LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

France-Côte d’Ivoire : Chirac courbe l’échine devant Gbagbo

Publié le vendredi 28 octobre 2005 à 07h23min

PARTAGER :                          

L. Gbagbo et J. Chriac

Jamais scènes de ménage dont l’issue semblait être la rupture définitive aux yeux de tout le monde, n’ont autant débouché sur des étreintes et des idylles comme celles que vivent actuellement Abidjan et Paris. En tout cas, il y a des signes qui ne trompent pas.

Les eaux calmes de la Seine et celles plus agitées de la Lagune Ebrié ont fini par se neutraliser et donner une sorte de mélange, une sorte d’eau bénite destinée à étancher la soif des apôtres de la raison d’Etat. Une raison d’Etat prête à enterrer toutes les humiliations, même les plus insupportables.

Tant pis pour tous ceux qui ont voulu se mettre entre l’arbre français et l’écorce ivoirienne. Quoi que la France s’en défende, elle ne peut convaincre qu’elle ne fait pas la part belle à Gbagbo. Les concessions qu’elle fait aujourd’hui à Laurent Gbagbo sont sans commune mesure avec les torts causés à Paris.

9 soldats français morts suite aux bombardements de l’armée ivoirienne , un ministre français des affaires étrangères pratiquement cerné et agressé par une foule enragée, deux journalistes français assassinés, des milliers d’hommes d’affaires, d’industriels et d’entrepreneurs français parqués comme des sans-papiers, des immigrés clandestins et des SDF avant d’être évacués en France, abandonnant sur place des biens qu’ils avaient patiemment acquis des années durant.

Qui eût cru que la France impériale pouvait être traitée, dans son précarré jusque-là le plus sûr, comme un vulgaire aventurier, après plus de 40 ans de présence sans partage dans un pays qui faisait office de mirador de Paris, pour observer l’ancienne AOF, son ex-empire colonial ? Qu’à cela ne tienne. Pour Paris, la reconquête des bonnes grâces de la Côte d’Ivoire mérite qu’on sacrifie un général, fût-il responsable de l’opération Licorne.

Certes, on peut déplorer la mort de ce jeune ivoirien tant il est vrai que quelle que soit la gravité du forfait d’un homme, il a droit à un procès civilisé et non pas à cette justice expéditive. Il est vrai aussi qu’en France, un jeune Français qui aurait été accusé du même forfait ne risquerait pas de terminer de la même manière que ce pauvre Ivoirien.

De là à briser la carrière d’un général au motif qu’il a couvert la mort d’un délinquant , cela cache des affaires louches dont est coutumière la "mafiaafrique", et qui ont fini par se révéler au grand jour. Il n’est pas dans notre intention de vouloir innocenter ce général. Cependant, l’empressement avec lequel il a été suspendu laisse penser qu’il a été sacrifié sur l’autel des ententes souterraines dont Paris a le secret. Qui ne se souvient de l’affaire Ben Barka ? Plus de 40 ans après l’enlèvement et l’assassinat de cet opposant marocain en plein Paris, le mystère reste entier.

Pourtant, en son temps , le général de Gaulle, dont on connaît la rigueur pour préserver la grandeur de la France, avait ordonné que toute la lumière fût faite sur ce crime politique. Les assassins de Ben Balka courent toujours et aucun responsable des services de renseignements, de la DST (Direction de la surveillance du territoire) et des services de contre- espionnage n’a été inquiété. Si pour ce "menu fretin", la France a utilisé le bâton contre le Général Poncet, c’est que les enjeux en valaient la peine.

Paris est prêt à retirer les galons d’un général et à les convertir en contrats juteux. La France n’entend pas lâcher la proie pour l’ombre surtout que les Américains sont déjà là et se partagent presqu’exclusivement le monopole de la manne caféière et cacaoyère.

Le réflexe du naufragé est si fort que la France s’accroche à tout, jusqu’aux derniers vestiges d’une présence sans partage en Côte d’Ivoire, mais qui s’effritait au fil des ans. En rebondissant, Paris cède tout à Gbagbo. D’abord en pesant de tout son poids sur le Conseil de sécurité de l’ONU pour que le mandat du président soit prolongé.

Pour la France, patrie donc de la déclaration universelle des droits de l’Homme, on peut contourner le vide constitutionnel (ce qui est inimaginable dans l’Hexagone) pour accorder un nouveau bail à Gbagbo. On peut ne pas aimer la manière dont Gbagbo conduit actuellement son pays. Néanmoins, il faut lui reconnaître cette capacité d’avoir compris l’âme française et surtout celle des dirigeants français. C’est ce que le président Bongo a traduit par cette célèbre sentence. "Si la France me lâche, je la lâche".

Pour ne pas être lâchée par Abidjan, la France a pris la tête de la fanfare de la division pour régner et de l’exploitation des sujets qui pourraient opposer les opposants à Gbagbo. Déjà, la nomination du Premier ministre jette de l’huile sur le feu dans l’imbroglio ivoirien. En quelque sorte, un os jeté et autour duquel les opposants sont en train de se déchirer.

Et pendant que la horde affamée se rue sur le morceau aux contours flous, Gbagbo peut peaufiner sa stratégie de pérennisation de son pouvoir grâce à un lobbying bien huilé dans les capitales occidentales et même au sein de l’ONU. La dernière en date, le retrait de la plainte de Gbagbo contre le sergent Ibrahim Coulibaly dit "IB" pour tentative de coup d’Etat .

Quand on connaît les relations exécrables entre ce dernier et les Forces nouvelles, "IB" va devenir un instrument entre les mains du pouvoir pour brouiller les cartes au sein de l’équipe de Guillaume Soro.

Le Fou

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 29 octobre 2005 à 23:41, par kpoledji En réponse à : > France-Côte d’Ivoire : Chirac courbe l’échine devant Gbagbo

    L’auteur de cet article est un veritable idiot qui fait honte à l’Afrique. Vous faites parti des intelectuels tarrés qui pensent que les africains demeurent les esclavent des Blancs. Que represente la carrière d’un général devant une vie injustement supprimée ? repondez à cette question. Votre article suscite le degoût. Vous n’avez aucune conscience et aucun respect pour les parents de l’ivoirien tué. Vous meritez la mort.?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique