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Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

Publié le vendredi 18 décembre 2020 à 13h25min

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Situation de Soro Rasmané :  Interpellée, l’ambassade de France s’explique

Notre confrère Afrikibaria.com a créé la polémique hier 17 décembre 2020 en républiant un article de 2017. Il porte sur le cas de Soro Rasmané, un "ancien" tirailleur sénégalais dont la France semble avoir oublié son cas. L’article a fait le buzz sur les réseaux sociaux et contraint l’ambassade de France au Burkina à réagir.

Burkina Faso : Soro Rasmané, ou le grand oublié des tirailleurs encore vivant. C’est le titre de l’article. En voici le contenu : "De 1945 à 1954, la guerre d’Indochine oppose la France au Vietminh, le front de l’indépendance du Vietnam. Les tirailleurs y sont envoyés pour renforcer l’armée française en manque d’effectifs,parmi eux, Soro Rasmane, ancien combattant du côté de l’armée française, il aura fait la bataille de Diên Biên Phu au côté de la France en Indochine, ce vieux réside actuellement au secteur numéro 03 de la commune de Gourcy, il y est avec sa famille, dans des conditions dépravantes, puisqu’il n’a pas de revenus à la fin du mois, donc pas de pensions pour lui.

Ce titulaire d’un brevet militaire parachutiste français depuis les années 1961 aura contribué à l’effort de guerre,de Dakar en passant par l’Algérie, Monsieur Soro, raconte avoir vécu des moments de chocs, j’ai vu des morts, beaucoup de morts, dit-il, mais aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir combattu pour rien, évaluez ma situation, et voyez de quoi j’ai l’air, un vulgaire alcoolique sans salaire, renchérit-il.
"Depuis qu’il est là à Gourcy, il circule et demande des miettes aux gens" déclare un témoin de la place qui a préféré garder l’anonymat.

D’après un témoin parmi tant d’autres, très proches de l’homme, il n’a jamais touché sa pension depuis qu’il est là, ce sont ces collègues anciens combattant qui, après avoir perçu leurs salaires, font des cotisations pour le lui donner, alors, se demande t-on, pourquoi le vieux Soro n’a pas de pension ?

N’est-il pas reconnu comme ancien combattant ? À cette réponse, nous dirions non !, puisqu’il détient un papier signé par le ministre des armées français, attestant conformément au loi en vigueur de l’époque, qu’il était parachutiste français, alors pourquoi c’est lui, qui ne perçoit rien comme revenu salariale, alors qu’il a participé activement à l’effort de guerre pour le colon ? L’ambassade de France est interpellée. Voir lien de la publication ici https://www.facebook.com/afrikibaria/posts/3740978412611789

Les précisions de l’ambassade

L’ambassade de France, interpellée, a réagi à travers un communiqué de presse, ce 18 décembre 2020 et signé du deuxième conseiller, Nicolas Courtin. Le contenu du document : "L’ambassade de France au Burkina Faso a été interpellée, le 17 décembre, sur la page Facebook du site Internet burkinabè Afrikibaria.com, par un article concernant Monsieur Soro Rasmane. Par la suite, celui-ci a largement été diffusé sur les réseaux sociaux. Sous le chapô : « La situation du vieux Soro Rasmane depuis trois (03) ans est-elle résolue ou toujours dans l’impasse ? », l’article intitulé : « BURKINA FASO : Soro Rasmane, ou le grand oublié des tirailleurs encore vivant », daté de 2017, revient sur le parcours de vie, supposé, de cet homme au sein de l’armée française et demande justice et réparation.

Après consultation et demande d’informations à la Direction des Anciens Combattants et Anciens Militaires (DACAM) à Ouagadougou, il nous a été indiqué que M. Soro appartenait à la classe 1957 et qu’il avait été affecté uniquement à Dakar au Sénégal. Il n’aurait jamais fait de campagnes militaires françaises pouvant justifier l’attribution de la carte du combattant. Stationné à Dakar, il n’aurait ainsi jamais pris part aux conflits ou opérations dans lesquels les forces françaises ont pu être engagées. Aucune démarche relative à la reconnaissance du statut d’ancien combattant et de demande de pension correspondante n’a été déposée par M. Soro auprès des autorités burkinabè (DACAM) ou françaises (Consulat de France).

Des renseignements ont également été pris auprès du Président des Anciens Combattants de Gourcy. Nous avons malheureusement été informés du décès de M. Soro, il y a deux ans. D’après le Président des Anciens Combattants de Gourcy, il avait introduit, il y a trois ans, ce qui correspond au reportage publié aujourd’hui, une demande d’aide sociale et médicale. Ne détenant pas de carte du combattant, il avait été débouté de sa demande.

La question centrale, posée par l’article : « N’est-il pas reconnu comme ancien combattant ? », appelle quelques précisions. Posséder un brevet militaire parachutiste de la République Française n’implique pas automatiquement l’obtention du statut d’ancien combattant de l’armée française. Seul un militaire ou une personne civile qui a pris part à un conflit dans lequel la France est ou était engagée peut faire reconnaître son statut d’ancien combattant. La carte de combattant, le titre de reconnaissance de la Nation, la carte d’invalidité des pensionnés de guerre ouvrent des droits, comme par exemple le versement de la retraite du combattant.

La carte du combattant est attribuée, sur leur demande, aux personnes qui justifient de la qualité d’ancien combattant. Il peut s’agir de militaires ou de personnes civiles, de nationalité française ou non, résidant ou non en France. Pour justifier de la qualité de combattant, il faut remplir au moins une des conditions suivantes : • Avoir appartenu à une unité reconnue comme combattante pendant au moins 90 jours ; • Avoir subi une longue captivité ; • Avoir été évacué pour une blessure reçue ou une maladie contractée pendant le service dans une unité reconnue comme combattante ; • Avoir reçu une blessure reconnue comme une blessure de guerre par l’autorité militaire ; • Avoir fait l’objet d’une citation individuelle avec croix.

Le journaliste d’Afrikibaria.com aurait pu ou dû s’adresser à la Direction des Anciens Combattants et Anciens Militaires (DACAM), à l’Ambassade ou au Consulat de France, avant de publier son article, afin de recueillir une information à la source, fiable et équilibrée. "

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 18 décembre 2020 à 14:01, par Elton En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    Que quoit ? Uniquement affecté au Sénégal en 1957 ( vraiment je ne comprends pas . En tant que qui ? un attaché militaire voltaïque avec un document français ) nous attendons les explications de notre ministre de la défense , c’est pas clair , quelqu’un donné des fausses informations sur le vieux . A titre d’exemple on dit qu’il est mort , il y’a 2ans . Donc c’est un revenant ou quoi ? Il faut éclaircir cette situation .

  • Le 18 décembre 2020 à 14:01, par Sidnoma En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    La réplique de l’Ambassade de France n’enlève en rien la pertinence de la question du journaliste d’Afrikibaria.com. La question que l’on peut se poser à présent est :
    - Le Brevet Militaire de Parachutiste français ne confère-t-il pas de pension militaire ?
    - Est-ce possible qu’un parachutiste français n’ait rien apporté comme effort de guerre au moment où la France toute entière est engagée dans une guerre ?
    Son Excellence l’Ambassadeur de France doit nous prendre un peu plus au sérieux !

    • Le 19 décembre 2020 à 12:03, par A qui la faute ? En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

      1)Non le Brevet c’est un diplome. Vous pouvez cumulez ça avec un brevet militaire américain et russe + un diplome d’ingénieur canadien ou un doctorat burninabè ; La formation ne conduit pas à la retraite

      2) voir le 1), pensez-vous vraiment que le vieux allait attendre tout ce temps sans savoir ce que ces frères d’armes burkinabè obtiennent sans avantage ? Et qu’en est-il de sa carrière burkinabè ?
      Si nous raisonnons comme des illétrés nous piétinons des vrais causes car nous banalisons l’accusation gratuite. C’est quand même gros. Peut-on être un détaché de l’armée burkinabé sans être de l’armée de l’armée burkinabé et avoir sa retraitre de militaire burkinabé pour commencer ?

  • Le 18 décembre 2020 à 14:04, par Article 37 En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    Si le vieux a servi la France, il devait bénéficier d’une pension. Cette réponse n’est malheureusement pas à la hauteur de ce que nous attendons. Il va falloir revoir la copie. Si le vieux a fait Indochine, il a fait Indochine.
    Je pense que c’est une question suivie par la majorité des Burkinabè et nous avons besoin de voir clair.
    Le vieux a-t-il menti ?
    Nous devons de respecter sa mémoire. Il est des nôtres et cela n’est pas négociable. Même pas un peu.

  • Le 18 décembre 2020 à 14:09, par TANGA En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    Oui oui, Cette reponse du premier des français dans notre pays nous dis qui ils sont ces français.
    Allez y provoquer un pays encore et on verra qui viendra pour vous aider. Il a été militaire français pendant les guerres ; c’est vous qui n’avez pas voulu lui faire les papiers. Beaucoup dans cette situation sont déja morts. Vous avez refusé de faire les papiers par ce que vous ne vouliez pas avoir à les payer !

  • Le 18 décembre 2020 à 14:26, par Touabga En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    Ce n’est ni plus ni moins que du cynisme que ces critères iniques. Un homme que vous avez obligé à quitter sa famille, son village, ses champs... pour aller vous servir. Après avoir pris sa jeunesse, une grande partie de sa vie, vous revenez dire que pour que vous reconnaissiez qu’il a travaillé pour vous, il y a des critères. Avez-vous communiquer à M. SORO en 1957 que vos critères ressortis aujourd’hui présideront à sa reconnaissance d’ancien militaire (même si vous refusez le terme "ancien militaire" et vous préférez parler "d’ancien combattant", pour moi cela ne change en rien la revendication de M. SORO) ? Les avait-il décidé librement accepter ? Ses anciens camarades français (peau blanche) ont-ils été traités de la manière ?...

  • Le 18 décembre 2020 à 14:29, par Omar Dao En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    Paix à son âme, cette mention méritait d’être dite lorsque son décès a été évoqué.
    Beaucoup d’injustices ont émaillé la vie des "tirailleurs sénégalais". M. Soro n’est qu’un exemple par d’autres...

  • Le 18 décembre 2020 à 14:35, par Pingda En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    De par ces propos cela prouve réellement que vous avez oublié Soro Rasmané. c’est sure que si cette situation de guerre vous reviens vous ne tiendrai jamais de tel propos mais je ne vous en veux pas, ce sont nos autorités qui ne prennent pas soin des leur.

  • Le 18 décembre 2020 à 14:58, par A qui la faute ? En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    Je me pose une question : la vie, la carrière de cette personne se résument-elles aux seules guerres pour la France ? Il n’a jamais travaillé pour l’Etat Burkinabé ? On peut aller faire la guerre pour la France sans passer par l’armée burkinabè ?
    Quid de sa retraite burkinabé pour la plus longue parti de sa carrière ?
    Comme tout le monde est journaliste sur facebook, la légèreté et l’endroit choisi de l’accusation fait craindre la tentative d’arnaque, d’un illuminé du coin ou le confondrait à certaines arnaques de petits enfants qui touchent la retraite de leurs parents morts.
    Courage au Papy !

  • Le 18 décembre 2020 à 15:00, par Kelemassa En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    Cette histoire me rappelle celle de mon grand-père qui a été blessé lors d une bataille en 1941.ce jour là comme tous les autres tirailleurs il a été fait bouclier humain. Les combats faisaient rage. Il a perdu beaucoup de compagnons. Il a été fait prisonnier.. Il a été amené dans un champ d exécution avec d autres prisonniers. Ils furent mitrailles. Heureusement la balle qu il a reçu n à pas atteint un organe vital. Récupéré par la croix rouge puis.soigné il n à jamais eu de pension comme quoi il n à pas fait 90 jours au front. Suivant un documentaire montrant un charnier dans l endroit où grand père à combattu j ai compris quand il nous disait que les officiers français les ont abandonnés seuls face à l ennemi. Connaissant pas où aller ils ont combattu vaillamment pour la liberté de la France.

  • Le 18 décembre 2020 à 19:24, par Nabiiga En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    Merci monsieur le Consulaire de France pour ces clarifications sur la situation que vivait feu l’ancien combattant. Mon frère a fait la 2em guerre mondiale. Parti du Maroc ou de de la Tunisie, il a fait partie de l’autre débarquement dans le Vars, la prise de Toulon et ses environs fut féroce, il nous racontait, nous autres enfants à son retour. Heureusement pour ma famille, il n’y a pas laissé sa peau et n’est revenu en Haute Volta qu’en 1958, peu avant son indépendance. Les éclaircissements apportés à cet article nous édifient sans doute sur ce cas particulier, mais ils ne dédouanent pas la France de la disparité en services sociaux entre les anciens combattants vivant dans la métropole, et les tirailleurs sénégalais vivant en Afrique. Quoi que vous disiez, quoi que vous fassiez, la nature déshumanisée de l’homme noir devant vous aujourd’hui, et devant vos ancêtres, est sans détour. Elle est ancrée, et est inculquée dans vos têtes, si bien que traiter les tirailleurs sénégalais comme anciens combattants de 2em niveau, quoi qu’ils aient affronté vaillamment la même mort que leurs frères d’armes en France, vous apparait normal. Mon frère est décédé Burkinabè. Où est donc passé la citoyenneté française au moment de l’enrôlement ? Ce qui nous fait parler est la litanie des promesses non tenues faites à nos parents par la France et la discrimination qu’ils vivent. Il faut que la France continue à soigner son image auprès de ceux qui ont combattu pour elle. Voilà

  • Le 18 décembre 2020 à 22:54, par Vérité Indiscutable En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    Le journaliste d’Afrikibaria.com aurait pu ou dû
    Vous aussi ! On voit une misère humaine liée à une injustice et vous voulez qu’on fasse quelle enquête supplémentaire ? Le journaliste d’Afrikibaria a fait son travail. Voilà que des gens se démêlent. Que Rasmané soit pris en charge ou non par la France, il porte et mourra avec son certificat de parachutiste de l’armée française en main. Les lois, elles ne sont pas au-delà du bon sens. C’est ce que "Vérité Indiscutable" pauvre paysan pense.
    Ouais, l’Afrique d’hier condamnera sévèrement celle d’Aujourd’hui parce que celle d’hier était complètement illettrée et la France l’a piétinée à souhait ; mais celle d’aujourd’hui est lettrée mais préfère toujours se laisser piétiner. "Premier gaou n’est pas gaou ; c’est deuxième gaou qui est..."
    La Patrie ou la Mort, nous Vaincrons !

  • Le 19 décembre 2020 à 17:23, par QUENUM PATRICE JOSEPH En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    J’ai en 2011, aidé une veuve à jouir de la pension de réversion de son défunt époux, ancien combattant ayant aidé la France sur les nombreux théâtres de ses guerres qu’elle a rendu tantôt mondiales, tantôt civilisatrice. Dieu seul sait ce qu’elle a bavé d’attentes et d’espoirs. Tout a été fait pour que le temps passant, cette pauvre dame meurt pour épargner à la France quelques milliers de francs CFA qui auraient permis à dame moussignané du village de Bangassogo, commune de Kiembara, province du Soir ou, d’exister dignement. Mais hélas !

  • Le 6 mai 2022 à 15:44, par Morel R En réponse à : Situation de Soro Rasmané : Interpellée, l’ambassade de France s’explique

    Nous voyons en France toujours, l’armée à travers ses officiers, jamais, à ceux qui meurent le plus au combat sous leur ordres des officiers, les soldats de toute origine.

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