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Réouverture imminente de l’ex-FASO FANI : Un leurre électoral ?

Publié le lundi 7 novembre 2005 à 08h30min

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Notre pays, classé parmi les premiers producteurs de coton du continent, offre cette contradiction de ne pas disposer d’une usine textile depuis la fermeture de Faso Fani il y a 5 ans.

En son temps, sa liquidation judiciaire, décidée en Conseil des ministres le 7 mars 2000, avait surpris plus d’un Koudougoulais, puisque le premier magistrat, Blaise Compaoré, promettait en personne en octobre 1998 que Faso Fani ne fermerait pas. C’était sur le terrain du Théâtre populaire de Koudougou alors qu’il était en campagne pour la présidentielle de 1998. Les Koudougoulais ont fortement applaudi cette promesse jusqu’à la date fatidique de mars 2000. Pourtant, c’est connu, promesse de grand n’est pas héritage, surtout quand elle est faite en période électorale. Alors, Blaise n’a-t-il pas tenu parole ? Ou bien l’usine avait-elle tellement de plombs dans les ailes que le gouvernement, Blaise en tête, n’avait aucune autre option ?

Du côté du pouvoir et de certains analystes, on penche naturellement pour la seconde hypothèse même si le commun des Koudougoulais et des Burkinabè soutient le contraire, arguant que c’est une mesure prise à dessein pour étouffer le fief de celui qu’on sait. Il fallait donc s’attendre à ce que ce débat ressurgisse à la faveur de cette autre campagne présidentielle qui met, 7 ans après, Blaise Compaoré une fois de plus en position de demandeur de voix.

C’est du reste ce que nous présagions quand, dans une interview que nous a accordée M. Jean Hubert Yaméogo, coordonnateur régional de la campagne du CDP du Centre-Ouest dans notre édition du mercredi 2 au jeudi 3 novembre 2005, nous titrions que "Faso Fani attend Blaise Compaoré". Dans cette interview, M. Jean Hubert Yaméogo a semé un grand espoir dans les esprits des électeurs en nous confiant que "le gouvernement déploie beaucoup d’efforts pour que l’usine soit rouverte, et Faso Fani sera rouverte à Koudougou".

Il ne pensait pas si bien dire, puisque deux jours après, soit le vendredi 4 novembre, la presse était invitée sur le site de l’usine en vue de "constater" que depuis un mois et demi des travaux sont menés en vue de la réouverture de l’usine sous l’appelation maintenant de Faso Tex. Selon M. Mahamoudou Touré, Administrateur général de Faso Tex et représentant des actionnaires et des repreneurs, Faso Tex sera dirigée par SAGEDIS International qui est un groupe financier composé d’hommes d’affaires burkinabè et étrangers.

Trois autres mois seront nécessaires pour l’achèvement des travaux, un autre mois et demi pour les premiers tests, les premiers pagnes estampillés Faso Tex étant attendus à la fin du 1er trimestre 2006. La remise de l’usine en chantier nécessitera 4,5 milliards de FCFA et générera à terme 565 emplois directs. Youpi ! devrait-on crier à Koudougou. Pourtant, beaucoup restent prudents et se demandent si ce n’est pas tout simplement une opération de charme destinée à préparer la venue de Blaise Compaoré à Koudougou ce lundi même pour son meeting régional.

Car sept ans après, quelle autre promesse le Blaisot peut-il encore faire aux Koudougoulais si ce n’est leur dire que "Je vais vous rouvrir votre usine" dont la fermeture a fait bien de malheureux avec ces rescapés de Faso Fani qui attendent qu’on leur efface complètement leur ardoise et qui comptent chaque jour leurs macchabées. C’est vrai, car peut-on s’empêcher de se demander le but réel de cette mission, conduite par deux personnes (l’administrateur général et l’avocat de Faso Tex), qui intervient en cette période, à trois jours de l’arrivée du candidat CDP à Koudougou ?

Cette mission, de charme ou pas, serait venue un ou deux mois plus tôt ou après le 13 novembre qu’on n’aurait rien trouvé à redire, mais maintenant, en cette période électorale, convenez, messieurs, qu’on a de quoi spéculer. Il ne reste plus, chers Koudougoulais, qu’à croiser les bras pour que ça ne soit pas un leurre, car ça y ressemble à bien d’égards. C’est à la limite grotesque si c’est une opération électoraliste et c’est quelque part insulter l’intelligence des Burkinabè.

Ce regain d’activités autour de ce qui était jadis le poumon économique de la ville d’Hermann Yaméogo et de Norbert Zongo nous rappelle ces caterpillars du ministère des Infrastructures venus fort opportunément layer un chemin quelque deux semaines avant les législatives de 1997 à Gounghin, dans le Kourittenga. Gounghin, pour ceux qui ne le savent pas, c’est le fief du député PDP/PS Hyacinthe Sandwidi à qui on mettait ainsi des bâtons dans les roues.

En fait, ce genre d’initiatives sont toujours un couteau à double tranchant, car si ça peut appâter les naïfs ou ceux qui ont la mémoire courte, ça peut tout aussi braquer ceux qu’on voudrait prendre pour des imbéciles et les amener à sanctionner les initiateurs dans les urnes. C’est bien connu, on ne piétine pas deux fois les testicules d’un aveugle, et pas davantage ceux d’un déflaté de Faso Fani. En attendant, bonnes gens, Blaise et les siens auront eu le temps de commander leurs pagnes et autres tee-shirts ailleurs. Alors, pourquoi maintenant ?

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 7 novembre 2005 à 11:01, par Z. Béné En réponse à : > Réouverture imminente de l’ex-FASO FANI : Un leurre électoral ?

    Bien dit, bien dit. Malheureusement les hommes comme les poules ont la memoire si courte que la manoeuvre dont vous parlez aura les effets escomptés. Faso Fani c’est c’est d’il ya 7 ans et la famine ? Tout le monde semblent l’avoir déjà oubliée à commencer par les affamés d’hier qui courent comme du bétail derrière des gadgets de quelques jours. Oh burkinabès pauvres de nous.

    • Le 8 novembre 2005 à 18:29, par Bila de Dakar En réponse à : > Réouverture imminente de l’ex-FASO FANI : Un leurre électoral ?

      Bien dit également. Monsieur le journaliste vous avez fait une analyse pertinente de cette manoeuvre électorale qui abjecte et grotesque
      Pendant qu’ils y sont, qu’ils payent au moins les droits que certains ex employés de Faso Fani reclament depuis 7 ans.
      Honte à eux

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