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Gestion des boues de vidange à Ouagadougou : Des parlementaires touchent du doigt les difficultés des sites de dépotage de l’ONEA

Publié le mardi 27 juillet 2021 à 22h05min

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Gestion des boues de vidange à Ouagadougou : Des parlementaires touchent du doigt les difficultés des sites de dépotage de l’ONEA

Le Réseau des parlementaires burkinabè pour l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement (REPHA-BF) a visité les sites de traitement des boues de vidange des quartiers Kossodo et Zagtouli, gérés par l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) ce lundi 26 juillet 2021 à Ouagadougou. Le constat fait sur les lieux est celui de l’insuffisance des capacités de réception des sites mais aussi le manque à gagner du fait de la quantité de biogaz brûlée issu de la transformation de ces déchets, faute de convention entre la Société nationale d’électricité du Burkina Faso (SONABEL) et l’ONEA.

Arrivés sur le terrain ce lundi 26 juillet matin, les parlementaires burkinabè s’intéressant aux questions de l’eau et de l’assainissement ont trouvé des sites de traitement des boues de vidange de la ville de Ouagadougou, surexploités. Face à cette situation, les questions des députés présents sur les lieux fusaient de partout afin de mieux cerner les difficultés de gestion de ces différentes stations.

L’un des techniciens commis à cette tâche, Stéphane Compaoré, ingénieur en eau et assainissement de l’ONEA, dira d’entrée de jeu que les sites de Kossodo et de Zagtouli accueillent par jour plus de quantités de boues de vidange qu’ils ne devraient en recevoir, surtout en cette saison pluvieuse où les fosses septiques des ménages s’emplissent plus rapidement que d’habitude.

« C’est aussi une perte quand on brûle le biogaz bien que le prix proposé par la SONABEL pour bénéficier d’un MW que nous produisons ne nous convienne pas », confie Stéphane Compaoré, technicien de l’ONEA

« Ce sont plus de 100 camions de boues de vidange que nous recevons par jour, ce qui dépasse la capacité de traitement de nos stations », a-t-il expliqué. Il soulignera que le site de Kossodo contenant une double station permet en plus de traiter les boues de vidanges, d’obtenir de l’énergie biogaz utile non seulement au fonctionnement du site mais aussi au renforcement de fourniture d’électricité de la SONABEL pour les besoins des populations sans cesse croissants.

« C’est aussi une perte quand on brûle, bien que le prix proposé par la SONABEL pour bénéficier d’un MW que nous produisons ne nous convienne pas. Néanmoins nous les injectons une fois par semaine mais cela reste une perte pour nous », confie-t-il.

« On nous avait interdit de passer dans les environs n’en parlons pas de dépoter », a déploré Soumaïla Sedogo, président de l’AVIF

La pierre d’achoppement, précisera-t-il, est le fait que la SONABEL veuille obtenir un MW au même coût que celui de l’énergie solaire alors que celle du biogaz nécessite encore de plus d’investissement.

Concernant la qualité des eaux qui parviendraient jusqu’aux cultures des habitants de la zone, Stéphane Compaoré affirme que ce sont eux-mêmes qui réclameraient ces eaux si toutefois elles ne les atteignaient plus, tout en rassurant qu’il s’agissait d’eaux traitées.

La population menace...

Les vidangeurs ont, quant à eux, fait cas des problèmes qu’ils avaient avec les populations dont certains en venaient même jusqu’aux menaces.

« Les difficultés sont que la plupart des sites de vidanges sauvages que nous utilisons en ce moment appartiennent à des particuliers. A la dernière visite qui remonte à l’an passé relative aux tessons de bouteilles à Nioko 2, la population était ressortie en disant qu’on voulait voler leurs terres pour les donner aux vidangeurs. Du coup on nous avait interdit de passer dans les environs, n’en parlons pas de dépoter », a déploré Soumaïla Sedogo, président de l’association des vidangeurs du Faso (AVIF) tout en formulant des requêtes.

Le dépotage d’un camion hors des zones autorisées sous les yeux des élus locaux

« Nous voudrions qu’à moyen ou long terme, que l’on puisse nous consacrer l’espace non utilisé qui se trouve à l’intérieur de ces sites afin que l’on fasse un gros bassin protégé par des bâches pour recueillir ces mêmes boues de vidange. Ce qui constituera nos sites sauvages », a-t-il avancé avant de décrier le mauvais état des appareils utilisés sur les différents sites. « Puisque les installations de traitement qui sont là tombent des fois en panne indépendamment même de la volonté des acteurs », s’est-il indigné.

Accrochage sur le site de Zagtouli

Pendant la visite des députés sur le site de Zagtouli, une discussion entre les vidangeurs et l’agent de l’ONEA va éclater suite à un dépotage d’un camion hors des zones autorisées sous les yeux des autorités locales.

« Ce n’est pas normal ! Ce n’est pas parce qu’il est bouchonneur qu’il va saboter le travail des autres. Cela relève de votre responsabilité. Voyez-vous comment l’on souffre ici ? », lance Stéphane Compaoré à Soumaïla Sedogo.

« Nous ne sommes pas en train de saboter le travail de quelqu’un. Mais pourquoi il y a plusieurs camions qui le font et il n’y a personne pour les en empêcher ? », rétorque Soumaïla Sedogo.

Les élus locaux leur demanderont de mettre de l’eau dans leur vin en ayant de francs échanges plus tard afin que de telles situations ne se reproduisent plus.

Halidou Sanfo, coordonnateur du REPHA-BF, rappelant le motif de leur visite

Suite à cela, le député Halidou Sanfo, coordonnateur du REPHA-BF, rappellera que cette visite a pour but d’imprégner l’ensemble des parlementaires sur les questions de gestion des boues de vidange dans la capitale. « Nous avons voulu cette sortie terrain pour visiter les sites de boues de vidange à Kossodo et à Zagtouli notamment parce que cela nous tient à cœur et en tant que nouvelle Assemblée, il était aussi important pour nous que les députés connaissent ces sites dans un premier temps mais également pour pouvoir mieux nous prononcer sur cette question lorsque nous seront face aux ministres chargés de ce sujet-là », a expliqué le député Halidou Sanfo les raisons de leur sortie.

Pour pallier cette difficulté de réception des boues de vidange massive, l’ingénieur de l’ONEA évoque l’acquisition de nouveaux sites à Pabré, Komsilga et Saaba qui leur permettront l’installation de deux nouvelles stations de traitement d’ici à fin 2022.

Le site de Zagtouli quasiment plein de boues de vidange

Pour lui, les boues pourraient être utilisées dans le domaine agricole pour booster la production du fait de leur richesse en engrais. Cependant ces boues ne sont pas encore valorisées parce qu’elles nécessiteraient au préalable des études afin d’en connaître le contenu de sorte à pouvoir s’assurer qu’elles ne soient pas nocives pour les agriculteurs.

Projet pilote dans la sous-région, le site de Kossodo a été financé à plus d’un million de dollars américain par la Fondation Gates tandis que celui de Zagtouli a nécessité un investissement d’environ 600 millions de FCFA.

En rappel le REPHA-BF avait effectué une visite du même genre en 2019.

Hamed NANEMA
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 27 juillet 2021 à 11:30, par Enfant de Bousse En réponse à : Gestion des boues de vidange à Ouagadougou : Des parlementaires touchent du doigt les difficultés des sites de dépotage de l’ONEA

    Il n’y a rien de nouveau par rapport à votre article du 19/09/2019.
    Pas d’évolution, pas d’innovation ni apport de nouvelles solutions... voilà où le peuple burkinabè en est. Quelle tristesse !

  • Le 27 juillet 2021 à 12:44, par Sidpassata Veritas En réponse à : Gestion des boues de vidange à Ouagadougou : Des parlementaires touchent du doigt les difficultés des sites de dépotage de l’ONEA

    Voilà un problème de pollution qui met à nu le problème d’absence de vision et d’anticipation dans les politiques étatiques. Nous avons des autorités administratives tellement politisées que ce qui relève de la prévoyance est souvent sacrifié sur l’autel des agendas politiciens.
    Tout le monde sait que ces boues de vidanges venant des fosses septiques, tout comme les ordures ménagères, finiront par polluer nos milieux de vie, si ces déchets restent et s’accumulent sans traitement. Donc il faut prévoir et y consacrer les moyens financiers et techniques indispensables comme on le ferait dans une entreprise pour les dépenses incompressibles. Au lieu de cela, nos décideurs vont, par calcul électoraliste consacrer beaucoup de moyens financiers importants pour les réalisations visibles qu’ils pourront capitaliser dans la propagande électoraliste de leur parti politique.
    On peut toujours chercher de nouveau sites de dépotage pour tel ou tel type de déchet, tant qu’on ne retraitera pas nos ordures, elles finiront par nous envahir. Par exemple, si on prétexte le manque de moyen financiers et techniques pour retraiter le verre nous savons que les tessons de verre ne se dégraderont , même après plusieurs siècles, alors que nous continuons d’importer d’énormes quantités de matériaux en verre (ustensiles de cuisines, bâtiment, menuiserie ...). Il est évident qu’il faut , à tout prix, trouver les moyens de mettre en place (à court ou moyen terme) une usine de recyclage du verre. Une verrerie dont la production réduirait l’importation du verre tout en absorbant le verre hors d’usage à recyclé, quelque soit son coût, n’est pas une dépense de luxe. Mais il est évident que ce n’est pas un projet réalisable en l’espace d’un quinquennat pour permettre à ses promoteurs de capitaliser électoralement cette ambition qui peut absorber beaucoup de moyen avant de produire son bénéfice inestimable pour des génération de burkinabè. Les députés qui sont eux-même le pur produit des partis politiques sont-ils capables d’imposer à l’Exécutif de penser de tels grand projet indispensable à l’avenir de la nation ? Ne sont-ils pas eux aussi dans la communication parlementaire visant des buts électoralistes ? Nous touchons ici une des limites du système démocratique.

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