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Orpaillage à Poura : Une activité dangereuse mais qui nourrit son homme

Publié le vendredi 2 juillet 2021 à 12h28min

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Orpaillage à Poura : Une activité dangereuse mais qui nourrit son homme

La commune de Poura est reconnue comme la cité de l’or par excellence. En l’absence d’exploitation industrielle du métal jaune, c’est l’orpaillage qui fait sa loi. En plus des populations autochtones, des orpailleurs viennent des quatre coins du Burkina pour chercher leur pitance. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’orpaillage est rentable au point que certains abandonnent l’école pour se consacrer à ce métier. Focus sur cette activité dont Poura tire sa célébrité.

Banaline, c’est l’un des sites d’orpaillage de la commune de Poura. Situé dans les encablures de la ville, c’est un lieu qui refuse du monde. Le métal jaune vient d’être découvert. Les chercheurs sont déjà à l’œuvre. Le vendredi 12 juin 2021 autour de 10h, nous débarquons sur les lieux. Ce sont les vrombissements des machines qui nous accueillent. Les trous sont alignés. Les orpailleurs, comme des rats, fouinent dans les entrailles de la terre. Ils veulent coûte que coûte débusquer le métal précieux. Parmi eux, il y a Hamidou Sawadogo.

Hamidou Sawadogo, orpailleur

Pour atteindre le minerai, il faut creuser au moins 45 mètres

Ce jeune, la trentaine, a fui l’insécurité dans la région du Centre-Nord pour se réfugier à Poura. « Ici, j’arrive à gagner un peu [d’argent]. Cela me permet de m’occuper de ma famille », indique-t-il, tout heureux. Dans cette matinée, il est adossé à une dizaine de sacs pleins de cailloux. Ils sont censés contenir de l’or. C’est le fruit de son dur labeur de la nuit dernière.

Pour atteindre le minerai, il faut creuser au moins 45 mètres. Ils étaient trois au départ à creuser le même trou, et aujourd’hui ils sont quatorze. Le travail demande beaucoup de main-d’œuvre. Pendant que certains creusent, d’autres doivent veiller à ce qu’il y ait de l’air dans le trou. En plus du fait que le sol soit trop dur, les orpailleurs font face à la nappe phréatique. Une machine doit donc souvent aspirer l’eau du trou, avant que le travail ne reprenne.

Benjamin Séon travaille avec un concasseur

Pour broyer un sac de caillou de 50 kg, il faut débourser 7 500 F CFA

Il n’y a pas que ces défis à relever. Hamidou Sawadogo a révélé qu’ils côtoient tous les jours la mort. Bien que des mesures de sécurité soient prises, un éboulement plane sur leur tête. « L’activité en elle-même est fatigante. Elle donne même des maladies », ajoute-t-il. Après cette phase, les sacs sont convoyés chez le broyeur. C’est l’activité de Benjamin Wilfried Jr Seon. Son atelier est juste à côté du site d’or. « Mon rôle, c’est d’écraser les cailloux pour les transformer en poudre », explique-t-il. Pour un sac de 50 kg, il faut débourser 7 500 F CFA. L’activité semble bien rentable.

Il abandonne l’école au profit de l’orpaillage

Benjamin Wilfried soutient : « Ce travail me rapporte de l’argent ». Cet adolescent de 16 ans dit avoir abandonné l’école en classe de 4e. Comme motivation, il fait savoir que ses amis ont laissé l’école pour aller sur les sites d’or. C’est pourquoi lui aussi a quitté Zabré, son village, situé dans la région du Centre-Est. Et il dit n’éprouver aucun regret. Par mois, il empoche 200 000 à 250 000 F CFA. Mais, temporise-t-il, ces machines ne sont pas sans danger. Benjamin Wilfried explique qu’il côtoie la surdité à cause du bruit. Ce n’est pas tout. Il révèle qu’il arrive que la machine explose. Ce qui peut blesser gravement ou donner la mort.

Processus de séparation de l’or de la poudre de roches

Des produits chimiques pour mieux extraire l’or

Une fois la poudre obtenue, l’orpailleur n’est pas encore tiré d’affaire. Il doit aller séparer la poudre du minerai. C’est un dispositif qui est mis en place. L’or peut être extrait avec de l’eau simple. On met la poudre dans l’eau, et l’on verse le contenu sur un tamis bien incliné. Des calles sont mises auparavant. Ainsi, elles bloquent le minerai et l’eau continue sa route. Le métal jaune est ainsi séparé de la poudre. Le travail semble fini. Mais en réalité, pour extraire le maximum d’or de la poudre des roches, il faut maintenant utiliser des produits chimiques. C’est le système du centrifuge. Ainsi, l’on fait appel au mercure, à l’acide et au cyanure. Ils permettent d’absorber nettement l’or et rejettent les résidus. Une fois ces étapes terminées, l’orpailleur se rend chez l’acheteur de son choix.

Un marché spontané s’est installé autour du site d’orpaillage

Le gramme d’or coûte actuellement 25 000 F CFA

A Banaline, il n’y a pas de comptoir d’achat d’or. Actuellement, le gramme du précieux métal coûte 25 000 F CFA. Une fois le nerf de la guerre en poche, l’orpailleur peut dépenser sur place. Il y a un mini-marché spontané. Il y a également des systèmes de monnaie électronique. L’or fait donc des heureux, mais l’on ne gagne pas le métal jaune facilement. Il y a des trous qui ne donnent rien. Ce sont des investissements colossaux qui sont perdus. Mais le slogan de l’orpailleur, c’est « ne désespère jamais ».

Dimitri OUEDRAOGO
Auguste PARE (Photos et vidéo)
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 2 juillet 2021 à 13:22, par zemosse En réponse à : Orpaillage à Poura : Une activité dangereuse mais qui nourrit son homme

    Entre " nourrir son homme" et "empoisonner toute une region" lequel préférez vous ?

  • Le 2 juillet 2021 à 16:01, par Noufou En réponse à : Orpaillage à Poura : Une activité dangereuse mais qui nourrit son homme

    Bonjour,

    “Les orpailleurs, comme des rats, fouinent dans les entrailles de la terre.”

    Dimitri, pourquoi vous comparez les orpailleurs à des rats ? C’est méprisant. Il faut éviter d’insulter ou de vexer des gens de façon fortuite.

  • Le 2 juillet 2021 à 17:40, par COB En réponse à : Orpaillage à Poura : Une activité dangereuse mais qui nourrit son homme

    Je me demande si cette expression "nourrit son homme" sied vraiment. Le banditisme, le braconnage, la coupe de karité vert, la vente de médicaments dans la rue, la vente de drogue, etc., nourrissent leurs hommes... On fait comment ?

  • Le 3 juillet 2021 à 09:56, par Paul En réponse à : Orpaillage à Poura : Une activité dangereuse mais qui nourrit son homme

    Internaute Noufou : C’est juste une comparaison. En quoi, c’est méprisant ! Moi, je compare ce travail d’orpaillage à de l’esclavage des temps modernes à la vue des conditions inhumaines au fond des trous pour extraire la terre puis l’or ! Un jeune qui y travaille est usé au bout de quelques années en ruinant sa santé (maladies pulmonaires, utilisation de psychotropes...) ! Est-ce l’avenir que l’on souhaite à nos jeunes ? L’argent de cet or ne profite pas à ceux qui l’extrait mais à ceux qui l’achètent ou pire à ceux qui les rançonnent comme les terroristes !

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