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Vincent Tankoano, ancien directeur du projet du stade du 4 août : « C’est grâce à la révolution que tous les Burkinabè peuvent aspirer à un lopin de terre »

Publié le samedi 7 août 2021 à 12h15min

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 Vincent Tankoano, ancien directeur du projet du stade du 4 août : « C’est grâce à la révolution que tous les Burkinabè peuvent aspirer à un lopin de terre »

Au quartier Dassasgho, au secteur 43 de Ouagadougou, il vit une retraite paisible avec ses petits-enfants, après avoir consacré une trentaine d’années à la gestion du sport. En 1983, en pleine révolution voltaïque, alors qu’il était directeur des stades publics et des infrastructures socio-éducatives, il se voit confier la direction du projet du stade du 4 août entamé depuis 1981. Que de souvenirs ! Vincent Marie Tankoano nous a reçus chez lui, le jeudi 5 août 2021. Lisez !

Lefaso.net : Pouvez-vous vou présenter davantage à nos lecteurs ?

Vincent Marie Tankoano : Je suis Tankoano Vincent Marie, professeur d’EPS à la retraite. Mon parcours est long. J’ai fini ma formation en 1980 et j’ai été muté à l’Ecole normale de Ouagadougou au Bogodogo où j’ai enseigné pendant deux ans, donc de 1980 à 1982. Et on m’a nommé directement inspecteur départemental de la jeunesse et des sports du Centre. Le Centre à l’époque c’était Ouagadougou, Zorgho, Pô. C’était vaste mais je le faisais sans problème avec l’enthousiasme de la jeunesse. En 1983, j’ai été nommé directeur des stades publics et des infrastructures socio-éducatives. C’est-à-dire que tous les stades que la révolution commandait dans les villages étaient sous ma coupe. Les infrastructures sportives également.

C’est ainsi que j’ai réalisé un certain nombre de stades. Malheureusement, c’était des stades en banco si bien que la pluie a eu raison de bon nombre d’entre eux. Par exemple pour le volley-ball, on nous disait qu’on n’avait pas besoin d’un stade bien aménagé. Il suffisait de tracer les lignes sur le terrain, d’avoir deux poteaux et un filet. J’avais le matériel nécessaire pour le faire. Comprenez bien qu’un terrain tracé sur le sol en saison pluvieuse ne pouvait pas tenir longtemps.

En 1984, j’ai été nommé directeur de l’équipement du ministère des Sports et deux ans plus tard, j’ai été nommé directeur des études et de la planification. J’ai occupé ce poste pendant quatre ans. Entre 91 et 92, j’ai été nommé professeur chargé de psychopédagogie et du volley-ball à l’Institut des Sports. En 96, j’ai été nommé directeur de l’Institut de la Jeunesse et des Sports de Ouagadougou et de 96 jusqu’en 2002, directeur général du même institut. Après j’ai été affecté à la direction générale des Sports et en 2006 j’ai été conseiller du ministre des Sports et des Loisirs.

Lefaso.net : Comment êtes-vous arrivé à la direction du stade du 4 août ?

Vincent Marie Tankoano : En 1983, j’ai été appelé à gérer les stades publics et en 1984 j’ai géré cumulativement les fonctions de directeur du projet du stade du 4 août qui était en construction.

Il faut dire que j’ai pris la direction du stade à un moment critique où le premier directeur avait des problèmes. Lorsque je suis arrivé à la tête de la direction, il n’y avait pas tellement de problèmes parce que nous co-gérions avec les Chinois. J’avais près de 700 ouvriers à l’époque à ma charge. Chaque fois que la mission d’un groupe d’ouvriers finissait, j’exprimais mes besoins à la mission chinoise qui se chargeait de passer la commande et de nous apporter ce dont on avait besoin.

Lefaso.net : Pendant la construction du stade, receviez-vous des instructions particulières du président Thomas Sankara ?

Vincent Marie Tankoano : Au temps de la révolution, tout était suivi et le stade du 4 août ne faisait pas exception. Le président Thomas Sankara avait effectué deux visites pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux. A l’époque, il ne donnait pas d’instruction. Il visitait seulement le chantier et prenait acte de tout ce qui était fait à l’époque. C’était technique avec les Chinois.

Lefaso.net : Le projet de construction a-t-il rencontré des difficultés ?

Vincent Marie Tankoano : Dans un premier temps oui. Comme je le disais, il y a eu des difficultés avec un premier directeur. Je passe là dessus. Et à un moment le stade n’avait plus de directeur car le précédent avait été limogé pour des questions de gestion. Et comme j’étais directeur des stades et des infrastructures socio-éducatives, j’ai été appelé à gérer le stade jusqu’à la fin.

Lefaso.net : Parlez-nous de l’inauguration du stade...

Vincent Marie Tankoano : A l’inauguration, il y a eu plein d’activités. Le chanteur (reggae jamaïcain) Jimmy Cliff est venu avec tout son staff et son matériel. Il y avait aussi le groupe Woya qui était célèbre en Côte d’Ivoire. Toujours à l’inauguration du stade, il y a eu un match de football également. J’ai une anecdote à ce propos. Les recettes d’entrée de ce match de football n’étant pas prévues, je me suis promené pendant une semaine avec une cantine pleine de 20 millions de francs CFA. Quand j’allais au Trésor, ils me disaient qu’ils n’avaient pas reçu l’ordre d’encaisser et je revenais au ministère. Mais en définitive, le Trésor a accepté de prendre cet argent qui représentait les recettes du match. L’inauguration fut une grande fête.

Lefaso.net : Que pensez-vous de l’évolution du stade qui, aujourd’hui, est en train d’être mis aux normes ?

Vincent Marie Tankoano : Près de 40 ans en arrière, le stade du 4 août était un modèle tout comme les stades construits par la même mission chinoise au Niger, au Liberia, au Bénin. J’ai visité tous ces stades. A l’époque, j’ai demandé aux Chinois combien de temps durerait le stade. Ils ont dit qu’il pouvait durer encore 100 ans. Le stade a eu ses moments de gloire, ça il faut le reconnaître. Et dans la sous-région, notre stade était le mieux entretenu. Aujourd’hui, les autorités sont en train de s’activer pour le rénover. Il était temps. Attendons de voir.

Lefaso.net : Qu’éveille en vous le souvenir du 4 août ?

Vincent Marie Tankoano : La révolution. Je me rappelle que quand les commandos de Pô rentraient à Ouagadougou, j’étais sur l’avenue de l’Indépendance. A l’époque c’était le sauve qui peut. Il y a beaucoup de choses à retenir de cette période. C’est grâce au 4 août que nous avons tous un lopin de terre à Ouagadougou. Sinon à l’époque les bailleurs s’accaparent tout. C’est grâce à cette révolution que tous les Burkinabè peuvent aspirer à avoir un lopin de terre.

Propos recueillis par Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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