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Sport : Wilfried Bertrand Wetta, le Burkinabè qui engrange des médailles en arts martiaux en Inde

Publié le mercredi 14 avril 2021 à 23h05min

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Sport : Wilfried Bertrand Wetta, le Burkinabè qui engrange des médailles en arts martiaux en Inde

Parti pour des études supérieures en Inde, le jeune burkinabè Wilfried Bertrand Wetta devient célèbre grâce à des sports pratiqués dans ce pays, mais peu connus au Burkina. De passage au pays, Lefaso.net est allé à la rencontre, le 20 mars 2021, de cet étudiant médaillé d’or en kickboxing et médaillé de bronze en MMA (Arts martiaux mixtes), pour en savoir davantage sur son parcours.

Lefaso.net : Présentez-vous pour nos lecteurs.

Wilfried Bertrand Wetta : Je m’appelle Wetta Wilfried Bertrand, diplômé en master en application et logiciel obtenu en Inde. Je viens de finir mes études et je suis également coach et combattant de MMA avec un record de 5 et 1, médaillé d’or en kickboxing et médaillé de bronze en MMA.

Parlez-nous de votre parcours. Comment, en plus de vos études, vous vous êtes retrouvé champion dans différents arts martiaux en Inde ?

D’abord en arts martiaux, j’ai commencé avec le taekwondo au Mali. J’ai commencé le taekwondo pas parce que j’aimais le taekwondo, mais parce que je voulais devenir acteur. J’ai vu un combat de Boyka dans « Undisputed ». Le mec était très bon, il avait de très belles techniques et donc j’ai décidé d’apprendre le taekwondo.
Quand je suis arrivé en Inde, c’était pour mes études mais il y avait ce petit truc qui me picotait ; je voulais continuer mon taekwondo. Et effectivement j’ai continué mon taekwondo pendant un an jusqu’à obtenir ma ceinture noire, puis je me suis blessé. Avec ma blessure, je ne pouvais plus utiliser mes jambes. Je me suis alors dit qu’au lieu d’être fataliste, je devais saisir cette opportunité pour apprendre quelque chose d’autre, donc je suis allé en boxe.

J’ai appris la boxe et après un bout de temps, je suis rentré dans le kickboxing et c’est là que j’ai eu ma première introduction en compétition. Donc je suis passé directement de débutant à combattant en catégorie semi-pro. J’ai perdu par blessure (j’ai encore la cicatrice sur le visage). J’ai revu le combat, vu mes erreurs ; je les ai corrigées, j’ai continué à m’entraîner et suis allé dans un autre combat. J’ai encore perdu et une fois de plus, j’ai vu mes erreurs et j’ai compris qu’il fallait que je change. Et c’est au bout de ça qu’après j’ai switché sur le Jiu-Jitsu. C’est un art martial qui se pratique au sol. Il s’agit précisément d’étranglement, casser les membres, c’est ça la base du jeu. Après avoir appris le Jiu-Jitsu, je me suis jugé prêt pour le MMA (Arts martiaux mixtes) où on a tout un mélange : coups de poing, de pieds, de coudes, de genoux ; lutte, étranglement, cassure… tout est dedans.

Quand je suis allé à mon premier combat de MMA, j’étais très excité. Le combat s’est déroulé en 28 secondes et je n’ai balancé que deux coups : un coup de pied retourné et un coup de poing et dans le feu de l’action, je me suis déboité l’épaule donc une blessure de plus. Mais l’adversaire était déjà K.O. J’ai appris beaucoup de choses concernant la santé d’un combattant depuis ce combat.

Avec le temps et l’entraînement en continu, je n’ai cessé de m’améliorer jusqu’à ce que j’aie l’opportunité d’aller à une compétition de kickboxing. Lors de la compétition de kickboxing, j’avais l’impression qu’avec tout ce que j’avais appris, cela m’avait amené à un niveau où il n’y avait pas d’adversaire à mon niveau. Je les ai tous tabassés et c’est comme si je tabassais mes petits-frères et j’ai eu la médaille d’or en kickboxing.

Vous avez compéti dans différents arts martiaux pour représenter le Burkina. Décrivez-nous ces différents arts martiaux dont certains ne sont pas encore connus au Burkina.

Dans le MMA, je compétis toujours pour le Burkina ; donc je me prépare et j’ai toujours mon drapeau avec moi. J’ai en somme eu une médaille de bronze en MMA et une médaille d’or en kickboxing.

Dans le MMA, les combattants se retrouvent dans une cage et se battent : coups de poings, la boxe, le taekwondo, kickboxing, kung fu, karaté, lutte… tout le monde se retrouve là-bas et tout le monde se bat. Chacun use de son savoir-faire en techniques de combat contre son adversaire. Et moi, j’ai appliqué tout ce que j’ai appris depuis le début pour parvenir à battre mes adversaires.

Ma première victoire en MMA c’était avec des techniques de base taekwondo et boxe, c’était un spinning back kick (coup de pied retourné) plus un cross. Quand le mec est tombé, je suis descendu et lui ai mis des hammer fist (poings marteau) pour l’achever. Dernièrement je me suis battu contre un champion de boxe qui était sept fois champion d’Inde et c’était le combat le plus chaud de ma vie mais je l’ai mis K.O. d’un coup de pied à la mâchoire. Quand il est tombé, là encore c’était une victoire pour le Burkina.

En kickboxing, c’est plutôt facile parce que là quand tu tombes, l’arbitre vous arrête net. Là, j’étais purement stratégique : des poings au pied et pieds aux poings… et au final j’ai battu trois personnes et obtenu la médaille d’or. Donc Burkina médaille d’or depuis l’Inde et Burkina médaille de bronze MMA, champion avec le trophée du dieu Indien.

Vous avez remporté quelques prix qui vous ont même valu d’être célèbre en Inde où vous êtes paru deux fois dans les journaux. Parlez-nous de ces différents prix.
La première fois que je suis apparu dans les journaux indiens, c’était lors de mon 1er combat de Muay Thai, un combat que j’ai d’ailleurs perdu. Mais le combat était tellement bien qu’ils en ont parlé dans les journaux.

Deuxièmement, c’était lors du Fight night organisé par FOK (Fight of the Knight) avec comme invité d’honneur et sponsor « The Great Khali » (Catcheur de la WWE). C’était donc un grand évènement du fait de sa présence ainsi que d’autres stars indiennes ; donc quand j’ai mis K.O. The Great Khali, tout le monde était étonné. C’était dans un stade de 2 000 personnes ; le public était en délire, tout le monde criait mon nom, c’était une belle expérience !

Quels sont les différentes victoires, en particulier celles qui vous ont rendu célèbre à l’extérieur ?

Le combat qui a commencé à me rendre célèbre… ? Ce n’est ni mes victoires, ni ma personne. Mais c’est surtout à cause de mes adversaires parce qu’une fois j’ai eu affaire à un onze fois médaillé d’or en Muay Thai, et ce combat je l’ai perdu. Mais c’était un combat chaud et c’était seulement mon deuxième combat et j’ai dû affronter un mec qui était onze fois médaillé d’or et moi j’étais débutant. Donc tout le monde imaginait qu’il allait me tabasser facilement en un round mais on a dû faire plutôt trois rounds de trois minutes et il n’est pas parvenu à me mettre hors d’état de nuire. Mais le combat était quand même bien, j’ai beaucoup appris et c’est à partir de là que les gens ont commencé à un peu plus prêter attention à moi.
Après ça, mon deuxième combat de MMA (Bengaluru MMA Open Championship), il n’y avait pas beaucoup d’Africains qui y participaient, j’étais d’ailleurs le seul et les gens se demandaient : un Africain ! On va voir ce qu’il vaut…

Quand le combat a commencé, l’adversaire faisait des choses et j’analysais au fur et à mesure. Et quand j’ai commencé à lancer fort, il a compris que je n’étais pas là pour jouer. Mais quand je l’ai tapé au ventre, puis au niveau de la tête, le mec est tombé et l’arbitre a dû arrêter le match, ce fut un beau combat.

Le dernier combat où j’étais face à un homme sept fois champion de boxe, surtout que la boxe ce n’est pas du jeu, lui il m’a sérieusement amoché au premier round, c’était vraiment un combat très dur. On a continué et je l’ai fini au deuxième round. Ce sont en gros ces combats qui m’ont amené où je suis actuellement.

Avez-vous des projets pour la promotion des sports que vous pratiquez en Inde mais qui ne sont pas connus au Burkina ?

Pour la promotion du MMA au Burkina, il faut savoir qu’il n’y a pas le MMA au Burkina ni en Afrique de l’Ouest d’ailleurs. La première des choses que j’aimerais faire, c’est d’abord trouver du travail parce que pour que je puisse faire le MMA, il faut d’abord que j’aie de quoi investir dans le MMA. Et si j’arrivais à trouver du travail, j’aimerais ouvrir une salle de gym pour faire la promotion du MMA parce que personnellement, j’ai commencé tard dans les arts martiaux et je sais qu’il y a beaucoup de gens dans ce pays qui ont commencé tôt mais ils ne parviennent pas à aller au niveau supérieur. Peut-être parce qu’ils n’ont pas eu d’autres opportunités, mais moi j’aimerais bien ouvrir une salle de MMA au Burkina qui va aider les Burkinabè à monter parce que je sais que les Africains ont du talent spécialement si ça concerne les arts martiaux parce qu’on aura bientôt trois champions à l’UFC (Francis N’Gannu sera le troisième).

On a deux Nigérians, Kamaru Usman et Israël Adesanya, et bientôt un Camerounais, Francis N’Gannu, mais pas de Burkinabè. Donc il faut que bientôt on ait un Burkinabè champion : soit moi je deviens champion bientôt, soit j’aimerais bien pouvoir aider un frère burkinabè pour qu’il devienne champion et représenter le pays un de ces jours.

Quel est votre dernier mot ?

Ce que j’aimerais passer comme message à la population et aux jeunes sportifs burkinabè, c’est de ne jamais abandonner leur sport ou leur rêve parce que personnellement, quand j’ai commencé, je ne m’imaginais pas du tout être là où je suis aujourd’hui et je ne sais pas où ça va m’emmener demain.

J’ai commencé par le taekwondo, puis la boxe, ensuite le kickboxing puis le Muay Thaï, le Jiu-Jitsu et enfin le MMA. En plus de ça, j’ai fait des combats, j’ai coaché en MMA, j’ai aidé des gens à perdre du poids. Ce que j’aimerais dire aux gens, c’est de faire tout ce que vous avez en tête, tout ce que vous avez envie de faire, ne lâchez pas prise parce que vous ne savez pas là où ça vous mènera.

Continuez juste à faire votre sport et amusez-vous avec. Soyez content de votre sport, faites ce que vous voulez et avec l’aide de Dieu, vous allez sûrement atteindre des sommets.

Contacts de Wetta Wilfried Bertrand :

Instagram : bertdelaspeed
Email : bertdelaspeed@gmail.com

Interview réalisée par Haoua Touré
Lefaso.net

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