Et comme pour tourner le couteau dans une plaie encore saignante, le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, n’a rien trouvé de mieux que de qualifier les jeunes de ces quartiers défavorisés, de racaille.

Comment s’étonner alors que cette jeunesse déjà meurtrie par « la fracture sociale » si chère à Chirac, révoltée par les propos injurieux d’un ministre de la république, se comporte comme la racaille qu’elle est censée être ?

En tout cas depuis lors, les banlieues françaises se consument et la flambée de violence qui les a atteintes semble se répandre telle une traînée de poudre. Et la situation est loin de s’arranger, avec chaque nuit des incendies de poubelles ou de voitures. On assiste même à des scènes de guérilla urbaine ou d’Intifada, encore impensables il y a seulement quelques semaines.

Pourtant Sarkozy, chef du parti majoritaire et champion du tout sécuritaire, n’en est pas à sa première déclaration incendiaire. Il y a seulement quelques mois, il s’était encore fendu d’une déclaration choc, promettant aux Français de « nettoyer les cités au kärcher ».

Si jusque-là, super-Sarko ne s’est pas exécuté, son sens de la formule choc, au lieu de soumettre les cités au puissant jet d’eau du kärcher, y a mis le feu, car en attendant son grand nettoyage, la banlieue ne cesse de se consumer dans la capitale comme en province.

Qui sait ! Est-on en train d’assister à un remake de Mai 68 ? On se souvient en effet qu’il y a une trentaine d’années, le général de Gaulle avait déclaré, alors que la jeunesse estudiantine battait le pavé, « la réforme oui, la chienlit non ». Loin d’éteindre le feu qui couvait, cette déclaration, devenue depuis lors historique, avait produit l’effet contraire, précipitant pour de bon le pays dans la chienlit tant redoutée.

Rabi Mitibkèta
Observateur Paalga