Footballeurs d’élites : Réussir sa reconversion professionnelle, les gloires et déboires de certains sportifs burkinabè
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Si certains footballeurs burkinabè ont eu une bonne reconversion après leur carrière, d’autres par contre, dans l’anonymat total, broient du noir. Le président de l’Association des anciens footballeurs du Burkina Faso (ASAF-BF), Mamadou Dossama et Idrissa Traoré, secrétaire général de ladite association, interrogés, sont revenus sur la question de la reconversion des anciens footballeurs.
Une des caractéristiques importantes d’une carrière de footballeur « d’élite est sa brièveté ». En effet, comparativement à la plupart des autres activités professionnelles, celle de sportif professionnel, se termine à un âge précoce. C’est pourquoi, il est conseillé, en activité, de penser très tôt à sa reconversion en se faisant bien entourer.
Au Burkina Faso, il y a des exemples de reconversion plus ou moins réussies de certains anciens footballeurs. C’est le cas de Rahim Ouédraogo, Boureima Maiga, Kassoum Ouédraogo dit Zico, Mamadou Dossama, Sié Clovis Kambou, etc. Il y a aussi ceux qui sont restés dans l’anonymat total à la fin de leur carrière. Pas parce qu’ils n’ont pas fait les beaux jours de leurs clubs ou qu’ils n’ont pas eu assez d’argent. Mais tout simplement parce qu’ils n’ont pas fait de placement judicieux tout en cogitant à leur reconversion.
A en croire l’ancien capitaine de l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO), président de l’Association des anciens footballeurs du Burkina Faso (ASAF-BF), Mamadou Dossama, le problème de reconversion ne s’est pas posé à son niveau. Après avoir fait les beaux jours de l’Etoile filante de Ouagadougou de 1992 à 2002 et disputé deux Coupes d’Afrique des nations (CAN) notamment celles de 2000 et 2002, l’ex capitaine de l’EFO est aujourd’hui communicateur, imprimeur et coach en développement personnel.
Son secret, c’est que parallèlement à sa carrière, il poursuivait les études. « Papa insistait pour que j’ai le baccalauréat, c’est cela qui a tout déclenché », a-t-il confessé. Selon ses propos, son épouse a aussi été un grand atout, non des moindres dans cette reconversion réussie. « J’ai eu une personne dans ma vie qui a beaucoup facilité les choses. Cette personne, c’est mon épouse. Pendant que je jouais, elle était préoccupée par ce que j’allais faire après. Je vais merveilleusement bien et je rends grâce à Dieu. Je suis un homme épanoui, marié et père de deux grands enfants », a-t-il laissé entendre.
Penser à l’après
Pour la nouvelle génération, l’ex international burkinabè n’a pas manqué de donner des conseils. « Le fait qu’ils sont des multimillionnaires, quand tu essaies de les approcher, ils pensent que c’est pour leur argent. La jeune génération de footballeurs doit se faire bien entourer et faire des placements judicieux avec leur argent », a-t-il regretté et d’ajouter : « Nous à notre temps, on n’avait pas des contrats aussi faramineux mais on s’en est sorti. Tout dépend de la gestion ».
Idrissa Traoré, secrétaire général de l’ASAF-BF, est un ancien joueur de l’Union sportive du Yatenga (USY), de SANTOS FC et de l’Union sportive de Ouagadougou (USO). Après sa carrière de footballeur professionnel, il s’est lancé dans la formation des jeunes footballeurs burkinabè. Il est actuellement l’entraineur principal du Canon du Sud. Le commerce semble lui aller parfaitement puisqu’il vend des équipements sportifs. C’est d’ailleurs chez lui que certains clubs de la capitale se ravitaillent en dehors des individus.
Pour lui, la reconversion est une chose que tout footballeur doit mettre en avant quand il est en activité. « Cela ne devrait pas surprendre ». « L’élégance voudrait que je ne parle pas de moi-même. Mais l’exemple de Mamadou Dossama, Maiga Boureima et autres sont à louer et je les félicite », s’est-il réjoui. A la jeune génération, il dit ceci : « La vie ne tient qu’a un fil. Tout peut changer d’un moment à un autre. Par conséquent, il faut savoir investir. Il y a aussi des pièges dans lesquels il ne faut pas tomber », a-t-il opiné.
Au Burkina Faso, le cas emblématique de l’ex gardien de but, Ibrahim Diarra, revient sur toutes les lèvres quand on veut parler de la mauvaise reconversion. Il est actuellement entraineur d’une équipe de deuxième division dans le Faso foot. Il y a également le cas de Toussaint Natama, Drissa Baga. Cependant, on ne devrait pas perdre de vue que chacun a sa trajectoire et sa chance. Ibrahim Diarra a été une idole, et pour beaucoup dans le déclenchement de leur carrière. Si aujourd’hui il n’a pas eu la fin de carrière qu’il aurait souhaitée, on espère que la vie lui rendra ce qu’il a donné au football burkinabè.
Hors du Burkina, nous pouvons citer l’Ivoirien Emmanuel Eboué, ancien joueur d’Arsenal, le Camerounais Samuel Ipoua, ex joueur de Toulouse, le Franco-sénégalais Johachin Fernandez, ancien joueur de Bordeaux. Ils ont tous connu la banqueroute. Le dernier cité était un sans domicile fixe (SDF), jusqu’à ce qu’on le retrouve mort en 2017.
Qu’à cela ne tienne, l’autorité sportive burkinabè devrait prendre aussi des dispositions afin de venir en aide aux anciennes gloires qui ont quelque-peu raté leur reconversion. Le cas de l’ex champion d’Afrique de boxe poids plume, Nabaloum Dramane dit « Boum-boum », embauché comme planton au ministère des Sports est déjà un bon début.
Obissa Juste MIEN
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