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Burkina : Des assises nationales pour une école en phase avec les aspirations des communautés et les réalités socio-économiques

Publié le jeudi 18 novembre 2021 à 19h08min

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Burkina : Des assises nationales pour une école en phase avec les aspirations des communautés et les réalités socio-économiques

Le gouvernement burkinabè a levé les rideaux sur les assises nationales de l’éducation, ce jeudi 18 novembre 2021 à Ouagadougou. Pendant trois jours de travaux, les acteurs de l’éducation vont se pencher sur les réformes à entreprendre pour un système éducatif plus performant au Burkina Faso.

Le 31 mars 2021, le conseil des ministres a autorisé l’organisation d’assises nationales de l’éducation. C’est à la suite de ce feu vert donné, que le ministère de l’Éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales a créé un comité de rédaction qui devait établir un document sur les reformes scolaires. Pour plus d’inclusion, des assises régionales ont été organisées au mois d’octobre dans les différentes régions du Burkina Faso. Ce sont 3 060 personnes qui ont participé à ces rencontres d’échanges. Elles étaient constituées de politiques, d’acteurs sociaux, coutumiers, religieux, etc.

Ces rencontres régionales ont accouché d’un document de base pour l’organisation des assises nationales. La cérémonie d’ouverture s’est tenue ce 18 novembre 2021 à Ouagadougou. « Quelles réformes et stratégies d’actions pour développer l’éducation nationale ? » c’est le thème de ces travaux visant à créer un nouveau pacte national sur l’éducation. Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a été le patron de la cérémonie.

Au côté du président du Faso, le Premier ministre Christophe Joseph-Marie Dabiré

Dans son allocution, il a rappelé que l’école ne devrait pas rester statique au risque de devenir inadaptée. « Je partage ce slogan selon lequel l’éducation n’est pas une dépense, mais plutôt un investissement. L’école doit déceler les germes de changements et opérer les réformes nécessaires à son amélioration. A ces assises de l’éducation nationale, vous êtes conviés à apporter vos contributions à la construction d’une école solide et forte en phase avec les aspirations des communautés et les réalités socio-économiques de notre pays. L’école doit contribuer à façonner les valeurs sociales désirables de la nation. Le gouvernement a adopté le deuxième Plan national de développement économique et social (PNDES II) qui constitue notre référentiel de développement pour la période 2021-2025. Dans ce plan national de développement économique et social, j’ai encore inscrit le développement du capital humain comme pierre angulaire de notre programme », a déclaré le président du Faso.

Le président du Faso, Roch Kaboré, a affirmé que ces assises nationales de l’éducation permettront d’établir des reformes pour rendre le système éducatif burkinabè plus performant

« Les terroristes travaillent à empêcher le développement du système éducatif »

Douze thématiques ont été abordées dans le document de base qui constitue la feuille de route des échanges. Parmi les points évoqués, la mise en œuvre d’un protocole d’accord signé par le gouvernement avec les partenaires sociaux (coordination des syndicats de l’éducation) ; La question relative à la dynamisation de l’enseignement et de la formation technique et professionnelle ; la résilience du système éducatif face aux multiples crises dont les violences en milieu scolaire, la crise sécuritaire, la fronde sociale.

Parmi les 12 thématiques abordées, figure aussi le financement de l’éducation et la promotion des langues nationales. Au Burkina, 59 langues ont été recensées, 17 sont en voie de disparition. Pour éviter cette extinction, il est prévu qu’elles soient enseignées dans les écoles. Les établissements privés sont elles aussi au cœur des échanges. Ces assises se tiennent dans un contexte où, à la date du 31 octobre 2021, 2 877 écoles sont fermées, 9 221 enseignants et 344 363 élèves mis hors des classes du fait du terrorisme.

Stanislas Ouaro, ministre de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales

Une minute de silence a été observée par l’assemblée en hommage aux victimes d’attaques terroristes. La plus récente étant celle d’Inata avec 53 décès.
Pour signifier son mécontentement sur la gestion de la crise sécuritaire, le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) a refusé d’assister à l’ouverture. Pour le ministre en charge de l’éducation nationale, Stanislas Ouaro, ces assises n’ont pas de coloration politique.

« Les terroristes travaillent à empêcher le développement du système éducatif parce qu’ils savent que cela développe un pays, il permet aux acteurs de ne pas s’enrôler ou se radicaliser. Participer à la réflexion de ces assises, c’est aussi contribuer à la lutte contre le terrorisme », a-t-il martelé. Il ajoute que tous ceux qui participent à ces débats contribuent à la résilience du système éducatif contre l’avancée du terrorisme.

Les assises nationales de l’éducation sont des instances de réflexion et de proposition pour rendre le système éducatif plus performant. A l’issue des travaux, le conseil des ministres examinera les suggestions qui en découleront. Elles seront ensuite adoptées en fonction de leurs pertinences. La fin des assises est prévue pour le 20 novembre 2021.

Samirah Bationo
Photo : Bonaventure Paré
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 novembre 2021 à 22:45, par Firmin Dieudonné DIALLO En réponse à : Burkina : Des assises nationales pour une école en phase avec les aspirations des communautés et les réalités socio-économiques

    De ces assises devrait sortir un projet d’école en phase avec les besoins de notre société. C’est l’école qui doit être à la base d’une reproduction réussie de la société. La participation large des différentes strates et composantes de notre société devrait permettre de concevoir un produit de l’école en phase avec les besoins de notre société.
    Le tout premier élément il me semble c’est la langue d’enseignement qui ne doit plus être le français mais nos principales langues nationales (moore, fulfulde, dioula, gulmancema) qui permettent de couvrir plus de 90 % de locuteurs nationaux et d’autres de la sous-région (Côte-d’Ivoire, Ghana, Bénin, Niger, Togo, Nigéria, Guinée, Mali, ...). Le second c’est de s’inspirer des travaux qui avaient été fait pendant la RDP, "L’école révolutionnaire burkinabè" qui n’ont pas pu être mis en oeuvre et dont le contenu met fin aux déchets du système scolaire, du préscolaire au supérieur : celui qui a fini un cycle, quel qu’il soit est en mesure de s’insérer dans la société en étant utile, parce-qu’il a un métier, peut gagner sa vie et être productif, créateur de richesse. C’est à ce prix que nous nous développerons et avancerons.
    Enfin, je suggère que plutôt que de les enseigner dans les écoles, les langues en voie d’extinction soient écrites et enseignées non pas dans les écoles mais hors du système scolaire, dans les communautés concernées, en pensant à créer et mettre en place des supports dans ces langues, orientés vers le système productif : comment améliorer les rendements dans un champ, comment améliorer l’élevage de la volaille, etc. Ces langues sont en voie de disparition parce-qu’il n’y a pas de locuteurs (question d’échange avec les autres). Le latin et le grec ont été enseignées dans les écoles mais n’ont pratiquement plus de locuteurs. Elles existent encore mais pas du fait qu’elles ont été enseignées dans les écoles, mais parce-qu’elles ont l’écriture !
    En tout cas, je souhaite pleine réussite à ces assises.

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