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Denise Combary, une amazone au service des veuves du Burkina

Publié le mercredi 23 juin 2021 à 16h44min

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Denise Combary, une amazone au service des veuves du Burkina

La situation des veuves n’est pas des plus reluisantes au Burkina Faso. En plus de devoir faire face à la perte de leur conjoint, certaines d’entre elles se voient très souvent arracher les biens appartenant à leur défunt époux, surtout en cas de refus du lévirat imposé par la belle-famille. Cette situation, Denise Combary l’a vécue lorsqu’en 2001 elle a perdu son conjoint, avec qui elle a eu deux enfants. Aujourd’hui, à travers la fondation Lucie Kaboré-Traoré, elle se puise dans son expérience pour accompagner les femmes qui vivent cette réalité afin de trouver une issue favorable à leur problème.

Denise Combary avait 35 ans lorsqu’elle perdait son conjoint avec qui elle a vécu en concubinage pendant dix ans. De cette union, sont nés deux enfants qui avaient respectivement trois et six ans quand leur père décédait. La période de veuvage terminée, la belle-famille lui intime l’ordre d’épouser le grand frère de son défunt conjoint. Ce qu’elle décline.

Face à son refus catégorique, sa désormais ex-belle-famille lui aurait fait alors comprendre qu’elle ne pourra plus compter sur elle pour quoi que soit et même pas pour les enfants toujours en bas âge. Les menaces ne s’arrêtent pas à de simples mots, puisqu’à peine trois mois après le décès du concubin de dame Combary, la maison que celui-ci avait bâtie et où il vivait avec sa famille est vendue par ses frères, et cela sans en toucher un mot à la veuve, affirme-t-elle. C’est le nouvel acquéreur qui l’aurait informée de la transaction.

Désormais sans domicile, et sans source de revenus puisque ménagère, Denise Combary doit son salut à sa famille qui l’aide à avoir un toit pour elle et sa progéniture. Son conjoint n’ayant pas atteint le nombre d’années de cotisation donnant droit à une pension, elle se contente des reversements.

Face à ses difficultés à s’occuper convenablement de ses enfants, Denise Combary adhère en 2006 à la Fondation Lucie Kaboré. Grâce à l’accompagnement de la fondation, elle apprend des activités génératrices de revenus comme le tissage et la fabrication du savon. La fondation, à travers son volet éducation, l’appuie également dans la scolarisation de ses deux enfants. Forte de son expérience, elle apporte un suivi depuis 2010 aux veuves qui se tournent vers la fondation. Écoute, conseils, orientations vers les structures compétentes en cas de litiges font partie de ses activités quotidiennes.

Elle affirme que la plupart des veuves qu’elles reçoit sont confrontées à des difficultés liées au lévirat, à la saisie des biens par la belle-famille ou encore au fait que certaines veuves peinent à réunir les documents nécessaires pour avoir accès à la pension de l’époux décédé. Pour les problèmes d’ordre juridique, ces femmes sont redirigées vers des structures partenaires de la fondation qui l’appuie. La méditation est souvent faite également, afin d’apaiser les tensions entre belles-familles et veuves. Annuellement, c’est plus d’une vingtaine de femmes qui bénéficient des services de Denise Combary.

L’avantage du mariage civil

Dame Combary reste convaincue que plusieurs difficultés rencontrées par les veuves auraient pu être évitées si elles étaient mariées à l’Etat civil avec leurs conjoints. Car soutient-elle, beaucoup de couples vivent ensemble durant de nombreuses années sans régulariser leur situation, se contentant du mariage traditionnel. En cas de décès du conjoint, leur union n’étant pas reconnue par la loi, la femme n’a pas grand moyen pour se défendre lorsque ses droits et ceux de ses enfants sont lésés, surtout en ce qui concerne les biens. Elle-même a vécu pendant dix ans avec son époux, qui est mort sans l’avoir épousée civilement. C’est pourquoi elle recommande aux hommes de mettre leurs familles à l’abri en régularisant leur situation matrimoniale.

Malgré les coups durs infligés par la vie, Denise Combary a pu rester debout, grâce au soutien de ses proches et de la fondation Lucie Kaboré. Elle poursuit la lutte, pour que plus jamais une veuve ne soit lésée dans ses droits.

A noter que ce 23 juin, le monde célèbre la journée internationale des veuves. Cette journée a été instaurée par les Nations-Unies en 2010 pour porter l’attention de la communauté internationale sur la marginalisation des veuves et ses enjeux. Cette journée est l’occasion d’agir et de faire en sorte que les droits et la situation des veuves soient reconnus.

Armelle Ouédraogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 23 juin 2021 à 17:38, par GILLES ARNAUD En réponse à : Denise Combary, une amazone au service des veuves du Burkina

    BONSOIR,
    J’ADRESSE MES REMERCIEMENTS A TOUTES CES PERSONNES QUI OEUVRENT POUR LE BIEN-ETRE DES VEUVES A TRAVERS LE MONDE, EN COMMENCANT PAR MME DENISE COMBARY. AINSI, J’ENCOURAGE TRES VIVEMENT TOUTES CES PERSONNES A POURSUIVRE LEURS ACTIONS. PUISSE DIEU LEUR DONNER LA FORCE D’ALLER JUSQU’AU BOUT DE LEURS OBJECTIFS.

  • Le 23 juin 2021 à 17:45, par GILLES ARNAUD En réponse à : Denise Combary, une amazone au service des veuves du Burkina

    Bonsoir,
    J’adresse mes remerciements à toutes ces personnes qui œuvrent pour le bien-être des veuves à travers le monde, en commençant par Mme Denise Combary. Ainsi, j’encourage très fortement toutes ces personnes à poursuivre leurs actions. Puisse Dieu leur donner la force d’aller au bout de leurs bienveillance.

  • Le 23 juin 2021 à 23:22, par Africa En réponse à : Denise Combary, une amazone au service des veuves du Burkina

    L’histoire de madame Denise Combary est touchante ; même si le mariage civil n’avait pas été conclu, le fait d’avoir deux enfants à bas âge de son défunt concubin n’était-il pas suffisant pour justifier l’intervention du ministère de l’action sociale pour préserver les intérêts de ces orphelins comme ayants droit légitimes ? Au moins, la maison de leur defunt géniteur aurait pu être préservée.
    Dans le narratif de cette malheureuse situation, on est tenté de penser qu’il ne s’agit pas d’une pratique selon les coutumes du defunt, mais plutôt d’un acte de cupidité et de méchanceté de sa famille. Je crois à cette hypothèse parce que dans la pratique du levirat, dans la grande majorité de nos sociétés traditionnelles, le grand frère ne peut en aucun cas prétendre reprendre la femme de son petit frère comme épouse. C’est toujours le petit frère qui peut le faire et les enfants qu’il pourrait avoir sont considérés comme appartenant à son defunt frère, de sorte qu’il a une obligation coutumière d’élever les orphelins. C’est pourquoi, le fait de vendre la maison du défunt est ni plus ni moins qu’une méchanceté envers leur défunt frère, qu’ils jalousaient sans doute.
    Ce comportement n’est pas africain, encore moins burkinabè. Ces comportements déviants ont fini par vider de tout sens les valeurs culturelles positives que nos coutumes ont véhiculées à travers les âges.
    Bon courage, Madame Denise Combary et toutes les femmes et les orphelins qui subissent ces ignonomies sous le couvert de la coutume.

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