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Campagne législative 2020 : La coalition AFA dévoile son ambition pour les personnes âgées, les jeunes et les femmes

Publié le mercredi 11 novembre 2020 à 22h30min

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Campagne législative 2020 : La coalition AFA dévoile son ambition pour les personnes âgées, les jeunes et les femmes

Parmi les forces à la conquête des 127 sièges de l’Assemblée nationale le 22 novembre 2020, on a la Coalition AFA (AJIR : Alliance des jeunes pour l’indépendance et la république, FFS : Front des forces sociales et AFD : Alliance des forces démocratiques). Nous avons rencontré un des leaders de cette organisation politique, Adama Kanazoé, candidat tête de liste dans la province du Kadiogo (capitale). Dans cette interview, l’ex conseiller spécial du président du Faso donne son analyse générale des élections, situe les enjeux et dévoile les ambitions de la coalition AFA.

Lefaso.net : Dix jours après l’ouverture de la campagne, comment appréciez-vous l’ambiance générale, les messages et la tolérance entre les partis en compétition ?

Adama Kanazoé : Je pense que ces élections ont été bien préparées en amont. Déjà à travers le cadre qui a été mis en place par le chef de l’Etat qui a permis donc à l’opposition et à la majorité de pouvoir obtenir un consensus dans chacune des étapes de processus.

C’est un cadre qui est assez rassembleur. L’attitude également des candidats sur le terrain, dans les discours et autres, reste, pour moi, dans l’ordre de l’acceptable. Après, les pics, on ne peut pas les exclure d’une compétition d’une telle envergure, mais il reste que l’essentiel est préservé. C’est-à-dire la paix. La campagne se déroule de façon apaisée, tout candidat peut aller partout au Burkina Faso, il n’y a pas des zones qui sont des zones rouges pour un candidat.

Donc, il n’y a pas d’obstacle, il n’y a pas d’exclusion, il n’y a vraiment pas ce sentiment d’animosité, qu’il faut absolument éviter, parce que nous sommes juste des adversaires politiques et pas plus. Pour moi, c’est une très bonne ambiance de campagne, on peut simplement souhaiter que cette ambiance-là continue ainsi et que justement, la sécurité (même s’il faut également déplorer le cas qui a eu lieu du côté d’Essakane au Sahel où nous avons perdu un Burkinabè) permette à chacun de dérouler sereinement la campagne. On souhaite simplement qu’à la fin, les Burkinabè puissent voter librement le président de leur choix et leurs représentants à l’Assemblée nationale.

Vous êtes jeune certes, mais vous avez une expérience politique, pour avoir entre autres été candidat à la présidentielle de 2015. Par comparaison, que constatez-vous de plus ou de moins par rapport aux élections de 2020 ?

Cette année, il y a déjà le nombre de candidats qui a particulièrement explosé ; il y a une pléthore de candidats et c’est également la preuve de la vivacité de notre démocratie. Par ailleurs, je note également des candidats de taille, assez conséquents, qui ont émergé et qu’il y a une compétition qui est beaucoup plus ardue.

On a le sentiment que sur le terrain, il y a plusieurs forces et qu’aujourd’hui, les uns et les autres peuvent penser à des résultats de diverses ordres ; certains pensent au second tour et d’autres au coup K.O. Nous, en tant que parti de la majorité présidentielle, notre souhait, c’est que le coup K.O puisse avoir lieu, et qu’il soit donc du côté de l’APMP et de Roch Marc Christian Kaboré qui est le candidat de cette majorité-là.

Cette année, vous soutenez un candidat à la présidentielle et prêchez pour vous-mêmes pour les législatives. Est-ce que la tâche n’est pas difficile sur le terrain, quand il faut aller sur ces deux leviers ?

C’est clair que c’est un effort supplémentaire qui nous est demandé. Mais il reste qu’en tant que parti membre de la majorité présidentielle, et à partir du moment où il y a eu un consensus au niveau de la majorité pour que nous ayons un candidat unique, le candidat Roch Marc Christian Kaboré, on ne peut pas se départir de cette décision qui est générale.

Je pense que 2020 va être une élection charnière ; parce que 2020 est, pour moi, la dernière compétition de l’ancienne classe politique. 2025 devrait donner, enfin, jour à une nouvelle classe politique burkinabè. Donc, nous avons décidé de laisser le candidat Kaboré, le soutenir pour qu’il puisse rebeloter ; parce qu’il n’a que cinq ans à faire. Après ces cinq ans, on pourra passer à une nouvelle classe politique.

On souhaite qu’il gagne et j’ai dit à tous les jeunes de voter Roch Marc Christian Kaboré. Si on vote quelqu’un d’autre qui va faire dix ans, Dieu seul sait ce que les démons du changement de Constitutions peuvent venir créer ici. On n’a pas envie d’aller vers les aventures ; votez Kaboré pour qu’il ait cinq ans pour organiser une transition générationnelle. C’est le meilleur candidat pour que nous puissions passer à une nouvelle classe politique en 2025. C’est dans cette dynamique que nous nous sommes inscrits et nous avons décidé de l’accompagner.


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Le fait que votre parti, AJIR, ne présente pas son propre candidat pour la présidentielle du 22 novembre 2020 n’enlève-t-il pas de sa force politique ?

Au contraire ! Vous savez, cette question de coalition est encouragée. Au Burkina Faso, on a beaucoup de partis politiques de tailles diverses. Les partis politiques modestes gagneraient à se mettre ensemble. Vous savez, la plupart du temps, les scores sont connus à l’avance et on aimerait sortir un peu de ce cercle vicieux et devenir des partis qui gagnent davantage et pour cela, il faut coaliser les forces.

Très souvent, il n’y a même pas d’antagonisme entre les différents partis politiques. Celui-là est fort dans telle province, l’autre dans une autre province, si on se met ensemble, on devient fort dans 20 provinces et là, on peut espérer avoir des résultats plus probants. C’est cette logique qui a été encouragée au sein de l’APMP. Il y a eu plusieurs tentatives, mais avec des fortunes diverses.

Dieu merci, au niveau de l’AFA, on a réussi à mener le processus jusqu’au bout pour ces élections. Nous avons pu déposer 44 listes sur 45, la preuve qu’en se mettant ensemble, on devient plus fort. C’est donc la preuve que nous ne sommes pas obnubilés par l’idée d’être toujours à la tête, nous sommes prêts à aller vers des coalitions plus larges. Le plus important pour nous, c’est de pouvoir créer des partis politiques forts ; parce que par moments, ça frise le ridicule.

Justement, c’est sur quelle base vous êtes allé en alliance avec les deux autres partis ?

Ce sont les discussions qu’on noue avec tout le monde et en fonction, parfois, des sensibilités, des affinités. Déjà, nous sommes des partis de gauche et nous sommes tous de l’APMP. Nous n’avons pas forcément les mêmes zones d’influence.

Concrètement, sur le terrain, comment ça se passe ? Avez-vous constitué des listes communes ou chaque parti se bat de son côté ?

Il ne s’agit même plus de listes communes, il s’agit d’un regroupement politique. Cette fois-ci donc, ça devient comme un parti politique ; donc, tous nos candidats sont des candidats AFA. Donc, nous partons sous la bannière de l’AFA. L’AFA pourrait également aller aux municipales et ensuite, on verra ce qu’on en fera.

Avec un logotype alors ?

Justement, c’est un logo croisé. On a ajouté à la clé de l’AJIR, les éléments du FFS (Front des forces sociales) et de l’AFD (Alliance des forces démocratiques). Donc, le symbole reste quand même la clé, qui est un symbole fort (qui fait sans doute la différence parce que sur l’échiquier politique, vous n’avez pas deux partis qui ont la clé comme logo, comme symbole). Donc, nous demandons aux gens de voter la clé.

Vous êtes présent dans 44 provinces, c’est dans laquelle des circonscriptions vous êtes absent et pourquoi ?

C’est le Sanmatenga, où nous n’y sommes pas pour une raison très simple : nous avons été très légalistes. Au moment de la confection des listes, nous avions un dossier de cette circonscription qui comportait un papier légalisé (un certificat de nationalité). Les textes sont formels : il ne faut pas des documents légalisés. Pour être légalistes, nous avons retiré cette liste.

A notre grande surprise, il y a eu des compromis après au niveau de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), où des gens qui ont déposé des documents légalisés se sont vus finalement validés et nous qui avons respecté la loi, c’est nous qui sommes finalement sortis lésés de cette situation. C’est paradoxal, mais c’est cela aussi les réalités du terrain. C’est pour cette raison que nous ne sommes pas au Sanmatenga.


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Sur quoi fondez-vous aujourd’hui votre message de campagne ?

Nous, c’est deux messages. Premièrement, c’est : faites-nous confiance parce qu’on a déjà fait des choses pour gagner votre confiance. Depuis début 2019, nous avons été les premiers, les pionniers, dans la lutte contre le Covid-19. Nous avons fabriqué plus d’un million de litres de savon liquide que nous avons distribué gratuitement, plus de 500 mille masques (cache-nez) distribués gratuitement.

Nous avons aidé des personnes vulnérables pendant cette période-là, nous avons offert des kits (notamment des lave-mains) à quasiment tous les CSPS et commissariats de Ouagadougou et dans d’autres provinces. Nous avons lancé récemment une opération de permis de conduire pour 2 000 jeunes burkinabè, 5 000 jeunes formés au e-commerce, nous formons actuellement 1 000 jeunes au trading, etc.

Bref, nous faisons beaucoup de choses qui montrent que nous sommes attachés à la question de la jeunesse et des femmes. Nous formons également des femmes en AGR (Activités génératrices de revenus, plus de 100 000 femmes ont été formées en fabrication de savon, en élevage, etc.) et tout cela, à nos propres frais au niveau de l’AFA. C’est la preuve que ces gens-là vont (s’ils arrivent à l’Assemblée nationale) lutter pour le peuple, parce qu’ils ont déjà prouvé sur le terrain.

Le second message porte sur notre projet parlementaire lui-même, qui est des plus intéressants. Il est constitué de quatre points, essentiellement. Le premier point porte sur les personnes âgées, parce que d’aucuns pensent que l’AJIR, parce qu’il est un parti de jeunes, n’est attachée qu’aux questions de jeunesse.

Non, nous voulons simplement qu’il y ait une sorte de justice dans la société. Les personnes de troisième âge sont donc notre première cible et nous avons en vue d’initier une loi (proposition de loi) pour une prise en charge sanitaire des personnes de plus de 65 ans ; parce qu’à cet âge, on ne produit plus, on est inactif. Elles se retrouvent quasiment dans la même situation qu’un enfant de moins de cinq ans, elles ne produisent pas.

Nous avons également pensé que chaque deux ans, il faudrait une loi qui permet de réviser la pension des retraités ; parce que ces personnes-là qui ont travaillé toute leur vie doivent continuer de vivre des fruits de tout ce qu’elles ont déjà produit pour le pays (malheureusement, aujourd’hui, elles vivent de plus en plus dans une paupérisation, leur niveau de vie se dégrade, parce que la pension est statique alors que le niveau de vie grimpe). Le troisième aspect sur lequel nous comptons travailler, c’est la jeunesse et les femmes.

A ce niveau, nous n’échappons pas à notre dada, c’est-à-dire la question de la formation ; parce que pour nous, sans formation, il est impossible pour un jeune ou une femme de devenir productif/productive et de s’insérer dans la société. C’est pourquoi, nous envisageons une loi pour que la question de la formation des jeunes et des femmes devienne un droit opposable à l’Etat burkinabè.

En d’autres termes, chaque jeune burkinabè peut réclamer à l’Etat burkinabè, une formation de son choix et l’Etat doit lui donner sa formation, sinon il peut ester en justice contre l’Etat (parce que l’Etat le met dans une situation de désœuvrement et partant de là, il ne pourrait pas apporter une contribution à sa société).

Enfin, le quatrième aspect va consister à veiller à ce que la loi (le projet existe déjà) sur le mécénat et le sponsoring puisse être appliquée et que le secteur privé, notamment, soit stimulé par des avantages fiscaux afin qu’il y ait plus de motivation à financer le monde de la culture. Cela va être un moyen extraordinaire de financement de la culture, qui pourra reprendre de ses lettres de noblesse et ne sera plus le parent pauvre de notre système.

Un message vous reste-t-il en guise de conclusion ?

C’est de dire aux populations que l’élection d’un député, c’est le choix d’une personne capable d’aller défendre leurs intérêts. Il ne s’agit pas de voter un logotype, parce que le logotype n’a pas d’oreilles pour entendre vos souffrances. Il faut, par conséquent, voter des personnes qui ont prouvé leur action, qui sont considérées comme des actrices du développement et à qui vous pouvez avoir confiance dans leurs capacités à aller défendre vos intérêts ; et aujourd’hui, l’AFA l’a prouvé. Je souhaite que tout le monde vote la clé aux législatives, après avoir, bien entendu, plébiscité le candidat Roch Kaboré.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
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