Comme si c’était hier, je me rappelle de mon dernier cours de communication (si l’on peut s’exprimer ainsi) reçu de cette illustre enseignante. C’était le lundi 25 novembre 2019, dans la salle de conférence de Ouaga 2000 à l’occasion de la 11è édition des Universités Africaines de la Communication (UACO). J’y ai pris part en qualité de Directeur Général Adjoint de l’Institut Supérieur de la Communication et du Multimédia (ISCOM). En effet, Marie-Soleil FRERE intervenait au panel 1 : « Information et communication en période de crise, un panel modéré par le professeur Serge Théophile BALIMA, également un de nos enseignants émérites au Département Arts et Communication de l’Université Pr Joseph KI-ZERBO de Ouagadougou.

Au niveau dudit panel, Marie-Soleil FRERE assurait la Communication 1 libellée : « Information et communication en période de crise : plaidoyer pour une réhabilitation de la vérité ». De son intervention, on retient qu’aujourd’hui, plus qu’hier, le mensonge (fake news) est très répandu et cela semble n’émouvoir personne. Elle explique que de plus en plus, des acteurs du traitement de l’information s’engouffrent dans le culte de l’émotion, de la subjectivité et de la désinformation avec des théories et des complots sur Facebook et WhatsApp qui deviennent de nos jours des plateformes ou déferlent la suspicion et le mensonge, des outils de diffusion d’informations non vérifiées car les acteurs de diffusion des informations ne sont pas formés et soumis à la déontologie de l’information et de la communication. Elle explique également que le besoin de communiquer à l’endroit des masses est devenu si pressant que même les armées, les « grandes muette »s, se sont dotées de communicants pour interagir et partager des informations clés à l’endroit des citoyens.

Selon Marie-Soleil Frère, on assiste à une prise d’assaut de la toile parfois même par des terroristes, quand on sait que l’année 2019 a été émaillée par des attaques terroristes récurrentes au Burkina Faso. Alors, elle invite les professionnels de l’information et de la communication à ne pas glisser dans le même travers en contribuant à enflammer les esprits, mais à plutôt contribuer, grâce à leurs différentes productions, à l’apaisement. Une démarche qui s’inscrit dans l’approche « journalisme de paix ».

Marie-Soleil FRERE prône ce genre de journalisme au service de l’information du public, attaché à la vérité des faits et qui engage la responsabilité sociale du journaliste, contrairement au journalisme qui attise la haine. La vérité des faits dans le traitement de l’information par le professionnel de l’information et de la communication.

Marie Soleil FRERE a beaucoup insisté sur cet aspect de la question. Elle explique que très souvent, les journalistes sont des « doubles agents ». Ils sont des professionnels de l’information et de la communication certes, mais ils sont parfois des acteurs politiques. Pour ce faire, elle appelle les journalistes à éviter de « brouiller la version cruciale de la recherche de la vérité » dans leur profession. « Il faut préférer la vérité au marketing » insiste-elle. Par ailleurs, pour accompagner le continent africain dans ses efforts de développement, Marie Soleil FRERE invite les journalistes à ne pas seulement s’attacher au sensationnel, s’intéresser uniquement au train qui déraille ou qui n’arrive pas à l’heure, mais à s’intéresser aussi au train qui arrive à l’heure et encore plus au train qui arrive avant l’heure.

Auteure de plusieurs ouvrages sur les médias en Afrique, les travaux de recherche de Marie-Soleil Frère s’intéressaient particulièrement aux système médiatiques d’Afrique subsaharienne, notamment les rôles et pratiques des professionnelles des journalistes dans des contextes de mutations politiques. Elle avait ainsi dédicacé l’un de ses derniers ouvrages, « Journalismes d’Afrique » à Ouagadougou en février 2018.

Marie-Soleil frère était aussi l’épouse du comédien et dramaturge burkinabè, Etienne Minoungou, promoteur du festival théâtral « Les Récréatrales » qui se tiennent chaque année à Ouagadougou.

Kimségninga SAVADOGO
Ancien étudiant au Département « Arts et Communication » de l’Université
Pr Joseph KI-ZERBO, Directeur Général Adjoint de l’Institut
Supérieur de la Communication et du Multimédia (ISCOM)