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Droits de l’homme en Côte d’Ivoire : un rapport alarmant de l’UIDH

Publié le mercredi 19 octobre 2005 à 06h45min

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L’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH) a présenté, le vendredi 14 octobre 2005, à la presse, les résultats de la mission d’investigation sur les droits de l’Homme dépêchée du 21 au 31 juillet 2005 en Côte d’Ivoire. L’état des droits humains y est alarmant, note les rapporteurs qui étaient face à la presse au siège de l’UIDH à Ouagadougou.

Conformément à sa mission de défense et de protection des droits humains et compte tenu de la gravité de la crise vécue par le peuple ivoirien et les autres peuples de la sous-région, l’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH) a dépêché une mission d’investigation sur les droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Le rapport de cette mission qui vient d’être déposé fait l’état des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire et donne des perspectives en vue de trouver une solution de sortie de crise pour ce pays.

Il a donc été question des droits civiques, économiques et socioculturels des populations concernées. Dans sa déclaration liminaire, le président de l’UIDH, Maître Halidou Ouédraogo a rappelé que « dans le cadre de la recherche de la paix, l’Union avait communiqué sa stratégie d’action et sa méthodologie exécutée en quatres étapes en direction de la Côte d’Ivoire et des pays limitrophes ».

Il a ajouté que « les experts de l’UIDH ont bien caractérisé la crise qui secoue la Côte d’Ivoire de façon juste ». Ainsi, il ressort du rapport, un tableau peu reluisant de la situation. « Celle-ci est d’une grande complexité marquée par l’exacerbation de toutes les contradictions de la société ivoirienne et par des enjeux aux dimensions multiples ». Les droits de l’Homme sont bafoués. Le rapport cite les violations massives des droits humains telles les charniers, des viols, les déplacements de populations et les diverses exactions tant du côté des forces loyalistes que des rebelles, qui jouissent d’une impunité totale.

Me Halidou Ouédraogo de l’UIDH

Le rôle néfaste de certains médias ivoiriens est dénoncé. Selon l’enquête, « le rôle néfaste de nombreux médias ivoiriens et étrangers dans le traitement de l’information contribue à aggraver la crise ». Pour le responsable de la mission, le professeur Drissa Touré, des voies de sortie de cette crise sur des bases durables existent. De son avis, « toute recherche de solutions à cette crise doit s’inscrire dans la durée. Elle doit aussi prendre en compte les problèmes à résoudre en Côte d’Ivoire et dans la région, réconcilier les belligérants, impliquer les populations civiles, ne pas les marginaliser et régler les questions de l’impunité.

L’ONU, l’Union africaine et la CEDEAO doivent tout mettre en œuvre pour éviter une reprise de la guerre en reportant les élections du 30 octobre à une date ultérieure et en mettant un terme aux interventions des pays voisins ». Dans les perspectives post- conflit, le rapport propose « une aide des bailleurs pour la reconstruction du pays, la réinsertion des personnes déplacées et des réfugiés, la sécurisation de la sous-région ouest-africaine qui est entrée dans une zone de turbulence et d’insécurité ».

Drissa Touré, auteur du rapport

Les questions des journalistes ont, quant à elles, porté notamment sur les conditions de travail et la durée de la mission, l’écho sur l’appréciation du rapport et le séjour en zone rebelle. Le Professeur Drissa Touré a répondu que le séjour de la mission qui a duré 10 jours s’est effectué dans des conditions difficiles. Plusieurs rendez-vous ont été annulés du fait de la peur et de l’insécurité qui règne à Abidjan.

Cependant, l’existence de certaines données relatives à la crise a permis à la mission de recueillir le maximum d’informations. La mission s’est, en outre, rendue dans les pays comme le Bénin, le Niger, le Ghana, le Mali ... pour les besoins de l’enquête. Quant à l’écho reçu sur le rapport, le professeur a affirmé que l’ONU et une ONG suisse ont déjà signifié leur satisfaction bien que le rapport ait été envoyé, il y a tout juste une semaine.

Par rapport au séjour en zone rebelle, la mission n’a pas pu s’y rendre. Le présent rapport sera ajouté aux résultats des quatre autres missions effectuées depuis le déclenchement de la crise en vue d’une restitution globale à l’occasion d’une conférence régionale. Cette conférence permettra entre autres, d’écouter, partager, discuter autour des différentes recommandations pour une sortie de crise.

Marie -Chantal BOUDA
(stagiaire)
Sidwaya

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