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Soutenance de thèse de doctorat : Gustave Ilboudo analyse le « Dakiire » ou la parenté à plaisanterie

Publié le mardi 29 décembre 2020 à 10h30min

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Soutenance de thèse de doctorat : Gustave Ilboudo analyse le « Dakiire » ou la parenté à plaisanterie

Le jeudi 17 décembre 2020 a eu lieu à l’université Norbert Zongo de Koudougou, une soutenance de thèse de doctorat unique sur le dakɩɩre sous la direction du spécialiste de la question, Alain Joseph Sissao, directeur de recherche à l’Institut des sciences des sociétés (INSS) du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST) et de Georges Sawadogo, sémioticien, professeur titulaire à l’université Norbert Zongo de Koudougou.

La thèse intitulée Théâtralisation du dakɩɩre par la femme : analyse sémiotique du spectacle d’un rituel moaaga a été soutenue par Gustave Ilboudo devant un jury composé, outre les deux directeurs de thèse, de Yves Dakouo, professeur titulaire en sémiotique des textes littéraires à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, de Vincent Ouattara, professeur titulaire en culturologie à l’université Norbert Zongo de Koudougou et de Jacques Raymond Koffi Kouacou, maître de conférences à l’université Alassane Ouattara de Bouaké.

Dans un contexte de mondialisation où il est urgent pour chaque société de lutter pour la préservation de son identité et de ses valeurs, il est important d’exhumer certaines pratiques culturelles en voie de disparition. C’est pourquoi en se fondant sur la clarification conceptuelle faite par Alain Joseph Sissao du dakɩɩre, l’impétrant a fait une typologie de cette pratique culturelle séculaire de nos sociétés pour montrer l’existence d’un dakɩɩre « d’instinct grégaire », d’un autre « de création fortuite » et de bien d’autres encore, pour finalement focaliser son étude sur celui théâtralisé par la femme lors des décès et/ou des funérailles.

Le Dakiire véhicule des significations socioculturelles suivant des codes

Dans sa problématique, Gustave Ilboudo a constaté que ce type de dakɩɩre ne se fait que dans les circonstances de mort, tout en remarquant que toute mort n’a pas droit à la pratique. C’est pourquoi il a voulu savoir qui y avait droit, pourquoi l’avoir institué et pourquoi c’est uniquement la femme qui la pratique à l’occasion, son objectif principal étant de découvrir les significations socioculturelles de la théâtralisation du dakɩɩre par la femme.

Gustave Ilboudo pendant la présentation des résultats de sa recherche pendant la soutenance. En arrière plan, quelques membres de l’assistance.

Car fondamentalement selon l’impétrant, la pratique véhicule des significations socioculturelles suivant des codes. C’est ainsi que pour scruter ces codes, Gustave Ilboudo a convoqué certaines sciences comme la littérature orale en procédant par des enquêtes sur le terrain, l’ethnométhodologie pour ses concepts opératoires comme l’interactionnisme symbolique, l’indexicalité, la multiplicité des perspectives entre autres, quelques théories théâtrales, le tout articulé dans la sémiotique peircienne pour faire ressortir les significations socioculturelles de ce rituel. En somme, il s’est agi de faire de la sémiotique du spectacle.

Aux résultats, il ressort que le dakɩɩre par la femme dans sa dimension de spectacle est un moyen de communication sociétale utilisant pratiquement les mêmes codes que le théâtre conventionnel, mais recèle des particularités productrices de sens ; du fait de son caractère circonstanciel, car il a lieu ou non selon le « permis » et l’ « interdit » relativement au type de mort (« bonne mort » ou « mauvaise mort »), il est sens et cache des significations socioculturelles qui ont été étudiées en se fondant sur son aspect communication sociétale et son caractère d’objet de signification ; en s’intéressant à l’Etre du rituel en tant que spectacle.

L’étude a décortiqué le signe-femme et ses accessoires dans la perspective d’en donner le sens suivant les relations entre l’actrice et les différentes composantes comme l’espace, le temps, son rapport avec les spectateurs-acteurs ; de même, l’étude a abouti au fait que ce spectacle est un média anthropophysique qui nécessite la coprésence des émetteurs et des récepteurs pour la diffusion de messages avec des codes connus par les membres de la société, pour ne reprendre que ces quelques résultats.

Le jury apprécie positivement le travail de l’impétrant

Après les observations, les critiques et le débat questions-réponses entre les membres du jury et l’impétrant, le président du jury, Pr Yves Dakouo, donne le verdict suivant : « Monsieur Gustave Ilboudo, le jury après avoir vu votre travail, après vous avoir entendu en séance publique contradictoire, après en avoir délibéré, vous déclare digne du grade de docteur en sciences du langage, spécialité sémiotique avec la mention très honorable ».

Docteur Ilboudo qui est enseignant à l’université Norbert Zongo est également metteur en scène et à ce titre, il a, en collaboration avec certaines organisations non gouvernementales, formé des responsables de troupes théâtrales à la mise en scène théâtrale et à la réalisation du théâtre radiophonique dans les régions du Centre-Ouest et de l’Est, notamment pour la sensibilisation sur les problèmes de développement à la base. En plus de telles activités, il entre désormais de plein-pied dans la recherche. Il ne reste donc qu’à lui souhaiter une suite fructueuse dans sa nouvelle carrière de chercheur.

Synthèse : Dimitri OUEDRAOGO et contribution extérieure
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