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Femme dans la recherche : Le règne de la discrimination et de l’autocensure

Publié le lundi 8 mars 2021 à 09h17min

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Femme dans la recherche : Le règne de la discrimination et de l’autocensure

La science n’a pas de sexe et même si elle devait en avoir, ce serait le sexe féminin. Incontestablement, les femmes sont aussi capables que les hommes d’exceller dans ce domaine et pourtant elles sont sous-représentées. La science est un univers masculinisé ne laissant qu’une portion congrue à la gente féminine : la proportion de femmes scientifiques est de seulement 29,3% dans le Monde et légèrement plus élevé en Afrique subsaharienne 31,8%.

Entre discriminations et autocensures, il y a trop peu de femmes dans le monde de la recherche et par ricochet aux postes clés. Les carrières des femmes doivent elles se résumer derrière leurs « casseroles » ? Face à cette évidence, les centres de recherche, les gouvernants doivent mettre en place des formations sur les stéréotypes de genre.

Les stéréotypes doivent-ils être plus forts que la raison ? Les scientifiques, que l’on imaginait au-dessus des préjugés, ne font malheureusement pas exception à la pensée dominatrice qui veut que science soit égale à homme : 80% des scientifiques, quasi indifféremment de leur sexe partage sciemment ou inconsciemment cette assertion.

A leur décharge, cela commence dès l’enfance, par des représentations qui impactent négativement les performances des filles en mathématiques et leur orientation vers les sciences exactes. Celles qui échappent à ce premier tamis, sont rattrapées lors des recrutements par un tamis plus fin et plus subtile aux mailles tressés par tous ces fils de préjugés conscients et inconscients enfouis ou apparents dans l’imaginaire collectif, devenus normes.

La place minimaliste de la femme dans la recherche est une plaie de plus de notre société. En étouffant, en sacrifiant toutes ces potentialités au nom d’un machisme triomphant, on singularise le regard en y perdant une certaine sensibilité, une douceur et une perspicacité propre aux femmes ; somme toute dommageables à la société et à son évolution.

Notre société étant le reflet de notre humanité ; pour la construction de sociétés plus justes, prospèrent, agréables à vivre, en somme plus humain au sens divin du terme, il est impérieux que les opportunités dans tous les domaines en général et dans la science en particulier échappent au filtre du genre : la compétence et le mérite doivent constituer les seuls critères qui vaillent.

Il faut lutter contre tous les stéréotypes liés au genre en amont en insistant sur la sensibilisation et par des politiques éducatives plus ambitieuses et réalistes et en aval en améliorant le fonctionnement des instances de recrutement, de promotion et de valorisation par la correction des tords séculaires dont les femmes en sont et restent longtemps les victimes oubliés et négligées.

Dr Bougouma Edith Christiane
PharmD, PhD en Santé Publique/Microbiologie
Email:bougouma.cedith@gmail.com

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Vos commentaires

  • Le 8 mars 2021 à 11:17, par Chercheur En réponse à : Femme dans la recherche : Le règne de la discrimination et l’autocensure

    Je ne partage pas cette analyse.
    Je crois plutôt qu’il faut aborder le sujet de la sous représentation de la femme sous l’angle des intérêts de chaque personne. Et jusqu’à présent la recherche surtout dans certains domaines ne présente aucun intérêt pour la promotion sociale, sauf depuis quelques années avec la revalorisation des salaires des enseignants chercheurs et chercheurs. Et à ce sujet vous constaterez qu’il ya depuis lors de plus en plus de femmes.
    Moi je suis dans une équipe de recherche avec une parité parfaite qui c’est fait tout seul, dans un domaine de science dure, car au cours de notre cursus universitaire et même pour le recrutement aucune faveur n’as été faite à mes collègues dames (notez qu’aucune faveur n’a été faite au hommes aussi), elles se sont imposés et sont incontournables.
    Pour moi, dès qu’un domaine de la vie présentera un intérêt pour la gente féminine, vous verrez les dames s’y battre et s’imposer. La seule chose qui vaille c’est de sensibiliser tout le monde (femme et homme) sur les opportunités pour faire de la recherche, les opportunités du métier de chercheur et sur l’impact social d’une telle activité. Hors mis ça le débat féministe basé sur une interprétation absolue des chiffres est non fondé et même dangereux.
    Juste mon avis personnel avec tout mon respect à ma très chère collègue que je félicite au passage pour ce article qui est d’une grande contribution sociétale.

  • Le 8 mars 2021 à 17:16, par Yovis En réponse à : Femme dans la recherche : Le règne de la discrimination et de l’autocensure

    Allons de l’avant seulement !!! Demain est mieux. Existe t’il une discrimination institutionnalisée dans ce domaine ???

  • Le 18 mars 2021 à 11:54, par EDITH BOUGOUMA En réponse à : Femme dans la recherche : Le règne de la discrimination et de l’autocensure

    Cher confrère,
    Merci pour votre point de vue très bien argumenté que j’ai lu avec beaucoup d’intérêts. Dans le fond nos idées ne sont pas si loin. Toutefois, votre commentaire a un soupçon de quiproquo et de légères divergences qui m’interpellent.
    Partant de la réalité que tout Homme n’est mobilisable qu’autour de ses intérêts, je suis partiellement d’avis avec vous, que si les femmes trouvent leurs intérêts dans la recherche comme dans tout autre domaine d’ailleurs, elles se battraient pour trouver leurs places. Encore faut-il, qu’elles soient informées, coachées et accompagnées. D’où la nécessité d’insister sur la sensibilisation des femmes elles-mêmes sur l’autocensure et le renoncement qu’elles s’imposent très vite sur certains types de métiers dont la recherche. Il y a aussi urgence et nécessité de sensibiliser les mentors, coaches et les accompagnants potentiels de manière à battre en brèche tout idée inéquitable fondée sur le genre.
    Je ne peux vous laisser dire que l’engouement des femmes pour la profession serait lié aux récentes revalorisations salariales des métiers d’enseignants chercheurs. C’est réducteur à double titre en ce sens que cette revalorisation salariale ne concerne que le Burkina Faso alors que le problème dont nous traitons est universelle d’une part et que la femme serait sans passions, intéressée qu’elle est que par où l’argent coulerait à flot d’autre part.
    Je reste convaincu que des préjugés sexistes subsistent dans le milieu au détriment des femmes qui s’y sont aventurées. Des publications.
    Chercheur depuis plus de 15 ans et loin de moi toute susceptibilité, mon expérience et mes échanges avec d’autres chercheurs d’ici et d’ailleurs me convaincs que le problème mérite d’être considéré. Et il est d’autant plus complexe que ces iniquités ne sont plus exprimées crument. Elles sont enrobées dans des couches successives de bons sentiments et de bonnes intentions, tout en gardant leur puissant pouvoir inhibiteur. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ?
    Je suis ravie de vous lire sur la détermination, l’engagement et le combat des vaillantes femmes qui composent votre équipe de recherche. C’est tout à leur honneur en particulier et à celui des femmes en général. C’est tout ce que nous demandons, cette reconnaissance et ce traitement indifférencié pour le travail et toutes les promotions et avantages qui en sont liés. On ne demande pas de passes droits ; car ils confirment l’infériorité intellectuelle de la femme qui aurait besoin d’un « aide artificielle » pour pouvoir faire ce que l’homme fait naturellement.
    En définitive, merci pour votre belle contribution car je reste convaincu que la communication est la clé de voûte de cette pertinente question de société qu’est la lutte contre les inégalités de genre dans le monde.
    Bien cordialement,

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