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À dispositifs numériques, gouvernance numérique

Publié le mardi 6 avril 2021 à 16h21min

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À dispositifs numériques, gouvernance numérique

Au Burkina, pays des hommes intègres, plusieurs initiatives ont été mises en place par le gouvernement pour améliorer la transparence de l’État. Qu’il s’agisse de l’ambitieux Programme de modernisation de l’administration publique (PMAP) ou de la Plateforme électronique de la déclaration d’intérêt et de patrimoine lancée par le Président Kaboré en août 2020, de nombreux projets ont été réalisés en ce sens ces dernières années.

Au-delà de leur objectif d’efficacité et de transparence, ces initiatives ont un autre point commun, peut-être moins évident aux yeux du grand public : elles impliquent toutes, à des degrés divers, l’utilisation des technologies informatiques et numériques. Utilisées à mauvais escient, ces dernières peuvent stimuler la prolifération de la fraude et de la criminalité, notamment de la cybercriminalité. Mais dans le cadre de programmes comme ceux du gouvernement burkinabè, elles pourraient en revanche révolutionner la gouvernance et mettre un terme à des pratiques illicites, ou simplement contre-productives : un potentiel que la présidence actuelle semble vouloir exploiter au maximum.

Dès sa réélection en 2020, le Président Kaboré a fait de la numérisation l’un des piliers de sa refonte de l’État. Dans son Programme 2021-2025, il engageait son gouvernement à concentrer « tous [ses] efforts sur la digitalisation de l’administration publique pour positionner l’économie numérique comme moteur de croissance sectorielle ».

Traçabilité des données

À l’évidence, la numérisation représente une occasion historique pour le Burkina d’accélérer son développement grâce aux TIC. Le secteur des télécoms, du fait de son importance et de son impact transversal, est appelé à jouer un rôle primordial dans cette transformation souhaitée par le gouvernement. D’où l’importance de bien l’encadrer.

L’un des avantages du numérique est la traçabilité des données et des transactions. C’est d’ailleurs ce qui en fait cette arme si efficace contre la corruption et la fraude, que le gouvernement Kaboré souhaite combattre depuis son arrivée au pouvoir. Virtuellement, tout ce qui est généré par et sur les réseaux des opérateurs mobiles est traçable. Mais encore faut-il disposer des outils adéquats pour mettre à profit cette traçabilité.

À l’heure actuelle, le régulateur burkinabè des télécoms (ARCEP), comme nombre de ses homologues africains, continue de recevoir les données sous forme de rapports et de fichiers modifiables à volonté ou corruptibles, suite à une erreur ou volontairement. Il n’y a donc pas de réelle connexion de données entre le régulateur et l’industrie qu’il est censé réguler.

De l’avis des experts, cet écueil a des conséquences certaines pour les principaux intéressés, à commencer par les abonnés africains dont la protection des intérêts dépend, pour une large part, de la capacité du régulateur à faire un suivi adéquat du secteur en termes de facturation, de service et de sécurité. Pour les autorités fiscales et le gouvernement lui-même, cela peut compromettre les objectifs de mobilisation des recettes ainsi que la pleine réalisation des politiques liées au secteur des TIC.

Au final, ce sont les opérateurs eux-mêmes qui finissent par en payer le prix en pénalités, ce qu’un suivi plus direct et proactif de la conformité aurait pu éviter. Ces mêmes opérateurs sont également affectés par l’absence d’outils de collecte de données, nécessaires aux processus d’harmonisation, de compensation et d’arbitrage au sein du secteur.

L’Afrique, pionnière des RegTech

Ces outils, d’autres pays d’Afrique subsaharienne les ont déployés, en s’appuyant sur l’expertise de partenaires techniques spécialisés tels que Global Voice Group. Au Rwanda, par exemple, dans le cadre de la numérisation de l’État, les outils du régulateur multisectoriel ont été numérisés dès 2012. Dans les années qui ont suivi, la Tanzanie et l’Ouganda ont adopté la même approche pour s’attaquer à plusieurs problèmes chroniques tels que le parasitage des interconnexions internationales par des fraudeurs, le vol et la contrefaçon de téléphones, les fuites de revenus du secteur, etc.

En 2017, le Ghana lui a emboîté le pas en mettant en place une ambitieuse plateforme de données connectant l’ensemble du secteur aux autorités télécoms et financières du pays, la NCA et le GRA. Lors de son inauguration, le Président Akufo-Addo, a ainsi qualifié cette plateforme de « pierre angulaire pour la réalisation de la vision gouvernementale d’un Ghana numérique ». Le pays y a également eu recours l’an dernier pour optimiser le processus décisionnel grâce aux données mobiles dans le cadre de la réponse à la pandémie de Covid-19.

Au Burkina, de telles initiatives pourraient parfaitement s’inscrire dans un plan plus global de numérisation de l’État, non seulement dans ses relations avec les citoyens, mais aussi avec des secteurs aussi porteurs que celui des TIC.

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