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Promotion de l’hygiène et de l’assainissement au Burkina : Le ministère de l’Eau sollicite l’accompagnement des médias

Publié le mardi 14 septembre 2021 à 17h31min

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Promotion de l’hygiène et de l’assainissement au Burkina : Le ministère de l’Eau sollicite l’accompagnement des médias

En vue de promouvoir l’hygiène et l’assainissement, le ministère de l’Eau et de l’assainissement sollicite la contribution des médias. Il a initié un atelier de formation et d’information au profit des professionnels des médias le lundi 13 septembre 2021 à Ouagadougou, sur la problématique des eaux usées et les excrétas (mélange de selles et d’urines humaines). L’atelier de formation est organisé en partenariat avec l’UNICEF.

« Au Burkina Faso, les taux d’accès à l’assainissement tant en milieu rural qu’urbain sont passés respectivement de 0,8% à 19,9% et de 9% à 38,6% entre 2010 et 2020. En plus, 55% de la population burkinabè pratique la défécation à l’air libre. De même, selon une étude du Programme eau et assainissement de la Banque mondiale menée en 2012 sur l’impact économique d’un mauvais assainissement en Afrique, le Burkina Faso perd 86 milliards de FCFA chaque année en raison du manque d’assainissement ». Ce sont, entre autres, les statistiques données par le secrétaire général du ministère de l’Eau et de l’assainissement, Alassoun Sori, pour planter le décor dans le cadre de cet atelier de formation.

Le secrétaire général du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement Alassoun Sori, invite les journalistes à mieux s’imprégner des outils qui leur seront enseignés.

En brandissant ces statistiques, le représentant du ministre a indiqué qu’il y a urgence parce que le niveau des indicateurs de progrès demeure insuffisant. Il y a nécessité pour lui de changer le fusil d’épaule afin d’atteindre les objectifs à l’horizon 2030 qui sont de mettre fin à la défécation à l’air libre et d’assurer un accès universel à l’assainissement à la population burkinabè.

Pour atteindre ces objectifs, dit-il, nous avons besoin des hommes de médias pour nous aider. « Il s’agit ici d’encourager les hommes et femmes de médias à produire des contenus éducatifs et explicatifs qui permettront d’améliorer les connaissances des populations et de les convaincre d’adopter les bonnes pratiques en matière d’hygiène et assainissement ». Il a invité les journalistes à les accompagner dans leur stratégie de communication en faisant la part belle à la communication pour le changement de comportement afin de renverser les tendances.

Une latrine transformée en dépotoir d’ordures

Une démarche saluée et vantée par Célestin Pouya, directeur du département plaidoyer et communication de l’ONG WaterAid. A travers sa communication intitulée « Rôle et responsabilité des journalistes et des médias dans la promotion de l’hygiène et de l’assainissement », il a démontré de par son expérience que l’implication des journalistes annonce déjà de bons auspices dans l’atteinte des objectifs du ministère. A entendre l’ancien professeur de philosophie et journaliste, la contribution des journalistes à la promotion de l’eau potable a été une grande réussite. « Je peux vous dire que vous avez frappé à la bonne porte parce que les résultats seront visibles dans deux ou trois ans », a-t-il assuré au directeur général de l’assainissement (DGA), Dofihouan Yé.

Toutefois, il a rappelé aux journalistes qu’il s’agit avant tout de leur rôle de sensibiliser sur les bonnes pratiques de l’hygiène et l’assainissement mais aussi de dénoncer les mauvaises pratiques afin d’interpeller les dirigeants dans la mise en œuvre de leurs différentes politiques relatives à la question. Pour ce faire, il les a exhortés à produire suffisamment de contenus sur le sujet en précisant qu’il s’agit « d’une lutte qui concerne tout le monde ».

Célestin Pouya de l’ONG WaterAid salue la mobilisation des journalistes

Plus de téléphones que de latrines

La question de l’hygiène et de l’assainissement n’est pas encore une urgence pour les populations africaines, notamment burkinabè, a déploré Aminata Traoré, sociologue à la direction générale de l’assainissement (DGA). Elle est même le dernier souci des populations alors qu’elle a des conséquences graves telles que les problèmes de santé, l’abandon des écoles au niveau des filles, l’insécurité, a-t-elle souligné. Ce qui lui fait paraphraser : « comme on le dit en Afrique les ménages ruraux ont plus de téléphones que de latrines ».

Il urge pour elle, d’utiliser une autre approche afin d’inculquer les bonnes pratiques dans la conscience de la population. L’approche ATPC (Assainissement total piloté par les communautés) selon elle, est la meilleure option pour réussir ce challenge, a-t-elle soutenu dans sa communication « déclenchement institutionnel des acteurs des médias ».

La question de l’hygiène et de l’assainissement doit être une priorité selon Aminata Traoré

Tout en répétant l’importante contribution des médias, elle a laissé entendre que l’ATPC mise en œuvre en 2014 par le gouvernement donne des résultats satisfaisants. « En 2020, la province de la Sissili a déclaré la fin de défécation à l’air libre (FDAL). Et ce, grâce à l’ATPC », affirme-t-elle.
Seulement 25,3% de la population nationale ont accès à l’hygiène et à l’assainissement, a ajouté pour sa part Anissa Sawadogo de la direction générale de l’assainissement.

Le représentant de l’UNICEF, Yagouba Diallo a réitéré le soutien et l’engagement de son organisme à accompagner le ministère dans cette lutte pour l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030. Il s’agit selon lui, de mettre fin à la défécation à l’air libre (DAL). « Ces efforts du gouvernement doivent être accompagnés par les partenaires techniques et financiers » a-t-il lancé.

Le représentant de l’UNICEF Yagouba Diallo appelle d’autres partenaires à s’impliquer dans la lutte

Les participants satisfaits du contenu des discutions

Au sortir de cet atelier de formation et d’information, les journalistes ont exprimé leur satisfaction. Sié Sidoine Kambou est un journaliste à la radio Ouaga FM, il s’estime heureux d’avoir pris part à la formation. « Nous avons pris des engagements qui nous permettront de produire des articles afin de contribuer à l’amélioration des condition d’hygiène et d’assainissement ».

Les journalistes ont exprimé leur volonté de s’impliquer davantage dans cette lutte au regard des notions qu’ils ont apprises à l’issue de ces 24h. A l’occasion, ils ont exposé des préoccupations, qui très souvent, sapent la volonté des journalistes. Le problème d’accompagnement financier, le manque de formation sont, entre autres, des points soulevés par les participants.

Le participant Sié Sidoine Kambou satisfait de la formation

Face à ces préoccupations, le directeur général de l’assainissement a rassuré : « Nous allons tout faire pour vous accompagner ». Et la directrice de la communication et de la presse ministérielle Djélika Drabo d’ajouter « Nous avons en perspectives l’organisation d’un concours afin de primer les meilleures productions journalistiques dans le domaine de l’hygiène et de l’assainissement ».

En rappel, l’organisation de cet atelier de formation entre dans le cadre du Programme national d’assainissement des eaux usées et excréta (PN-AEUE) élaboré par le gouvernement burkinabè. Il a pour objectif d’éradiquer la défécation à l’air libre (DAL) ; d’assurer un accès universel et continu des populations aux services d’assainissement ; optimiser la gestion et la valorisation des eaux usées et boues de vidange dans une perspective de protection environnementale et sociale.

Serge Ika Ki (stagiaire)
Lefaso.net

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