Covid-19 au Burkina : Le nombre de contaminations remonte lentement. Ne baissons pas la garde !
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Alors que les pays européens se préparent à contenir une quatrième vague de l’épidémie de Covid-19, en Afrique les pays vivent diversement la troisième vague de contamination. Le Sénégal connait une flambée des cas d’infection avec 5 921 cas en une semaine dont 1 722 cas pour la seule journée du 18 juillet 2021. Au Burkina pourtant, 48 cas ont été enregistrés du 1er au 16 juillet 2021. La situation est-elle sous contrôle ou est-ce le calme avant la tempête ?
Depuis le début du Covid-19, le Burkina Faso est l’un des pays les moins touchés de l’Afrique de l’Ouest avec 13 536 cas de contaminations enregistrés à la date du 16 juillet 2021. Des chiffres dépassés par la Côte d’Ivoire depuis le 17 juillet 2020, et par le Sénégal depuis le 30 août 2020.
Seize mois après l’apparition des premiers cas, de façon générale, le Burkina Faso fait toujours partie des « meilleurs » élèves, après avoir traversé une deuxième vague assez difficile, quelques semaines après les consultations électorales de novembre 2020. Mais, en regardant de plus près, ces jours-ci, le nombre de cas sous traitement n’est plus en baisse. Un petit calcul s’impose.

Les cas actifs en baisse au mois de mai
Le 1er mai 2021, le Burkina comptait 100 malades de Covid-19 sous traitement. A la fin du même mois, soit le 31, il n’en comptait que 12. Ce qui signifie que 88 patients avaient achevé leurs traitements avec succès. Cependant à la même période, le pays a enregistré dix décès dont quatre, le 3 mai.
Des chiffres infimes par rapport au Sénégal
Le 30 juin, le bilan établi par les autorités faisait cas de neuf patients actifs et 45 nouveaux cas détectés depuis le 1er juin. En revanche, du 1er juillet au 16 juillet, le Burkina comptabilise 52 nouveaux cas, soit sept infections de plus que ce qu’il n’a enregistré au cours du mois précédent. Les cas actifs ont également grimpé passant de neuf à 27, soit une augmentation de 18 cas. Ces chiffres paraissent infimes par rapport à ceux du Sénégal qui a enregistré en une semaine (du 12 au 18 juillet 2021) 5 921 nouvelles infections. De 334 le lundi 12 juillet, elles sont passées à 1 722, ce dimanche 18 juillet.

26 210 vaccins administrés en juin
Les Burkinabè ont baissé la garde. Ils ne croient plus trop à la maladie. Le port du masque n’est plus « obligatoire » dans certains espaces. Les dispositifs de lave-mains sont sur cale, sans eau ni savon. C’est la posture du "Yel kayé" (il n’y a aucun problème, en langue mooré). La campagne de vaccination a débuté le 2 juin dernier mais les Burkinabè ne se bousculent pas aux portes des centres de santé. En un mois de vaccination, seulement 26 210 personnes ont reçu la première dose du vaccin AstraZeneca alors que l’administration de la deuxième dose est prévue pour le 2 août. Les 115 200 doses arrivées sur le sol burkinabè le 30 mai seront-elles toutes administrées d’ici là ?
Le ministre de la Santé sollicite l’appui des coutumiers
Face à la faible affluence dans les rangs, rappelons que le ministre de la Santé, Charlemagne Ouédraogo, s’était rendu le 9 juillet chez le Mogho Naaba pour solliciter l’accompagnement de ce dernier pour une adhésion des populations à la campagne de vaccination. Pourquoi ce pays si célèbre pour sa tradition vaccinale ne se laisse-t-il pas convaincre par les spécialistes de la santé ? Difficile d’y répondre. Pourtant une étude a été menée sur la perception et l’acceptation du vaccin contre le Covid-19.

Mieux renseigner le bilan journalier
Comparaison n’est pas raison mais le Burkina gagnerait à jeter un coup d’œil chez ses voisins, même éloignés comme le Sénégal, pour ne pas se faire surprendre de plein fouet par une troisième vague de la maladie. Le pays pourrait déjà commencer à mieux renseigner le bilan quotidien de la maladie. Certes, la répartition des échantillons est une innovation depuis l’arrivée de Dr Brice Bicaba à la tête de la coordination du comité sectoriel « Santé », mais les autorités sanitaires pourraient aller plus loin.
Au Sénégal, par exemple, le bilan journalier fait mention des cas graves pris en charge par les services de réanimation. Cette donnée doit être disponible au Burkina Faso. Aussi, dans le nombre de cas contacts testés positifs et le nombre de personnes vaccinées sont communiquées régulièrement par les autorités sénégalaises. Toutes ces données n’ont certes aucun impact visible sur la lutte contre la maladie mais elles permettent aux populations de mieux suivre la situation épidémiologique.

« Si on ne perd pas de vue qu’on a un avenir commun, on survivra »
Même si au Burkina l’on est loin du retour des restrictions comme le couvre-feu ou la quarantaine, les autorités devraient reprendre leur bâton de pèlerin pour limiter les grands rassemblements, le nombre de passagers dans les transports en commun et faire respecter le port du masque dans les espaces publics. La discipline est un adjuvant puissant pour tout peuple en quête d’un mieux être. Comme dirait un sage, « Si on ne perd pas de vue qu’on a un avenir commun, on survivra ».
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net