Filières économiques porteuses : La bonne moisson du Réseau des producteurs de beurre de karité
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Au Burkin Faso, il y a des personnes qui se battent tous les jours pour restaurer le blason du tissu économique. Parmi elles, les membres du Réseau des producteurs de beurre de karité des Hauts-Bassins et des Cascades (RPBHC). Désigné « meilleur exportateur » par l’APEX lors de la 15e édition des Journées de l’entrepreneuriat burkinabè, ce réseau, créé en juillet 2008, fait aujourd’hui partie des structures les plus certifiées au Burkina Faso avec cinq labels. Il mobilise aussi des recettes fiscales consistantes (plus de 50 millions de F CFA) pour le budget de l’Etat. Coup d’œil sur le RPBHC avec le conseiller technique Oumar Tiémogo Cissé.
Présentez-nous, en quelques mots, le Réseau des producteurs de beurre de karité des Hauts-Bassins et des Cascades (RPBHC).
Oumar Tiémogo Cissé : Le RPBHC est une organisation faitière créée en juillet 2008. Il compte aujourd’hui plus de 14 000 membres individuels fédérés autour de 346 coopératives de base. Il s’est fixé pour objectif, depuis sa création, de promouvoir l’autonomisation socio-économique et culturelle des femmes et des jeunes à travers la promotion et la valorisation des produits locaux. Il inscrit sa stratégie de développement autour d’une approche participative et inclusive axée sur trois volets, à savoir : le volet économique, le volet socio-communautaire et culturel, et le volet environnemental.
Grâce à sa performance et à son efficacité, il fait aujourd’hui partie des structures les plus certifiées au Burkina Faso avec cinq labels. Il s’agit notamment de Natural Organic Program (NOP) pour le marché américain ; le label de la Commission européenne pour le marché européen. Le RPBHC est la première structure en Afrique de l’Ouest certifiée Japanese Agricultural Standard (JAS) pour le marché japonais ; Commerce équitable sous le label Fair For Life (FFL) et enfin première structure de la filière karité certifiée NBF par l’ABNORM au Burkina Faso.
Quel est votre rôle au sein du RPBHC ?
En tant que conseiller technique, j’assure la définition, l’élaboration, la coordination et le suivi du plan stratégique de développement, et je viens en appui et conseil de l’équipe de mise en œuvre pour la mise en œuvre opérationnelle.
En termes de performances, qu’est-ce qu’on peut retenir ?
Pour cette année 2020, il faut noter que notre structure, en termes de volumes produits et exportés, a mobilisé et livré plus de 5 320 tonnes d’amandes certifiées biologiques et équitables, et plus de 400 tonnes de beurre de karité biologique et équitable. En termes d’impact sur le niveau de l’économie du pays, le RPBHC a amélioré de plus de 45% le revenu de près de 14 000 femmes et jeunes, employé et procuré des revenus décents à plus de 200 jeunes et femmes.
Le RPBHC a également mobilisé, en termes de recettes fiscales, plus de 50 millions pour le budget de l’Etat, réalisé cinq forages dans cinq villages pour soulager ces populations avec de l’eau potable, entre autres. En termes de promotion et valorisation des produits locaux, elle porte les couleurs du drapeau national hors du pays avec cinq labels de certification (l’une des structures les plus certifiées en Afrique de l’Ouest).
Est-ce que la situation sécuritaire et sanitaire a un impact sur vos activités ?
La situation sanitaire et sécuritaire a considérablement influencé sur le niveau de réalisation des activités du plan d’action annuel 2020. Sur le plan sécuritaire, nous avons subi non seulement des restrictions nous interdisant l’accès à certaines de nos zones ; et sur le plan sécuritaire, nous avons subi non seulement une baisse considérable des commandes avec les acheteurs, mais aussi une réorganisation de nos activités conformément au mot d’ordre du gouvernement.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous présenter à la compétition organisée à la faveur de la 15e édition des Journées de l’entrepreneuriat burkinabè (JEB) ?
Notre structure est enregistrée au compte des exportateurs depuis 2015 avec notre inscription au processus de certification biologique et équitable. Nous avons été naturellement identifiés « meilleur exportateur » par l’APEX de par la performance et l’efficacité de notre modèle de développement inclusif et participatif qui impacte plus de 14 000 femmes et jeunes, près de 200 emplois créés et aussi par la capacité d’organisation et de gestion des contrats avec les acheteurs nationaux, régionaux et internationaux qui nous a permis de mobiliser et livrer plus de 6 000 tonnes d’amandes bruts et 20 conteneurs, soit 400 tonnes de beurre.
Comment avez-vous accueilli la nouvelle de la sélection de votre réseau par l’APEX ?
Nous avons été très honorés et surtout très émus de savoir que nos autorités sont regardantes et reconnaissent le travail que nous abattons au bénéfice des braves femmes et jeunes du Burkina Faso. Ce prix vient davantage nous réconforter dans la vision et la mission que nous nous sommes fixées depuis la création de la structure. Nous sommes plus que jamais motivés et engagés pour la valorisation et la promotion des produits de notre terroir pour un développement harmonieux et prospère de notre cher pays.
Quelles sont vos ambitions à court terme ?
C’est aller vers de nouvelles certifications comme le HACCP, le HALLAL, l’ISO ; inscrire nos produits cosmétiques à la certification et mettre en place un mini-laboratoire pour l’analyse systémique de nos produits.
Face à la situation sécuritaire et sanitaire marquée par le Covid-19, qu’avez-vous envie de dire à vos confrères chefs d’entreprise ?
Toute entreprise burkinabè, selon son domaine d’intervention, devrait travailler à se mettre en réseau pour promouvoir la production groupée, la labélisation des produits, la certification commune ; ce qui permettra de réduire les charges de production, et donc, optimiser sur les coûts de production. Cela permettra de rendre nos entreprises plus compétitives dans un contexte de mondialisation très complexe et en perpétuel changement. Dans un second temps, les politiques et les chefs d’entreprise devraient s’activer pour valoriser et promouvoir davantage le « consommé local » à travers des innovations et le développement de produits accessibles pour la classe moyenne de la population.
Notre pays est en pleine campagne électorale pour la présidentielle et les législatives du 22 novembre 2020. Est-ce que vous avez des attentes particulières à l’endroit des partis politiques ?
D’abord, il faut souligner que notre structure est apolitique mais elle est forcément affectée par l’environnement socio-politique à travers les lois et règlementations légales pour un développement inclusif de notre nation. Nous exhortons tous nos hommes politiques à la retenue, au professionnaliste et à œuvrer pour des élections apaisées. Pour le prochain pensionnaire de Kosyam, nous attendons de lui qu’il travaille de façon participative en prenant en compte les besoins prioritaires et les attentes de l’ensemble des acteurs de développement pour un Burkina prospère.
Interview réalisée par Aïssata Laure G. Sidibé
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