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Crise ivoirienne : en attendant « Le Christ »

Publié le mercredi 9 novembre 2005 à 07h48min

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De la crise ivoirienne, tout semble être dit, mais comme rien ne bouge, ou du moins tout marche à reculons, on se sent chaque fois interpellé d’apporter sa petite tache d’encre espérant qu’elle servira un tant soit peu à éclairer ceux qui ont la lourde charge de sa résolution (ils en ont vraiment besoin).

Le rêve irréaliste de la communauté internationale

Côte d’Ivoire un matin, le soleil recommence sa course habituelle, soudain le temps s’alourdit, un gros nuage blanchâtre couvre le ciel, et la pluie tombe inlassable. L’eau emporte dans son écoulement vers la lagune, toutes les traces des combats des jours chauds des villes et des campagnes de ce beau pays. Elle lave le sol et débarrasse l’environnement des odeurs nauséabondes du sang des victimes versé. Un vent frais souffle sur les hommes et les femmes éteignant leur rancœur. Soudain, un éclair déchire le ciel du nord au sud. Le tonnerre gronde de toutes ses forces. La population retient son souffle. Une lumière vive visible des quatre coins du pays descend du ciel : c’est l’homme dont parle la communauté internationale.

Celui-là même qui peut avoir la confiance de Gbagbo et être accepté des Forces nouvelles : « Bienvenue monsieur le Premier ministre ». Il s’installe à la primature, forme son gouvernement de transition, organise des élections et voilà la Côte d’Ivoire au bout du tunnel. Erreur ! réveille toi ; l’heure n’est plus aux rêves. Il faut agir vite et bien car au-delà du 30 octobre, on quitte l’Etat (si c’en était un) pour un Etat d’exception où tout est permis.

En attendant donc le retour « du Christ », voyons la situation de façon réaliste et objective. La crise Ivoirienne comporte beaucoup d’enjeux et suscite beaucoup de passion. Ce qui est très dangereux, c’est que la communauté internationale, dernier rempart, semble être à court d’idées pour une résolution définitive de cette crise.

Une solution qui n’en est pas une

La dernière trouvaille de la communauté internationale est le maintien de Laurent Gbagbo comme président et la nomination d’un Premier ministre doté de pouvoirs forts par celui-ci pour diriger une transition de douze mois pendant lesquels des élections libres et transparentes seront organisées. Soyons sérieux !

Au stade actuel de la crise, il est impossible de trouver une telle personne. Un homme qui ait la confiance de Gbagbo et accepté par les Forces nouvelles ! on ne dira pas qu’il n’existe pas pour ne verser entièrement dans le pessimisme, mais on n’en connaît pas.

C’est douloureux et étonnant à la fois que des propositions ambiguës de ce genre viennent de l’intelligente communauté internationale. Est-ce une mauvaise appréciation de la situation ou des « moogos puissants » ont imposé leur influence à ce niveau pour préserver des intérêts partisans ? En tous les cas, elle aura sur la conscience, la prolongation de la souffrance de la population qui est fatiguée d’espérer.

L’expérience passée doit permettre de corriger le futur

La proposition de sortie de crise dite de la Communauté économique des Etats de l’Afrique l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine (UA) entérinée par l’Organisation des Nations unies (ONU) n’est pas nouvelle. C’est celle-là même que la France avait concoctée à Marcoussis et qui a donné les résultats qu’on connaît trois ans après. Et comme si cela ne suffisait pas, on va tergiverser encore une année avant de se rendre à l’évidence que ce n’est pas la meilleure solution.

La communauté internationale sera-t-elle comptable de la création d’une rébellion du Sud ?

Comme le suggérère la communauté internationale, Monsieur Gbagbo va choisir son Premier ministre, naturellement contesté par les Forces nouvelles et l’opposition non armée. Elles seront amenées à accepter sous la menace de sanctions. Deux cas de figure se poseront :

1 - Le Premier ministre agit (normalement) suivant les intérêts de celui qui l’a nommé à ce poste. Un nouveau blocage est inévitable.

2 - Le Premier ministre trahit la confiance du président, affiche une neutralité dans la gestion de la transition. Il sera désavoué par les partisans du président. Les Forces armées restées fidèles à Gbagbo ne reconnaîtront plus son autorité, mais celle de leur inamovible chef Elles le transformeront, de ce fait, en chef rebelle du Sud car elles se seront mises en marge des règles établies pour les raisons de la cause et qui ont force de loi.

Quelle solution imposer aux acteurs de la crise pour le bonheur de la population ?

A situation exceptionnelle, le solution exceptionnelle : le mandat du président étant arrivé à son terme, la Côte d’Ivoire étant plongée dans une crise sans précédent, l’ONU prend ses responsabilités au nom de l’ingérence humanitaire, place le pays sous sa tutelle, désarme toutes les forces en présence, de gré ou de force, organise les élections, remet le pouvoir à qui de droit. Elle aura accompli son devoir d’assistance à population en danger.

Le Zoung(tasszoungrana@yahoo.fr)
Sidwaya

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