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Sport : Ibrahim Barro, l’étalon du sprint 400m à Taïwan

Publié le lundi 30 novembre 2020 à 13h33min

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Sport : Ibrahim Barro, l’étalon du sprint 400m à Taïwan

Ibrahim Barro, un nom à retenir entre autres dans le domaine de l’athlétisme burkinabè à l’international tout comme Hugues Fabrice Zango ou encore Marthe Koala. La particularité de Ibrahim ? Il commence le sprint de 400m à l’âge de 24 ans, alors qu’il venait d’arriver à Taïwan pour ses études de génie civil, histoire de ne pas s’ennuyer dans sa chambre d’étudiant après les cours. Aujourd’hui, il est classé 3e au niveau national en Taiwan.

Il est de ces talents qu’on se surprend soi-même à découvrir à un certain âge, enfouis comme un trésor en nous. Certaines situations peuvent favoriser leur éclosion ou leur découverte souvent surprenante pour nous-mêmes. Ils sont nombreux ces talents qui se découvrent eux-mêmes dans des situations x données. Ibrahim Barro, jeune étudiant en fin de cycle en génie civil à Taïwan, fait partie de ceux-là.

L’histoire du natif de Bobo-Dioulasso avec le sprint 400m, puisque c’est son domaine de prédilection, commence en 2013 après son arrivée sur l’Île de Formose.

Habitué à la chaleur humaine propre aux Africains, l’ancien élève du Lycée Ouezzin Coulibaly va vite se sentir esseulé : études (cours)-maison. Après avoir tenté le basket ball et le football, ce sera finalement du sprint 400m que le jeune Ibrahim va tomber amoureux. Toujours curieux, il va rechercher un club d’entraînement au sein de son université. Et son test ébahit le coach du club en question, plus que Ibrahim lui-même qui ne cherchait qu’un temps de divertissement : il fera 53 secondes. Il avait 22 ans à l’époque !

Classé 3 au niveau national (Taïwan)

L’année 2015 sera une année sombre pour le jeune amateur, puisqu’il sortira bredouille de sa première participation à la compétition inter-universitaire à Taïwan.

Ibrahim ne jette pas pourtant l’éponge si vite. Il regarde sur YouTube les techniques d’entrainement, s’améliore et remporte l’année suivante la première place dans sa catégorie, en l’occurrence le sprint 400m. La suite s’enchaîne comme ce résumé :

• 2015 : 53 secondes puis 52 secondes en compétition
• 2016 : 49, 26 secondes
• 2017 : 48,90 secondes
• 2018 : blessure
• 2019 : 49,45 secondes
• 2020 : 48,09s arrondis à 48,10 secondes

Aujourd’hui, l’un des rêves d’Ibrahim est d’arriver à battre son propre record, lui-même classé 3e au niveau national (Taïwan) les professionnels y compris. Toujours est-il qu’il n’est pas aisé de concilier sport et études. Mais son secret à lui : s’entraîner les soirs et la hargne de se surpasser, même s’il n’a pas de coach, et c’est son souhait le plus vif d’en avoir un.

Silence des médias et du gouvernement burkinabè

Et à la question de savoir pourquoi les médias burkinabè parlent rarement de lui, il ne saurait lui-même l’expliquer mais il sait néanmoins qu’il a fait la Une de certains journaux au Burkina en 2017. Il sait également que les médias taiwanais lui font une grande place à chacune de ses sorties. Quant aux autorités sportives du Burkina, il confie ne recevoir aucun soutien d’elles. La grande question reste posée : faut-il attendre que les jeunes athlètes burkinabè émoustillent la scène internationale pour bénéficier d’un clin d’œil de la part des autorités ?

Qu’à cela ne tienne, Ibrahim a un mot pour les jeunes qui hésitent encore à se lancer :

« Je leur dirais de ne pas hésiter, de na pas douter de soi-même, on a du talent ; j’ai vraiment commencé à m’entrainer à l’âge de 24 ans. Il n’est pas trop tard. Et voici qu’à 29 ans, j’arrive à faire de belles performances. Et puis le travail aussi paye. On peut être doté de talents naturels, mais il faut travailler dur. »

Son cri de cœur aux autorités est sans équivoque : « Je les prie de vraiment écouter la jeunesse burkinabè. Elle se voit capable, elle n’a besoin que de soutien, juste un coup de pouce et on fera des merveilles. Les dirigeants doivent faire confiance à cette jeunesse. »

Et à défaut justement de soutien pour les services d’un coach entre autres, Ibrahim se verra obligé d’arrêter sa prometteuse carrière d’athlète pour se consacrer à son autre passion : le génie civil.

Le cas d’Ibrahim pourrait constituer un défi parmi tant d’autres pour nouvelles autorités qui prendront d’ailleurs fonction bientôt au lendemain des élections présidentielle et législatives.

Yéroséo Kus, pour Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 novembre 2020 à 21:09, par A qui la faute ? En réponse à : Sport : Ibrahim Barro, l’étalon du sprint 400m à Taïwan

    Bravo !! Et merci à Taïwan que nous avons humilié pour sauter dans les bras du communisme chinois.
    Profite des infrastructures et de l’environnement, pourquoi pas basculer dans l’athlétisme professionnel

  • Le 3 décembre 2020 à 06:46, par Kansie Ollo En réponse à : Sport : Ibrahim Barro, l’étalon du sprint 400m à Taïwan

    Merci au site d’info le faso.net pour nous avoir fait découvrir ce jeune sportif Ibrahim BARRO. Nous lui souhaitons beaucoup de succès et d’aller le plus loin possible dans cette aventure sportive tout comme nous lui souhaitons un grand succès dans ses études.
    Coté politique c’est avec un pincement au cœur que je voudrais remarquer que Taïwan est le pays asiatique qui a accordé au Burkina Faso un respect sans égal et des opportunités à sa jeunesse malgré le contexte géopolitique difficile. Merci Taïwan, petit pays en termes d’espace, mais grand en termes de valeurs d’ambition et de travail mérite de nous reconnaissance et tous les égards.
    merci a lefaso.net
    succès a Ibrahim et
    merci Taïwan.

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