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CEDEAO et lutte contre le terrorisme : Le Babangida blues !

Publié le vendredi 25 juin 2021 à 11h57min

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CEDEAO et lutte contre le terrorisme : Le Babangida blues !

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest s’est réunie à Accra, au Ghana, pour son 59e sommet ordinaire des chefs d’État, ce mois de juin. Que peut-on retenir de cette réunion comme solution concrète apportée aux problèmes de la sous-région ? La CEDEAO considère-t-elle le terrorisme comme un conflit qui menace la sous-région ? Pourquoi la sous-région qui comprend la première puissance économique du continent, le Nigéria, et qui détient plus de 35% des milliardaires en dollars du continent, provenant du Nigéria en majorité et du Ghana, n’arrive pas à s’attaquer à ses problèmes économiques et à l’insécurité ?

Voilà quarante-six ans qu’est née la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest, à l’initiative de deux dictateurs qui ne régnaient pas sur leurs pays avec douceur : les généraux Yakubu Gowon du Nigéria et Gnassingbé Eyadéma du Togo. Lancée le 28 mai 1975, l’idée de la CEDEAO a été proposée trois ans plus tôt par ces deux présidents. Si les résultats économiques ne sont pas encore au rendez-vous, les chantiers sont immenses et celui qui fait le plus parler est celui de la monnaie unique, dont la mise en place est sans cesse repoussée par les protagonistes.

La monnaie unique encore repoussée à plus tard

L’histoire de cette monnaie unique de la CEDEAO, l’Eco, a été marquée par une agression française le 21 décembre 2019 à Abidjan par l’annonce du remplacement du franc CFA par l’Eco, qui sera arrimé toujours à l’Euro. Annonce faite par les présidents français et ivoirien Emmanuel Macron et Alassane Ouattara. Les réformettes du franc CFA comme la possibilité pour les États de l’UEMOA de ne pas déposer la totalité de leurs réserves au Trésor français, ne justifient pas ce holdup up sur l’Eco qui est une monnaie commune aux 15 États de la CEDEAO, pas aux 8 de l’UEMOA.

C’est une monnaie au taux de change fluctuant, une monnaie souveraine qui ne dépend pas d’une tutelle extérieure. La France a réussi à semer la zizanie dans le bloc économique sur la question de la monnaie et les pays ouest africains ne regardaient plus dans la même direction.

En se basant sur un des chefs d’État de l’UEMOA adepte de la servilité volontaire comme le dirait Kako Nubukpo, la France a fait retarder le processus. Le dernier sommet a repoussé, compte tenu de la pandémie du Covid -19, la date de lancement de l’Eco à 2027 et mis en place une nouvelle feuille de route et un nouveau pacte de convergence pour la période 2022 et 2026. Les pays de la CEDEAO devraient, à terme, avoir « un déficit en dessous de 3% du PIB, une inflation en dessous de 10% et une dette inférieure à 70% du PIB ».

C’est la deuxième fois que l’Eco est reporté, et ce serait un miracle si dans sept ans il n’y a pas un autre report, car aucun pays ne remplit tous les critères. Seulement quatre pays remplissent certains des critères. La volonté existe-t-elle vraiment ? Même pour les cotisations, il n’y aurait que cinq pays à jour de leurs cotisations. Les pays paient leurs cotisations quand un de leurs ressortissants brigue un poste important dans l’organisation.

Babangida à l’origine de l’ECOMOG

Même si la CEDEAO a pour objectif l’économie, elle a par le passé réussi à s’impliquer au plan diplomatique et militaire dans la gestion des conflits de la région. En mai 1990, sous l’impulsion du général Ibrahim Babangida, la CEDEAO a mobilisé des troupes militaires provenant du Nigéria, du Ghana, de la Sierra Léone, de la Gambie, de la Guinée, du Sénégal et du Mali et qui empêchèrent le NPFL de Charles Taylor de prendre la capitale Monrovia, alors qu’il contrôlait 90% du territoire libérien. Le cleptomane Babangida a eu du leadership et l’esprit d’oser lutter. Malgré ses défauts, il a montré de la compassion pour les populations meurtries du Libéria.

Les chefs d’État actuels de la CEDEAO, notamment le président Muhamadu Buhari qui a été renversé par Babangida en 1985, n’ont pas cette force de persuasion dans la lutte contre le terrorisme. Le Mali a demandé à la CEDEAO depuis septembre 2012, un appui « dans le cadre du recouvrement des territoires occupés du Nord et la lutte contre le terrorisme ». Et lors du sommet de Ouagadougou en septembre 2019, les quinze États de la CEDEAO, auxquels se sont joints le Tchad, la Mauritanie et le Cameroun, ont décidé de rassembler la somme d’un milliard de dollars, soit 500 milliards de francs CFA, pour lutter contre le terrorisme.

Mais on ne voit pas le début d’un engagement de l’organisation ouest africaine dans la bataille contre le terrorisme qui s’étend de plus en plus aux pays au bord de l’Atlantique. Les quinze chefs d’État actuels devraient avoir plus de charisme et de leadership. Face aux difficultés des peuples ouest africains, on demande plus au plus fort, le Nigéria, avec ses plus de deux cent millions d’habitants, au plus puissant et au plus riche, toujours le Nigéria qui est la première puissance économique du continent africain, devant l’Afrique du sud et l’Égypte.

Parce que, dit-on, la puissance et la richesse demandent à celui qui les possède plus de responsabilités. L’actuel président du Nigéria devrait s’inspirer de certaines actions des anciens présidents et s’ouvrir aux problèmes de la région, même si ceux du Nigéria sont aussi nombreux avec entre autres le terrorisme de Boko Haram.

Le passé nous enseigne que la CEDEAO a fortement contribué à libérer le Libéria et la Sierra Léone des mains de Charles Taylor et de Foday Sankoh. Depuis 1980, il n’y a pas de visas entre les pays de la CEDEAO, aucune organisation régionale avant la CEDEAO ne l’avait fait, l’Union européenne a suivi seulement en 2005. En se mettant ensemble et en faisant preuve de solidarité, on peut vaincre les terroristes et tracer le chemin de la prospérité pour les peuples.

La SADC nous donne l’exemple avec la mobilisation des troupes pour soutenir le Mozambique. Si on avait fait pareil en 2012 pour le Mali, peut-être que le Niger et le Burkina auraient été épargnés et que l’on ne parlerait pas d’attaques terroristes en Côte d’Ivoire. Mais il n’est jamais tard pour bien faire.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 24 juin 2021 à 17:11, par Raogo En réponse à : CEDEAO et lutte contre le terrorisme : Le Babangida blues !

    @ SANA Guy !!!!!!

    Matthieu 26
    …63Jésus garda le silence. Et le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit : Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu. 64Jésus lui répondit : Tu l’as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. 65Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, disant : Il a blasphémé ! Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Voici, vous venez d’entendre son blasphème.…

  • Le 24 juin 2021 à 18:34, par Rien En réponse à : CEDEAO et lutte contre le terrorisme : Le Babangida blues !

    Nous n’attendons plus rien de la CEDEAO, elle qui est financée par l’Unon Europeenne et un relais des volontés de la France pour piller l’Afrique. Elle qui ne peut meme pas se plaindre quand on lui vole son ECO. La CEDEAO n’a jamais defendu les Africains mais toujours apte a condamner les Africains qui cherchent à se liberer de la Francafrique. L’Union Africaine idem. Nous jeunesse refondrons toutes ces institution pour créer les vraies institutions Africaines qui defendent reelleemnt nos interets.

  • Le 24 juin 2021 à 21:01, par Clemenceau-1 En réponse à : CEDEAO et lutte contre le terrorisme : Le Babangida blues !

    Que peut on retenir de cette rencontre ? Eh bien ! Du moins que rien est sortir de cette rencontre : misérabilisation des pays francophones. Avec la France qui tient les chefs d’États par les couilles, ces pays n’auront rien, ne seront rien et ne pourront rien faire pour leur développement.

  • Le 25 juin 2021 à 10:15, par Claude En réponse à : CEDEAO et lutte contre le terrorisme : Le Babangida blues !

    @ rien et @ Clemenceau-1
    Quelle tristesse !
    Vos écrits démontrent votre totale inculture de votre propre région et de vos institutions.
    Depuis sa création, la CEDEAO est composée de pays francophones et d’autres pays indépendants de la France.
    Arrêtez de pleurnicher sans cesse. Vous êtes des citoyens, donc des électeurs.
    Vous ne me ferez pas croire que chaque pays de la sous région ne compte pas de vrais talents capables de diriger les pays et de les conduire vers un développement harmonieux.
    Tant que vous resterez avec un état d’esprit aussi étriqué, rien de bon n’arrivera.
    Je salue par la même occasion la presse qui tente d’informer.

    • Le 25 juin 2021 à 11:35, par Rien En réponse à : CEDEAO et lutte contre le terrorisme : Le Babangida blues !

      @Claude En quoi le fait que la CEDEAO soit financée par UE est synonyme de pleurnicher ?
      Réveilles toi et cultive toi. La CEDEAO est une caisse de raisonance de la Francafrique. Pour ton education regarde juste les derniers evenements au Tchad où le fils Deby a été a l’adoubé par la Francafrique de Macron suite à un assasinat/coût d’état et la situation au Mali ou la population crie pour le changement. Qu’à fait la CEDEAO rien ou du moins elle est aller lire les condamnations de la France envers le Mali pire elle y a rajoutée ses propres sanction pour plaire au maitre. @Claude sors ta tête d’entre tes fesses et du vera la réalité des choses. Et tiens le pour dis ; quoi que tu fasses le début de la fin de la francafrique à son sonné. La deringolade a commencée pour elle.

  • Le 25 juin 2021 à 11:26, par Rico faso En réponse à : CEDEAO et lutte contre le terrorisme : Le Babangida blues !

    Avec de telles rencontres et institutions (UA, CEDEAO, G5 Sahel, UEMOA...), On peut vraiment craindre de l’avenir de notre continent ! On a du chemin !

  • Le 25 juin 2021 à 11:27, par Thomas En réponse à : CEDEAO et lutte contre le terrorisme : Le Babangida blues !

    Pourquoi le Burkina Faso qui n’a pas de pétrole devra subir les fluctuations liées au cours comme veut l’imposer le Nigéria ? Il ne faut pas accuser la France inutilement et regardons nos réalités économiques dans leur ensemble. Ainsi je ne vois pas quel est l’intérêt pour le Burkina d’avoir une monnaie commune avec le Nigéria sachant que le cours du Naira est déterminé par le cours. Nous n’avons pas du pétrole. Nous l’importons massivement. Faire monnaie commune avec le Nigéria sur les bases que souhaitent ce dernier c’est subir une double peine et conduire le pays à la catastrophe. Alassane Ouattara et les pays francophones ont raison de s’opposer au projet du Nigéria. Puisque le seul pays qui tirera profit de la situation sera le Nigéria. Je vous rappelle que le Nigéria a fermé rêcemment ses frontières aux produits francophones. Pourquoi à votre avis ?

  • Le 25 juin 2021 à 12:01, par Dedegueba Sanon En réponse à : CEDEAO et lutte contre le terrorisme : Le Babangida blues !

    Je reste beaucoup sur ma faim après lecture de l’article.
    Un autre intervenant l’a déjà dit, une CDEAO incapable de "remonter les bretelles" à Macron et ADO pour plagiat de l’’ECO, une CDEAO suspect de larbinisme et de garde chiourmes de l’ occident, cette CDEAO incapable d’épouser la cause du peuple malien et qui a louvoyé pour plaire à Macron, ne mérite pas qu’on lui jette vraiment des fleurs. CDEAO de clubs de chefs d’états préfets de Paris, pas CDEAO des peuples.
    Comme nous ne pouvons pas compter sur les dirigeants actuels pour faire notre bonheur, alors faisons le nous-mêmes. Leur histoire de convergence là est un piège sans fin, un attrapé nigaud, jamais réalisable, qui enterrera cette monnaie unique à jamais. Mais si nous ne pouvons pas avoir une monnaie unique dans l’immédiat, qu’est ce qui empêche chaque état à avoir sa propre monnaie ? Au moins là chacun sera comptable de sa gestion, et au moins on évite le vol et l’arnaque récurrents de la France qui insulte notre intelligence génération après génération avec sa monnaie CFA, car elle est propriété intellectuelle de la France, et Macron et son pays sontdans leur rôle, s’ils décident pour nous depuis l’hexagone. Un CFA qui ne nous permet même pas d’échanger avec l’Afrique Centrale quand bien même c’est la même valeur. La CDEAO préfère encore nous soumettre au vol pendant 6ans. Le Ghana, le Nigeria, la Guinée, la Gambie le Liberia et la Sierra Léone ont leurs monnaies non ?

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