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Guillaume Soro : "Nous avons été exclus des débats de l’UA "

Publié le vendredi 14 octobre 2005 à 09h30min

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Dans le cadre de la tournée sous-régionale entamée depuis plus de deux semaines, Guillaume Soro, le Secrétaire général des Forces nouvelles a tenu une conférence de presse le 13 juin dernier à Ouagadougou, à l’hôtel Sofitel.

Au centre des échanges, la position des FN sur les recommandations du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine ; l’après-30 octobre ; la médiation de Thabo M’Beki, les rapports entre les FN, Mathias Doué et Jules Yao-Yao, entre populations de la zone rebelle et les Forces nouvelles, entre le Burkina et les FN ; etc.

La conférence de presse animée par le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro, était en grande partie axée sur les recommandations du Conseil de Paix et de sécurité de l’Union africaine ( CPSUA). Après un historique de la crise ivoirienne, Guillaume Soro a fait savoir que son mouvement, suite aux conclusions des travaux du CPSUA et à la veille de l’Assemblée générale des Nations Unies, a adressé une correspondance au Secrétaire général de l’ONU. Une correspondance présentant des propositions des FN sur la transition politique en Côte d’Ivoire.

Dans cette lettre, les Forces nouvelles exhibent dix points à revoir pour la bonne marche de cette transition. S’estimant avoir été exclues des débats de l’UA, elles ne cautionnent pas les recommandations prises lors de cette rencontre et se justifient en ces termes : " La présence des acteurs politiques ivoiriens de l’opposition aurait auréolé lesdites recommandations de la nécessaire onction de légitimité...

Si marcoussis demeure, c’est parce que toutes les parties étaient présentes à cet accord". Elles récusent la reconduction de Thabo comme médiateur de l’UA : " A ce jour, sept des dix forces politiques signataires de l’Accord de Linas Marcoussis et le premier ministre ivoirien lui ont retiré leur confiance sur la base d’éléments mettant en cause son impartialité".

Nécessité de mener les réformes

Pour Guillaume Soro, la position sud-africaine se justifie dès le moment où ce pays a beaucoup profité de la situation sur le terrain. Et d’ajouter que la position des FN reste la même en ce qui concerne l’après-30 octobre : " A partir du 30 octobre le mandat de Gbagbo arrive à échéance. Il deviendra un ancien président. Il faudra une nouvelle personnalité pour diriger la situation. Il y aura un vide constitutionnel et l’Union africaine, à l’instar des chefs d’Etat de la CEDEAO, a fait le constat évident de la fin du mandat de Laurent Gbagbo à l’échéance du 30 octobre 2005".

Les FN ne comptent pas utiliser systématiquement les armes au cas où leurs propositions ne seraient pas prises en compte. "Nous n’avons pas épuiser les autres voies", a affirmé Guillaume Soro. " A défaut d’avoir été consultée, notre intelligence, malgré notre bonne foi, n’a pas encore appréhendé les mécanismes qui ont permis à l’UA de transformer un citoyen en chef de l’Etat sans l’adhésion du peuple ivoirien et de sa classe politique", a-t-il déclaré.

Le conférencier du jour a fait savoir la nécessité pour les chefs d’Etat de la sous-région de tout mettre en oeuvre afin que soient menées les réformes constitutionnelles et législatives recommandées par la plupart des accords. Il a déclaré qu’un certain nombre de points sont restés en suspens lors de la dernière rencontre du Conseil de Paix et de sécurité de l’UA. Ce sont notamment l’article 35 (traitant des réformes constitutionnelles) et les lois sur l’identification.

Revenant au point 10, paragraphe 2 des recommandations de l’Union africaine relatif à la désignation d’ "un nouveau premier ministre acceptable par toutes les parties", Guillaume Soro a tenu a apporter des précisions : " La bonne interrogation est de savoir si c’est la personnalité du premier ministre qui est en cause ou si ce sont ses pouvoirs et son autorité qui ont été insuffisants...

Pour la majorité des ivoiriens le diagnostic est clair : le premier ministre aussi bien que tous les autres ministres ont été défaillants parce qu’ils n’ont jamais eu de pouvoirs suffisants pour l’accomplissement de leur mission, conformément à l’accord de Linas Marcoussis".

Pour pallier la situation, les FN proposent de désigner à leur tour "un premier ministre de type nouveau" ; un premier ministre qui devra en outre " présider les réunions des conseils de ministres, signer les décrets et les lois en exercice de la plénitude des pouvoirs de l’exécutif". Et ce dernier devra s’atteler, selon le secrétaire général des Forces nouvelles, à régler la question de l’identification, à mettre en place un code d’honneur sur l’identité, à démanteler rapidement les milices.

Oui aux sanctions

Pour ce qui concerne le désarmement et la sécurité du gouvernement, il propose la formation d’un état-major intégré qui regroupera les deux forces protagonistes (Forces armées des Forces nouvelles et Forces armées nationales de Côte d’ivoire). Cet état-major intégré devra être implanté, selon les FN, à Yamoussoukro qui sera aussi le lieu où auront lieu les Conseils de ministres, a fait savoir le secrétaire général des Forces nouvelles. Pour leur sécurité, les FN proposent que l’ancien président Henri Konan Bédié et l’ancien premier ministre Alassane Dramane Ouattara soient logés à Yamoussoukro.

Dans la même lancée, il a ajouté que la sécurité, au moment des élections, devra être assurée par les forces impartiales.

Les Forces nouvelles de Côte d’Ivoire ont affirmé qu’elles sont partantes pour les sanctions à infliger aux personnes coupables de crimes dans l’ensemble du pays, " si cela peut être un coup de pouce pour l’installation de la paix". Mais ces sanctions ne seront pas crédibles si elles écartent le président Gbagbo, a déclaré le conférencier.
Autre point abordé lors de cette rencontre, le Groupe international de travail (GIT) proposé par le Conseil de Paix et de sécurité de l’Union africaine.

Les FN ont fait savoir qu’elles récusent la présence de la Guinée dans cette entité. Une position qu’elles justifient en ces termes : "Le régime guinéen abrite sur son territoire trois mille miliciens ivoiriens à la solde de Gbagbo, armés, entraînés dans des camps de formation de l’armée guinéenne et prêts à lancer une offensive sur le flanc nord et nord-ouest de la Côte d’Ivoire...".

Les Forces nouvelles n’excluent pas le boycott des travaux avec le GIT du fait que sa présidence est assurée par l’Afrique du sud. Dans la même lancée, elles rejettent la tenue à Yamoussoukro du Forum de dialogue proposé par l’UA : " Le vrai forum de réconciliation, qui ne se fera pas sur fond de méfiance, de défiance et de haine, se tiendra après des élections...

Lors de cet entretien avec la presse, Guillaume Soro a fait savoir que les Forces nouvelles vivaient en symbiose avec les populations de leur zone et qu’elles ont tout mis en oeuvre pour assurer leur sécurité. Il a déclaré qu’il entretient de bonnes relations avec Mathias Doué et Jules Yao-Yao. Interpellé sur le fait que certains éléments de son groupe vivent dans " le luxe " dans des pays de la sous-région, il a affirmé que des mesures adéquates seront prises pour les ramener sur la bonne voie.

Sans occulter les bons rapports que les FN entretiennent avec le Burkina, il a fait savoir que son équipe rentrait satisfaite de sa tournée sous régionale. Le secrétaire général des Forces nouvelles était assisté, lors de cette conférence de presse, deIssa Konaté, porte parole des FN, du ministre Dosso Moussa , sécrétaire chargé des finances et du docteur Fatoumata Traoré, secrétaire national à l’identification.

Par Alain DABILOUGOU
Le Pays

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