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Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

Publié le mardi 3 novembre 2020 à 23h30min

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Lettre ouverte du philosophe Didier  Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

« Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile » Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, livre II, 40, fin du Ve siècle avant notre ère.

Affirmer que la situation de la nation burkinabè préoccupe plus d’une personne au Burkina comme dans sa Diaspora, ou encore dans le monde, relève de la tautologie. Les arènes politiques, économiques et sociales offrent le spectacle des préposés aux supplices. Les scénarii semblent se succéder, sans interruption, devant des spectateurs, dont le regard livide, rivé sur la même tragédie, semble se complaire dans la répétition de leur propre mise à mort, symbolique et cependant cruellement réelle.

Ce faisant, les temps semblent mûrs pour le spectacle critique et la mise en scène d’autres scénarii. Il ne s’agit pas d’une commodité de changement du roman national, mais d’un impératif historique, à défaut duquel notre peuple disparaîtra ou, au mieux, se retrouvera dans les affres d’un servage renouvelé par ses propres fils et filles. Notre pire ennemi n’est pas toujours l’Autre qu’on désigne, de loin, du doigt. La figure de l’ogre hante la République du Burkina Faso.

Regarder en face

• Un terrorisme interne et externe avec sa litanie de victimes, ensevelies dans des conditions indignes de notre espèce ou en errance, étrangères à leurs droits d’appartenance à un territoire apaisé et à la jouissance de leurs droits citoyens. Ce terrorisme produit des victimes livrées à la faiblesse et à l’incurie d’un Etat dont les mesures inadéquates ne permettent pas le respect du devoir et du droit républicain, la protection des personnes et des biens.

• Un Covid-19 qui vient confirmer, si besoin est, un système de santé plus que précaire pour la préservation du bien-être du plus grand nombre, alors même qu’il ouvre et crée des opportunités de trafic et d’enrichissement illicite en tous genres. La gestion de cette pandémie, exposée à l’infortune nationale, est livrée à la bienfaisance internationale. La faiblesse des mesures curatives, préventives et d’accompagnement sanitaire et sociale a commencé à produire ses effets délétères au plan social et économique. L’économie du sous-développement, survivant de l’aide, ne peut venir à bout de ses propres contradictions devant un tel imprévu.

• Cette économie, livrée par ailleurs à la prédation interne et externe, qui ne jure que par un libéralisme pensé ailleurs pour des acteurs locaux, occulte par conséquent toute inflexion susceptible de frayer les sentiers de l’émancipation. Les affaires et scandales fleurissent, devenant autant de faits divers, alimentant les "grins", maquis et salons du pays. Ils inclinent à l’indifférence de nombreux compatriotes, sapent les fondements même de l’Etat. La fusion des acteurs économiques et politiques à la faveur des PPP et autres passe-droits, a fini d’atteler l’économie nationale au cheval des intérêts individuels ainsi qu’à ceux des multinationales ; toutes choses qui alimentent le microcosme politico-oligarchique.

En somme, nous baignons dans une économie qui fausse la logique même d’un développement, par une croissance positive aux effets négatifs pour le plus grand nombre. Quelle contradiction !

• Et tout cela a lieu au sein d’un Etat absent qui, par fuites en avant et replis successifs, fait le tri dans le désastre général engendré par le terrorisme, le banditisme, les groupuscules armés et autres avatars du désordre social, plaide pour une vraie-fausse fin de la guerre, mais finit par créer un sentiment d’impuissance et de défaite au sein de toutes les couches populaires et des forces de défense et de sécurité. Dans ce climat délétère, les priorités électorales semblent défier ces imprévus désastreux de notre histoire récente et aveuglent plus d’un citoyen, à commencer par la classe politique, sur les réalités cruciales de la société burkinabè, au bord de l’implosion.

• En effet, des élections pour le 22 novembre 2020 se préparent dans un climat d’incohérence absolue. La priorité est-elle de ce côté-ci ? Le peuple serait-il juste devenu une variable d’ajustement électoral, livré dès le début du processus électoral au jeu ordinaire et traditionnel de la fraude prématurée, de l’achat à bas coût des consciences en survie, des vies en sursis, par des espèces sonnantes et trébuchantes, sacrifiant ainsi, par ces pratiques politiciennes, toute vertu démocratique sur l’autel de résultats connus d’avance. Le formalisme institutionnel ne saurait être ni une panacée, ni un but en soi, tant il repose sur un déficit abyssal de gestion démocratique et républicaine.

L’Histoire nous enseigne que la chute des nations commence souvent dans la confusion des genres et des méthodes en matière de gouvernement, alimentée par une absence de vision et des fuites en avant devant la réalité. Elle se fait précéder par l’abandon du plus grand nombre à son sort, parfois devant l’indifférence de ceux qui peuvent et doivent pouvoir dire non, proposer et organiser une autre vision. Le Burkina Faso répond à ces critères. Ce qui n’est pas rassurant.

• La majorité de nos compatriotes vit sous les fers croisés d’une débâcle politique, économique et sociale. Une population, en partie lâchée – en déshérence, - qui a totalement perdu confiance en ses dirigeants. Une population transformée par certains côtés en spectateur de sa propre tragédie ! Une population recroquevillée, comme pour éviter sa descente aux enfers. Fermer les yeux n’empêche pas la profondeur de la chute. Hélas ! Une population qui espère une La métamorphose de notre destin commun dans l’imploration tous azimuts d’une une Providence devenue sourde et muette ne semble pas non plus sortir notre nation de l’ornière et de ces difficultés devenues systémiques, voilà quelques décennies.
Tous les indicateurs sont au rouge au Burkina Faso.

Alors, des spécialistes de l’intérieur et de l’extérieur rivalisent d’adresse dans les constats, analyses et recettes thérapeutiques dans tous les domaines.
Cependant, des initiatives populaires, ininterrompues, de résistance citoyenne face aux multiples défis existent. Cette résistance populaire, portée par des organisations politiques, syndicales, paysannes, de femmes, de jeunes et de la société civile, toutes résolument engagées, témoigne de la volonté et de la détermination du peuple burkinabè à triompher des défis qui jalonnent son histoire. Cette résistance est visible dans toutes les couches laborieuses, urbaines et rurales et en particulier au sein de la jeunesse dans son ensemble. Elles refusent toutes de s’abandonner à une fatalité dans laquelle les incline la gestion actuelle du pouvoir. Cette résistance face à la perpétuation d’une gouvernance qui, depuis quelques décennies, sape les fondements d’une nation démocratique et tourne le dos aux générations actuelles et futures, synthétise, à travers ses initiatives, les questions prioritaires, posées et à résoudre, dès maintenant et sans délai.

L’élan populaire de révolte sourde et insurrectionnelle s’amplifie. Il nous enseigne que le temps de la "critique ajustée et feutrée", critique consensuelle et lâche, qui se nourrit d’un activisme intéressé et impropre à un changement qualitatif de notre situation nationale est révolu. Il est temps en effet d’opérer une véritable rupture, devenue vitale, si nous voulons éviter tout simplement de disparaître, comme peuple et comme nation. Se contenter d’observations regrettables des maux qui minent notre société s’apparente à une démission.

Rompre avec la connivence ou la démission paisible

Si la tolérance constitue une vertu, il est des moments dans l’histoire des humains, en l’occurrence celle qui a cours au Burkina Faso, où elle incline à la connivence pour un statu quo insoutenable, en somme à un renoncement à occuper simplement sa place dans l’espace public, comme citoyen, à qui incombe aussi la contribution pour une nation juste et démocratique, viable pour tous.

L’avenir dont rêve la majorité des citoyens et démocrates burkinabè, moins austère, l’horizon que nous scrutons chaque jour pour tenter d’y voir des lueurs de notre progrès et de notre émancipation, ne peuvent se réaliser tant que nous nous contenterons d’être juste de "bons citoyens", se tenant à l’écart du tumulte, des questions nationales complexes, loin de turbulences sociales. Notre place ne consiste pas à sauver juste notre tête et celles de nos proches, parents et amis.

Face aux promesses électorales en tous genres, notre avenir ne consiste pas à « attendre de voir… ». Le silence de nos colères légitimes et convictions contrariées doit se libérer des calculs électoraux conduisant à des paix sociales factices. Cette libération sonne le temps d’une rupture à assumer dans le respect de notre droit à une vie meilleure pour tous.

Par ailleurs, une attitude de retranchement d’une partie de nos compatriotes dans une Providence constitue un exutoire à bas coût, alimenté par la capacité de résilience, célébrée par monts et par vaux, pour les laissés-pour-compte de notre histoire nationale. Il est improductif de scander la fin de toutes nos souffrances actuelles dans un temps apocalyptique. Ces postures alimentent les illusions d’une réelle émancipation, consolident le statu quo dont nous devons cependant sortir. Notre salut ne dépend que nous.

Notre capacité à comprendre cette situation nationale devenue intolérable doit nous faire sortir de cette attitude défensive, en refusant de nous mouler dans le consensus mou et la critique ajustée. Nous devons nous mettre définitivement sur le chemin d’actions citoyennes concertées, au-delà de tout esprit partisan.

Pour ce faire, agissons de manière concertée ! Les initiatives sporadiques, bien que louables, ne produisent que des effets de même nature. L’absence de réactivité, d’initiatives et de créativité collective et concertée incline à la condescendance face à la médiocrité ambiante, à l’absence de résultats démocratiques, économiques et sociale viables et durables. Cette absence, devenant silence, s’accommoderait de ce respect lâche des formalismes institutionnels, du fétichisme électoral, qui confortent le jeu de dupes, à l’instar de ces élections imminentes du 22 novembre 2020.

Ne rien faire mettrait non seulement en péril la fragile petite place que nous tentons d’occuper sous ce soleil brumeux du Burkina Faso. Mieux, cela conduirait la nation toute entière dans les décors de l’Histoire. Ne rien faire, c’est accepter que le soleil, chaque jour, s’éteigne un peu plus sur nos vies de citoyens, par ce jeu de massacre de nos aspirations à une vie meilleure, des vies livrées au libéralisme sauvage, à la violence insoutenable d’un terrorisme interne et externe, à une gouvernance qui va a volo. Alors, ta place t’attend !

S’engager en citoyen conscient et en démocrate

Il s’agit impérativement d’entreprendre et d’inventer ensemble, une société juste, avec un esprit critique, conséquent et audacieux.

Après avoir vu et compris, il nous faut désormais nous armer de courage et poser des actes qui mobilisent résolument notre peuple et sans complaisance sur des lignes propices au changement qualitatif de la nation.

L’engagement de celles et ceux qui ont compris les maux de notre société burkinabè n’est pas un confort de citoyenneté. Au-delà des contraintes et pressions en tous genres, il est un devoir envers notre peuple, devant l’Histoire nationale, régionale et universelle (mondiale), en vue d’initiatives pour le relèvement de la nation toute entière.

Cet engagement est indispensable, parce que vital. Il doit être sans concession sur des valeurs de vérité, de justice et de courage pour le changement social véritable, au bénéfice de tous. Il est inséparable de l’aspiration légitime de chaque burkinabè à vivre dans la dignité. L’intégrité dans l’action dont nous devons faire preuve n’est pas une chasse gardée de bienséance. Elle est une valeur à forger en chacun de nous et à partager avec notre peuple qui doit aussi la reconquérir, la défendre, et en faire le socle de notre construction commune. La vérité et la justice ne sont pas seulement de belles notions pour des repus de beaux discours. Elles doivent aussi prendre place dans les faits et gestes de chaque citoyen, de chaque acteur de la démocratie, de chaque acteur de cette nation.

Cher compatriote, citoyen- et démocrate,

Le temps est révolu de te laisser parasiter l’espace public national par de funestes promesses et des chimères.

L’heure est venue de chasser l’ombre, sous toutes ses formes, pour faire place à la lumière.

Là est ta tâche, comme fille et fils du Faso.
Un autre Burkina ici et maintenant ne se construira pas sans toi, sans nous.

Didier OUEDRAOGO
Philosophe

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Vos commentaires

  • Le 3 novembre 2020 à 15:49, par sidsomde En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

    M. le philosophe, je voudrais vous rappeler qu’on a déjà invité quelqu’un à se corriger quand il disait : " ... République du Burkina Faso".
    Et vous le dites ici : "La figure de l’ogre hante la République du Burkina Faso"

    • Le 4 novembre 2020 à 09:58, par kwiliga En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

      @sidsomde
      Peut-être est-ce une aspiration de l’auteur, au même titre que, lorsque Tomas Sankara a voulu rebaptiser la coloniale Haute volta, "pays de hommes intègre", il exprimait vraisemblablement un espoir, et non pas un constat.
      Ce qui ressort en tous cas de l’ensemble du texte, c’est qu’il est temps que les citoyens consciencieux s’emparent enfin de la chose publique (rès publica).
      Et ça, c’est un très beau message d’espoir, d’incitation à l’engagement, même si, de mon point de vue et au regard de l’égocentrisme qui caractérise nos élites, cela relève plutôt de l’utopie.

  • Le 3 novembre 2020 à 15:57, par koh En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

    grand frère ton français est trop fort pour la majorité de tes compatriotes. Beaucoup te liront mais ne te comprendront guère.
    il faut effectivement un éveil et une prise de conscience ; mais comment ?
    Ventre vide n’a point d’oreille. En d’autres termes les gents ont faim. et la majorité des lutent est enrobé par des soit disant une amélioration de conditions de travail.
    En effet sur cinq points de revendications, trois points sont pour un bien être. Donc pour soit même. C’est vrai que si on ne s’accroche pas on peut pas accrocher une ruche. Mais on a pas besoin forcement de grand moyen pour faire de grandes choses. SEUL UNE CONSCIENCE PROFESSIONNELLE A TOUS LES NIVEAUX PEUT FAIRE AMÉLIORER LES CHOSES. SI CHACUN FAISAIT CORRECTEMENT SON TRAVAIL, LE BURKINA IRAIT MIEUX

  • Le 3 novembre 2020 à 16:50, par Le Vigilent En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

    Dans ce pays, chacun a sa lecture de la situation et à la solution toute faite à tout !
    Les politiciens de carrière ont échoué et le pays court à sa perte. Heureusement que les philosophes sont là pour nous montrer le chemin du salut.

  • Le 3 novembre 2020 à 19:54, par KingBaabu En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

    Cher Grand Frère, j’ai essayé de te lire sur un smartphone mais j’ai trouvé que c’était long et j’ai fait une pause pour écrire mon post. Je vais terminer la lecture après. Tout ce que tu dis n’est que vérité mais en même temps il faut qu’on soit des personnes qui posent des actes notoires ; dans notre quartier, au village, dans la société en général. Je dis bien notoires, les actes que nous posons peuvent être de grande portée sans pour autant être grandioses _ c’est l’impact qui compte. En tout cas merci de nous éclairer, je vais continuer la lecture après.

  • Le 3 novembre 2020 à 20:37, par Muriel Berg En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

    Je pensais que, pour un philosophe, les mots avaient un sens. Si, comme toutes les autres républiques alentour, Thomas Sankara avait voulu que le Burkina portât le nom de république, il l’eût fait sans hésiter.
    Le Burkina n’est pas une république, mais un faso, forme politique qu’il serait temps d’interroger pour en comprendre l’originalité et la force révolutionnaire.
    Mais ce faisant, vous mettez le doigt sur l’essentiel : la république, loin d’être la solution, est le problème. Et les pays africains ne relèveront la tête qu’à mesure qu’ils déconstruiront tout ce qui leur vient de la république, un régime historiquement comploté contre la démocratie.
    La république est le régime le plus répandu sur la planète parce qu’elle est l’outil légal et électoral de l’hégémonie des classes dominantes. C’est la république qui a fait la colonisation, c’est elle qui a fait la décolonisation, et c’est elle qui fait le néocolonisation.
    Sortir de la république et de ses constructions impériales que sont les Unions économiques est la seule voie vers la démocratie.
    Mais là encore, il ne faut pas confondre les mots : la démocratie commence là où s’arrête la république.

    • Le 4 novembre 2020 à 10:06, par kwiliga En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

      @ Muriel Berg
      Chère madame Berg, votre post me plonge dans la confusion, car je n’ai pas les mêmes considérations que vous vis à vis de la chose républicaine.
      Je ne parle pas ici de ce que le capitalisme, l’impérialisme ont fait de la république en s’accaparant le terme, mais bien de la république telle qu’elle est pensée à l’origine.
      Je vais donc me remettre à la lecture de Platon, peut-être devriez-vous en faire de même.

    • Le 4 novembre 2020 à 12:46, par Sidpassata Veritas En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

      @Muriel Berg vous et d’autres internautes veulent nous ramener à la discussion sur la Notion de "Faso" qui serait une forme de gouvernement spécifique au Burkina qui ne serait pas une république. Je crois ce débat est inutile, surtout que notre pays a d’autre chats à fouetter avec toutes les urgences qui s’impose à nous. Il est inutile pour la raison que vous avez évoquée pour faire votre objection : les mots ont un sens. Faso, République et Démocratie ont un sens.

      - 1- Comme je ne suis pas un savant en la matière, je suis allé consulter le Dictionnaire le Littré qui commence par expliquer la République par son sens étymologie : l république c’est "la chose publique, et, en général, tout espèce de gouvernement". J’en déduit que ne Faso, en tant que nouvel espèce de gouvernement (même identifié mais non précisé) est un république. Cela, d’autant plus que Faso, étymologiquement signifie en langue nationale Dioula ( maison du père, c’est-à-dire, la patrie). Or il n’y a pas de chose plus publique que la patrie qui est un bien commun fondamental. Le Burkina, en tant patrie (Faso) de tous les Burkinabè est est donc la chose publique (République) par excellence pour nous.. Alors faisons attention de ne pas perdre le sens profond de Burkina Faso et de nous perdre en conjectures.

      -  2- En plus, le Dictionnaire le Littré, explique que République et Démocratie sont quasiment de synonymes. Peut-être que j’ai mal fait de faire confiance à un dictionnaire français, mais, c’est pour revenir au sens des mots. Voilà ce qui est écrit dans le dictionnaire
      « RÉPUBLIQUE, DÉMOCRATIE. République est la chose publique, et n’implique la forme du gouvernement que par un sens particulier. Aussi les empereurs romains avaient-ils conservé le nom de république, et les premières pièces frappées en 1804 portaient d’un côté République française, et de l’autre Napoléon empereur. Démocratie, au contraire, exprime que c’est le peuple entier qui a le gouvernement ou qui le confère à des magistrats de son choix élus pour un temps assez court. Les États-Unis sont une démocratie. La démocratie est l’opposé de l’aristocratie ou république aristocratique. C’est donc prendre démocratie en un faux sens que de dire, comme on fait tous les jours, que la France est une démocratie. à la vérité on entend par là un état social où les inégalités nobiliaires sont très effacées ; mais ce n’est là qu’une petite partie de la démocratie.  »

      -  3- En somme, je pense qu’on peut dire que le Burkina est une république, et que cela n’empêche pas de faire du Faso, une forme spécifique de gouvernement républicaine, peut-être non aristocratique et plutôt démocratique. Pour moi, l’essentiel pour notre patrie est d’approfondir notre démocratie, comme le philosophe, qui connait bien le sens des mots, nous le recommande : Allons donc à l’essentiel.

  • Le 3 novembre 2020 à 23:43, par Jonassan En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

    Monsieur le philosophe, j’ai une question et une préoccupation.
    1) Question :
    Qui on doit voter pour effacer cette sombre histoire que tu as si bien décrite ?
    2) Préoccupation :
    Je cherche un homme sous le soleil, malheureusement ma bougie est entrain de s’éteindre.

  • Le 4 novembre 2020 à 12:54, par Sidpassata Veritas En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

    @Muriel Berg vous et d’autres internautes veulent nous ramener à la discussion sur la Notion de "Faso" qui serait une forme de gouvernement spécifique au Burkina qui ne serait pas une république. Je crois ce débat est inutile, surtout que notre pays a d’autre chats à fouetter avec toutes les urgences qui s’impose à nous. Il est inutile pour la raison que vous avez évoquée pour faire votre objection : les mots ont un sens. Faso, République et Démocratie ont un sens.

    - 1- Comme je ne suis pas un savant en la matière, je suis allé consulter le Dictionnaire le Littré qui commence par expliquer la République par son sens étymologie : l république c’est "la chose publique, et, en général, tout espèce de gouvernement". J’en déduit que ne Faso, en tant que nouvel espèce de gouvernement (même identifié mais non précisé) est un république. Cela, d’autant plus que Faso, étymologiquement signifie en langue nationale Dioula ( maison du père, c’est-à-dire, la patrie). Or il n’y a pas de chose plus publique que la patrie qui est un bien commun fondamental. Le Burkina, en tant patrie (Faso) de tous les Burkinabè est est donc la chose publique (République) par excellence pour nous.. Alors faisons attention de ne pas perdre le sens profond de Burkina Faso et de nous perdre en conjectures.

    -  2- En plus, le Dictionnaire le Littré, explique que République et Démocratie sont quasiment de synonymes. Peut-être que j’ai mal fait de faire confiance à un dictionnaire français, mais, c’est pour revenir au sens des mots. Voilà ce qui est écrit dans le dictionnaire
    « RÉPUBLIQUE, DÉMOCRATIE. République est la chose publique, et n’implique la forme du gouvernement que par un sens particulier. Aussi les empereurs romains avaient-ils conservé le nom de république, et les premières pièces frappées en 1804 portaient d’un côté République française, et de l’autre Napoléon empereur. Démocratie, au contraire, exprime que c’est le peuple entier qui a le gouvernement ou qui le confère à des magistrats de son choix élus pour un temps assez court. Les États-Unis sont une démocratie. La démocratie est l’opposé de l’aristocratie ou république aristocratique. C’est donc prendre démocratie en un faux sens que de dire, comme on fait tous les jours, que la France est une démocratie. à la vérité on entend par là un état social où les inégalités nobiliaires sont très effacées ; mais ce n’est là qu’une petite partie de la démocratie.  »

    -  3- En somme, je pense qu’on peut dire que le Burkina est une république, et que cela n’empêche pas de faire du Faso, une forme spécifique de gouvernement républicaine, peut-être non aristocratique et plutôt démocratique. Pour moi, l’essentiel pour notre patrie est d’approfondir notre démocratie, comme le philosophe, qui connait bien le sens des mots, nous le recommande : Allons donc à l’essentiel.

  • Le 4 novembre 2020 à 19:37, par KingBaabuChers En réponse à : Lettre ouverte du philosophe Didier Ouédraogo à tout Burkinabè : Pour un engagement citoyen et démocratique

    Muriel Berg a raison. Il est inapproprié de dire Rép du Burkina Faso. Tout le reste n ?est que paroles inutiles et envies de créer la confusion. Sankara en sacralisant le Faso comme le pendant du stéréotype réactionnaire appelé République, voulait créer une nette démarcation justement avec la République au sens propre ou platonicien du terme. Il pensait sans doute à un modèle inspiré de la ’’Jamahiriya’’ libyenne, mis en réalité cela renvoyait toujours à la notion de ’’République Populaire’’. At the end or the day, Burkina Faso équivaudrait tout simplement à République du Burkina.

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