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Hermann Yaméogo : "Je suis comblé"

Publié le mardi 15 novembre 2005 à 09h34min

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Hermann Yaméogo, candidat non partant

Journée électorale et scrutin proprement dit. C’est, entre autres, sur ces sujets que nous nous sommes entretenu avec Me Hermann Yaméogo, hier, en fin de matinée à son domicile. Il s’est dit comblé pour diverses raisons.

Le dimanche 13 novembre 2005, jour de l’élection présidentielle, nos reporters ont passé une partie de la journée électorale avec certains candidats à la magistrature suprême.

Me Hermann Yaméogo, maintenu malgré lui sur la liste des prétendants au fauteuil présidentiel, devait lui aussi recevoir la visite d’un de nos confrères. Mais ce fut un rendez-vous manqué puisque le patron de l’UNDD est allé en urgence à Koudougou où ses militants étaient "accusés de commettre des actes de vandalisme" .

Le rendez-vous d’hier était comme une session de rattrapage. Lorsqu’il nous a reçu, il a indiqué que la gendarmerie de Koudougou avait même commencé à mener des investigations. "Il n’en était rien, dit-il, on faisait au contraire des pressions sur mes militants à qui j’ai simplement demandé de retirer leurs cartes d’électeur et de s’abstenir de voter... J’ai prôné la désobéissance civile pacifique. Le mot d’ordre a été suivi".

Hermann Yaméogo a donc passé une bonne partie de sa journée électorale dans son fief où il a par ailleurs rencontré ses partisans pour les sensibiliser davantage sur sa position par rapport à cette présidentielle.

"Les médias publics m’ont boycotté"

Le chantre du "tékré" a déploré le black out total fait par les médias sur ses activités politiques durant la campagne. "J’aurai aimé, dit-il, que les médias me suive pour montrer à l’opinion les messages que j’ai livrés à mes militants. J’ai parcouru presque tout le pays pour les rencontrer. Mais les organes de presse publics ont refusé de couvrir mes activités. On m’a même refusé une pub que je voulais diffuser à la télévision nationale. Je proteste contre cela. Ce n’est pas parce qu’il y a une campagne électorale, qu’on met en suspens les activités des partis politiques. Ceux qui ont une opinion contraire doivent aussi être entendus".

"Je suis satisfait"

Sur le scrutin du dimanche, Me Hermann, s’en félicite et se dit comblé pour diverses raisons. "D’une part, argumente-t-il, les positions que j’ai adoptées ont été confirmées aux termes du scrutin. Le fichier électoral a des problèmes contrairement à ce qu’a dit le président de la CENI, Moussa Michel Tapsoba".

Comme preuves, il a souligné les irrégularités constatées dans beaucoup de bureaux de vote notamment des électeurs qui n’avaient pas leurs noms sur les listes électorales et les votes multiples.

D’autre part, il se dit comblé parce que les gens ne se sont pas bousculés pour voter. "C’est même paradoxal quand on voit la manière avec laquelle le CDP a mobilisé du monde pour faire croire qu’il y a une adhésion massive à un homme".

Pour lui, cette mobilisation est comme celle de 1998 et constitue un contraste flagrant. "Il y a, dit-il, un malaise profond qui est en fait une sanction par rapport à la mal gouvernance et aux conditions d’organisation du scrutin notamment la fiabilité du fichier électoral.

Moussa Michel Tapsoba ne doit pas être enthousiasmé parce qu’il voulait légitimer Blaise Compaoré en montrant qu’il est un président bien élu".

Par ailleurs, le fils de Maurice Yaméogo se dit également comblé parce qu’il a constaté que les Burkinabè ne se sont pas laissés mener comme des animaux avec les gadgets du CDP. Ce comportement, il le qualifie de "maturité politique et de dignité".

Enfin, le président de l’UNDD se dit satisfait du respect du mot d’ordre de désobéissance civile pacifique qu’il a prôné. "Notre message a été entendu. Nous avons également montré à l’opinion internationale qu’il faut dénoncer cette hypocrisie qui enveloppe la démocratie au Burkina où il y a des institutions mais en réalité le pouvoir est concentré entre les mains d’un seul homme.

Il faut un véritable contre-pouvoir et à l’extérieur, on doit arrêter de soutenir les dictateurs qui modifient les Constitutions à leur guise..."

Malgré son retrait de la présidentielle, Hermann Yaméogo, on le sait, a été maintenu sur le bulletin unique et des électeurs l’ont voté. Il soutient à ce propos que c’est peut-être l’œuvre de certains de ses militants qui n’ont pas voulu suivre la consigne ou simplement celle de ceux du CDP. "L’essentiel, je suis comblé car mes critiques étaient fondées et en plus, les Burkinabè ont fait preuve de dignité et de maturité politique".

Adama Ouédraogo

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 16 novembre 2005 à 06:33, par Albertine En réponse à : > Hermann Yaméogo : "Je suis comblé"

    Je ne comprends pas que l’on ouvre les micros et les colonnes des rédactions aux leaders qui abandonnent avant le combat.A l’instar de monsieur Jospin, mais toutes proprotions gardées, les candidats ne peuvent pas entrer et sortir de la danse politique à leur guise.on entre, on se bat, et cela nous donne la légitimité, le promiximité avec les outils et les processus, et la crédibilité nationale et internationale nécessaires à tout porteur de message politique.Je ne conçois pas qu’un candidat,juriste de surcroit, ignore les procédures les plus fiables pour mener une enquête:la mener de l’intérieur, Maitre Yaméogo en avait l’occasion, et il a accepter pour ensuite refuser, de ce fait, il a perdu le droit de se faire entendre sur le sujet à l’heure nous voulons savoir ce qu’il advient de ceux qui sont réellement entrés dans la bagarre même quand c’était dur, même quand ils savaient quels résultats ils obtiendraient, et même ceux avec lesquels nous ne sommes pas d’accord.Quant à la pub "refusée", je m’étonne qu’un juriste n’ait pas eu recours à la voie légale s’il s’estimait lésé dans ses droits, à moins que la police ait refusée sa plainte....Je pense qu’une ou deux années sabatiques ne feraient pas de mal à Maître Yaméogo pour mieux cerner ses objectifs,ses positions et celles du parti, car il y a des gens qui croyaient en lui, et qui visiblement aujourd’hui sont perdus, ces personnes ont besoin de réponses, de stabilité, de projets concrets, heureusement que Blaise est là pour le leur offrir, et c’est pour ça que même eux, ont voté, quand ils ont compri la réalité, pour la seule ligne directrice du progrès du Burkina.

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