’opposé de celui du roi David n’a pas frémi devant l’infamie d’être le Ravaillac de la révolution burkinabè et le premier régicide de l’histoire de sa patrie. Quoi de scandaleux que l’un de ses plus proches confidents l’ait trahi à son tour et comparé au diable dont il reconnaît avoir longtemps partagé le couvert et les vivres !

A l’inverse, la clémence démontrée par Thomas SANKARA envers trois rivaux politiques, tous frères d’armes ou de lutte révolutionnaire dont les visions divergeaient des siennes, renvoie à la belle figure du jeune berger David épargnant sagement la vie du roi Saül en campagne de guerre contre lui. La popularité plus grande du vainqueur de Goliath avait suscité la jalousie du roi, puis sa haine morbide. Est-il plausible de soutenir que pareille nature puisse néanmoins se doubler chez le même homme d’une cruauté délibérée mais insensée, à la manière de Néron ? Difficile de voir un tel monstre en Thomas SANKARA même sacrifié en bouc émissaire du CNR. Etablir s’il est ou non l’auteur des crimes non élucidés commis sous sa gouvernance et mêlant diverses catégories de victimes, à savoir des officiers supérieurs influents, des hommes de tenue gênants, des acteurs politiques ou syndicaux notoires, des citoyens lambda résidents ou expatriés divers, tantôt suspects, tantôt prétendus comploteurs ou potentiels ennemis de la révolution, cela reste l’énigme à résoudre.

Puisque des cas incontestables d’exécutions criminelles extra judiciaires sous le CNR sont à déplorer, des questionnements s’imposent donc à toute conscience en quête de vérité sur la culpabilité personnelle de son chef.
Quel rôle et quelle part de responsabilité doit-on reconnaître aux institutions de renseignement dans ses prises de décisions ? Leur loyauté était-elle au-dessus de tout soupçon ?
Etait-il personnellement l’auteur ou le donneur d’ordre des coups tordus ?
Dans quels cas l’était-il en tant que membre d’un groupe collégialement responsable ?
Dans quels autres l’était-il à son corps défendant, ou tristement placé devant le fait accompli par des agents trop zélés, ou aux desseins malveillants ?
Comment expliquer que certaines voix persistent à le charger si violemment sans souci de discernement ? Est-ce par ignorance sincère ou par haine aveugle ?
Comment comprendre par ailleurs le silence complaisant de ceux qui savent pourtant que la vérité est parfois autre ? Est-ce par lâcheté ou par jalousie ?
Qu’en disent, en particulier, ceux qui sous le CNR soutenaient Thomas SANKARA, ont ensuite collaboré à consolider la rectification puis à enraciner la renaissance démocratique, et, aujourd’hui repentis, luttent loyalement pour la justice, l’unité et la paix au FASO ? Dans quelles circonstances, à quelles fins et pour quels intérêts, selon eux, Thomas SANKARA se serait-il éventuellement taché les mains de sang ?
Contribuer en citoyens responsables à élucider ces questionnements rendrait un service magnifique à la Nation dans sa soif actuelle de « vérité, justice, réconciliation ».

THOMAS SANKARA L’HUMAIN

Thomas ne pouvant incarner un monstre à deux faces, en même temps David et Néron, comme le rappel de son autorité exercée avec clémence l’illustre amplement, il convient de chercher à connaître quel homme il était. Des nombreux témoignages disponibles sur l’homme, celui de sa sœur aînée directe Marie Denise mérite une attention spéciale. Victime précoce d’un handicap moteur dû à la méningite quatre mois après sa naissance, elle lui était assez complice, partageait ses jeux et se battait parfois aussi avec lui, mais ne bénéficia jamais d’aucun passe-droit ni privilège de sa part. Bien au contraire, confie-t-elle dans une interview recueillie en mai 1994 par le réalisateur et documentariste français Patrick LE GALL accompagné de Bruno JAFFRE qui s’en inspira pour écrire sa biographie de Thomas SANKARA. Ces larges extraits aideront à découvrir le caractère de l’homme décrit en des termes pleins de sincère admiration comme un frère au caractère pacifiste et au grand cœur :

« Thomas c’est un garçon, apparemment on pense qu’il est méchant alors qu’il n’en est rien. Même une simple mouche, il n’avait pas le courage de tuer. Mais pour la vérité, ça, il va te la cracher. Qui que tu sois. Où que tu sois. L’humanisme, ça il l’avait. Moi je suis sa sœur ainée, j’ai eu la méningite quand j’étais très jeune et il m’arrivait souvent de faire bagarre avec lui. Et quand il veut partir, moi je dis : “Non, non, non ! la bagarre n’est pas terminée, il faut qu’on continue”. Je soulève mes béquilles, il va prendre un bâton. Quand il vient vers moi, il laisse tomber le bâton….
Il a grandi avec le même comportement, le même caractère peut-être plus réfléchi encore. Je n’avais pas du tout réalisé tout ça. Je n’avais pas du tout compris. Je ne comprenais pas ses agissements alors, ses comportements. Il nous arrivait de nous bagarrer mais on ne se quittait jamais. Un de ses amis, enfant à Gaoua, disait autant avoir affaire à mes parents qu’avoir affaire à mon petit frère car je ne voulais pas qu’on le touche. Enfin c’était un garçon correct et surtout il était honnête. Par rapport aux autres frères dans la famille. ….

Ce qu’on a dit sur lui pendant la révolution que c’est lui qui a fait exécuter qui, qui a fait quoi, quoi, quoi… C’est faux il n’en est rien. Quand on dit que c’est quelqu’un qui a le courage de cracher la vérité à qui que ce soit même à son propre père, je suis actuellement d’accord, je partage ce point de vue. »

Si la complaisance des propos peut faire douter de leur objectivité, en voici d’autres de la même source qui ne cache guère ses déboires liés à l’intransigeance de son frère concernant les avantages que les membres de la famille auraient pu tirer de sa position comme chef de l’Etat :
« … Mais ça il avait puni totalement la famille, puni complètement au profit de ce peuple-là. Il nous avait tous interdit de prendre même une simple aiguille avec qui que ce soit sous prétexte que c’est un cadeau. Lui il n’avait pas fait un cadeau. Que chacun se débrouille comme il peut et honnêtement. Pas de faveur. Moi par exemple j’ai eu la méningite quand j’avais 4 mois de naissance. C’est des années plus tard qu’on est intervenu sur mes 2 pieds. J’ai été à l’école comme ça. Jusqu’au secondaire jusqu’à me débrouiller avoir du boulot. Mais je me rappelle que quand il allait chez Kadhafi, quelqu’un a demandé pour moi les vélos là pour les handicapés. Kadhafi a dit pas de problème qu’il envoie une moto. Thomas a dit non, elle vaut mieux, elle travaille. Y en a qui sont sous les arbres là, qu’elle se débrouille. Qu’il n’est pas là pour sa famille.

Moi j’ai des amis blancs que j’ai connus. Ils sont venus une année ici avec une voiture bien aménagée pour personne handicapée pour me donner en 86. Les gens ont trainé presque 6 mois ici avec la voiture. Ils ont traversé le Sahara avec ça. Ils étaient obligés de prendre vendre. Il ne faut pas prendre. Ça va faire l’objet de tract. Non je ne suis pas d’accord. Si je l’avais avant, je prenais. Mais si c’est aujourd’hui je prends. Mais pendant que Thomas était au pouvoir parce qu’il nous a tous mis en garde quand il était chef d’État. Voilà ma ligne de conduite. Elle est comme ça et je voudrais que tout le monde marche comme ça. Il n’a pas changé de comportement, pas changé de conduite ».

Et qui mieux que le concerné lui-même pourrait valider ce témoignage de longue portée ? Voici sa réponse à la question d’un journaliste à l’issue de sa déposition auprès de la Commission du Peuple chargée de la Prévention contre la Corruption le 19 février 1987, soit 12 jours après la Zatu (ordonnance), instituant sa mise en place.
Le journaliste : « Suite à l’énumération de vos biens, on remarque que vous êtes sans doute l’un des Chefs d’Etat les plus pauvres du monde. Ce ne sont pas les occasions qui ont manqué, et même avant d’être Chef d’Etat, votre rang d’officier vous permettait de présenter une liste beaucoup plus étendue, que celle-là. Vous sentez-vous le droit d’imposer votre volonté de rester austère, de ne pas posséder de richesse, à vos proches ? »
« Oui, je crois qu’il faut se l’imposer et aux autres. Il faut avoir besoin d’un certain nombre de moyens pour vivre, mais ce ne seront juste, tout juste que des moyens…. Et j’estime que dans mon entourage immédiat, ma famille, chacun doit s’efforcer de vivre de façon modeste parce que, lorsque l’on devient ambitieux du point de vue de l’enrichissement, l’on est très vite, tenté par les facilités qui s’offrent à vous et je me suis toujours employé à imposer à moi-même, à mes proches cette austérité. Parce que vous pouvez avoir une certaine volonté de propreté, mais l’entourage peut de diverses manières finir par vous amener à céder. Ainsi, des parents sont souvent venus à moi, m’ont demandé de l’argent, et ne comprennent pas que le Président du Faso leur réponde qu’il n’a pas d’argent. Ils ont pris cela pour de l’ingratitude, de l’égoïsme, de la méchanceté. Ils me l’ont même dit et en des conseils de famille certains me l’ont même reproché. Tant et si bien que parfois, pour me débarrasser de parents qui insistent de façon un peu trop pressante, je leur ai émis des chèques qui m’ont valu d’être un certain nombre de fois en rouge au niveau de ma banque, la BICIA-B.
Je ne suis pas contre le luxe. Mais je veux le luxe, les biens matériels pour tout le monde. C’est pourquoi, il n’est pas normal que moi ou mes parents nous nous arrogions de façon criarde ces biens. »

Il convient de rappeler que dans cette déclaration de biens en février 1987, Thomas SANKARA avait minutieusement listé :

« Comme biens immobiliers, je possède une villa à la cité BND, au secteur 2. Elle a été acquise par engagement auprès de la BND-B sur prêt N° 313/109-862 en décembre 1976. Je suis soumis à un remboursement en 120 mensualités et à ce jour, il reste à payer à la banque la somme de 678824F que je règle par des mensualités de 31944F, ainsi que je pourrai vous le prouver par les documents de la BNDB que je détiens ici. Cette maison est actuellement occupée par un parent, qui je l’espère, me paiera ce qu’il me doit (rires dans la salle). Je dis cela parce que j’ai l’intention de me dessaisir de cette maison, et nous établirons entre lui et moi, un contrat en bonne et due forme. Nous possédons un terrain au secteur 7 non mis en valeur ce jour, que mon épouse avait déjà acquis. Nous possédons un terrain dans mon village, non mis en valeur. Il avait été saisi par les CDR (rires dans la salle). Selon les dernières nouvelles, les CDR l’ont restitué en nous invitant à investir sur cette nouvelle parcelle. Ils l’avaient retiré parce que nous n’y avons pas investi pendant un certain nombre d’années. Donc nous avons reçu sommation de la part des CDR de réaliser quelque chose sur le terrain. Je m’acquitterai également de cette obligation que me font les CDR de mon village. »

Combien de camarades « révolutionnaires » ont su, comme lui, résister à la tentation d’abuser de leurs positions politique ou administrative ou de leur influence dans les CDR et ont refusé de :
-  s’enrichir illicitement aux dépens de la collectivité et en toute impunité sur quelques fonds ou caisses révolutionnaires de solidarité
-  se constituer égoïstement un capital foncier illégal au regard du principe « un ménage, une parcelle, un toit » en s’offrant directement plus de parcelles que nécessaire à l’époque, voire en négociant l’attribution à leurs conjoints ou enfants de parcelles jumelées dans des cités et zones nouvelles à lotir au détriment des déguerpis et des spoliés
-  se muer par des voies irrégulières en bailleurs immobiliers rapaces vis-à-vis de l’Etat devenu leur vache à lait, ou en spéculateurs fonciers versés dans le blanchiment d’argent et insensibles à la misère des populations vulnérables et des sans abri ?

De tels « révolutionnaires » sont de vrais renégats de la RDP et les auteurs originels du chaos immobilier dans lequel toute la nation gémit aujourd’hui comme dans une jungle mercantiliste d’exploitation du faible par le puissant. En ont-ils conscience ? Quel concours citoyen se reconnaissent-ils en devoir d’apporter aux autorités concernées pour assainir la problématique du foncier urbain et désamorcer la bombe du foncier rural avant qu’il ne soit trop tard pour tout le monde ?

Alors que Thomas SANKARA, même devenu Chef de l’Etat, a conservé son traitement de capitaine, puis reversait dans les caisses de l’Etat les divers dons reçus et les frais de mission doublement perçus, combien de « sankaristes » accepteraient-ils dans un contexte d’effort de guerre en 2021 de se réapproprier l’esprit d’abnégation de leur mentor :
-  en renonçant à des droits acquis ou avantages statutaires légitimes quant à ceux qui exercent ou aspirent à un travail dans la fonction publique ?
-  en combattant la pandémie de la « perdiemite » et les effets dévastateurs des pratiques abusives dénoncées au sommet de l’Etat et se développant dans l’indifférence générale jusqu’à la base au travers de missions fictives ?

Il est vrai que des contributions temporaires ont été consenties par les membres du gouvernement et du parlement, mais des actes forts de réduction du train de vie de l’Etat tardent à « faire bouger les lignes » à la hauteur des attentes des troupes. On pourrait même se demander si le régime du MPP et de ses alliés n’en a pas pris le chemin opposé en cautionnant :
-  le dédoublement des institutions républicaines
-  l’évolution pléthorique des bureaux de ces institutions, notamment à l’Assemblée nationale
-  l’inflation des conseillers spéciaux à la Présidence du Faso
-  la multiplication incontrôlée des postes de chargés de mission dans l’administration
-  le projet de redécoupage territorial pour rapprocher l’administration des populations quand celles-ci, faute de protection de l’Etat dans les circonscriptions existantes, désertent leurs terres sous la pression des terroristes djihadistes.

Quels autres grands serviteurs de l’Etat, en poste ou admis au bénéfice d’une pension confortable, consentiraient à donner l’exemple du patriotisme révolutionnaire en se concertant de leur propre initiative, pour soutenir généreusement les FDS et les VDP au front et leurs familles orphelines ? Ce que faisant ils se rendraient service à eux-mêmes ainsi qu’à toute la Nation en rappelant aux agents publics ce passage négligé dans la pratique du discours inaugural de Thomas SANKARA comme Premier ministre du CSP à ses ministres :
« Vous devez donner l’exemple du courage au travail, de la probité, de l’honnêteté et de l’amour du travail bien fait ; … Souvenez-vous, le ministre, c’est-à-dire le serviteur, se ruine en pensant, en dépensant et en se dépensant pour son peuple. Mais il s’enrichit moralement s’il sait mériter l’amour de son peuple. »
Lui-même y croyait et il l’a pratiqué. Parce qu’il aimait vraiment son peuple, il lui donnait sa vie. Il l’a démontré, jusqu’à ses derniers instants, en faveur de ses compagnons d’infortune quand il s’est livré sans violence au commando de la mort dans l’espoir d’épargner leurs vies. En vain !

S’agissant de citoyens astreints par la loi à la déclaration de leurs biens, combien s’y sont conformés avec conscience droite et, aujourd’hui, reprendraient à leur compte cette volonté de coopérer à la manifestation de la vérité et cette assurance de Thomas SANKARA ?
« Camarades membres de la 1ere CPPC, Camarade Président, je vais vous communiquer lecture de mes biens, assuré que vous ferez mener des enquêtes, toutes les enquêtes ici et partout, pour vérifier la véracité, assuré surtout que les militants du Burkina, partout où ils se trouvent, ici ou ailleurs, aideront la vérité à se manifester, si par hasard, je venais à oublier un texte, si volontairement je venais à tenter de me soustraire à cette obligation de dire la vérité, toute la vérité… (rires dans la salle). »

A cet effet, combien de citoyens lambda, réellement libres dans leurs pensées et responsables de leurs actions, accepteraient à la suite de cet appel de dénoncer des faits préjudiciables au bien-être ou à la sécurité de tous ? Combien s’y obligeraient quand cela risque soit de compromettre des amis ou des proches, soit de mettre leur propre vie en danger ? Et si de tels vrais patriotes venaient à se signaler, comment la collectivité s’y prendrait-elle pour sécuriser leur avenir mieux que ce ne fut le cas pour Norbert ZONGO visé par diverses tentatives d’intimidations ou d’élimination jusqu’au 13/12/1998 ?

Telles sont quelques facettes de Thomas SANKARA l’intègre. Tel il s’était révélé dès l’enfance, tel il avait été reconnu et soutenu en famille, tel il s’était construit dans l’adolescence, tel il s’était préservé au sommet de l’Etat et tel il voulait voir son entourage familial et gouvernemental en défendre l’idéal face aux assauts de la corruption. Les contempteurs impuissants à détruire la légende de Thomas et qui aiment à s’en consoler en serinant qu’il n’est pas un saint, ont certes raison de dire que « L’homme n’a jamais tout faux, il n’a jamais tout juste. » Est-ce pour autant que l’intégrité devrait être relative ? Soit on est intègre, soit on ne l’est pas. Dans le cas de Thomas SANKARA, elle est authentique et unanimement reconnue. C’est en vertu de son prestige international que notre patrie peut conserver honorablement le nom de « Pays de l’homme intègre ». Hommage mérité donc à sa famille biologique qui a vu germer et su protéger par sa dignité l’enracinement en profondeur de ce baobab de l’intégrité. Puissent les aspirations de toutes les familles et communautés résidentes converger à en faire réellement le pays aux habitants intègres !

En dehors de la famille biologique, un témoignage très éloquent lui a été rendu par un ancien ministre, grand serviteur de l’Etat et homme politique, Philippe OUEDRAOGO. L’extrait qui suit est d’autant plus réconfortant et remarquable que son auteur et son parti le PAI furent d’abord partenaires puis compétiteurs du CNR après une année de cogestion de la révolution. Il répondait aux questions du journaliste Salifou OUEDRAOGO du Journal Le Reporter le 27 novembre 2020 :
« Quel rôle a joué le PAI dans le licenciement des enseignants le 23 mars 1984 ? Une certaine opinion estime que votre parti y a été pour quelque chose.

C’est le Conseil des ministres qui a suivi la grève des enseignants du Syndicat national des enseignants africains de Haute-Volta (SNEAHV) de mars 1984 qui, au vu du rapport sur cette grève, dont les éléments ont été fournis par les services du Secrétariat général national des CDR, a pris à l’unanimité la décision de licenciement, en retenant que les enseignants seraient repris en lieu et place des recrutements annuels. Il convient de dire que le Président SANKARA était absent du Conseil ce jour-là. Au Conseil suivant, il a émis des réserves sur l’opportunité de la mesure, d’autant qu’au lieu des 400 grévistes environ annoncés précédemment, les renseignements faisaient maintenant état d’environ 800 enseignants. Mais le reste du Conseil ne trouvait pas opportun de revenir si vite sur la décision, et il s’est incliné.

Les ministres PAI du gouvernement ont participé à la décision comme les autres. Plus tard, on a trouvé commode politiquement de les rendre seuls responsables de la mesure. Pourtant, après que les ministres PAI ont tous quitté le gouvernement et le CNR après la dissolution le 19 août 1984 du premier gouvernement du CNR, les enseignants n’ont pas été repris, et même la proposition de les reprendre en lieu et place des nouveaux recrutements annuels n’a pas été appliquée. Cela prouve bien que ce n’était pas seulement les ministres PAI qui avaient cautionné le licenciement des enseignants.

Quels ont été vos rapports personnels avec le père de la Révolution, Thomas SANKARA ? Que retenez-vous de lui ?

J’ai toujours eu de bons rapports personnels avec Thomas SANKARA, que j’ai eu l’occasion de connaître lorsqu’il était encore élève au PMK. Plus tard, nos rapports sont devenus plus politiques, mais je crois que nous nous portions toujours une grande estime réciproque. Lorsque devenu président, il est devenu naturellement plus inaccessible, il s’est toujours montré à mon égard très respectueux, et n’a jamais tenté de me séparer de mes autres camarades du PAI. Je garde de lui l’image d’un homme passionné de faire avancer de toute force son pays et son peuple, même par la contrainte. C’était aussi un homme personnellement désintéressé, très cultivé, intelligent, doué pour beaucoup de choses et s’intéressant à beaucoup de choses. D’une éloquence rare, il était doté de beaucoup de charisme et d’une grande imagination. C’était, en outre, un bourreau du travail. Il me parait vraiment dommage que, par ailleurs, la confiance et l’amitié que lui portaient ses amis proches ou des organisations comme le PAI n’aient pu être longtemps préservées. »

Quel lecteur ne serait touché par la sincérité de tels propos : ils restituent sa « part de vérité » ! Cette honnêteté est tout à l’honneur de son auteur. Jeunes insurgés d’hier, voulez-vous vraiment emboîter les pas d’un tel homme ? Voudriez-vous à son exemple vous discipliner dans les divers domaines de la vie pour devenir capables de gouvernance vertueuse ? Aspirez-vous à un niveau d’abnégation et de patience tel que vous refuseriez des offres de passe-droits car déterminés à servir et non d’abord vous servir ? Pourriez-vous affronter les moqueries des autres en raison de vos renoncements volontaires à des comportements inciviques ou à des pratiques malséantes ? Si oui, entamez sans délai votre parcours du combattant en travaillant à lui ressembler et en persévérant dans la dignité en toutes circonstances ! En nageant à contre-courant comme seuls les poissons vivants peuvent le faire, gardez en mémoire son credo professé à la tribune des Nations Unies, puis adaptez-le sans cesse aux défis à relever :

« Il nous fallait prendre la tête des jacqueries qui s’annonçaient dans les campagnes affolées par l’avancée du désert, épuisées par la faim et la soif, et délaissées. Il nous fallait donner un sens aux révoltes gron¬dantes des masses urbaines désœuvrées, frustrées et fatiguées de voir circuler les limousines des élites aliénées qui se succédaient à la tête de l’État et qui ne leur offraient rien d’autre que les fausses solutions pen¬sées et conçues par les cerveaux des autres. Il nous fallait donner une âme idéologique aux justes luttes de nos masses populaires mobilisées contre l’impérialisme monstrueux. A la révolte passagère, simple feu de paille, devait se substituer pour toujours la révolution, lutte éternelle contre toute domination. » Le Président SANKARA, à l’A.G. de l’ONU, oct. 1984.

Outre ces deux témoins individualisés, il convient de signaler la remarquable œuvre cinématographique du journaliste Richard TIENE qui, à l’occasion du 33e anniversaire de l’assassinat de Thomas SANKARA, a sorti le 15 octobre 2020 un documentaire retraçant son combat au Burkina Faso. Intitulé "Thomas SANKARA l’humain", le film est le produit de sept ans de travail auprès de nombreux proches de celui-ci, tels que des témoins vivants, des collaborateurs directs, des membres de sa famille.

Son objectif : comprendre pourquoi on est si muet concernant les productions sur l’homme, car selon lui, il n’y en a pas beaucoup.
Sa méthode : recueillir des témoignages à charge et à décharge, selon l’intime conviction et l’expérience personnelle de chacun par rapport au président assassiné en vue de connaître la vérité sur cette page de l’histoire du BURKINA.
Le fruit de sa démarche : des gens qui, jusque-là, ne pouvaient pas parler parce que ces personnes-là subissaient une pression morale sous l’ère COMPAORE ou tout simplement parce que ces personnes-là ne voulaient pas avoir de problèmes pour différentes raisons, y livrent des témoignages inédits, sans aucune censure.

A quelles propres convictions est-il parvenu au terme de son exploration ?

« Parmi les idéaux défendus par Thomas SANKARA, ce qui nous a paru le plus important et que nous avons du reste essayé de retranscrire dans le film, c’est l’intégrité, c’est l’humanisme. C’est pourquoi le film s’intitule ‘’Thomas SANKARA l’humain’’. C’est quelqu’un qui était généreux dans le don de soi… Il n’a pas pillé les caisses de l’Etat. Il est resté intègre et c’est cette intégrité qui lui donnait autant d’assurance pour agir avec les conséquences que nous connaissons aujourd’hui. Pour lui, il fallait justifier, même au sein de sa famille, chaque cadeau. »

Si tous ces témoignages ne suffisent pas à désarmer certains cœurs, il faudrait imaginer pour eux un cadre de libre expression de leurs griefs éventuels contre lui. Hormis les cas de frustration des aînés ou des mentors qui l’ont formé aux théories et pratiques révolutionnaires et dont il s’est révélé l’apprenant surdoué dépassant le maître, hormis les rancœurs des anciens camarades d’école ou de lycée nostalgiques de leurs supériorités révolues, quels reproches voudraient-ils formuler à l’adresse de Thomas SANKARA, concernant, à titre d’exemple, soit :
-  ses vertus militaires (sens de l’honneur, amour de la patrie, exemplarité du courage, don de soi au service de la troupe, respect de la parole donnée)
-  sa gouvernance publique (fautes de gestion avérées et non mensongères comme la calomnieuse affaire de recel d’une valise d’argent visant à salir sa mémoire)
-  sa responsabilité personnelle concernant les crimes de sang commis sous le CNR et assumés par devoir. Sa méthode habituelle de règlement des différends/divergences d’opinions n’était pas l’usage des armes. Pour preuve, son indulgence à l’égard de l’étudiant Jonas SOME auteur d’un affront direct le 2 octobre 1987 à Tenkodogo. Un outrage public au Chef de l’Etat qui est resté impuni parce que celui qu’il avait offensé était véritablement un grand homme, un homme au grand cœur, à l’esprit tolérant et ouvert à la critique. Il s’est gardé de récidiver après le 15 octobre, sachant bien de quel prix il l’aurait payé comme certains autres l’ont appris à l’époque : « on te fait et il n’y a rien », disait-on sans état d’âme
-  son éthique (incluant sa morale conjugale et familiale vainement mise en défaut à travers cette histoire inventée de paternité d’un fils naturel caché) et son austérité personnelles.

Ses valeurs humaines et humanistes, répudiées depuis toujours par ceux des « révolutionnaires petits bourgeois » qui, plutôt que de consommer local, s’étaient abonnés aux vins, liqueurs et champagnes de renom aux frais du peuple, confirment ces propos de l’écrivain français Blaise PASCAL. Constatant à travers l’histoire d’Alexandre Le Grand et de ses officiers que l’entourage des grands de ce monde imite moins leurs vertus qu’il n’amplifie leurs vices, il statuait en ces termes : « L’exemple de la chasteté d’Alexandre n’a pas fait tant de continents que celui de son ivrognerie a fait d’intempérants. On n’a pas de honte de n’être pas aussi vertueux que lui, et il semble excusable de n’être pas plus vicieux que lui. » (Pensées XXIX. 275).

Les détracteurs bienpensants peuvent ne rien lui trouver de vertueux, soit ! Et côté vices : de quelles perversités sont-ils redevables à leur fréquentation de Thomas SANKARA ? Comme il vaut mieux prévenir que guérir, la jeunesse, qui l’admire peut être béatement, a le droit de savoir à quoi s’en tenir pour mieux s’en préserver, tout en se gardant à tout prix d’en faire une idole car lui-même exhortait les admirateurs de CHE GUEVARA en ses termes : « Approchons donc le Che. Approchons-le non pas comme nous le ferions d’un dieu, non pas comme nous le ferions de cette idée, de cette image au-dessus des hommes, mais faisons-le avec le sentiment que nous allons vers un frère qui nous parle et à qui nous pouvons également parler. »

QUE FAIRE ?

A défaut d’un tribunal populaire de la révolution devant lequel il a fait comparaître ses devanciers au pouvoir, et auquel ses tombeurs n’ont pas voulu lui donner un droit d’accès en l’éliminant physiquement, un citoyen lambda a signé la tribune suivante dans le journal en ligne Lefaso.net du mercredi 25 août 2021. Qu’en retenir comme réellement faisable dans le cadre judiciaire et le contexte règlementaire actuels ?

« REQUÊTE d’un citoyen lambda
Aux honorables Président et Procureur du Tribunal militaire

Objet : Affaire assassinat du Président Thomas SANKARA

Me référant à la parution dans le journal en ligne Lefaso.net du communiqué du parquet du Procureur Militaire en date du 17 août 2021 informant l’opinion de l’ouverture du procès de l’assassinat du Président Thomas SANKARA et de ses douze compagnons le 11 octobre 2021, je voudrais vous soumettre la présente requête avec l’espoir qu’elle rentre dans le champ de compétence du Tribunal Militaire, qu’elle relève de son pouvoir de décision et soit compatible avec les contraintes de temps et de ressources de celui-ci.

Vivement que ce procès de l’assassinat du Président Thomas SANKARA puisse se dérouler comme un procès équilibré et à double sens, c’est-à-dire :
 offrant la possibilité pour des témoins à charge d’être auditionnés ;
 ouvrant droit à tous ceux dont le cœur reste meurtri par le silence entourant tous les crimes de sang non élucidés et commis sous le système nébuleux du CNR de s’exprimer publiquement et de formuler librement leurs griefs éventuels incriminant la personne du président assassiné.

Pourquoi une telle requête ?
Elle se fonde sur le principe de l’égalité des droits et des devoirs des citoyens, les plus illustres comme les plus anonymes, ceux exemplaires comme ceux vils à leurs propres yeux.
Elle répond aux critiques de tous ceux pour qui aucune vie humaine n’en vaut plus qu’une autre.
Elle est certainement conforme aux valeurs et convictions du président assassiné qui ne s’autorisait pas de passe-droit pour lui-même ni pour ses proches.

Lui qui n’a pas reculé devant le sacrilège outrageant pour ses prédécesseurs de les traduire en justice pourrait-il être dispensé de s’aligner comme eux pour rendre compte de sa gestion du pouvoir ? Assurément non, il doit en répondre par raison d’amour et de respect du peuple qui a droit à connaître la vérité sur sa gouvernance de la sécurité, même si tout le monde s’accorde sur son intégrité en matière d’argent. Accomplir cette quête de vérité et de justice mettrait fin au supplice de sa famille et apaiserait les cœurs de tous ses admirateurs et partisans qui aspirent à le voir réhabilité. Car, opérer dans les esprits la mutation d’une opinion populaire favorable en sanction judiciaire vaut plus, et de loin, que l’octroi spécieux du titre de héros national initié par son présumé assassin.

Comment y procéder ?

Un appel à témoins à charge contre Thomas SANKARA pourrait être lancé en référence aux déclarations publiques du journaliste Issiaka LINGANI. Lors d’une récente émission de Presse échos du 8/8/21 de BF1, il affirmait détenir des éléments concrets et être prêt à citer des témoins vivants de cas réels de nombreuses tentatives d’assassinat de Blaise COMPAORE par Thomas SANKARA. Ces révélations ainsi que les preuves du supposé complot éventé du 15 octobre 1987 à 20h ayant motivé son anticipation par des éléments de la garde rapprochée du principal accusé dans cette affaire pourraient lui faire reconnaître le droit de légitime défense et ainsi corriger la tournure du procès.

Nonobstant l’acte déjà posé le 30 mars 2001 par le président Blaise COMPAORE, au nom de la continuité de l’Etat (et les sept mesures d’accompagnement y relatifs) en ces termes : « … nous demandons pardon et exprimons nos profonds regrets pour les tortures, les crimes, les injustices, les brimades et tous les autres torts commis sur des Burkinabè par d’autres Burkinabè, agissant au nom et sous le couvert de l’Etat, de 1960 à nos jours », et concomitamment au jugement de l’assassinat, tous ceux qui nourrissent de fortes présomptions de culpabilité personnelle contre le président défunt concernant la fin de vie de leurs proches dans des conditions extra judiciaires devraient pouvoir déposer contre lui et formuler leurs doléances éventuelles à l’endroit des ayants cause.
Il importe, en effet, que les familles de victimes de violence en politique du fait du défunt président se voient faciliter à leur tour la célébration du deuil des leurs

Que peut-il en résulter ?

L’image de notre justice dont l’indépendance, la dépolitisation et l’impartialité sont de fortes attentes citoyennes de toujours s’en trouvera revalorisée. Organiser avec succès un tel procès, de surcroît après l’ère des juges acquis, serait une grande avancée pour notre Nation en soif de réconciliation entre le peuple et sa Justice. Son coût, certes plus élevé, sera moindre que celui de deux procès disjoints de Thomas SANKARA comme victime puis comme auteur de crimes de sang. Le réussir permettrait de panser les douloureuses fractures sociales aux causes multiples, aux racines profondes, aux conséquences incalculables qui plombent toutes nos stratégies opportunistes de réconciliation nationale. Quel que soit le verdict qui en sera rendu, que nul ne prenne le risque de saboter la portée pédagogique de cette démarche dont des leçons seront tirées pour le traitement équitable et accéléré des autres dossiers en souffrance du régime du CNR, puis de la longue ère du président Blaise COMPAORE durant laquelle certains se vantaient de pouvoir ôter des vies innocentes en toute impunité.
Qui sait si, dans le cadre d’un bilan des crimes de sang enregistrés sous le CNR, le phénomène imprévisible observé lors du TPR du Président LAMIZANA ne va pas se reproduire en faveur du bouc émissaire de la RDP qu’est Thomas SANKARA !

En soutien au premier accusé des TPR qui déclarait avec sincérité : « Je n’ai pas volé un franc », des témoins par centaines se sont manifestés pour reconnaître avoir bénéficié de sa générosité pleine d’humanisme et de compassion dans des situations difficiles. Il en sortit totalement acquitté et grandi, même aux yeux de ses ennemis.

Thomas SANKARA ne sera pas présent physiquement à ce procès, il ne pourra donc pas plaider pour lui-même : « Voici mes mains, dites de quel sang innocent elles sont tachées » pour paraphraser l’intrépide Black So Man. Le principal accusé ne sera pas présent non plus, sauf tremblement de terre à Cocody ou miraculeux sursaut de dignité patriotique pour le décider à rentrer de son exil volontaire. Seuls leurs affidés respectifs pourraient, dans le cas de l’élargissement proposé du procès annoncé, aider à la manifestation de la vérité. Leur honnêteté et leur loyauté seront déterminantes pour poser un diagnostic national fiable de la vertu d’intégrité des burkinabè d’aujourd’hui. Nous verrions tous qui nous étions, qui nous sommes devenus, pour enfin choisir qui nous décidons d’être. Puisse ce miroir nous interpeler chacun mieux que les diverses instances de recours que nous avons expérimentées depuis le Conseil des sages sans y adhérer du fond du cœur.

Oui, comme l’affirmait avec justesse le président de cette institution, Mgr Anselme SANOU : « Nous sommes tous coupables pour ce que nous n’avons pas fait, mal fait, omis de faire ou laissé faire. Responsables, intellectuels, chefs coutumiers, communautés religieuses, qu’avons-nous fait pour être utiles ou nuisibles pour ce pays ? Combien de personnes au pouvoir comme à l’opposition, n’ont pas contribué à tuer, à spolier, à exiler, à juger et condamner, à réduire à la misère morale et matérielle d’honnêtes concitoyens et leurs familles dans ce pays ? »

Veuillez agréer, Honorables Président et Procureur Militaire du Tribunal militaire, les assurances anticipées de ma déférente gratitude. »

Et voilà ! A chacun, après lecture, de réunir ses moyens de renforcer ou de contrecarrer la stratégie proposée pour aboutir à une réhabilitation judiciaire non contestable de ce monument africain insuffisamment compris et mal aimé de ses contemporains burkinabè.

Qui ne comprend pas la souffrance toujours vivace des victimes d’erreurs et d’arbitraires non pris en compte de la période révolutionnaire ? Qui ne voudrait pas les en voir soulagées ? De leur côté, qui est prêt à dialoguer en confiance jusqu’au pardon à donner, à recevoir ou à demander selon les cas ?

Quant aux acteurs politiques mobilisés autour de la question de la réconciliation nationale, désirent-ils du fond du cœur l’élucidation de tout crime économique ou de sang dont il leur serait demandé compte, sans aucune clause de prescription, pour permettre une vraie renaissance nationale par le rejet unanime et rigoureux de l’impunité et de la corruption au BURKINA ?

EPILOGUE

Puisse cet hommage, rendu à l’occasion de son procès à celui dont le testament fut « Je souhaite que l’on garde de moi l’image d’un homme qui a mené une vie utile pour tous », insuffler une nouvelle dynamique pour « oser lutter et savoir vaincre » à tous ces jeunes qui n’ont pas connu SANKARA de son vivant. Ils n’en constituent pas moins d’excellentes semences d’espoir concernant l’accomplissement de sa prophétie :

« Que SANKARA soit éliminé aujourd’hui physiquement, il y aura des milliers de SANKARA qui relèveront le défi face à l’impérialisme. Au niveau de notre Faso, la détermination de notre peuple, de notre jeunesse, enlève toute inquiétude quant à la poursuite de la lutte pour la dignité du Burkina et de notre continent. »

L’exemple du jeune journaliste Richard TIENE est là pour le confirmer : « Oui, c’est vrai que quand il perdait la vie, quand il a été assassiné le 15 octobre 1987, j’étais très jeune. Encore gamin. Je ne l’ai pas connu physiquement, mais je l’ai connu à travers de nombreuses lectures, à travers aussi le visionnage de nombreux films. » A tout un chacun de savoir donc se départir de tout complexe devant les CDR les plus arrogants, ou les anti-CDR les plus hargneux, sachant qu’avec le temps ils ont pu subir la disqualification de l’adage latin « corruptio optimi pessima », entendez « la corruption de ce qu’il y a de meilleur est la pire ».

Des institutions de soutien à la conscientisation et à l’action citoyenne des jeunes sont disponibles à travers « FREE AFRIK », « AFRICAN GOLDEN » et d’autres. Leurs programmes et productions sont à suivre et à revoir autant de fois que possible grâce aux médias et à internet, car relevant de la catégorie des choses qui ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas.

Des pionniers, des cadets et des vétérans de la révolution ayant su persévérer dans la discrétion n’attendent que des engagements mûrement réfléchis à bâtir la société burkinabè nouvelle pour traduire en actes leur foi en l’avenir de ce pays. Leur connaissance directe de la personnalité exceptionnelle de Thomas et leur maîtrise de sa méthodologie d’action révolutionnaire démontreront bien en quoi cet homme était un homme intègre, et confirmeront qu’il sut dignement diriger le pays porteur du beau nom de BURKINA FASO !

En plus des acteurs politiques et des anciens qui ont initié un « Pèlerinage des anciens et de jeunes à Pô le 13/10/20 », « Les Orphelins de SANKARA » méritent attention. Leur résilience face à l’adversité est une source d’inspiration et leur parcours un capital d’expérience unique. Ce sont les 600 jeunes de 12 à 15 ans envoyés en 1986 sous le CNR à Cuba pour y être formés professionnellement et reçus en parias à leur retour, bien qu’animés du désir de servir leur patrie. La réalisatrice Géraldine BERGER qui leur a consacré un documentaire éponyme reconnaît :

« Au départ, je me disais qu’ils auraient peut-être de l’amertume, de la colère, car le bilan de cette coopération n’est pas très positif pour eux. Mais en fait, ils se sentent toujours investis d’une mission. Lorsque SANKARA est venu les voir à Cuba, quelques semaines après leur arrivée, et qu’il leur a serré la main, il s’est passé quelque chose de très fort pour chacun. C’est comme s’ils s’étaient fait la promesse de participer un jour à la construction de leur pays. »

Ensemble, portés par un idéal commun, celui de constituer un mémorial humain vivant intergénérationnel pro SANKARA, idéal centré sur le développement intégral de l’homme et du peuple burkinabè, idéal ouvert au devenir radieux et solidaire du continent africain, incarnez ces milliers de SANKARA, ranimez la flamme révolutionnaire dans les cœurs, accomplissez sa prophétie de l’échec inéluctable de l’impérialisme, du néocolonialisme et de leurs valets locaux en terre libre, digne, fière et prospère du FASO. Tirez de votre nombre la force, de votre unité la légitimité, de votre intégrité l’invincibilité, et les vents vous seront favorables à jamais.
Que l’on ne dise plus « SANKARA partout, SANKARA nulle part » !
Que l’on dise haut et fort « SANKARA partout, SANKARA pour de vrai, BURKINABE pour la vie ! ».
Que jaillisse de tous vos cœurs et retentisse de toutes vos bouches ce couplet vibrant du DI TA NYE :
Et séant désormais en sa dignité recouvrée
L’amour et l’honneur en partage avec l’humanité
Le peuple du Burkina chante un hymne à la victoire
A la gloire du travail libérateur, émancipateur
A bas l’exploitation de l’homme par l’homme
Hé ! En avant pour le bonheur de tout homme
Par tous les hommes aujourd’hui et demain
Par tous les hommes ici et pour toujours
VIVE L’AFRIQUE, EN AVANT, NOUS VAINCRONS

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Vos commentaires

  • Le 29 novembre 2021 à 14:07, par Ka En réponse à : Plaidoyer pour Thomas Sankara et ses fidèles camarades

    ’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’Faut-il croire désormais à une prochaine réhabilitation pleine et irrévocable pour le « renégat » proclamé « héros national » par son assassin présumé ? C’est l’espoir que ces feuilles de plaidoyer voudraient nourrir chez le lecteur sensible à toute forme d’injustice contre son semblable. Puisse le verdict de ce procès contribuer à exorciser la patrie des hommes intègres des démons de la division, et renforcer sa cohésion face aux organisations terroristes qui la ravagent du Sahel aux Cascades, et du Nord à l’Est !’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’
    Bravo Monsieur Mwinsoma Jean Claude SOMDA : Magnifique rappel de mémoire, qui vient nous remettre en contexte et dire à ces ignobles assassins de l’idéologue fils de tout un continent, que cette histoire toute récente, est encore fraiche dans la mémoire de tous les population du continent et à travers le monde, et mentir pour travestir cette histoire ne serve a rien.

    Car, au regard de son œuvre immense faite seulement durant 4 ans pour faire avancer le continent, son nom est à jamais été gravé en lettres d’or dans la mémoire de chaque Burkinabé, et même au-delà de nos frontières.

    Ayant côtoyé dès son jeune age l’idéologue et valeureux fils du continent, il avait le leadership sans qu’on le dise. Mais comme il aimait le dire en citant Lénine et autres : ’’Si vous ne cultivez pas, si vous ne renforcez pas, si vous ne consolidez pas vos connaissances, votre destin peut se jouer autrement.’’

    Sa générosité, sa proximité, sa simplicité le caractérisait ; parce qu’il estimait que plus vous êtes grand, plus Dieu vous élève et vous impose d’être proche des autres. Voici quelques-unes des qualités qu’il avait déjà et qu’il a essayé de cultiver après avoir été poussé par celui qui lui réservait tous les malheurs de prendre le pouvoir.

    Avec ce procès qu’on espère que le droit sera dit pour Thomas Sankara et ses compagnons, ses assassins se souviendront qu’ils se sont trompés. Car, aujourd’hui plus qu’hier, le mythe Sankara est plus vivant que jamais. Il a défié le temps à tel point que l’enfant de tout un continent paraît aujourd’hui comme le chemin, pour beaucoup de Burkinabè et de jeunes Africains. Encore une fois, merci pour ce plaidoyer limpide.

  • Le 29 novembre 2021 à 21:13, par SOME En réponse à : Plaidoyer pour Thomas Sankara et ses fidèles camarades

    BRAVO BRAVO ET BRAVO trois fois BRAVO ! Voilà le travail par ce qu on appelle un intellectuel ! Le choix du parti pris est clairemen5 annoncé contrairement à certains passés maîtres dans le louvoiement de la malhonnêteté intellectuelle, spécialité au Burkina

    Je te reproche une chose : l’avoir publié en un3 s3ule fois. Il eut fallu le faire publier en 2 ou 3 articles. Cet écrit est tellement riche. Je t inciterait à une chose : transforme le en livre pour cette jeunesse à laquelle tu as le souci de transmettre les vraies valeurs de l’homme et de sa vie.

    Ton écrit rend la meilleure justice à Sankara. Pour avoir approché l’homme Sankara, je confirme cet humanisme.
    SOME

  • Le 30 novembre 2021 à 11:05, par Obliviator ! En réponse à : Plaidoyer pour Thomas Sankara et ses fidèles camarades

    Je voudrais me joindre aux Anciens Ka et Somé, pour rendre un vibrant hommage à l’auteur de cet écrit, Monsieur Mwinsoma Jean Claude SOMDA, qui nous a servi ce pain spirituel de très haut niveau.

    Puisque cet article est d’une grande importance historique pour notre pays et pour la jeunesse africaine, je voudrais suggérer lefaso.net de bien vouloir le publier dans sa rubrique "Société", afin qu’il puisse être accessible au plus grand nombre de lecteurs. La rubrique actuelle "Dokuments" n’apparaissant d’ailleurs pas dans le ménu de lefaso.net, l’article peut être difficile à retrouver sans être cherché de manière précise.

    Je vous remercie et que Dieu nous bénisse, le Burkina Faso intègre en nous et avec nous.

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