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Thèse de doctorat : Koug-Nongom Bonkoungou analyse sous l’angle socio-anthropologique l’école dans le contexte de terrorisme

Publié le mercredi 9 décembre 2020 à 16h05min

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Thèse de doctorat : Koug-Nongom Bonkoungou analyse sous l’angle socio-anthropologique l’école dans le contexte de terrorisme

« Approche socio-anthropologique des rapports à l’école dans le contexte de terrorisme dans la province de l’Oudalan (Région du Sahel) ». C’est le thème que Koug-Nongom Bonkoungou a défendu pour sa thèse unique en sociologie, le mardi 8 décembre 2020, à l’Université Joseph KI-Zerbo. A l’unanimité, le jury a jugé le document intéressant et le thème d’actualité. Il a reçu la mention très honorable.

Koung-Nongom Bonkoungou est désormais docteur en sociologie. Il a obtenu la mention très honorable le mardi 8 décembre 2020, à l’Université Joseph KI-Zerbo, après sa soutenance. « Approche socio-anthropologique des rapports à l’école dans le contexte de terrorisme dans la province de l’Oudalan au Sahel », c’est le thème que l’impétrant a défendu devant d’éminents professeurs qui ont composé le jury.

Composé de 315 pages, le document du désormais Dr Bonkoungou a porté sur une analyse sociologique et anthropologique sur l’école dans la province de l’Oudalan confrontée au terrorisme. L’objectif principal de cette thèse est d’analyser les nouveaux rapports des populations à l’école sous la menace terroriste et de dégager leurs influences sur la vie de cette institution éducative.

Parents et amis venus soutenir le doctorant

Les résultats de la recherche

Il ressort dans la thèse qu’en novembre 2019, dans la province de l’Oudalan, on comptait 24/198 écoles primaires fonctionnelles et 6/15 collèges fonctionnels. Cela est dû bien entendu aux attaques terroristes contre l’éducation dans la province. L’auteur cite des attaques directes contre les établissements scolaires et le personnel enseignant mais aussi des attaques indirectes. Celles-ci se manifestent par des représailles sur les partenaires clés de proximité en éducation : leaders communautaires, responsables des structures associatives des parents d’élèves, le personnel. Toute chose qui se traduit par des assassinats, de la confiscation du bétail et autres biens, des ultimatums de quitter le village.

Cet état de fait a des impacts sur la communauté éducative, selon Koung-Nongom Bonkoungou. Ainsi, en partant de l’état de la situation de vulnérabilité et de désespoir vécue par les acteurs de l’éduction, il mentionne la psychose généralisée, la détérioration du climat social, l’incapacité à exercer les activités économiques pour les parents et les activités pédagogiques chez les enseignants, des élèves dans le stress permanent et la désillusion.

Face à la situation, la population finit par avoir une perception négative de l’école. Elle devient une source d’insécurité pour la communauté, un danger pour la quiétude des villages. Les gens sont donc animés par le sentiment d’insécurité permanent. L’autre fait est qu’on assiste à une prise de distance des parents, des élèves et des responsables communautaires avec l’institution scolaire. Les populations à la base entretiennent donc désormais un rapport négatif avec l’école.

Dans ses recherches, l’auteur a aussi fait le constat selon lequel, les attaques terroristes ont créé la méfiance entre acteurs de l’éducation à la base, occasionné le rejet des enseignants et leur incitation à quitter les villages. Elles ont également créé des effets d’entrainements des parents favorables à l’école au rejet de l’institution éducative par les détracteurs.

Le président du jury (à gauche), Pr Alkassoum Maiga

En commentaire à cette réalité, M. Bonkoungou dit : « L’insuffisance d’accompagnement des enseignants victimes par l’Etat, le désengagement des parents de la vie des écoles n’encouragent pas à se donner pour essayer de sauver l’école. Jouer au héros serait se comporter en volontaire à la mort. »

La crise sécuritaire en lien avec le terrorisme a fini par exacerber le déficit de scolarisation dans la province de l’Oudalan. Au post-primaire et au secondaire, révèle l’auteur, les effectifs cumulés des collégiens et lycéens de la province de l’Oudalan sont passés de 3 897 en 2015-2016 à 1 522 en 2018-2019.

Afin de résorber cette problématique sécuritaire, les solutions étaient, entre autres, la sécurisation des personnes et des établissements scolaires par l’Etat, une coordination des actions entre le niveau central et celui local, l’instauration de la confiance entre l’Etat et la population qui se dit abandonnée. Mais selon les résultats de la thèse, la stratégie qui a entretenu l’espoir de milliers d’élèves et de parents d’élèves dans les communes de l’Oudalan n’a pas produit jusque-là des résultats probants.

Un travail très honorable

La directrice de la thèse, Claudine Valérie Rouamba, maitre de conférences à l’Université Joseph KI-Zerbo, a d’abord apprécié la fiabilité du thème et les résultats auxquels le postulant est parvenu. De son avis, ils sont intéressants et dignes d’intérêt. Elle est revenue sur les qualités intrinsèques de celui qu’elle a accompagné pendant 3 ans. « C’est un homme travailleur, consciencieux et il sait où il va surtout », a-t-elle souligné.

Pour Maxime Kaboré, directeur de recherche à l’Institut des sciences de la société (INSS), membre du jury, le travail est d’actualité. En plus, le candidat a su convoquer plusieurs disciplines notamment l’anthropologie, la sociologie et l’histoire. « J’ai eu la chance de lire le document à l’étape de pré-rapport. J’ai constaté avec grande joie que mes critiques ont été prises en compte. Je retiens pour terminer que le travail est bien mené », a-t-il laissé entendre.

La directrice de la thèse (à gauche), Dr Claudine Valérie Rouamba

Le président du jury de cette thèse de doctorat, n’est autre que le Pr Alkassoum Maiga, par ailleurs ministre en charge de l’Enseignement supérieur. Il a pour sa part félicité l’aspirant pour le grand risque d’investigation menée dans une zone d’insécurité. « Il y a cependant de petites erreurs dans le document qui sont rattrapables. Je te conseille donc de prendre en compte les critiques et les apports de mes collègues », a-t-il lancé au postulant. M. Maiga a indiqué que c’est une très belle réflexion qui a dépeint la situation de l’école face au terrorisme dans la province de l’Oudalan.

Au demeurant, M. Bonkoungou a confié que c’est l’aboutissement de 3 années de travail au cours desquelles les difficultés n’ont pas manqué. « C’est l’occasion de remercier la famille et les amis venus me soutenir. Il a été jugé digne du grade de docteur à l’unanimité du jury. Il a donc obtenu la mention très honorable faisant de lui un docteur ès Sociologie de l’Université Joseph KI-Zerbo.
Obissa Juste MIEN
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