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Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

Publié le lundi 1er mars 2021 à 22h47min

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Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

Les élections couplées présidentielle et législatives de novembre 2020 sont belle et bien terminées. La bataille a donné un vainqueur et les perdants ont tous reconnu leur défaite, sauf peut-être un seul qui reste sur sa rancœur et qui a pourtant un lot de consolation, celui de chef de file de l’opposition. Une reconnaissance officielle de son droit de s’opposer et, de premier des perdants qu’il peut rassembler, organiser pour faire entendre leur voix et indiquer la voie qu’ils suivront quand les électeurs reconnaîtront leurs charmes et leurs compétences pour diriger le pays.

Wend-Venem Eddie Hyacinthe Komboïgo, le nouveau chef de file de l’opposition politique, va devoir faire preuve de talent et de force de persuasion pour convaincre les nombreux partis en déroute après la présidentielle et les législatives de faire bande avec lui, pour affronter le pouvoir de RMCK (Roch Marc Christian Kaboré), son parti le MPP (Mouvement du peuple pour le progrès) et ses nombreux alliés.

Dès l’annonce des résultats de l’élection, en tant que candidats à la présidentielle, ils avaient à peine fini de faire une déclaration commune de non reconnaissance des résultats proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), que le front de l’opposition a volé en éclats, avec des débris qui se sont retrouvés au siège de campagne du candidat Roch pour le féliciter de sa victoire. Cela préfigurait des difficultés prochaines de cohabitation, de faire équipe ensemble, de s’aligner derrière le Chef de file de l’opposition.

Aujourd’hui on sait plus ou moins que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) aura du mal à rallier autant de partis que l’UPC (Union pour le progrès et le changement) de Zéphirin Diabré. D’abord à cause des personnalités propres des deux hommes, Eddie et Zéphirin.

Ce n’est pas faire une insulte au candidat arrivé deuxième à l’élection présidentielle, que de dire que, pour bon nombre de politiciens, il est un "imposteur" en politique car n’ayant pas une vie de militant politique. Il s’est fait connaître comme un « golden boy », devant son succès dans les affaires grâce à l’entregent du clan Compaoré. La manière dont il a conquis le CDP avec la bénédiction des exilés d’Abidjan illustre parfaitement son désamour avec une partie de la classe politique. C’est un CDP qu’il a pris à la hussarde mettant dehors ceux qui contestaient sa légitimité. Si au sein du CDP, la bénédiction de Blaise Compaoré et /ou celle de François Compaoré suffisait, en tant que Chef de file de l’opposition, il lui faudra faire plus pour attirer et faire venir à lui les partis d’opposition. Il va lui falloir un peu plus d’épaisseur politique. Et c’est cela qui manque le plus. À lui de nous donner tort par sa pratique.

Une opposition peau de chagrin

L’autre rocher sur sa route, c’est l’action du MPP et du président Kaboré pour assécher l’opposition en hommes et en idées. Le CDP doit reconnaître que Rock Kaboré s’est comporté en héritier politique de Blaise Compaoré, en attirant l’UPC au gouvernement. Et l’autre aspect de cette politique de strangulation de l’opposition, c’est de lui prendre sa rhétorique. Dès le lancement de la campagne, pour enlever au CDP une promesse de campagne, Roch s’est engagé à faire rentrer Blaise Compaoré, s’il est réélu, et cela dès le premier semestre de son nouveau mandat. Et pour aller plus loin, il a promis la réconciliation qui n’était plus un argument offrant un avantage comparatif puisqu’il est devenu une offre publique que même le parti au pouvoir proposait. Les partis de la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER) se sont vus dépossédés ainsi de leur chose et sont devenus inaudibles. Et encore plus aujourd’hui avec le ministre d’État à la Présidence chargé de la Réconciliation et de la Cohésion sociale.

Le parti de Djibrill Bassolé, la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) qui était un membre influent de la CODER a aussi fait son « coming out » en optant de rejoindre les rangs de la majorité présidentielle.

Eddie Komboïgo voit bien qu’aujourd’hui il y a deux baobabs unis et son parti qui n’est que l’ancien parti au pouvoir les a contre lui. L’union CDP et UPC ne s’est jamais faite pour terrasser le baobab MPP. L’opposition est aujourd’hui en débandade sur tous les plans. Et avant qu’Eddie Komboïgo ne prenne ses rênes, celle-ci a rejoint, par vagues successifs, le pouvoir.

Il y a des partis qui, quand bien même ils resteraient dans l’opposition, ne composeront jamais avec le CDP. Ce sont les partis sankaristes qui étaient autour de l’ancien chef de file de l’opposition. Et il y a aussi la troisième voie réclamée par Soumane Touré et le professeur Abdoulaye Soma, qui s’est constituée lors de la dernière législature et qui va peut-être attirer davantage de partis. Tous les partis de gauche qui étaient contre le dictateur déchu Blaise Compaoré et qu’ils ne veulent pas voir même en peinture, ne vont jamais faire bande avec le CDP comme « bandit chef ».

Eddie Komboïgo ne sera pas un chef rassembleur comme Zéphirin Diabré, parce qu’il n’a lutté avec personne. La politique et les hommes politiques c’est cela aussi, ce sont les combats qu’ils mènent, les hommes et les partis avec qui ils luttent qui les grandissent et leur donnent de la consistance.

Au final, l’opposition à Rock Kaboré risque de se réduire aux partis qui soutenaient la révision de l’article 37 de la constitution : CDP et ADF/RDA avec le mouvement Agir ensemble, qui est petit-fils du CDP et qui n’était pas encore né en ces temps de braise.

Sana Guy
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 1er mars 2021 à 10:31, par Bigbalè En réponse à : Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

    Ne vous inquiétez pas outre mesure, Mr Eddie aura des partis avec lui dans l’opposition puisqu’il y a au moins un budget de 100 millions par an à gérer. Ceux qui savent qu’ils seront invisibles, incolores, inodores et inaudibles en allant vers le MPP n’auront d’autres choix que d’aller au CFOP pour au moins avoir droit à un micro tous les mardis pour dire ce qui ne va pas au FASO ! Crédibles ou pas, il seront là puisque le ridicule ne tue plus au Burkina. Bon vent au CFOP dans le bateau piloté par le CDP !

  • Le 1er mars 2021 à 13:15, par HUG En réponse à : Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

    Certains sont allés au soupe pour assecher nos maigres ressources. Qui vivra longtempd verra.opposants ou autres je n est plus confiance a nos hommes politiques car c est le mois d abord. Le peuple suit apres. Ils oublient de slogan d etienne tsechikedi : le peuole d abord

  • Le 2 mars 2021 à 07:28, par Gomera En réponse à : Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

    C’est a présent que les burkinabè comprendront la valeur de Zeph
    N’importe qui ne peut pas gérer le cfop
    Pour gérer cette institution avec cette maigre ressource il faut avoir la carapace solide et savoir manager les différents partis membres
    Même organiser tous les mardis des conférences de presse ce n’est pas évident
    Wait and see c’est maintenant que vous allez regretter le pauvre DIABRE

  • Le 2 mars 2021 à 07:54, par Le Pacifiste En réponse à : Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

    Une très bonne analyse qui est vraie comme le coucher du soleil. Mais en tant que journaliste, il faut éviter d’utiliser des mots très durs à l’endroit des gens : ( imposteur) même si vous l’avez mis entre griffe, (dictateur) il faut éviter de parler ou d’écrire comme les journalistes occidentaux lorsqu’ils parlent des anciens chefs d’état africains, ils n’ont pas un autre mot si ce n’est dictateur

  • Le 2 mars 2021 à 08:40, par Verité En réponse à : Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

    Les gens ont compris que l’opposition est un vain mot au Burkina Faso ; une perte de temps. Le jeu démocratique est subtilement dévoyé ; à quoi bon ! Ne vont aller effectivement au fil de l’opposition que tous ceux qui ne savent où aller ; les mal lotis politiquement. C’est certainement cela qui explique qu’il n’y a pas beaucoup de bousculades.

  • Le 2 mars 2021 à 09:24, par La Sagesse Africaine En réponse à : Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

    Les burkinabè doivent comprendre que la démocratie c’est le respect des valeurs républicaines, c’est le respect de l’autre dans sa différence (de race, d’ethnie, de religion, de genre, etc.). Nous voulons donc d’une opposition républicaine qui ne s’oppose pas systématiquement à ce que son vis-à-vis fait même quand ça arrange le plus grand nombre (ou même qu’elle fera exactement la même chose si elle était au pouvoir - car il n’y a pas deux façons de développer un pays). Animer l’opposition politique c’est jouer de façon républicaine le rôle de contre-pouvoir en occupant le terrain politique sainement de façon à rallier l’électorat à sa cause pour les échéances à venir. Vu sous cet angle, chacun doit savoir de quelle côté se placer...pour les 5 prochaines années (2020 - 2025).

    • Le 2 mars 2021 à 12:11, par Amadoum En réponse à : Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

      Felicitation a Sagesse Africaine car c est de cela qu il s agit.Ce qui a fait perdre Zeph c est son opposition systematique au pouvoir et son grand desir de faire la promotion du cdp.Et ça je l avait bien dit sur ce forum qu il allait "mordre la poussiere".Tous ceux qui avaient insulté Me Benewindé doivent faire leur mea culpa pcq son choix etait le moindre mal.

      • Le 3 mars 2021 à 09:30, par yelmingaan blaan saa hien En réponse à : Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

        hum !entre le grand Zeph et SAnkara aujourdhui,qui est super ministre ?celui qui a joué les prolongations pour faire monter les enchères et gagner le fond "onctueux de la soupe"ou celui,gourmand et impatient qui s est livré a vil prix tout de suite ?

  • Le 2 mars 2021 à 12:08, par Ouedraogo Camille En réponse à : Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

    Très sincèrement le nouveau CFOP du Président Eddie KOMBOIGO sera très différent du CFOP de Mr DIABRE. Il faut reconnaitre que Zeph était un grand rassembleur ce qui lui a permis de gérer pendant 10 ans le CFOP. Ça sera un peu plus difficile pour Eddie mais il sen sortira avec le départ de certains parti comme la NAFA du Pr DICKO, l’ESPOIR de Jean Hubert BAZIE, le MAP de Victorien TOUGMA et le PJD de Dieudonné B BAKOUAN. Avec Gilbert OUEDRAOGO, Ablasse OUEDRAOGO. Kadre OUEDRAOGO et autres Eddie pourra constituer jnr opposition forte. Bon courage a tous

    • Le 2 mars 2021 à 13:43, par Teeltaaba En réponse à : Chef de file de l’opposition : On ne se bouscule pas au portillon !

      Merci pour l’artuncle.
      Je voudrais tout simplement dire que KOMBOÏGO n’a pas la carure d’un rassembleur et voilà pourquoi aucun ne veut s’affilier au CFOP.
      Faire de la politique demande du charisme que ce Monsieur n’en a pas. Il ne sait pas parler si ce n’est que injurier les autres, les adversaires politiques. C’est ce qui a secoué le CDP avant les élections et l’avenir donnera raison à Mahamadi KOANDA. KONBOÏGO à la tête du CDP c’est la mort programmée de ce parti. Blaise et les sages n’ont pas choisi le bon cheval pour conduire le parti.

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