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Restitution de l’audit international du fichier électoral : Des forces et des faiblesses décelées

Publié le mercredi 21 octobre 2020 à 23h32min

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Restitution de l’audit international du fichier électoral : Des forces et des faiblesses décelées

L’audit indépendant du fichier électoral burkinabè a présenté ses résultats ce mercredi 21 octobre 2020 à Ouagadougou. Ce que l’on peut retenir, c’est que le fichier contient des forces et des faiblesses. Même si cela n’entache pas la sincérité du scrutin, les experts électoraux ont fait des recommandations dans le but de l’améliorer pour les prochaines échéances.

La classe politique burkinabè voulait un audit international du fichier électoral. C’est désormais chose faite. Après 29 heures de travaux en six séances, les experts électoraux ont présenté les résultats de leurs investigations. Ils ont pu noter des forces et des faiblesses dans le fichier électoral. Au niveau des forces, l’audit note que la révision exceptionnelle organisée par la CENI a permis à 2 377 601 personnes de s’enrôler. La CENI a également garanti l’unicité de chaque électeur, en procédant à un important dédoublonnage des enrôlements multiples, avec 1 425 725 enregistrements identifiés et supprimés.

Cela a permis de garantir le caractère inclusif du fichier électoral burkinabè, qui atteint aujourd’hui 6 490 926 électeurs. Les experts ont souligné que bien que la CENI ait été confrontée à un grand nombre de défis, elle a su s’adapter pour permettre aux électeurs de 329 des 351 communes (94%) et de 7 694 des 9 299 villages (83%) du Burkina Faso de participer à l’enrôlement. La CENI a également fait preuve de transparence et de professionnalisme tout au long des opérations de révision et d’audit du fichier électoral, renforçant ainsi la confiance des parties prenantes.

Le président de la CODEL, Alidou Ouedraogo, entouré du président de la majorité présidentielle et du chef de fil de l’opposition

Au niveau des faiblesses, il y a le fait que le cadre juridique burkinabè ne permet pas à la CENI de constituer son fichier électoral au travers de révisions annuelles et exceptionnelles, sans pouvoir à ce jour travailler sur des listes permanentes, notamment en s’appuyant sur un état civil efficient et sur un système d’identification unique. Ensuite, structurellement dépendante de la publication de décrets qui n’abordent pas l’entièreté d’un cycle électoral, la CENI doit organiser in fine l’enrôlement dans un délai très court, engendrant des chevauchements d’activités.

En outre, la nature du système de révision entraîne deux faiblesses majeures : l’accumulation non maîtrisée des électeurs décédés, estimés dans le fichier électoral entre 280 000 et 320 000 personnes, et l’empilement de données désuètes issues des révisions de 2012, 2014 et 2015. Enfin le taux d’enrôlement, situé autour de 63,2% de la population cible, est particulièrement marqué par une sous-représentativité chronique des jeunes et des femmes, depuis 2014.

Le fichier, selon Antoine Michon de l’OIF, est une contribution importante en vue d’élections apaisées.

Malgré tout, ces remarques n’entachent pas la qualité du fichier électoral a conclu les experts internationaux. Au titre des recommandations, ils suggèrent entre autre le recours à la carte nationale d’identité comme pièce valant carte d’électeur ; la vérification dans le fichier de l’ONI, les 222 cartes d’électeurs enregistrées avec des numéros par défaut pour leur affecter leur numéro unique. Le président de la CENI, Newton Ahmed Barry, dit avoir pris acte des recommandations. Il est d’avis qu’on utilise la carte d’identité comme carte d’électeur. Il a confessé également que le service informatique a besoin de renforcement.

Simon Compaoré de la majorité présidentielle se dit satisfait des résultats. C’est le même son de cloche au niveau de l’opposition politique. Victorien Tougouma a souligné qu’en dépit des forces et des faiblesses, cela n’entache pas la sincérité du fichier électoral. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a salué un travail de fond et de qualité. Le fichier selon Antoine Michon de l’OIF est une contribution importante en vue d’élections apaisées. Le ministère de l’Administration territoriale ainsi que l’Union africaine se sont réjouis également des résultats.

Dimitri Ouédraogo
Cryspin Masneang Laoundiki (direct Facebook)
Lefaso.net

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