La tension est montée d’un cran suite à l’annonce d’une visite à N’Djaména rejetée par les autorités de transition, rapporte le média français. Ibrahima Fall aurait fait plusieurs propositions de dates pour une visite de prise de contact dans la capitale tchadienne. Sous prétexte d’un « calendrier chargé », ses propositions avaient été courtoisement écartées. Jusqu’à il y a une dizaine de jours lorsqu’on lui a opposé un « non ferme et définitif » alors qu’il avait programmé son arrivée pour vendredi dernier, le 25 juin.

Le Conseil national militaire (CMT) a invoqué son motif : « Le Tchad ne supporte pas les méthodes cavalières de la présidence de l’Union africaine », a justifié un haut responsable de ce pays, qui explique que le gouvernement n’a jamais reçu une notification en ce sens de la part de l’organisation africaine. « Nous avons immédiatement demandé à notre ambassade à Addis-Abeba de lui dire qu’il n’était pas le bienvenu », précise la source à RFI. Cette information a été confirmée par l’Union africaine.

Les militaires dénoncent « les méthodes contraires aux usages diplomatiques de la Commission de l’Union africaine » lors de la désignation d’Ibrahima Fall. « Nous l’avons appris en consultant Facebook, s’est-il étranglé, avant de trancher : le Tchad n’est pas sous tutelle de l’UA », a confié un haut responsable.

Accusation et justification

Les accusations de non-respect des usages diplomatiques dans la nomination d’Ibrahima Fall sont « totalement fausses », selon une source autorisée de l’Union africaine. « Deux courriers officiels ont été envoyés à l’ambassade tchadienne à Addis-Abeba et au ministère des Affaires étrangères à N’Djamena pour leur annoncer sa nomination », explique la source.

Le jeudi soir, le ministre des Affaires étrangères, Cherif Mahamat Zene, qui s’est exprimé sur RFI, estime que « consulter les Etats dans de tels cas est une question de courtoisie ».

« On a bien reçu une note verbale annonçant l’arrivée d’Ibrahima Fall vendredi dernier à N’Djamena mais on n’a pas été consulté, ni notifié officiellement de sa nomination », a-t-il insisté.

Le président du CMT, Mahamat Idriss Deby, aurait alors demandé à Moussa Faki pourquoi il ne l’avait pas consulté sur la nomination du Haut représentant de l’Union africaine, il lui aurait répondu que ce sont « mes prérogatives », un mot confirmé par le ministre tchadien des Affaires étrangères qui l’a qualifié de « maladroit ».

Une guerre de succession plane… Certains membres de l’entourage du président Mahamat Idriss Deby verraient en Moussa Faki un rival potentiel pour les prochaines élections. Cette source a donc tenté de les rassurer en assurant que « Moussa Faki n’a aucune ambition au Tchad ».

Cryspin Laoundiki
Lefaso.net