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L’ambassadeur de France à Sidwaya

Publié le jeudi 30 octobre 2003 à 18h16min

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Après avoir présenté ses lettres de créances le 10 octobre dernier au président du Faso, le nouvel ambassadeur de France, M. Francis Blondet a entrepris d’aller à la découverte de la presse burkinabè.

Dans cette optique, le diplomate français a rendu visite à Sidwaya mardi 28 octobre 2003. Après un entretien "ouvert" d’environ deux heures avec le Directeur général Michel Ouédraogo et ses collaborateurs, M. Blondet fait la connaissance des services techniques et administratifs des Editions Sidwaya. Il s’est également entretenu avec les journalistes sur des questions d’actualité.

Sidwaya (S) : Excellence, que retenez-vous de votre visite à Sidwaya ?

SEM. Francis Blondet : De cette première visite, je dis bien la première parce que j’espère venir régulièrement et faire venir des journalistes vers moi pour échanger, je retiens que la presse est très vivante au Burkina Faso. Je le savais mais aujourd’hui, j’en ai la preuve palpable.

Je constate que les moyens octroyés à la presse sont faibles et cela donne d’autant plus de mérite aux journalistes et met en exergue leur courage. J’ai vu les difficultés dans lesquelles le journal se débat. Mais trouvé une conscience professionnelle et je puis affirmer que la pluralité d’opinions existe au Burkina. Je l’ai ressentie personnellement.

S. Peut-on s’attendre à un engagement de votre part envers les Editions Sidwaya au cours de votre séjour au Burkina Faso ?

SEM. FB : Il faut reconnaître que les "affaires" de la presse sont celles de la presse, et les affaires de l’Etat sont celles de l’Etat. Je représente ici un Etat, mais cela ne m’empêche pas de mettre en contact les journalistes burkinabè avec leurs collègues ou partenaires qui pourront les aider matériellement et sur le plan de la formation. Le projet que je peux développer, c’est un programme de visite de journalistes (stages) en France. C’est très important parce que cela permet de voir certains programmes à la demande des institutions, des entreprises, des organes de presse etc. C’est un programme qui coûte cher et comme nous manquons de moyens pour en faire bénéficier beaucoup de journalistes, on pourrait imaginer d’autres formes de séjour en France pour des journalistes de Sidwaya.

S. : Après un mois de séjour, est-ce que vous êtes confiant quant à la suite de votre mission ?

SEM. FB : Je me sens comme un poisson dans l’eau. Mais je ne voudrais pas non plus que l’excès de confiance me fasse faire des erreurs dans ce pays.

Ma mission, c’est d’observer, de comprendre et de transmettre ce que je crois avoir compris. Et j’en appelle à vous tous pour m’aider à comprendre.

S. : Quels sont les sentiments qui vous animent après l’assassinat de votre compatriote Jean Hélène et comment jugez-vous les analyses et les commentaires que la presse burkinabè en a fait.

SEM. FB : J’ai constaté qu’au Burkina Faso, l’assassinat du journaliste Jean Hélène a eu un certain retentissement. J’ai vu que les éditoriaux ont souligné, pour reprendre les propos du président Jacques Chirac, que quand on sème le vent, on récolte la tempête. Dans l’esprit de certains, la France est en partie responsable de toutes les pertes qu’il peut y avoir dans ce pays et qui lui coûtent cher humainement, financièrement et économiquement. Pour ma part, je tire la conclusion que tous les drames peuvent avoir un effet de catharsis d’abord pour mon pays et pour la presse internationale. Ensuite, une prise de conscience pour les Ivoiriens et les protagonistes de la crise ivoirienne, peut-être que cela va les amener à se ressaisir et de faire bouger les choses. Et enfin, une prise de conscience pour les pays voisins...

Je sais qu’au Burkina Faso, on évite de pousser à la haine, à la guerre et j’encourage modestement les Burkinabè dans cette voie de passivité.

S. : Est-ce que l’affaire Jean Hélène va amener un repositionnement politique de la France en Côte d’ivoire ?

SEM. FB : C’est un peu tôt pour le dire parce que nous voudrions d’abord mesurer l’effet que cela a pu avoir pour les protagonistes de la crise ivoirienne. Il n’y a pas une politique de la France dans le système de la Côte d’Ivoire, il y a une série d’options que l’on peut prendre en fonction du comportement des uns et des autres. Ce que nous attendons, c’est le désarmement dans tous les sens du terme, c’est-à-dire, des personnes mais aussi des esprits.

S. : Jean Hélène est-il mort parce qu’il est journaliste ou parce qu’il est français ?

SEM. FB : Les deux sans doute.

Interview réalisée par la Rédaction
Transcription : Pauline KABORE

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