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Au palais de justice : Plus de 116 millions réclamés à la BIB

Publié le vendredi 4 novembre 2005 à 07h01min

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Le Tribunal du travail de Ouaga s’est penché, en son audience du 25 octobre
2005, sur un licenciement vieux de 10 ans. Au coeur de cette rupture de
relations de travail, Victor Noël Dahany, l’employé, et la Banque
internationale du Burkina (BIB), l’employeur.

Par le biais de la justice,
l’employé demande à la banque de réparer à plus de 116 millions de F CFA
le tort décennal (licenciement abusif) qui lui a été causé.

C’est en 1978 que Victor Noël Dahany entre à la BIB comme agent de
banque. Au fil des années, il gravit les échelons pour se retrouver contrôleur
général de la banque. Ce poste fut le dernier qu’il a occupé à la BIB.

En effet,
c’est de cette fonction qu’il a été mis fin à ses relations de travail avec la
banque le 13 mars 1995. Et cela après la perte d’un pli contenant des devises
d’une valeur de 18 000 000 de francs CFA. Un pli envoyé en France pour
échanger les devises étrangères contre du franc CFA qui s’est retrouvé à
destination avec uniquement des papiers administratifs comme contenu.

A la
barre, l’ancien contrôleur général est longuement revenu sur l’affaire dans
laquelle il nie toute responsabilité. S’il admet qu’il y a eu perte des devises, il
s’en lave les mains en faisant savoir que l’envoi du pli a été fait à partir de
l’agence de la banque de Bobo qui a son contrôleur régional.

Toutefois, la
direction de la banque n’entend pas les choses de la même oreille et n’a pas
hésité à demander des explications au contrôleur général basé à Ouaga par
rapport à cette affaire qui a fait l’objet d’une plainte de la banque, ainsi que
l’ouverture d’une enquête.

Mais ce que l’ex-employé dit ne pas comprendre,
c’est la demande d’explication qui lui a été adressée par le président
directeur général (PDG) de la banque avec injonction de répondre en
l’espace de 24h. Or, et selon l’ex-employé, le contrôleur régional dont la
responsabilité est plus engagée dans l’affaire a eu plus de temps pour
s’expliquer.

L’ancien contrôleur dit également ne pas comprendre l’attitude du PDG qui
l’a d’abord relevé de ses fonctions avant de le licencier au mépris des textes.
M. Dahany soutient même avoir été floué par son supérieur hiérarchique qui
a transmis les explications qu’il lui avait demandées (explications fournies au
bout de 4 jours et non sous 24h) au conseil d’administration.

Toute chose qui
n’était pas prévue, selon l’ex-employé qui finit par conclure à une volonté
manifeste de lui nuire. Il dit en être convaincu au regard de la rapidité avec
laquelle il a été licencié sans avoir même été entendu par le conseil
d’administration comme cela se doit.

D’ailleurs, s’il a attendu 9 ans avant de
saisir la Justice, c’est que promesse lui avait été faite que son cas serait
réexaminé par le Conseil d’administration, a fait savoir celui qui a été
contrôleur général pendant 8 ans, en réponse à une question de la
présidente du tribunal.

Dix ans après son licenciement, il s’est résolu à
s’adresser au tribunal de travail pour promesse non tenue, et surtout après
l’échec de la conciliation au niveau de l’Inspection du travail.
A la Justice, l’ancien contrôleur demande aujourd’hui de déclarer son
licenciement abusif.

Et aussi de condamner la banque à lui payer un certain
nombre de droits d’un montant total de 116 839 501 F CFA. Des droits qui se
décomposent dans les détails en salaires que l’ancien contrôleur devrait
normalement percevoir jusqu’à son départ à la retraite en janvier 2004, s’il
n’avait pas été licencié. Montant de ces arriérés : 79 753 501 F CFA.

Au
nombre des réclamations faites, figurent également des reversements de la
Sécurité sociale d’un montant de 1 836 000 F CFA, une couverture sociale de
5 250 000 F CFA et un préjudice moral de 30 000 000 de F CFA.

L’ancien contrôleur ayant longtemps tenu le crachoir, ses 2 avocats du
Cabinet Issouf Joseph Baadhio sont très peu intervenus à l’audience.

Dans
leurs plaidoiries, ils ont juste relevé le caractère abusif du licenciement de
leur client et demandé au tribunal de le reconnaître et d’accéder par
conséquent, aux demandes de l’ex-employé qui, à 56 ans aujourd’hui, peine
à subvenir aux besoins de sa famille.

Signalons que les débats se sont
déroulés en l’absence de la BIB. Si le Cabinet Barthélemy Kéré, constitué
pour la banque, était représenté à l’audience par une avocate, celle-ci a dit
ne pas être en situation de défendre sa cliente parce qu’étant dans l’attente
de pièces essentielles.

La présidente du tribunal, Mme Léontine Zombré née Zida, a mis le dossier
en délibéré au 24 novembre 2005, après avoir écouté et posé des questions
à la partie présente à l’audience.

Par Séni DABO
Le Pays

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