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An I du Covid-19 au Burkina : « Nous avons tous appris à vivre avec la maladie »

Publié le mardi 9 mars 2021 à 21h19min

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An I du Covid-19 au Burkina : « Nous avons tous appris à vivre avec la maladie »

Après avoir suivi à répétition cette « mystérieuse maladie » qui a fait son apparition en Chine, les Burkinabè ont appris dans la soirée du lundi 9 mars 2020 qu’il y a eu deux nouveaux cas sur leur sol. Le sujet était sur toutes les lèvres. Un an plus tard, quels souvenirs retiennent les journalistes, eux qui avaient donné l’information ? Quelques-uns témoignent…

Doumadjé Rodrigue Guel, Burkina Info : « Personnellement, l’annonce du premier cas de la maladie au Burkina ne m’a pas du tout surpris. Dans ce sens que la maladie était déjà à nos portes, notamment en Côte d’Ivoire, le Togo. Avec la mobilité des gens, il fallait s’attendre à cela. Cependant, la réalité était difficilement acceptable. Au sein de la population c’était la psychose. On disposait de peu d’informations sur la maladie et pire aucun remède ne semblait être disponible pour lutter contre.

Doumadjé Rodrigue Guel, Burkina Info

Comment allons-nous nous en sortir dans cette crise qui était une menace pour le monde ? C’était la question qui taraudait chaque fois mon esprit quand on sait que les mesures de prévention (lavage de mains, distanciation sociale, tousser ou éternuer dans le creux de la main...) pour lutter contre la pandémie serait difficile à respecter dans un pays comme le Burkina où les liens sociaux sont sacrés.
L’autre inquiétude, c’était de voir comment les agents de santé allait faire face à la pandémie quand on sait qu’ils n’ont pas été outillés à prendre en charge ces cas. Mais aussi le manque et l’insuffisance du plateau technique. »

Justine Bonkoungou, Lefaso.net : « Le 9 mars 2020, lorsque nous apprenions qu’il y avait deux cas de Covid-19 au Burkina, c’était des questions à n’en point finir. Il faut dire qu’avant ces cas, nous voyions la maladie bien loin de nous, de notre pays. Et apprendre qu’il y a des cas chez nous, ne nous a pas du tout rassurés. Que des questions. Comment c’était possible avec toutes les précautions qu’on nous avait annoncées ? Le pays était aussi exposé et vulnérable que ça ? Qui étaient-ce ? On essayait du mieux que l’on pouvait de le savoir, même si nous étions un peu incrédules.

Justine Bonkoungou, Lefaso.net

Puis quelques jours plus tard, lors d’une tournée avec la ministre de la Santé de l’époque, nous apprenons l’existence d’un troisième cas. En ce moment, nous réalisons que la situation devenait sérieuse et la peur a commencé à s’installer. Le Covid-19 est même venu bouleverser notre façon de travailler. Pour éviter les rassemblements, la conférence de rédaction se fait désormais en ligne et nous nous sommes adaptés. Aujourd’hui, nous avons appris à vivre avec la maladie, en respectant les gestes barrières. »

Gaspard Bayala, Les Editions Sidwaya : « J’étais en reportage lorsque l’annonce de l’apparition de la maladie au Burkina Faso est tombée. Quand j’ai appris, j’étais surpris parce que je croyais comme tout le monde que le pays serait épargné à cause des températures élevées.

Mon premier réflexe a été de faire des recherches sur les modes de contamination sur internet et les mesures de prévention. Quand les mesures de fermeture des écoles, des lieux de culte, des bars, etc. ont été annoncées par le gouvernement, j’ai compris l’urgence de la situation. J’étais chargé de suivre le point de presse journalier au Service d’information du gouvernement (SIG) pour le compte de Sidwaya.

A chaque fois que je devais y aller, je portais toujours mon masque et j’avais même acheté des gants de protection. Parce qu’il faut dire qu’au début, personne ne connaissait grand-chose sur la maladie. Les débuts, ce qui me faisait peur, c’était la prise de température au SIG avant d’avoir accès à la salle. Quand j’arrivais là-bas, dès que l’agent pointe le Thermoflash sur mon front, c’est à peine si je ne tremblais pas. Quand il me dit que la température est normale, j’étais chaque fois soulagé.

Gaspard Bayala, Les Editions Sidwaya

Mon inquiétude se justifiait par le fait de mon état de santé pendant cette période. Je suis régulièrement enrhumé et quand j’ai appris que le rhume fait partie des premiers signes, j’avais encore plus peur. Je me rappelle qu’une fois, j’ai même stimulé un appel pour éviter la prise de température parce que c’était flippant. Fort heureusement que toutes les fois que ma température a été prise, elle était normale.

J’avais surtout peur pour ma famille et mes amis, parce que je peux dire que nous journalistes étions exposés compte tenu du fait que malgré l’interdiction de sortir, nous avions l’obligation d’aller recueillir l’information pour les populations. Je lavais donc régulièrement mes mains au savon et j’utilisais du gel hydroalcoolique. J’avais acheté des plaquettes de vitamines D et C que je prenais régulièrement pour renforcer mon système immunitaire.

Mais, actuellement, les choses se sont améliorées et je crois que nous avons tous appris à vivre avec la maladie. Elle a changé nos habitudes et notre mode de vie. Même si certains continuent de la banaliser, il est toujours préférable de respecter les mesures barrières édictées par le gouvernement pour briser la chaîne de contamination ».

Propos recueillis par Cryspin Laoundiki
Lefaso.net

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