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« Faire la musique au Burkina Faso c’est un lourd sacrifice », dixit Greg Burkimbila

Publié le mardi 19 octobre 2021 à 22h10min

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« Faire la musique au Burkina Faso c’est un lourd sacrifice », dixit  Greg Burkimbila

Il avait disparu des écrans radars pendant un moment. Ses fans l’attendaient, il a fallu 2021 pour le voir réapparaître. L’artiste musicien Greg Burkimbila , de son vrai nom Song-Naba Grégoire Tongnoma est revenu sur la scène musicale avec son nouvel album intitulé « Halaalé ». L’homme à la voix mélodieuse a accordé un entretien à Lefaso.net. Il est revenu, entre autres, sur son nouvel opus et les raisons de son absence.

Lefaso.net : Qu’est ce qui justifie votre absence de la scène musicale depuis toutes ces années ?

Greg : Je dirai que j’ai toujours été présent, je n’ai jamais été loin du milieu. J’étais toujours sur mes petites scènes, mes petits voyages. J’ai été au Canada, en Italie, en Allemagne, aux USA, sans compter la sous-région. Seulement, je m’étais isolé pour préparer l’album « Halaalé ». Vous savez qu’un album de 18 titres ne se prépare pas en une ou deux années. Et surtout que j’étais très attendu, je devais quand même prendre le temps de bien préparer l’album, afin qu’il soit à la hauteur des attentes des fans.

2021 marque votre retour sur la scène musicale, de quoi parle votre nouvel album ?

« Halaalé » en langue mooré, signifie en français « digne ». J’évoque la paix, l’amour du prochain, le respect des aînés. Dans les 18 titres, chacun trouvera sa part du gâteau.

Les difficultés liées à la sortie de cet album ?

Pour un artiste, il faut beaucoup investir dans un album. Il fallait payer les frais de studios, faire la promotion, sans compter la duplication et les déclarations au Bureau burkinabé des droits d’auteur. Cela a un coût, mais avec les petits moyens et la bénédiction d’Allah, on y est arrivé.

Peut-on avoir une idée du coût global de l’album ?

Une œuvre d’art n’a pas de prix.

Quelle est la valeur sentimentale que vous avez pour cet album ?

Quelqu’un me demandait hier, qu’elle était la chanson que j’aimais le plus dans l’album parmi ces 18 titres. Ces chansons sont comme mes enfants. Même si un père a 10 enfants, il n’y a pas de préférence. J’aime tous mes enfants, j’aime toutes mes chansons. J’ai beaucoup d’amour pour cet album parce que j’y ai mis de l’amour et j’espère qu’il ira très loin.

Qu’elle est la stratégie mise en place pour faire la promotion de l’album ?

Malheureusement le manager n’est pas à côté pour vous répondre, sinon j’allais lui laisser le soin d’en parler. Mais la première stratégie est de booster l’album. Nous voulons permettre à tout un chacun de pouvoir l’écouter sur le plan national d’abord. Le manager met les petits plats dans les grands pour qu’on puisse être dans toutes les provinces. Après cette phase, nous allons faire des tournées à l’extérieur. Nous allons partir en Côte d’Ivoire, au Mali, au Togo et pourquoi pas au Ghana et au Nigéria. Aussi, nous allons réaliser des clips de certaines chansons de l’album. Ce sont 18 titres, il faut quand même réaliser des clips pour la moitié des chansons.


Qui sont les chanteurs avec qui vous avez réalisé des feats sur l’album ? Et pourquoi ?

Dans cet album je n’ai fait qu’un seul featuring. D’abord, il faut que je notifie qu’on ne fait pas un featuring parce qu’on a envie de le faire. Il faut ressentir le feeling, sur ce album je l’ai ressenti avec Smarty. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas envie de le faire avec d’autres artistes. D’ailleurs de 2020 à maintenant, j’ai fait deux collaborations avec Amzy et Pamika la star. C’est la preuve que je ne suis pas fermé pour les collaborations. Mais pour cet album, j’ai évité de faire des featuring, à l’exception de celui avec Smarty. Si les gens s’attendent à des feats, il n’y a pas de souci, ils vont venir après. Je les préfère en single, parce que les feats très souvent dans les albums ne vont pas loin. L’artiste se concentre plus sur ses chansons que sur les collaborations.

En parlant de Smarty, dans sa chanson R.A.P, il sous-entend que vous êtes sous-estimé par rapport à votre talent. Un commentaire ?

C’est une vérité, et je ne suis pas le seul. Je ne suis qu’un exemple parmi tant d’autres. Nous ne sommes pas soutenus comme il le faut. Sous d’autres cieux, les gens adhèrent beaucoup à la culture. Au Burkina, le public a un regard dirigé sur les artistes d’ailleurs. Tu as même l’impression qu’ils ne t’aiment pas alors que ce n’est pas le cas. Mais, nous devons travailler d’avantage pour conquérir ce public très exigeant. Les choses sont en train de changer, ce débat ne sera plus évoqué. Actuellement, quand on voit les jeunes artistes qui n’ont pas deux ans de carrière, remplir des salles, on se dit que les choses changent.

Êtes-vous satisfaits de votre carrière ?

Tant que je n’ai pas posé le micro je ne serai pas satisfait. Je n’ai pas encore atteint les objectifs que je me suis fixé. J’aimerais soulever le drapeau national pendant longtemps.

Votre art vous rapporte –il de l’argent ?

Je ne vis que de la musique, c’est grâce à ce que j’ai eu dans la musique que j’ai réalisé mes projets. Celui qui dit que la musique ne nourrit pas son homme aujourd’hui refuse de voir la vérité en face. De nos jours, on voit des artistes qui construisent des maisons, qui s’achètent des voitures. Autour d’un artiste, il y a pas moins de 20 personnes. Ils vivent autour de cet artiste et ils nourrissent des familles. Je pense qu’il faut mettre la musique dans le cercle des activités au Burkina. Des gens pensent que la musique n’est pas un travail, et pourtant cet art demande de l’intelligence et de la réflexion.

Un mot à l’endroit du ministère de la Culture ?

Qu’ils nous soutiennent toujours parce que nous en avons besoin. C’est notre ministère de tutelle. Tout ce qu’il peut faire pour nous accompagner, qu’il le fasse. C’est important, parce qu’à l’image d’un footballeur, d’un athlète, nous aussi, nous honorons notre pays. Nous demandons au ministère d’avoir un regard pointu sur ce que nous faisons. Faire la musique au Burkina Faso, c’est un lourd sacrifice.

Un conseil à donner à ceux qui veulent devenir chanteur comme vous ?

Il faut vraiment travailler et s’y mettre à fond. Le meilleur juge, c’est l’entourage à savoir, la famille et les amis. Moi avant de commencer, mes amis n’arrêtaient pas de me dire que je chantais bien. Je n’ai jamais considéré que je chante bien. Ce sont les gens qui estimaient que je chantais bien. Il faut être sûr d’être apprécié par ce public qui est l’entourage. Il faut s’assurer d’avoir le don musical et avoir une belle voix. Rentrer dans la musique, c’est risquer gros parce que tu vas devoir abandonner beaucoup de choses. Assurez-vous d’avoir du talent avant de vous lancer.

Samirah Bationo
Lefaso.net

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