LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Dossier Thomas Sankara : Gilbert Diendéré et Mariam Sankara, les deux ‘’stars’’ du premier jour du procès

Publié le lundi 11 octobre 2021 à 23h20min

PARTAGER :                          
Dossier Thomas Sankara : Gilbert Diendéré et Mariam Sankara, les deux ‘’stars’’ du premier jour du procès

Après 34 ans d’attente, le procès de l’assassinat du père de la révolution burkinabè, Thomas Sankara, et de ses douze compagnons d’infortune s’est ouvert ce lundi 11 octobre 2021 à Ouagadougou. Un premier jour teinté de divers sentiments, entre stress chez les forces de sécurité et espoir au niveau du public.

Lundi 11 octobre 2021. Une date historique pour le Burkina Faso. L’assassinat de Thomas Sankara et ses douze compagnons le 15 octobre 1987 connaît un autre pas vers « la vérité ». Le procès devait débuter à 9 h. Mais une heure avant, la salle des banquets de Ouaga 2000 est quasiment remplie de monde. Acteurs de la société civile, politiciens, citoyens lambda, journalistes, tous sont au rendez-vous.

L’entrée est minutieusement filtrée par les forces de sécurité. Pas de sac ni de téléphone. Il faut tout simplement présenter sa pièce d’identité et être muni d’un cache-nez (covid-19 oblige) pour accéder à la salle d’audience. Malgré les consignes à "respecter scrupuleusement", certaines personnes n’étaient pas informées de ces dispositions à prendre. Elles ont tout simplement été refoulées par les hommes de tenue. Les hommes de médias et les membres du tribunal, grâce à leurs badges, ont pu s’introduire avec leurs affaires.

Des différentes couleurs des chaises repartissent les parties au procès.

A 8h 18minutes, alors que des journalistes font des interviews à l’entrée principale, les accusés arrivent sous forte escorte. Il n’y a plus de temps à perdre. Le monde encore dehors se précipite dans la salle d’audience. A l’intérieur, les sièges sont repartis selon le déroulement du procès. On peut y lire : presse ; avocats parties civiles ; avocats défense ; familles et témoins.

« Ce n’est pas tout le monde qui est courageux »

Vers 8h30 minutes, Gilbert Diendéré, l’un des quatorze accusés dans ce dossier, fait son entrée dans la salle. A l’exemple du procès du putsch de septembre 2015, celui qu’on surnomme « Golf » salue le public avant de s’installer. L’homme s’est drapé dans la "tenue panthère" de l’ex RSP (Régiment de sécurité présidentielle). Juste après son arrivée, les journalistes reçoivent le ‘’feu vert’’ pour faire des prises de vue. Gilbert Diendéré attire beaucoup d’entre eux sur lui.

Gilbert Diendéré, l’un des quatorze accusés dans le dossier Thomas Sankara et douze compagnons.

A ses côtés, onze autres accusés. En effet, seulement douze accusés sont présents. L’ex-président du Faso, Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando sont aux abonnés absents.

Vêtue d’une tenue traditionnelle, le Faso danfani, l’épouse de Thomas Sankara, Mariam Sankara, ne passe pas inaperçue. Aussitôt installée, les objectifs des journalistes sont fixés sur elle. Les hommes de médias ont même pu lui arracher quelques mots, surtout ses attentes. « C’est dommage qu’il ne vienne pas. Mais la justice a suffisamment d’éléments pour tenir ce procès (…) Il devrait avoir le courage. Mais vous savez ce n’est pas tout le monde qui est courageux », indique-t-elle par rapport à l’absence du principal accusé, Blaise Compaoré.

Mariam Sankara, l’épouse de Thomas Sankara, de retour de la France pour ce procès

Lire aussi Procès sur l’assassinat de Thomas Sankara : Mariam Sankara trouve l’absence de Blaise Compaoré regrettable


En attendant l’ouverture de l’audience, les avocats de la défense, tour à tour, passent dans le box des accusés pour échanger avec leurs clients. Pendant ce temps, c’est une ambiance de retrouvailles pour certains. Des chaudes poignées de mains par ci, des rires aux éclats par là...

Composition de la juridiction, l’autre équation…

A l’aide de son microphone, l’appariteur scande « la chambre ! » et tout le monde se lève pour accueillir les membres du tribunal. Le greffe donne lecture de la délocalisation du procès dans la salle des banquets de Ouaga 2000. Le second exercice constitue à désigner les juges assesseurs et de leurs suppléants, soit trois titulaires et trois suppléants. Cette tâche a pris beaucoup de temps. C’est un tirage au sort. Malgré le choix porté sur leur personne, certains ont décliné ‘’l’offre’’ pour des raisons de santé ou d’affinité avec certains accusés et les fonctions qu’ils occupent actuellement. Il fallait deux suspensions d’audience pour arriver à constituer l’équipe des juges assesseurs (cinq hommes et une femme).

Des officiers candidats au poste de juges assesseurs et suppléants

Lire aussi Procès Sankara et compagnons : Le tribunal "enfin" constitué, place à l’examen du dossier


A la reprise de la troisième suspension de l’audience, la défense émet une requête de renvoi à un mois afin de mieux préparer ses dossiers. Quant à la partie civile, elle souhaite un enregistrement et/ou diffusion de ce procès qu’elle juge historique pour le Pays des hommes intègres.

Chaque partie défend alors sa requête et donne des arguments défavorables par rapport à la celle de l’autre. Dans cet exercice de thèse et antithèse, seul le président de la chambre de première instance du tribunal militaire, Urbain Méda, a le dernier mot. Il fait observer une nouvelle suspension afin de trancher sur les deux requêtes.

Une vue des avocats à ce procès

A la reprise, il rejette l’idée d’enregistrement et/ou de diffusion du jugement et il renvoie l’audience dans deux semaines, c’est-à-dire, au lundi 25 octobre 2021. Cette décision est diversement appréciée par le public à la sortie. Pour le délai de renvoi, les gens ne se sont pas attardés dessus. Par contre l’interdiction d’enregistrement a eu des avis partagés.

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Procès Thomas Sankara : Sept personnes condamnées font appel