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Procès Sankara et compagnons : « Je n’ai jamais ouvert un coup de feu à Ouagadougou le 15 octobre », se dédouane Albert Pascal Sibidi Belemlilga

Publié le lundi 15 novembre 2021 à 12h30min

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Procès Sankara et compagnons : « Je n’ai jamais ouvert un coup de feu à Ouagadougou le 15 octobre », se dédouane Albert Pascal Sibidi Belemlilga

Poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’État, Albert Pascal Sibidi Belemlilga, adjudant-chef à l’EMC (Escadron motocyclistes commandos) le 15 octobre 1987, a, après avoir réfuté les faits à lui reprochés, remis en cause des propos lâchés devant le juge d’instruction. Il comparaît ce lundi 15 novembre 2021 devant le tribunal militaire.

Obligeant ainsi le Parquet militaire à brandir à l’accusé, des extraits de procès-verbaux de son audition.

"M. Belemlilga, votre interrogatoire devant le juge d’instruction s’est-il bien passé ?", a voulu se rassurer le Procureur.

"Oui, ça s’est bien passé", certifie l’accusé.

Avez-vous pris connaissance des éléments du procès-verbal ?, relance le Procureur.

"Oui, mais il y a eu des modifications apportées à la seconde comparution", relativise Albert Pascal Sibidi Belemlilga, dans un français limpide par rapport à nombre d’accusés passés à la barre.

A la première comparution, est-ce que le juge d’instruction vous a posé des questions ?, pousse le Procureur.

"Oui", répond l’accusé, sans hésitation.

Ce qui amène le Procureur à faire à l’accusé, des observations aux allures de cours de droit. "A la première comparution, le juge d’instruction ne vous a pas posé de questions ; il vous a signifié vos charges et vous avez fait librement des déclarations, sur deux pages. La loi interdit au juge d’instruction de vous poser des questions", clarifie le ministère public, relevant du coup des contradictions dans la narration des faits de l’accusé à la barre.

Puis, reprennent les questions du Parquet à l’accusé. Sur nombre d’entre elles, M. Belemlilga relance à son interlocuteur, signalant avoir des soucis auditifs (une oreille serait défaillante). Le Procureur le rassure qu’il peut toujours relancer..., s’il n’a pas saisi une question.

Où étiez-vous pendant les tirs ?, repartent-ils avec le Procureur.

"Sur le terrain de volley-ball", réagit Albert Pascal Sibidi Belemlilga.

Entre le terrain de volley-ball et le bâtiment où se tenait la réunion, pouvez-vous dire à peu près la distance ?

"Environ 75 à 100 mètres", répond-il, après un petit temps de silence, en signe de réflexion.

Et vous n’avez pas vu ce qui s’est passé ?, poursuit le ministère public.

"Non, puisqu’on s’échauffait !", rétorque l’accusé.

Quand les tirs ont éclaté, qu’avez-vous fait ?, égrène le Procureur.

"On s’est tous plaqués au sol", poursuit l’accusé.

Qu’avez-vous fait par la suite ?, insiste le Parquet.

"On a tous rejoint nos unités", relâte l’appelé à la barre.

Au bout de combien de temps l’avez-vous fait ?, demande le Procureur.

"Environ trois minutes après (les premiers coups de feu, ndlr)", présente l’accusé.

Ce dernier explique que c’est à partir de cet instant que Bernard Kaboré leur a demandé de s’apprêter pour aller au camp CRS. Une fois sur les lieux, il dit avoir personnellement demandé à sa hiérarchie sus-citée, ce qu’ils y sont venus faire. Par la suite, une mission de "reconnaissance" lui a été confiée sur l’axe allant du rond-point de la Palestine (devenu rond-point du cycliste), sis devant l’actuelle École nationale de la Police au croisement du feu de l’église Kolog-Naaba (distant d’environ 800 mètres, ndlr).

Ici, le Procureur relève une contradiction par rapport à la déclaration devant le juge d’instruction, d’où il ressort du procès-verbal qu’il a plutôt été question d’aller neutraliser la FIMATS (Force d’intervention du ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité), supposée être pro-Sankara.

Propos que l’accusé dit avoir par la suite rectifiés devant le juge d’instruction. "Je n’ai pas dit qu’on nous a dit d’aller désarmer la FIMATS, l’ordre que j’ai reçu, c’est de les retrouver à la FIMATS", recadre l’accusé.

Pour quoi faire ?, demande le Procureur. "Je ne sais pas", réplique-t-il.

C’est à partir de quel moment avez-vous su que c’était un coup d’État ?, interroge le Procureur. "C’est quand j’ai croisé Gaspard, qui m’a dit que Sankara est mort", confie M. Belemlilga.

L’accusé a déclaré qu’il n’était donc pas armé en cet après-midi du 15 octobre (1987)." Je n’étais pas armé, mon arme était à domicile, à Goughin", dit-il avant de se dédouaner plus loin.. : "Je n’ai jamais ouvert un coup de feu à Ouagadougou le jour du 15 octobre". Son interrogatoire, qui a débuté à 9h, se poursuit toujours, à 12h30.

N.B : Une confusion semble se glisser dans la qualité de l’accusé Albert Pascal Sibidi Belemlilga et celui de son supérieur hiérarchique, Bernard Kaboré. En effet, les informations affichées à l’entrée du tribunal indiquent que Albert Pascal Sibidi Belemlilga était "adjudant-chef à la retraite en service à l’EMC au moment des faits", alors qu’il ressort à la barre que Bernard Kaboré, présenté comme le supérieur hiérarchique de ce dernier, était sergent (donc, inférieur dans la gradation) et chef de peloton détaché à Ouagadougou. Selon son avocat, Me Mamadou Coulibaly, l’accusé Albert Pascal Sibidi Belemlilga était sergent à l’époque des faits, il a pris la retraite en qualité d’adjudant-chef.

O.L.
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 15 novembre 2021 à 22:25, par Ka En réponse à : Procès Sankara et compagnons : « Je n’ai jamais ouvert un coup de feu à Ouagadougou le 15 octobre », se dédouane Albert Pascal Sibidi Belemlilga

    ’’’’’’’’Je n’ai jamais ouvert un coup de feu à Ouagadougou le 15 octobre », se dédouane Albert Pascal Sibidi Belemlilga’’’’’’’’’’’’
    Depuis que les généraux de pacotille sont à la MACA, le Burkina a pris le chemin de la descente aux enfers. Le pays est devenu le terrain de toutes les œuvres sataniques à cause de ces punaises de Djihadistes. Que faire contre ces punaises qui se multiplient comme des mouches ? Seule l’union du peuple Burkinabé derrière les décideurs du moment peut aboutir à une solution. C’est ce qui permet de persister et de signer, ‘’’’que seule l’union fait la force.’’’

    Avec tout ce qu’on attend de ces supposés accusés ne sont pas digne des vrais militaires, mais un déni a la justice. En effet, personne n’a rien fait. Blaise Compaoré, ni Diendéré Gilbert, ni Y. Kafando, tout le monde est blanc comme neige, et les milliers de personnes qui sont passées de vie à trépas du fait ce que qu’on peut appeler l’atrocité des éléments du RSP téléguidé par deux assassins en puissance sont morts de peur, ou de rire, ou ont simplement oublié de respirer ? De tous côtés Diendéré Gilbert et ses acolytes nous prend pour des demeurés, mais la Vérité finira bien par sortir dans les décisions des juges. Car, les juges militaires ont compris que le combat de la justice est le plus difficile, on ne combat pas pour un individu, mais que le droit soit dit.

    Ce que les supposés accusés oublient, c’est que les Burkinabé et le monde entier savent que le RSP a été formaté comme une garde prétorienne au service d’un homme, le président Blaise Compaoré. Ses membres sont cités dans plusieurs crimes politiques, tortures, meurtres et assassinats ciblés au Burkina Faso. Ainsi on peut mettre à leur actif (sans faire mention des crimes commis par le 1er bataillon du CNEC, l’ancêtre du RSP entre 1987 et 1995).
    •Le meurtre de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, frère cadet du président Blaise Compaoré en 19986
    •L’assassinat le 13 décembre 1998 du journaliste d’investigation Norbert Zongo, mort criblé de balles et carbonisé dans sa voiture en compagnie de 3 autres personnes alors qu’il enquêtait sur le meurtre de David Ouédraogo.

    •La participation aux guerres civiles sierra-léonaise et libérienne aux côtés de Charles Taylor. Comment voulez vous que les juges vous prennent au sérieux ? Tous sont des menteurs.

    •Il y a aussi une certitude divine qui dit que l’on récolte toujours sur terre ce que l’on a semé, malgré la miséricorde de Dieu et la foi après le pardon de Dieu. Si tu as semé la mort, attends toi à la récolter aussi.

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