Insurrection populaire d’octobre 2014 : Six ans après, les « insurgés » réclament toujours justice
Six ans après l’insurrection populaire, les « insurgés » attendent toujours que lumière soit faite sur les événements qui ont endeuillé des familles et fait des centaines de blessés. Réunis au sein de plusieurs organisations de la société civile, ils ont exprimé leur mécontentement et réitéré leur engagement à poursuivre la lutte. C’était au cours d’un meeting organisé, le samedi 31 octobre 2020, à la Maison du peuple, à Ouagadougou.
La vérité et la justice tardent à poindre six ans après les événements qui ont précipité la chute du régime de Blaise Compaoré. « On doit nous dire qui a tiré sur qui, qui a demandé de tirer et pourquoi ? », fulmine Elie Tarpaga, président de la coordination des comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire de la ville de Ouagadougou.
Crainte d’un dossier sans suite
Co-organisateur d’un meeting, tenu samedi, pour réclamer la lumière pour les martyrs et les blessés, et dénoncer « la corruption au sommet de l’État et l’entente électoraliste des partis politiques », il a laissé entendre que le dossier des martyrs de l’insurrection populaire « est en passe d’être sacrifié sur l’autel des intérêts communs entre les forces politiques électoralistes et contre-révolutionnaires ».
Elie Tarpaga estime que les aspirations du peuple burkinabè ont été trahies. Pour lui et ses camarades, le service minimum exigé de l’État dans ce dossier est la prise en charge des blessés et des familles des martyrs. Mais cela ne devrait pas occulter, la principale préoccupation qui est la justice, note le premier responsable du CDAIP.
« Nous ne comptons pas aller aux élections »
« Nous nous sommes insurgés mais il n’y a pas eu de changement. C’est parce que nous ne sommes pas allés au bout de la logique insurrectionnelle. Les Burkinabè doivent se départir de ces élections. Nous préférons nous organiser dans les quartiers et arrondissements et réfléchir à la manière de changer véritablement le Burkina Faso. Pour nous le changement véritable, c’est le changement révolutionnaire. Nous ne comptons pas aller aux élections et nous appelons le peuple burkinabè à ne pas rentrer dans cette illusion car le réveil sera très douloureux », a déclaré Elie Tarpaga.
Au cours du meeting, les organisations ont fait une radioscopie peu reluisante de la gouvernance du pouvoir en place marquée par « des attaques terroristes contre les civils et les forces de défense et de sécurité, la corruption, la morosité économique, la dégradation des services sociaux de base tels que l’éducation, la santé et le logement, etc. » Elles ont enfin regretté le statu quo dans le dossier sur l’assassinat, le 31 mai 2019, des militants de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ) dont les corps attendent toujours une autopsie.
Organisations présentes au meeting
Notons que le meeting a été tenu en commun par une dizaine d’organisations parmi lesquelles la coordination des Comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP), l’Association des blessés de l’insurrection populaire (ABPI), l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ), le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), le Collectif syndical CGT-B, le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), le Réseau national de lutte anti corruption (REN-LAC), la Coalition des associations de défense pour le droit au logement (CADDL), Le Syndicat national des artistes musiciens du Burkina Faso (SYNAMUB), la Cité idéale, l’Association des dockers et manœuvres du Burkina (ADMB), l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB), la coordination de la Coalition de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC).
HFB
Lefaso.net