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Côte d’Ivoire : FPI, la peur du retour de la manivelle

Publié le lundi 24 octobre 2005 à 08h22min

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La délégation du Front populaire ivoirien (FPI) vient de claquer la porte lors
de la réunion consacrée à la mise en place de la Commission électorale
indépendante. A l’issue des délibérations, c’est un membre du PDCI/RDA, le
parti de Henri Konan Bédié, qui a été porté à la tête de l’institution.

Le résultat
a aussitôt été contesté par le FPI qui parle de mascarade électorale. On aurait
pu éviter à cette jeune institution, enfantée dans la douleur, le spectacle des
chamailleries ivoiriennes. Cela était cependant prévisible. En effet, Gbagbo et
ses partisans avaient tout fait pour entraver cette naissance en voulant
imposer coûte que coûte l’Institut national de la statistique pour piloter toutes
les étapes du processus électoral.

Les partisans de Gbagbo ont-ils perçu
l’élection d’un homme du PDCI, en qualité de président de la Commission
électorale indépendante, comme un signe annonciateur de l’échec probable
du parti présidentiel lors du prochain scrutin ? Le bourreau est toujours le
premier à craindre l’épée.

Quand on sait que Laurent Gbagbo a lui-même été
élu dans des conditions très controversées et peu transparentes, on
comprend que par anticipation, ses partisans craignent que leurs adversaires
n’utilisent les mêmes méthodes pour parvenir à leurs fins. Mais, y a-t-il pire
suspect que celui qui se fonde sur des présomptions sans avoir pris son
adversaire en flagrant délit ?

En fait, de quoi Gbagbo et son clan ont-ils peur,
eux qui ont verrouillé tout l’appareil politico-administratif et économique du
pays et qui ont outrageusement accaparé tous les moyens de l’Etat pour en
faire à leur tête ? Ce qui vient de se passer à la CENI est révélateur d’une
absence totale de réflexe démocratique de la part des partisans de Gbabgo
et d’une inversion du rapport de force qui est en train de s’opérer au profit de
l’opposition.

Ce rapport de force défavorable au pouvoir est la somme des
frustrations, des amertumes et du ras-le-bol des Ivoiriens face aux obstacles
que le régime en place dresse contre une véritable sortie de crise. Pour ce
faire, chaque fois qu’on croit l’heure de vérité proche pour définitivement
mettre les pendules à l’heure, le pouvoir invente de grotesques scénarios
pour tout retarder.

Alors que les choses sérieuses n’ont pas encore commencé, Gbagbo et ses
lieutenants en place font tout pour focaliser le débat sur la CEI. On sait, de
longue date, que la mise en place d’une Commission électorale
indépendante en Afrique est un sujet qui fâche et une pomme de discorde
entre pouvoir et opposition.

Mais, dans le cas précis de la Côte d’Ivoire, y
avait-il vraiment urgence à précipiter cette mise en place alors que d’autres
sujets brûlants dont dépend le bon déroulement du processus électoral n’ont
pas encore été abordés ? Sont de ceux-là, la nomination et les attributs du
Premier ministre, les fonctions du chef de l’Etat pendant la transition, les
prérogatives de l’Assemblée nationale, etc.

N’aurait-il pas été plus réaliste
que la nomination du Premier ministre précédât la création de cette
Commission électorale ? Actuellement, la question qui se pose est de savoir
à qui revient officiellement, le pouvoir de valider cette Commission électorale
indépendante.

En tout état de cause, les partisans de Laurent Gbagbo
viennent d’annoncer les couleurs. Une autre arête à la gorge de la Côte
d’Ivoire concerne la bataille rangée autour du profil du futur Premier ministre.
Chaque protagoniste voudrait s’attribuer l’initiative de sa nomination.
Tout se passe comme si en Côte d’Ivoire, le vrai problème résidait plus dans
le choix de l’homme que dans les contours et l’étendue de son pouvoir.

Si on
peut parler d’un échec de Seydou Diarra, on ne peut l’attribuer à son
incompétence. Il a plutôt été victime du comportement d’un président rétif à
toute concession d’une parcelle de son pouvoir. Laurent Gbagbo, sur ce
point, continuera à se réfugier dans son intransigeance et son entêtement
tant que l’ONU persistera dans ses nombreux rituels de faux départs pour
appliquer réellement un vrai remède au cancer ivoirien.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 24 octobre 2005 à 15:08 En réponse à : > Côte d’Ivoire : FPI, la peur du retour de la manivelle

    Cet article est un peu bizzare. Il est censé rendre compte d’un evenement, mais parle de plusieurs autres sans que le lien ne soit evident. En outre il a l’allure d’un edito. En tout etat de cause, les faits (qui ne semble pas importer l’auteur) sont les suivants : Une commission electorale indépendante a été mise en place (elle organisera les elections et son principe est qu’elle est independante donc ne rend pas compte au 1er ministre ni même au président contrairement à ce que vous semblez croire). Les membres de cette commission issus des parties ayant signé l’accord de marcoussis, du gouvernement, du bareau et de la magistrature, ont prétés serment. Ils ont été invités à élir leur président. Et là une dissension dans l’interpretaion de la loi relative à la CEI est née. Les rebelles et leur alliés politiques ont estimé que la loi n’autorisait que les membres ayant une voix délibérative à participer à l’election du président de la structure. Le FPI, Le PIT, l’UDCY, les representant du gouvernement, du bareau, de la magistrature, de l’assemblée nationale, soit au total 16 membres sur 31, n’était pas de cet avis et estimaient avoir tous le droit de désigner le président de la structure. Ils ont déposer un recours pour l’annulation de l’élection qui s’est tout de meme déroulé. Et ce auprès de la chambre constitutionnelle de la cours supreme. Ont-ils le droit de ne pas etre d’accord ? ont ils respecté la procedure en la circonstance ?
    Votre article aurait mieux fait de se pencher sur ces questions. Toutefois nous comprenons que dans votre esprit la CEI rende compte à l’exécutif, c’est ce qui à cours chez et que vous ne mettez pas de point d’honneur à dénoncer. Dommage pour l’Afrique, du journalisme aux ordres !!!!!

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