LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Hamado Kafando, l’accusé qui pensait bien faire

Publié le jeudi 4 novembre 2021 à 23h15min

PARTAGER :                          
Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Hamado Kafando, l’accusé qui pensait bien faire

Une audition éclair. C’est celle du médecin militaire à la retraite, le colonel-major Hamado Kafando. Il est accusé de faux en écriture publique ou authentique pour avoir apposé la mention « mort de mort accidentelle » sur le certificat de décès de Bonaventure Compaoré, employé à la présidence.

Les photographes et cadreurs autorisés à faire des images avant le début de l’audience ont sans doute fait la même remarque : le colonel-major Hamado Kafando semble réservé . Toujours en train de gribouiller des choses sur une feuille ou de s’évader à travers la lecture. D’ailleurs, un matin il avait entre ses mains le livre « Au nom du Père et du Fils » du Médecin Colonel-Major Dominique Zouré.

Bref ! Ce jeudi 4 novembre, il était le deuxième accusé de la journée à passer s’expliquer sur les charges retenues contre lui. Médecin spécialiste, chirurgien orthopédiste, il est accusé de faux en écriture publique ou authentique pour avoir écrit en 1991 « mort accidentelle » sur le certificat de décès de Bonaventure Compaoré, décédé le 15 octobre 1987. Un acte qu’il dit avoir fait pour des raisons sociales en vue d’aider la veuve et les ayants droit de la victime. « Je ne savais pas que c’était un papier qui allait m’envoyer dans ce tribunal », lâche l’accusé.

Pour le parquet, la mention écrite sur le certificat de décès de Bonaventure Compaoré pose problème. Car « l’accident est un événement imprévu et soudain ». Pourtant explique le parquet, « des gens qui se sont organisés pour donner la mort à quelqu’un, c’est un assassinat et non un accident ».

La partie civile, elle, pense que le médecin militaire est sorti du cadre de ses missions pour penser que le soldat Bonaventure Compaoré est mort de façon accidentelle. « Cette mention, nous la vivons comme une manière de banaliser sa mort », a laissé entendre Me Séraphin Somé, remonté.

« J’ai cru bon de mettre le mention mort accidentelle puisque les circonstances ont été violentes. Il ne s’agit pas ici de la cause du décès », a clarifié l’accusé avant d’éclairer la lanterne du tribunal sur la délivrance des certificats de décès. « Le certificat de décès est un acte d’état civil délivré par un agent d’état civil alors que le média lui ne délivre qu’un certificat de constatation de décès », a expliqué l’accusé avant d’affirmer qu’il avait donné l’ordre de retirer les imprimés (certificat de décès) quand il était directeur de service de la santé. Ces imprimés qui étaient « un héritage de la colonisation » devraient plutôt porter la mention « certificat de constatation de décès », selon les explications de l’accusé.

Rappelons qu’avant le colonel-major Hamado Kafando, le colonel-major Alidou Diébré, accusé du même chef, a lui soutenu avoir établi le certificat de décès de trois victimes (dont celui de Thomas Sankara, ndlr) par « humanisme ».

LeFaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 5 novembre 2021 à 05:50, par Bakker En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Hamado Kafando, l’accusé qui pensait bien faire

    ``Faux certificats par ``humanisme’’ peut-être qu’un des accusés nous dira ``qu’il a tué de bonne foi`` !
    quelle médiocrité depuis le début du procès !

  • Le 5 novembre 2021 à 09:44, par Some K. Cyprien En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Hamado Kafando, l’accusé qui pensait bien faire

    Dans toute cette affaire je serai curieux de savoir ce qui a été porté sur les certificats de décès de feu Y Gabriel et de son compagnon Fidèle.

    • Le 6 novembre 2021 à 18:16, par Soumaila de Nanoro En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Hamado Kafando, l’accusé qui pensait bien faire

      IL SERAIT EN EFFET INTERREESSANT DE NOUS DIRE CE QUE SANKARA A FAIT ECRIRE SUR LES CERTIFICATS DE DECES DE CES DEUX VALEUREUX OFFICIERS QU’IL A FAIT EXECUTER FROIDEMENT AU CONSEIL APRES LEUR REDITION. ON COMPRENDRA TOUS LE CONTEXTE DE L’EPOQUE QUE L’ON VEUT JUGER AVEC LE REGARDS DE NOVEMBRE 2021.

      • Le 8 novembre 2021 à 16:07, par Mechtilde Guirma En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Hamado Kafando, l’accusé qui pensait bien faire

        Il a dirigé le peloton d’exécution je rappelle, c’était dans la nuit à Gampéla, un village yonyonga-forgeron. Les villageois horrifiés paniqués avaient déclaré : « Ça y est c’est fini, nous avons pour des décennies de malheur : nous, nos enfants, nos petits enfants et peut-être les suivants ! ».

        Joseph Ouédraogo dit Joo-Wedder, qui est de l’ethnie Saanmba dont le village se trouve aux encablure de Gampèla, lorsque je lui ai rendu visite bien plus tard, cette fois sous le règne du front populaire et au lendemain des exécutions des Ligani-Zongo, me disait ceci alors que j’étais venu le consulté sur l’avenir de notre pays qui venait de nouveau d’être obscurci par ce fait nouveau, me déclara ceci : « Tu vois ma soeur, il n’y a plus rien à faire. Tout est foutu, dès lors que Sankara a commis cet acte criminel, il a ouvert la boîte de pandore. Le sang humain dans notre pays a commencé à se verser, il sera difficile de couper le flot de la malédiction, et ce n’est la faute ni à Dieu ni à nos Ancêtres ».

  • Le 5 novembre 2021 à 09:46, par Nidale En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Hamado Kafando, l’accusé qui pensait bien faire

    D’ailleurs, un matin il avait entre ses mains le livre « Au nom du Père et du Fils » de l’écrivain Dramane « Konaté ». je crois savoir que l’auteur du livre est plutôt Dominique ZOURE lequel est préfacé le Docteur Dramane KONATE. Juste un détail qui ne change rien à l’objet de l’article. Merci.

  • Le 5 novembre 2021 à 10:03, par MAX En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Hamado Kafando, l’accusé qui pensait bien faire

    Je peux comprendre ça car a un certain moment l’absence de papier peux bloquer les ayant droit du défunt a rentrer en possession de leur droit de succession ;ces les enfants et la pauvre veuve qui souffrent en ce moment.

  • Le 5 novembre 2021 à 10:14, par SARAKANI En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Hamado Kafando, l’accusé qui pensait bien faire

    Ce qui est important c’est de savoir si ces certificats de décès ont été demandés par les proches des victimes et si ces certificats ont permis d’indemniser les victimes. A mon avis s’il avait été écrit mort par balle, par fusillage, es-ce que ces certificats auraient été acceptés au temps de Blaise pour indemniser les familles ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Procès Thomas Sankara : Sept personnes condamnées font appel