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Yirgou, deux ans après : Le MBDHP Seno interpelle les autorités et les acteurs judiciaires

Publié le lundi 18 janvier 2021 à 16h02min

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 Yirgou, deux ans après : Le MBDHP Seno interpelle les autorités et les acteurs judiciaires

Le Mouvement burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples, section Seno, a organisé une conférence le 16 janvier 2021 à Dori. L’objectif est d’interpeller les autorités et les acteurs de la justice sur le drame de Yirgou dont la lumière sur les exactions se fait attendre.

La rencontre a connu la présence des personnes morales comme le grand imam de Dori, le vice-président du Conseil régional du Sahel, le 1er adjoint au maire de Dori. Dans sa prise de parole, Abdoulaye Hoeefi Dicko, le président du MBDHP Seno, a indiqué que la force d’une nation réside dans le strict respect de ses lois et dans la qualité et la solidarité des relations entre ses citoyens. La construction de la nation passe selon lui par des sacrifices individuels et collectifs, mais le drame de Yirgou reste à ce jour une des plus tristes et des plus douloureuses tragédies survenues dans l’histoire du Burkina Faso.

Depuis l’avènement de ce drame, l’on dénombre selon le MBDHP, plus de 200 veuves et 1500 orphelins. Et, avec eux, tous les Burkinabè épris de paix et de justice attendent désespérément une suite judiciaire. A en croire les conférenciers, ce nombre de veuves et d’orphelins corrobore les chiffres (210 morts) ressortis du bilan de cette tuerie de Yirgou que le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés avait annoncé. Le gouvernement, aux premières heures, avait annoncé un bilan de 46 morts. A écouter les conférenciers, le dossier est confié au parquet de Kaya et, selon les indiscrétions, 11 personnes identifiées parmi les Kolgwéogo (groupe d’autodéfense) seraient détenues au niveau de la MACO.

Des impressions d’impunité

Toujours est-il que, selon Abdoulaye Hoeffi Dicko, l’évolution dans le traitement du dossier laisse planer des impressions d’impunité. Il ajoute que la lutte contre l’extrémisme violent ne saurait expliquer cette "barbarie" ni l’impunité dont bénéficient les auteurs. En saluant les efforts des FDS qui sont au four et au moulin, le MBDHP /Seno affirme que la création d’un ministère chargé de la Cohésion sociale n’est pas une "hypocrisie politique". L’affaire de Yirgou devrait, selon la structure, constituer l’un des éléments phares sur lequel il faudra s’appuyer pour atteindre la cohésion sociale tant souhaitée par les Burkinabè.

Les participants à la rencontre

En tant que défenseurs des droits humains, leur objectif est toujours de réclamer justice pour cette tragédie digne d’une autre époque. De ce fait, le MBDHP/ Seno propose au gouvernement d’ériger une stèle à Barsalogho sur laquelle il serait inscrit « Justice pour Yirgou et plus jamais ça ! » A Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord, le MBDHP/Seno réclame également un monument en hommage aux victimes de Yirgou. Pour les orphelins et les veuves rescapés du drame, le MBDHP/Seno demande la prise en charge de ces victimes éparpillées à l’intérieur du pays dans des conditions lamentables.

La meilleure réconciliation

La réconciliation nationale est le terme galvaudé du moment selon les conférenciers. Ils soutiennent que la meilleure réconciliation est celle qui passe par la justice à l’image de l’Afrique du Sud et du Rwanda. On ne saurait construire une nation en cultivant l’impunité. La rencontre était également une occasion pour quelques rescapés de Yirgou à Dori d’apporter leurs témoignages pour étayer les propos des conférenciers. Ibrahim Barry, responsable santé et chargé de l’humanitaire au sein CISC qui a pris part à la rencontre, a remercié le MBDHP/Seno pour la tenue de cette rencontre sur le drame de Yirgou. De son avis, il y a lieu de revoir la stratégie de lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Car, dit-il, toute guerre se gagne avec la population. Il a par ailleurs salué le ministre en charge de la Réconciliation nationale qui a pris comme priorité les exactions de Yirgou et qui a fait le déplacement pour rencontrer le CISC sur ces questions.

Cette commémoration est la toute première activité de l’année sur le drame de Yirgou. Le MBDHP/Seno saisit l’occasion alors pour interpeller les autorités administratives et judiciaires de la région du Sahel sur les écarts de certains éléments des VDP (volontaire pour la défense de la patrie) de la région qui risquent d’envenimer la situation déjà pénible.

Daoula Bagnon correspondant Dori
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2021 à 16:17, par ARMAND En réponse à : Yirgou, deux ans après : Le MBDHP Seno interpelle les autorités et les acteurs judiciaires

    Monsieur DAOULA.? Comment est née l’affaire de YIRGOU ? Allons doucement et laissons la justice faire son travail. Il y a de l’étincelle dans l’air. Un rien et tout prend feu. Nous sommes tous des Burkinabés au même titre que le chef de l"état Rock. Nous sommes tous sensibles mais il faut aller avec tact pour ne pas allumer un feu qui couve. personne ne sortira gagnant. Vous pouvez comprendre les autorités sur la question. Doucement doucement ça ira. Il faut avoir un sens de l’apaisement.

  • Le 18 janvier 2021 à 17:50, par L’artiste En réponse à : Yirgou, deux ans après : Le MBDHP Seno interpelle les autorités et les acteurs judiciaires

    Nous avons effectivement suivi dans la presse que notre Ministre d’Etat est allé au siège du CISC. Je ne suis pas sûr que le choix du Ministre d’Etat Mr Zéphirin DIABRE d’aller toute de suite au siège du CISC soit la bonne et que cela ne va créer une crise de confiance entre les parties prenantes à ce dossier de Yirgou. Ce monsieur aurait-il un parti pris dans son nouveau rôle de "Réconciliateur" ou aura-t-il le temps et les ressources nécessaires pour aller dans les sièges de toutes les Associations qui travaillent pour la paix dans ce pays ? Cette démarche me semble risquée et certains citoyens pourraient la qualifier de populiste. Il aurait dû aller d’abord vers les institutions qui ont eu en charge cette question avant lui ou vers des personnalités coutumières ou religieuses au lieu d’aller, aussitôt nommé, au siège de ce Collectif comme si Yirgou est la seule priorité du moment et que c’est seul ce Collectif qui sait mieux que quiconque défendre la cohésion sociale. De toute façon, tout ce qui a été dit par les animateurs du Collectif depuis ce drame sonne encore dans la tête des parents des autres victimes civils et militaires qui sont des citoyens arrachés à la vie au même titre que les victimes de Yirgou et que nous pleurons tous ! Si Mr DIABRE continue ainsi, je ne suis pas sûr que lui-même ne va pas favoriser l’exclusion de certains groupes et ou des personnes et compromettre la mission à lui confiée par le Chef de l’Etat. Attention donc !

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