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Fonds minier de développement local : Les acteurs demandent un renforcement du leadership de l’Etat

Publié le mercredi 12 mai 2021 à 15h48min

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Fonds minier de développement local : Les acteurs demandent un renforcement du leadership de l’Etat

Les rideaux sont tombés sur l’atelier d’échange sur le fonds minier de développement local (FMDL) organisé par la Chambre des mines et le Laboratoire Citoyenneté les 10 et 11 mai 2021. Durant 48 heures, les participants des différentes composantes de la société ont échangé autour de plusieurs thématiques concernant la gestion de ce fonds. Ainsi des propositions et suggestions ont été faites par les différentes entités pour l’atteinte des objectifs du fonds.

Ouvert le lundi 10 mai 2021, l’atelier d’échange sur le Fonds minier de développement local (FMDL) a connu son épilogue le mardi 11 mai 2021. Il a réuni une centaine de participants à savoir les maires des communes minières ; les hauts-commissaires ; les présidents des conseils régionaux des zones abritant des sites miniers ; les représentants des sociétés minières ; les représentants de l’administration publique ; les membres du Comité national de suivi de la collecte, de répartition et de l’utilisation du FDML ; les représentants de la société civile ; l’Association des régions du Burkina ; le Réseau des populations des communes minières, et l’Association des municipalités du Burkina.

Les participants

Avec pour objectif d’échanger sur le bilan de la mise en œuvre du FMDL et de proposer des pistes de solution en vue de relever les défis rencontrés, plusieurs communications ont eu lieu pour renforcer la connaissance des participants sur le FMDL. Il s’agit notamment du rappel du cadre législatif et règlementaire du Fonds minier de développement local, l’état des lieux des répartitions faites aux collectivités territoriales à date, les rôles et les responsabilités des membres des comités communaux de suivi de l’utilisation du FMDL, et comment faire du FMDL un tremplin pour le développement local.

Le FMDL rencontre d’énormes difficultés dans sa mise en œuvre

Cette rencontre a été une occasion pour les différentes entités de formuler quelques préoccupations, à l’endroit du ministère en charges des Mines. Pour la Chambre des mines, son directeur exécutif, Toussaint Bamouni, a évoqué la nécessité de la mise en place d’une communication efficace à même de changer la perception actuelle des mines par l’opinion, l’opérationnalisation dans les plus brefs délais du processus de décaissement du FMDL au niveau de certaines communes, la définition claire des projets éligibles au fonds afin de permettre aux communes d’élaborer des plans de développement communaux, le partage des bonnes expériences de gestion du FMDL avec tous les acteurs, et la mise en place d’un mécanisme d’évaluation des projets.

Dr Seglaro Abel Somé, secrétaire général du ministère de l’Économie, des Finances et du Développement

Au niveau de la société civile, Jonas Hien, le président du Conseil national des OSC, a souligné la lourdeur administrative, la question de la consommation du fonds, le problème de coordination entre les ministères clés, la nécessité d’une dotation des collectivités territoriales en ressources humaines et en renforcement des capacités qui, pour lui, revient à l’Etat pour l’affirmation de son leadership. « Le leadership de l’Etat dans la mise en œuvre du FMDL reste faible. Et à la lumière des débats, on a même peur que d’ici quelques années les choses ne reviennent dans les mains des miniers », a-t-il déclaré tout en insistant sur la responsabilité de l’Etat.

Concernant les collectivités territoriales, le président du Réseau des communes minières, Issiaka Yaméogo, maire de la commune de Yalgo, a souligné le retard dans les transferts des fonds ; la réticence de certaines mines au départ ; des difficultés d’absorption des ressources ; l’échéance des PCD/PRD à l’arrivée du fonds, et les difficultés de fonctionnement des comités.

Bamouni Toussaint, directeur exécutif de la Chambre des mines

De son côté, Amadou Boukary, président du Réseau des populations des communes minières, a exprimé le souhait des populations de bénéficier des retombées de la mine. « Nous voulons vivre et voir nos conditions de vie améliorées », a-t-il martelé.

Le leadership de l’Etat est faible dans la mise en œuvre du fonds

A ces préoccupations, le secrétaire général du ministère de l’Économie, des Finances et du Développement, Dr Seglaro Abel Somé, par ailleurs président du Comité de suivi du fonds minier de développement local, a prêté une oreille attentive et a rassuré que les actions seront entreprises pour soulager chaque entité dans la mise en œuvre de ce fonds. A la fin des deux jours d’échanges, quatre choses sont à retenir, selon le président du Laboratoire Citoyenneté, Raogo Antoine Sawadogo, co-organisateur du présent atelier. Il s’agit de la nécessité pour l’Etat d’affirmer son leadership dans la gestion du FMDL et renforcer la capacité de gestion du fonds à tous les échelons en prévoyant les pressions contre les « canards boiteux ».

Jonas Hien, président du Conseil national des OSC

Que les collectivités territoriales aient des outils de planification, de prévision qui encadrent la gouvernance locale dans le pays (PAD, PDC, API) en prenant en compte les cris et besoins des femmes, surtout leur implication dans la gestion de leur destin. Sans oublier les activités génératrices de revenus qui non seulement procurent de la richesse aujourd’hui, mais assurent une certaine stabilité sociale.
Pour l’occasion, M. Sawadogo a félicité la société civile pour les résultats de leur lutte. Car si l’on parle de ce fonds aujourd’hui c’est grâce à leurs alertes et interpellations.

Aux miniers, il a traduit la reconnaissance de l’Etat, de la population et des collectivités territoriales pour ce qu’ils ont fait. « Vous avez déjà beaucoup fait en participant à ce fonds, mais il ne faut pas oublier que vous n’êtes pas qu’un fonds. Vous êtes aussi des ressources humaines, de l’expertise vivant au quotidien avec des populations et dans des communes. Ainsi, vous pouvez donner des coups de mains en termes d’appui conseil, d’assistance », a-t-il déclaré tout en saluant la participation de tous pour la tenue de ces échanges.

Dans cette même lancée, c’est avec une note de satisfaction et bien enrichis sur la question de la gestion du fonds minier que les participants ont quitté la salle, espérant d’autres cadres d’échange.

Judith SANOU
Lefaso.net

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