Au Burkina Faso, la situation de la santé mentale n’est pas très reluisante. Selon une étude réalisée en 2014, environ 40% de la population présentait des troubles mentaux. Et plus récemment, en 2020, une enquête réalisée au sein des populations déplacées internes a montré que 95% de ces populations présentent des signes de souffrance psychologique.

« Pour ce qui concerne la population en général, les résultats sont à venir. Mais nous constatons déjà que la situation ne s’améliore pas », a déclaré la directrice de la prévention et du contrôle des maladies non-transmissibles, Dr Marie Emmanuelle Zouré. Parmi les situations ayant contribué à altérer la santé mentale des populations, Dr Zouré a relevé la mutinerie, l’insurrection populaire, le terrorisme et la pandémie de la maladie à coronavirus. « Ce sont toutes ces situations qui affectent fortement le mental des populations. Nous sommes stressés et agressés », a-t-elle indiqué.

Les participants

Des efforts restent donc à faire au sein des communautés, des services de santé, pour pouvoir offrir des soins adéquats en matière de santé mentale et, par ricochet, accompagner les populations. C’est la raison pour laquelle la directrice salue l’initiative du projet « santé mentale pour tous ».

Mis en œuvre par la direction de la prévention et du contrôle des maladies non transmissibles dans les régions du Centre-est, du Sud-ouest et de la Boucle du Mouhoun, ce projet bénéficie de l’appui technique et financier de l’ONG CBM. Afin d’harmoniser les méthodes d’intervention et permettre un meilleur suivi de la mise en œuvre des activités, des rencontres semestrielles réunissant les acteurs sont organisées.

C’est ce qui justifie la tenue de la présente rencontre qui se donne comme leitmotiv, l’amélioration de la qualité des actions en faveur des personnes vivant avec un handicap psychosocial et intellection. Au cours des travaux, les participants vont apprécier les résultats /bilan des activités du premier semestre 2021 ; mener des échanges sur les difficultés rencontrées ; identifier les points à améliorer pour un renforcement de la mise en œuvre des activités du projet.

Il sera également question de faire des propositions sur les meilleures stratégies pour assurer un approvisionnement continu des médicaments psychotropes. Aussi, les perspectives pour la poursuite des activités seront présentées. La mise en œuvre du projet « santé mentale pour tous » fait ressortir des progrès appréciables, selon le responsable des projets santé mentale au niveau du Bureau pays de CBM, Oumar Sangaré.

Le projet a rencontré des difficultés dans sa mise en oeuvre, informe le responsable des projets santé mentale

« Aujourd’hui, par rapport aux années passées, on note une nette évolution tant au niveau des structures techniques qu’au niveau des communautés au vu des dernières enquêtes que nous avons mené à travers une étude d’évaluation dont les résultats sont attendus dans les jours à venir », a-t-il indiqué. Toutefois, M. Sangaré souligne que ce projet a rencontré des problèmes d’ordre conjoncturel qui ont ralenti la mise en œuvre des activités. Il s’agit notamment de l’insécurité et la pandémie de la maladie à coronavirus.

En dépit de ce difficile contexte, les activités ont pu être mises en œuvre et les objectifs ont été atteints. Des acquis qu’il met à l’actif des structures qui luttent sur le terrain. « Aujourd’hui, on est en train de sortir la tête de l’eau en termes de pandémie. Ce n’est pas fini mais les activités reprennent petit-à-petit. Au niveau sécuritaire aussi, on essaie de s’adapter au contexte », dira, pour terminer, le responsable du projet santé mentale au niveau du Bureau pays de CBM.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net