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Trafic d’objets d’art : un Burkinabè dépouillé de 18 millions de F CFA

Publié le vendredi 4 novembre 2005 à 07h12min

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Le Bureau central national- Interpool a présenté à la presse, le 2 novembre
dernier, deux délinquants impliqués dans une affaire d’escroquerie dont le
montant s’élèverait à environ 18 millions de F CFA.

Le scénario tel que ficelé
par "Bonzaï" et son "équipe" était si machiavélique, et l’affaire si alléchante
que B.O., propriétaire de quincaillerie de son état à Ouagadougou ne s’est
pas rendu compte qu’il s’aventurait sur un terrain glissant.

B.O., jeune Burkinabè, évoluant dans le domaine de la quincaillerie, est
contacté par une dame d’origine camerounaise qui dit se nommer Brigitte
Agni. Elle lui fait savoir qu’elle est présente au Burkina pour rencontrer un
jeune avec lequel elle devait traiter d’une affaire alléchante.

Mais ne
retrouvant pas l’intéressé, elle propose de traiter avec B.O.. Elle prétend être
en possession de quatre statuettes, originaires d’un village togolais, Anéon.
Des statuettes qui, selon elle, auraient été commandées par un antiquaire
européen.

Le coup du triangle

Le deal est tout simple : B.O. entre en possession des statuettes en versant la
somme de 15 millions de F CFA à Brigitte qu’il revendra à l’antiquaire
européen à raison de 55 000 euros (soit 35 750 000 FCFA). L’affaire est
conclue.

Brigitte Agni doit repartir au Togo pour récupérer les quatre
statuettes et les mettre à disposition de son nouvel associé burkinabè.
Celui-ci prend en charge son voyage. Il est contacté au téléphone par un
Européen qui dit être celui qui veut s’approprier lesdits objets. Il fait savoir à
B.O. qu’il est en réunion en Europe et qu’il le contacterait.

Quelques jours
plus tard, Brigitte A. se présente en compagnie de deux jeunes qui disent être
d’origine togolaise, Koffi Kodjo Moussa dit "Bonzaï" ( vendeur de masques et
d’objets de décoration) et Daouda Aliou ( sculpteur). Les quatre statuettes
sont livrées à B.O. qui assure leur hébergement dans un hôtel de la place.
Il remet la somme de 1 100 000 F CFA et un portable neuf à Koffi Kodjo
dans un premier temps ; une somme destinée à celui qui a cédé les
statuettes, un nommé Aladji Baba qui serait le chef d’Anéon au Togo.

Plus
tard, il verse la somme de 12 900 000 F CFA à ses "fournisseurs" et récupère
les statues. Les compères se partagent la somme reçue à la gare de l’Est.
Daouda Aliou empoche 7 millions pour le Togo. Une somme à remettre à
Aladji Baba. Après quelques jours, l’Européen qui devait entrer en
possession des objets contacte B.O. et lui demande s’il a en sa possession
un certificat d’authenticité d’origine.

Il est une fois de plus obligé de verser la
somme de 400 000 F CFA à Brigitte Agni et d’assurer son transport le long du
trajet Ouaga-Accra-Lomé via Anéon afin qu’elle lui livre les documents
demandés. Cette dernière lui donne rendez-vous à Cinkansé pour les lui
livrer. Mais sur les lieux, point de documents. C’est plutôt un appel qu’il reçoit.

Brigitte fait savoir qu’elle a été interpellée par la police togolaise. Et elle
passe le téléphone à un homme qui dit être le commissaire Kodjo de la police
togolaise. Celui-ci déclare que les 4 statuettes ont été volées. Et dit détenir
Aladji Baba et Brigitte A. Il propose donc à B.O. de lui faire parvenir la somme
de 3 millions de F CFA pour clore le "dossier".

Les Burkinabè de plus en plus grugés

Afin d’en finir complètement avec l’affaire, B.O. s’endette encore une fois et
verse la somme demandée. A partir de ce moment-là, il a perdu tout contact
avec Brigitte, Koffi Kodjo, Daouda Aliou et le prétendu antiquaire européen.

S’étant rendu compte quelques jours plus tard qu’il avait été grugé, il se
décide à déposer plainte au niveau de la police nationale et tente de se
suicider, ayant tout perdu : il a hypothéqué sa cour, son PUH et a dû
s’endetter pour avoir en sa possession toutes ces statues.

Le commissaire Salvador B. Nébié a déclaré, lors de la présentation des
deux personnes interpellées, que l’enquête diligentée par le Bureau central
national- Interpool (BCN-I) a duré quatre mois. Son équipe a eu recours aux
opérateurs de téléphonie mobile pour remonter la filière et interpeller deux
des malfrats, Koffi Kodjo et Daouda Aliou, le 17 octobre dernier.
Le BCN-I serait actuellement sur les traces de Brigitte Agni (de son vrai nom
Nédingarou Brigitte), l’appât du groupe.

Le commissaire Nébié a affirmé que
les deux jeunes hommes interpellés n’avaient aucune pièce d’identité sur
elles : " Ils prétendent être des Togolais mais nous croyons plutôt que ce sont
des Camerounais. L’un d’eux, Koffi Kodjo Moussa dit "Bonzaï", a été
formellement identifié par un de ses compatriotes". "C’est le lieu pour moi de
lancer un appel aux forces de l’ordre qui sont au niveau de nos frontières.

Il
leur faut beaucoup plus de rigueur dans le contrôle des pièces des étrangers
qui entrent au Burkina. Nombreux sont ceux qui n’ont pas de pièces d’identité
sur elles. Et cela pose beaucoup de problèmes", a-t-il ajouté.
Les quatre statues, objets de rites authentiques ( "le couple Bangoa", "le
féticheur" et "Egen", le protecteur) ont été mis sous scellé et confiées au
Parquet.

Le commissaire et ses collaborateurs ont profité de l’occasion pour appeler
les Burkinabè à réfléchir avant de se lancer dans de telles affaires : " Nous
sommes asphyxiés par des plaintes relatives à l’escroquerie sur internet.
Certains y ont perdu de fortes sommes. Il faut que les Burkinabè évitent de
traiter des affaires commerciales sur le net".

Par Alain DABILOUGOU

Le Pays

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