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Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

Publié le mardi 16 novembre 2021 à 09h45min

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Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

Des habitants de la commune de Di, dans la province du Sourou, région du la Boucle de Mouhoun, fuient les violences des groupes terroristes pour se réfugier à Ouagadougou, capitale burkinabè. C’est le constat que nous avons fait, mercredi 10 novembre 2021, avec des déplacés arrivant à bord d’une compagnie de transport en commun. Ils confient avoir quitté leurs localités, dans le désespoir, pour trouver leur salut à Ouagadougou.

‘’Les gens sont en train de fuir les violences des groupes terroristes à Di pour trouver refuge à Ouagadougou’’, nous a-t-on été alertés. Nous avons donc décidé d’aller à l’information à travers des gares de compagnies de transport qui desservent cette localité située à environ 300 kilomètres au nord-ouest de Ouagadougou.

Ce mercredi matin (10 novembre 2021), quand nous arrivions, à 9 heures dans l’une des gares d’une compagnie qui relie la commune de Di à Ouagadougou, c’était toujours le mouvement habituel : départs et arrivées. Dans la salle d’attente, pendant que certains passagers grignotent quelque chose dans l’attente d’embarquer, des arrivants sont à pied-d’œuvre à la recherche de taxis pour les conduire vers leurs destinations finales.

Alidou Kaboré est venu de Niassan, à une dizaine de kilomètres de Di, où les groupes armés ont perpétré une attaque le 31 octobre 2021. Cette attaque, qui a ciblé le poste de la police, a coûté la vie à cinq policiers. Depuis ce jour, raconte le vieux de 74 ans, il n’a plus la paix.

« On ne peut rester là-bas dans ce climat », Alidou Kaboré

« Ils viennent à tout moment dans le village et exigent de la population, particulièrement des femmes, le port du voile et des pantalons courts pour les hommes », a-t-il expliqué, ajoutant que c’est à cause de ce climat de terreur qu’ils ont fui la zone. En compagnie de son épouse et ses cinq petits-fils, le septuagénaire, le regard visiblement posé dans le vide, sous le coup du désespoir, était loin d’imaginer qu’il allait fuir son village un jour.

« Nous avons fui pour échapper à la mort », confie le vieil homme. Croulant visiblement sous le poids de la fatigue, le vieux Kaboré n’en revenait toujours pas. Lorsqu’il a fallu relater les conditions de son départ forcé, il avoue que « Ce n’est pas simple », avant d’indiquer que les terroristes sont les seuls maîtres de Di. « Ils ont détruit la police et la gendarmerie. Après cela, les maisons de mes voisins ont étés saccagées par ces terroristes. Ils disent qu’ils sont les seuls maîtres des lieux et ce qu’ils disent doit être respecté. Ils ont sommé les femmes de se voiler et les hommes de porter des pantalons courts et de laisser pousser la barbe », décrit-il.

« Face à tout cela, nous étions obligés de sauver notre vie », poursuit-il. « Il y a certains de mes enfants qui sont toujours là-bas », a-t-il explique-t-il la voix nouée et appelant l’Etat au secours.

« Les terroristes organisent même des prêches à Di » Robert Sanfo

Les terroristes ont pris le contrôle de Di

Robert Sanfo et son épouse ont aussi pris la poudre d’escampette afin de sauver leur vie. Arrivé à Ouagadougou le dimanche 7 novembre, Robert Sanfo a trouvé gîte chez son petit-frère, étudiant. Son épouse a aussi rejoint son petit-frère à elle. Pour ce producteur dans la vallée de Sourou, Di est sous contrôle des terroristes. Il se rappelle encore de la date du 31 octobre 2021 où une attaque a coûté la mort à cinq policiers.

Les terroristes seraient arrivés au commissariat autour du 5h du matin à bord de trois pick-up, sur des motos tricycles et des motos à deux roues. Ils ont commencé à tirer pendant plus d’une heure avant de continuer en ville pour célébrer leur « victoire » à travers des tirs en l’air et un concert de klaxons. Après ce dimanche noir, raconte-t-il, ils sont revenus encore trois jours après, précisément le mercredi aux environs de 21h. Ce jour-là, ils ont saccagé les nouveaux bâtiments de la gendarmerie.

Aïssata Guigma, s’inquiète pour l’avenir de ses neuf enfants

Dans cette intensité de tirs, Robert Sanfo et sa famille, n’ayant pas une autre porte de sortie, se seraient mis à prier au moment de l’assaut de ces ‘’hommes sans foi ni loi’’. C’est le lendemain, jeudi, qu’il va décider d’envoyer son épouse et sa maman à Tougan d’abord, puis à Ouagadougou, quelques jours plus tard. Contre toute attente, il sera lui-même obligé de prendre ses jambes à son cou, lorsqu’il reçoit un appel des groupes armés. « Où est-ce que tu es ? », lui auraient-ils demandé.

Ne sachant plus à quel saint se vouer après cet appel et avec le risque d’enlèvement, il prendra la direction du cimetière cette même nuit pour échapper au pire. C’est le lendemain de cette nuit cauchemardesque qu’il a tenté de rejoindre la ville de Tougan, le chef-lieu de la province de Sourou, située à 42 kilomètres de Di, avec l’aide d’un motocycliste. C’est à partir de Tougan qu’il rejoindra Ouagadougou. « Ils ont dit qu’après Di, ce sera le tour de Kiembara, Gassan et Toma » a-t-il alerté, le regard inquiet.

« Ils ont dit qu’ils n’ont pas affaire à la population, mais… »

L’épouse de Sanfo raconte la peur qui s’est installée à Di. « Les terroristes sont arrivés pour la première fois à Di en mai 2020. Depuis cette date, ils ont commencé à tisser leur toile jusqu’à ce jour où la situation s’est dégradée. Beaucoup de personnes fuient Di de nos jours. Les enseignants, les gendarmes, les policiers et les militaires, tous ont quitté la commune. Ils demandent à tout le monde de prier à la mosquée et de faire la zakat. Ils ont exigé la fermeture des débits de boisson », dit-elle.

Si l’Etat ne fait rien Di va se vider de sa population, se désole dame Sanfo

Ils auraient même demandé à la population, selon madame Sanfo, de rester parce qu’ils n’ont pas affaire à elles, mais plutôt aux forces de défense et de sécurité et aux individus qui leur fournissent des informations. Jusqu’à présent, poursuit madame Sanfo, Di se bat seul. « Les terroristes font la pluie et le beau temps là-bas. Ils sont-là à tout moment et se donnent la liberté de faire des contrôles. La commune de Di semble abandonnée par l’Etat », conclut-elle.

Ce sont les enfants de la localité qui se sont radicalisés, selon Cécille Ouédraogo

Cécile Ouédraogo est aussi originaire de Di. Elle a aussi pris la tangente en traversant la brousse vers 19h pour rallier Tougan. « J’ai emmené mes trois enfants dans un village d’abord avant de prendre moi-même la route de Tougan en traversant la brousse à 19h. De Tougan, j’ai rallié Ouagadougou par un car de transport », retrace Cécile Ouédraogo, ajoutant avoir abandonné, malgré elle, ses récoltes. « J’ai deux hectares là-bas, qu’est-ce que ce champ va devenir ? », s’est-elle interrogée. C’est grâce à sa production qu’elle s’occupait de sa famille, puisqu’elle a perdu son mari, confie-t-elle avant de s’interroger désespérément sur leur avenir, ses trois enfants et elle. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

NB : Pour des raisons de sécurité, nous avons changé le nom des intervenants.

Serge Ika Ki (stagiaire)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 15 novembre 2021 à 20:02, par Raso En réponse à : Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

    Ca fais vraiment mal de lire ces temoignages. Ce qui est frustrant c’est le manque de réactivitité. Depuis Mai 2020, "les terroristes tissent leur toile". Qu’est-ce qui a été fait pour empêcher ? On dirais que pour ce pouvoir tant que Ouaga est tranquille, y a pas de problème. Après Di ça sera Toma, puis éventuellement Ouaga.

  • Le 15 novembre 2021 à 20:37, par Burkinabè En réponse à : Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

    J’ai très mal pour mon Faso et suis très inquiet pour son devenir !!!
    À quand le réveil de ce peuple Burkinabè jadis conté "brave, courageux"....?
    Étaient-ce de simples légendes creuses où imaginaires, tout ce qui a été dit sur les résistances,les bravoures et les faits de guerre de nos ancêtres :Tièfo Amoro,Guimbi OUATTARA,la Princesse Yennega,Rialé,Diaba Lompo etc...?
    Que sont devenus leurs descendants ???
    Burkinabè, réveillons-nous !!!
    Nan Lara,an Sara.
    Que Dieu protège et bénisse le Burkina Faso.
    La patrie où la mort, Nous vaincrons !!!

    • Le 16 novembre 2021 à 07:41, par Observateur avisé En réponse à : Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

      Oui, des légendes, il y en a eu au Burkina Faso. La preuve récente, c’est Sankara, le Lion, etc. Mais en situation de guerre, lorsque vous élisez un bourgeois à la tête de l’Etat, ne soyez pas étonner des résultats catastrophiques. Cite moi le nom d’un seul bourgeois qui a mené la guerre dans le monde ? Je n’en trouve pas. On ne mène pas une guerre en étant gentil. Que dire de cette haute hiérarchie militaire en manque stratégie et tout aussi corrompu que le pouvoir. Le regroupement des terroristes sont régulièrement signalés par les activistes et la populations au moins 72h avant les attaques. Qu’est ce qu’on fait ? On s’enferme à l’intérieur des détachements sous prétexte qu’on n’a pas reçu l’ordre de la hiérarchie militaire pour attaquer. Et on se fait massacrer avec plaisir. Cette hiérarchie est-elle complice des terroristes ? Ou cette attitude est enseignée dans les écoles de guerre ? J’ai regardé une vidéo hier ou les terroristes déclarent que leur objectifs c’est monter sur les échangeurs de Ouaga. Connaissant l’incompétence et l’insouciance du régime actuel, c’est une question de temps. Jamais dans notre pays, un régime n’a été aussi incompétent comme celui de Roch Kaboré. On n’est pas obligé d’être président. Quand on ne peut pas, on dégage tout simplement.

  • Le 15 novembre 2021 à 21:18, par HUG En réponse à : Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

    Pourtant.
    Vous avez voté massivement le mpp.courage à vous le mpp ne va pas oublier.

  • Le 15 novembre 2021 à 22:55, par Alexio En réponse à : Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

    Attention au financement des pays du golfe qui sont de connivence avec les occidents pour la RECOLONISATION DE L AFRIQUE. Ces Salafistes sanguinaires ont eu l eau dans leur pompe de leur moulin apres que les Talibans ont pris Kaboule aux mains des americains.

    Les pays africains doivent attendre aune recrudescence des attaques provenant de ses faux mulsulmans corrompus par le Petro-dollar de leur commanditaires du Golfe.

    Leur source de financement souvent deguiser en humanitaire comme le Quatar Charity. Et autres fonds prives. A rappeller que tous les freres musulmans on ete loge par l Emir du Quatar.

    Les financements des mosquees, au lieu des dispensaires ou des ecoles modernes font parti d une strategie corruptive politique et enomique en Afrique de l ouest. ou ils abusent la naivite de l Etat.

  • Le 16 novembre 2021 à 07:06, par kwiliga En réponse à : Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

    Monsieur le Président du MPP, j’ai été choqué par votre sortie lorsque de pensiez que l’appocalypse est devant. L’appocalypse est au Burkina depuos le 16 Janvier 2016. Si vous n’avez pas grand chose à proposer au moins ne parlez pas. Vous avez parlé et dans les 48h qui ont suivi, le PF est sorti annoncer un nième deuil national. C’est comme si c’est vous qui avez provoqué ces attaques. Organisez vos troupes à ramener la sécurité au pays au lieu de parler inutilement.

  • Le 16 novembre 2021 à 09:22, par Résistance-PaysSan En réponse à : Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

    Pays San, levons-nous. L’heure est à la réflexion et à la résistance.. Organisons-nous comme les Fils de la région de l’Est et du Centre-Nord. Courage, nous vaincrons. Nous sommes des fils de vaillants guerriers. Nous ne capitulons jamais. Nous attendons que nos leaders se positionnent. Saran SERE....

  • Le 16 novembre 2021 à 09:30, par VRAI En réponse à : Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

    C’est vraiment triste. depuis l’avènement du pouvoir mpp , c’est le malheur pour ce pays comme si nous nous sommes poignarder nous même dans le ventre à travers ce choix. pourtant les plus avertir avait bien prévenu qu’il n’a y aurait pas de changement. vous parler des financements des pays du golf et autres mais pourtant ces financements existaient bien au temps de blaise qui à fait 27 ans au pouvoir mais nous n’avons pas connu autant de mort et de déplacés internes. le pourvoir en place qui navigue a vue sans aucune stratégie face à cette situation à montrer son incapacité à gérer cette situation. mais au lieu de démissionner , ils restent tous cramponner rien que pour la politique du ventre. on se demande si ces gens là sont vraiment sensible à cette désolation que vit la population , certainement pas. Mais il faut que le peuple prenne ses responsabilité et s’arme de courage car cela ne peut continuer ainsi. stop !!!!

  • Le 16 novembre 2021 à 15:03, par Observateur En réponse à : Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

    Lisez la legende sous le témoignage de l’une des victimes dans l’article : "Ce sont les enfants de la localité qui se sont radicalisés, selon Cécille Ouédraogo".
    C’est sans commentaire. Mais tous les commentateurs tirent à boulets rouges sur le MPP. Personne ne penses aux vraies cuases de nos nos ennuis. On n’est donc pas encore sortis de l’auberge et ce ne sera pas de si tot, du moment que le dignostic est dejà faussé.
    Yako.

  • Le 16 novembre 2021 à 20:22, par Sidpassata Veritas En réponse à : Insécurité au Burkina : Ouagadougou, l’ultime refuge pour des ressortissants du Sourou en fuite

    Je l’ai dit et redis et je n’ai rien d’autre à dire encore : il faut que le président du Faso se transforme en vrai chef de guerre. Qu’il arrête de penser à autre chose et qu’il mette tout sonngouvernement à battre campagne comme ils ont fait pournles élections, mais cette fois pour mobiliser tout le peuple contre les terroristes. Ni la France et ni même aucun autre pays africain ne viendra se battre pour libérer le territoire et le peuple burkinabé. Qu’on arrête de nous dire que c’est l’affaire de tout le monde, qu’on arrête de s’en prendre à ceux qui, protestent et demandent que les choses changent, qu’on arrête de croire que le phénomène finira par s’essouffler et s’arrêter de lui-même, qu’on arrête surtout de croire que l’on peut gagner une guerre sans combattre et sans efforts de guerre. On ne fait pas de guerre sans chef de guerre. On ne fait pas la guerre de résistance populaire en abandonnant le terrain de la guerre psychologique au quand ennemi. Si aucune campagne n’est menée énergiquement contre la peur-panique qui est l’arme principale des terroristes, alors il n’y aura pas de résistance populaire et militaires seuls n’arriveront pas contre un ennemi qui pratique la guerilla et l’attaque surprise. LE BURKINA DE NOS ANCÊTRES NE PEUT ÊTRE DÉFENDU QUE PAR NOUS LEURS DESCENDANTS, SI NOUS ACCEPTONS DE REDEVENIR UN SEUL PEUPLE INSURGÉ CONTRE LE TERRORISME. NOIS AVONS BESOIN D’UN MENEUR CHEF DE GUERRE POUR ALLER MANGER DU TERRORISTE CRU.

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