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Elections couplées de 2020 au Burkina : Un recul par rapport à la participation des femmes

Publié le vendredi 25 juin 2021 à 17h41min

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Elections couplées de 2020 au Burkina : Un recul par rapport à la participation des femmes

Un atelier d’évaluation des actions menées par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) lors des élections couplées de novembre 2020 dans une perspective genre s’est tenu ce vendredi 25 juin 2021, à Ouagadougou. Organisé par l’institution en partenariat avec la Fondation internationale pour les systèmes électoraux, cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet « promouvoir des élections paisibles, transparentes et inclusives au Burkina Faso » financé par l’Agence américaine pour le développement international. L’ouverture des travaux a été présidée par le président de l’institution, Newton Ahmed Barry.

L’objectif assigné à cet atelier était d’évaluer les acquis et les insuffisances des actions menées par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dans la promotion du genre lors des élections couplées du 22 novembre 2020, et formuler des recommandations pour une meilleure promotion du genre dans le processus électoral, selon Esther Somé, la secrétaire générale de la CENI, par ailleurs présidente de la cellule genre (CG) de l’institution. Ont pris part aux travaux, des membres de la CG et des commissaires de la CENI, des représentants du Cadre de concertation des organisations intervenant sur le genre et la participation citoyenne des femmes au Burkina, du PNUD, des bailleurs (…).

Que retenir de la participation des femmes dans le processus électoral ? La réponse à la question a été donnée au cours de ce présent atelier. Malgré des innovations au niveau de la CENI notamment la création d’une CG et le fait d’être représentée dans la cellule de coordination du forum des femmes du Réseau des compétences électorales francophones, les élections du 22 novembre 2020 ont marqué un recul par rapport à la participation des femmes dans le processus électoral.

Selon les résultats provisoires des élections législatives, les femmes ne représentaient que 45,34% des électeurs le jour du scrutin. Egalement, les femmes étaient sous-représentées comme candidates lors des élections de 2020 malgré l’adoption de la loi sur le quota genre qui exige que les listes de candidats aux élections législatives et municipales comprennent au moins 30% de personnes de chaque sexe et alterné au 2/3 supérieur. Sur un total de 1 565 candidats inscrits sur les listes nationales et provinciales, seulement 267 (soit 17%) avaient des femmes en têtes de liste.

Les participants lors de l’atelier d’évaluation

Parmi les 267, neuf femmes ont été élues lors du scrutin mais le nombre de femmes députées est depuis passé à 17 (13%). Pour ce qui concerne l’élection présidentielle, il n’y avait qu’une seule femme sur les 13 candidats en lice. Au niveau du démembrement de la CENI, la participation des femmes demeure également faible. Sur les 2 490 membres des CEPI, CECI et CEIA, il n’y avait que 122 femmes soit 4,9% dont 12 présidentes, 34 rapporteurs, 12 trésoriers et 64 membres.

Ces défis ne sont que quelques-uns des obstacles liés à une participation égale des sexes lors des dernières échéances électorales. Afin de s’attaquer à ces problèmes, chaque acteur a un rôle à jouer pour contribuer à améliorer la situation. Du point de vue du président de la CENI, l’éducation et la sensibilisation constituent près de 70% des enjeux. « C’est dans la tête des gens qu’il faut endiguer cette notion qu’on ne peut pas comprendre que dans une société où une composante représente plus de la moitié ne soit pas représentée de façon homogène dans les instances de décisions. C’est un véritable problème qu’il faut résoudre parce qu’il nous prive d’une bonne partie de la population », a indiqué Newton Ahmed Barry.

Le président de la CENI, Ahmed Newton Barry

Militant en faveur de la participation égale des sexes, il estime que son l’institution doit travailler à genrer l’ensemble des compartiments du dispositif électoral. « J’espère que dans l’attribution nouvelle qui va se mettre en place, nous aurons plus de femmes que nous en avons eu dans la commission qui est en train d’achever son mandat », a-t-il formulé.

La CENI doit davantage consolider sa position en tant que leader parmi les OGE

Mais hélas, les nouvelles ne sont pas bonnes pour « l’autre moitié du ciel ». L’espoir qui reste, c’est au niveau de la désignation des commissaires de la société civile. C’est en cela que les associations de femmes ont été invitées à entamer dès maintenant le plaidoyer. Convaincue que les institutions inclusives mènent à des élections inclusives, IFES soutient les Organes de gestion électorale (OGE) dans la promotion de la participation des femmes aux instances de prise des décisions dans les OGE et la mise en œuvre des politiques et procédures sensibles au genre dans ces organes, a souligné le directeur pays de IFES au Burkina, Nicholas Matatu. C’est dans cette dynamique qu’avec l’appui financier de l’Agence américaine pour le développement international, la fondation a soutenu la CENI et sa cellule genre dans l’organisation de cet atelier.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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