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Ousmane Amirou Dicko, Emir du Liptako : « La plupart de ceux qui ont été tués à Solhan étaient des déplacés venant de Mansila »

Publié le mardi 8 juin 2021 à 10h55min

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Ousmane Amirou Dicko, Emir du Liptako : « La plupart de ceux qui ont été tués à Solhan étaient des déplacés venant de Mansila »

Il est l’une des notabilités coutumières les plus connues de la région du Sahel. Ousmane Amirou Dicko, Emir du Liptako, est aussi connu pour les informations dont il dispose sur son royaume et du fait de parler sans langue de bois de la situation sécuritaire dans la zone. Présent à Ouagadougou où il participe à un atelier sur la collaboration entre les populations civiles et les éléments des Forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme, il s’est prononcé sur les massacres de Solhan qui, dans la région du Sahel, ont fait 140 tués, le samedi 5 juin 2021. Selon l’Emir du Liptako, la plupart des victimes étaient des déplacés de Mansila, une localité du Sahel occupée par les terroristes.

Lefaso.net : Les Burkinabè se sont réveillés le samedi dernier avec l’horreur de Solhan qui a fait 140 tués. Comment avez-vous vécu cette situation ?

Ousmane Amirou Dicko, émir du Liptako : On est non seulement désolé mais inquiet par ce qui se passe. Il faut que les gens puissent agir pour que ça cesse.

Il a toujours été question d’agir pour que ça cesse. Des actions militaires ont été effectuées mais la situation empire. Qu’est-ce qui ne va pas dans cette zone ?
On a des éléments éparpillés qui essaient de tout faire pour que la population n’ait plus confiance aux structures étatiques. A partir du moment où cette confiance s’effrite, qu’est-ce qui arrive ? Ce sont des marches, des révoltes et une réaction de l’autre côté (Ndlr, les terroristes) participe inéluctablement à quelque chose dans cela. On cherche à éroder cette confiance et à amener les gens à agir. Ce n’est pas une guerre entre un groupe connu et une autre faction armée. Ce sont des gens qui veulent déstabiliser simplement le Burkina. Et il faut que la population le comprenne.

C’est la première fois qu’on enregistre autant de personnes tuées dans une attaque terroriste. Quel message appréhendez-vous dans la boucherie de Solhan ?

La plupart de ceux qui ont été tués, d’après ce qui m’a été dit, sont des personnes déplacées internes qui venaient de Mansila, une zone déjà occupée. L’attaque a eu lieu à une heure de couvre-feu. Pour que des gens puissent circuler à cette heure, il faut qu’ils soient à moto et avec des phares allumés. Cette situation nous montre la nécessité de nous réveiller tous parce que les Forces de défense et de sécurité ne vont pas aller sur les lieux sans savoir ce qui les attend. Il faut qu’on soit tous ensemble et qu’on fasse quelque chose parce que nous sommes tous du Burkina et non au Burkina.

De Mansila, ils s’étaient réfugiés à Solhan mais ont tout de même subi la barbarie des terroristes. Est-ce des règlements de compte ?

Je ne suis pas dans le schéma de pensée des gens qui ont fait cela. Ce qui fait que je ne peux pas dire s’il s’agit de règlements de compte ou pas. Mais quelle que soit la raison, il ne faut pas tuer une personne parce qu’aucune religion ne le permet ou ne le tolère.

Peut-on espérer une fin pour bientôt ?

Je souhaite que la fin soit pour bientôt parce que nous sommes tous tristes de voir des gens mourir chaque jour. Surtout des gens qui meurent par centaine, c’est inquiétant. On a lancé des dynamites sur des gens qui étaient dans des puits de mines. On a mis le feu à des camions de livraison dans lesquels des gens dormaient attendant la fin du couvre-feu. C’est une situation inimaginable et il faudra y mettre fin le plus tôt possible.

Vous assistez à l’atelier sur la collaboration entre les populations civiles et les membres des Forces de défense et de sécurité ; comment cette collaboration peut contribuer à lutter efficacement contre le terrorisme ?

J’apprécie positivement cette initiative qui va permettre de renforcer la collaboration entre les civils et les Forces de défense et de sécurité. Je ne parlerai pas de collaboration entre civils et militaires puisque nous sommes tous une communauté. Il faut qu’on le sache et qu’on le sente pour que le dialogue soit engagé. Parce que tant que les uns se mettront dans leur rôle de fonctionnaires de l’Etat et vont considérer les autres comme étant de l’autre côté, la communauté, nous n’allons jamais engager de dialogue.

Pourtant il faut qu’il y ait ce dialogue afin que chacun connaisse le rôle de l’autre. Il arrive qu’un gouverneur débarque dans une région ou qu’un haut-commissaire vienne dans une province sans qu’on sache quelle est sa mission. Il faut que ça change. Sinon la collaboration est déjà là mais il va s’agir revoir comment l’appréhender. Les civils devront collaborer avec les Forces de défense et de sécurité qui étaient des civils avant et qui le redeviendront après.

Propos recueillis par Jacques Théodore Balima
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 7 juin 2021 à 13:29, par Lepeul En réponse à : Ousmane Amirou Dicko, Emir du Liptako : « La plupart de ceux qui ont été tués à Solhan étaient des déplacés venant de Mansila »

    par Lepeul

    Je comprends l’émotion qu’a suscité ce drame et présente mes condoléances :
    Mais je crois que le problème il est ailleurs et pour cela on devrait profiter (comme une chance )de cette montée d’insécurité pour redéfinir les pays de l’Afrique de l’ouest :
    - Créer des États fédéraux
    - Un programme d’aménagement territorial créer des métropoles pour se faire il faut définir un plan par exemple en créant une autoroute autour de la quelle les villes seront créés, les pays occidentaux ont fait ainsi autour des fleuves à l’époque des Rois.
    - Redéfinir le système agricole par exemple former des fermiers 5% de la population, investir dans des outils mécaniques, ces fermiers auront pour tâches de nourrir la population et aussi exporter ce qui permet de créer de l’emploi(agro-industrielle) c’était la politique de De Gaulle après la deuxième guerre sous le conseil des américains . Aujourd’hui nous avons une population composée de 80% de paysans pour quel résultat misère, pauvreté.
    - Construire un marché commun, reforme sur le travail,
    Par ailleurs il faut aussi revoir le système de répartition des ressources : l’écart de salaire et un salaire minimum.
    ça parait naïf de ma part mais je crois que la solution n’est pas que militaire . d’autant plus que quand je lis les commentaires qu’est ce que je vois : on veut les RUSSES, Dehors les Français. Qui va venir mourir pour vous gratuitement, je suis allé a GOMA j’ ai vu de mes propres yeux le quartier de l’ONU( Villa, piscine, terrain de GOLF au bord du lac KIVU, aéroport privé, ma conclusion avec tout le luxes qu’ils ont, sans parler de leur salaires, la guerre pour l’ONU à GOMA est une bénédiction). Les amis se sont des burkinabés qui tuent des burkinabés. Moi je crois tout cela est lié à la misère sociale et à la misère économique.
    Sankara pour reformer l’agriculture et l’élevage et aussi lutter contre le conflit éleveur agriculteur :
    Avait dans un premier temps dit aux éleveurs :
    Vous avez en votre possession, certains, des milliers de tête de bœufs, qu’est ce que on a remarqué :
    - Que d’une part la gestion de ces bœufs avait un coût tant avec les voisins et aussi sur l’écologie (coupe des arbres)
    - D’Autre part cela n’apporte rien à l’État pas d’impôt, pas d’activité créée. En plus s’il y’ a une épidémie non seulement vous perdez tous vos bœufs et personne n’aurait profiter.
    Donc faut définir une politique commerciale d’exportation de de vente d’une partie des troupeaux, tout en renouvelant le nombre, aucun intérêt d’avoir des bœufs en quantité pour dire je suis riche. Le problème aujourd’hui du terrorisme en Afrique est d’abord la misère qui pousse à la religion. c’était ma modeste contribution.

  • Le 7 juin 2021 à 15:53, par Lepeul En réponse à : Ousmane Amirou Dicko, Emir du Liptako : « La plupart de ceux qui ont été tués à Solhan étaient des déplacés venant de Mansila »

    Peut-on espérer une fin pour bientôt ?

    On a lancé des dynamites sur des gens qui étaient dans des puits de mines. On a mis le feu à des camions de livraison dans lesquels des gens dormaient attendant la fin du couvre-feu. C’est une situation inimaginable et il faudra y mettre fin le plus tôt possible.
    Ma question après lecture.
    Est ce que ce n’est pas un règlement de compte : voyez vous l’anarchie de laisser le sous -sol exploiter sans le contrôle de l’ETAT, est très dangereux.

  • Le 7 juin 2021 à 16:22, par Leberger En réponse à : Ousmane Amirou Dicko, Emir du Liptako : « La plupart de ceux qui ont été tués à Solhan étaient des déplacés venant de Mansila »

    Merci pour l’interview. Mais n’était il pas mieux de ne pas souligner l’objet de sa présence ,(atelier collaboration civils fds) Nous avons en mémoire l’assassinat du très respecté Imam de djibo qui revenait d’un déplacement médiatisé

  • Le 8 juin 2021 à 08:13, par kap En réponse à : Ousmane Amirou Dicko, Emir du Liptako : « La plupart de ceux qui ont été tués à Solhan étaient des déplacés venant de Mansila »

    Ce qui est plus frustrant , c’est que tous ces leaders religieux ont vu ses éventements se dessiner à leurs yeux et entendu dans leurs deux oreilles à travers les presses radicaux dans les lieux de cultes et baptêmes sans avoir le minimum de courage de recadrer ses faux prêcheurs qui avaient une toute autre vision et autres projets funestes . Dans leurs prêches lors des cérémonies ces leaders religieux et politiciens naïves par leur présence sincère , sont utilisés comme le ciment d’encrage de leur idéologie venimeuse et imbibée de violence. Et cela s’empirera tant que ces poltrons resteront cloitrés dans leurs carapace éphémères . .

  • Le 8 juin 2021 à 09:23, par caca En réponse à : Ousmane Amirou Dicko, Emir du Liptako : « La plupart de ceux qui ont été tués à Solhan étaient des déplacés venant de Mansila »

    Je vais illustrer mes propos en mes servants la Bible et en particulier le nom d’un prophète dont son ministère prophétique a connu des périodes difficiles dans l’histoire du peuple Israël. Le prophète Jérémie dont son nom signifie "Que Yahweh se lève" est un personnage de la Bible qui apparaît principalement dans le livre de Jérémie, dont il est souvent présenté comme l’auteur.
    Il est également évoqué dans le deuxième livre des Chroniques. C’est un prophète du Tanakh dans le judaïsme ou de l’Ancien Testament pour les chrétiens. Il est fêté le 1 mai.
    Selon la Bible, il était fils de Hilqiyahou, prêtre (kohen) à Anathoth, dans le territoire de Benjamin, à quelques kilomètres au nord de Jérusalem1. Il existe encore un village arabe du nom d’Anata dans les environs, bien que l’Anatoth historique soit plutôt localisé au lieu-dit Khirbet El-Yahoud (littéralement, « les ruines des Juifs »).
    Jérémie a prouvé aux Israélites la véracité de ses songes après une altercation avec un autre prophète nommé Hananya (28:1), dans le VIe siècle av. J.-C.. Ainsi Jérémie annonce la mort de Hananya pour l’année à venir car ses prophéties ne sont pas divines et qu’il s’est attiré de la colère de Dieu. En effet, Hananya meurt le septième mois de cette année.
    La traduction œcuménique de la Bible de 2004 présente Jérémie comme un « grand solitaire » que sa mission a contraint à rester à l’écart de la société (Jr 15,17), situation dont il a souffert. En outre, Jérémie n’aura ni femme ni enfant]. Il connut aussi la prison, fut brutalisé, et exilé en Égypte à Taphnis2. En effet, Jérémie annonça l’arrivée des Chaldéens et prédit la destruction de Jérusalem, ainsi que l’exil des Judéens à Babylone du fait de leur manque de foi. Il encouragea la réforme de Josias et essaya d’enrayer les progrès de l’idolâtrie3.
    Jérémie prophétise la destruction de nombreux peuples étrangers, royaumes et cités, dont « Dedân, Téma, Buz, tous les hommes aux tempes rasées » (25:23).
    Ce qui me convient dans ce mythe du prophète Jérémie c’est certainement la signification de son nom que Yahweh se lève. Nous serons tous d’accord avec la période que notre pays vit, les yeux sont fixés sur Yahweh et nous voulons qu’il se lève. Quand on ai humaniste on ne peut pas n’est pas considérer ce qui passe dans notre pays comme anodin. Ma prière que Yahweh se lève et vient à notre secours, nous avons autant pleuré depuis 2014 lors de la révolte d’un peuple incrédule face à un pouvoir aux oreilles sourds. Dans notre insouciance, nous avons demandé le sang de l’innocent qu’il était et nous l’avons demandé de quitter le pouvoir. Nous considérons nos actes comme héroïques et nous avons la fierté en nous qualifiants peuple insurgé. Dans notre orgueil, nous disons chasser le dictateur qui s’est refugie chez les beaux-parents. Une humiliation pour un moaga de prendre la famille de sa femme comme les siennes.
    Yahweh lève toi et vient à notre secours, ils sont nombreux ceux qui nous attaques, de la ville à la campagne, nous sommes humiliés. Chaque jour suffit notre peine et nos ennemis sont nombreux ceux qui souhaitent notre ruines.

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