L’Aïd El Fitr 2020 : Imam Tiégo Tiemtoré appelle à plus de solidarité envers les personnes éprouvées par les actes terroristes et le COVID-19LEFASO.NET
dimanche 24 mai 2020.La fête de Ramadan 2020 a été célébrée dans un contexte international marqué par la pandémie du COVID-19. Au Burkina, en plus de cette crise sanitaire, la préoccupation, c’est également la dégradation de la situation sécuritaire avec ses conséquences de plus de 800 000 déplacés internes et de nombreuses pertes en vies humaines. C’est d’ailleurs sous le sceau de ces préoccupations que le Cercle d’études, de recherche et de formation islamique (CERFI) et l’Association des Elèves et Etudiants musulmans au Burkina (AEEMB) ont, ce dimanche, 24 mai 2020, marqué la fin du mois de pénitence : l’Aïd El Fitr Comme à l’accoutumée, c’est le terrain Dabo Boukary, de l’université de Ouagadougou, qui a accueilli les fidèles musulmans en cette matinée de fin de jeûne 2020. COVID-19 oblige, chaque fidèle était muni de son tapis individuel, de cache-nez et devait également se soumettre, à l’entrée, au dispositif de désinfection à la solution hydro-alcoolique. Sur l’aire de la prière, la distanciation sociale ne s’est pas négociée ; les organisateurs ont tout mis en œuvre pour le respect des consignes qui ont été édictées par le gouvernement et la Fédération des associations islamiques du Burkina. Même à la fin de la prière, la recommandation a été de procéder à une sortie à petits et progressivement des fidèles, question de ne pas créer l’embouteillage à la porte. Cette journée généralement festive qui allie visites aux proches et repas en famille se trouve, cette année, amputée de cette étape. La fête de Ramadan 2020 intervient également pour le Burkina, dans un contexte caractérisé par de nombreuses attaques terroristes, faisant à ce jour, plus de 800 000 déplacés internes, de nombreux veuves et orphelins.
L’imam Tiégo Tiemtoré recommande donc plus de compassion, de solidarité…envers les personnes éprouvées par les actes terroristes et le COVID-19. C’est en cela qu’il a, au passage, magnifié les gestes de solidarité de Burkinabè et des communautés vivant au Burkina pour redonner espoir aux populations éprouvées par les actes terroristes et le COVID-19. « Où se trouve notre foi, quand on n’est indifférent aux douleurs de l’orphelin, à la misère de la veuve, à la contrainte du malade, du refugié, à la destruction de l’environnement… », invite imam Tiemtoré qui a officié la prière, précisant que la foi ne consiste pas à tourner vers l’ouest et l’Est, mais de croire en Dieu et être surtout bienfaisant pour les proches, les orphelins, les exilés, les pauvres, etc.
C’est dans cet idéal qu’il appelle les musulmans à travailler à la mise en place d’un Fonds qui profiterait non seulement aux musulmans, mais aussi à tous les concitoyens. Imam Tiégo Tiemtoré a, en outre, rappelé aux fidèles, le défi de la bonne compréhension de la religion musulmane ; le défi du vivre-ensemble avec les autres ; le défi de la citoyenneté responsable, c’est-à-dire la nécessité pour le musulman de s’impliquer dans tous les combats de la nation (éducation, environnement, santé, humanitaire, etc.). O.H.L sermon de l’Imam Tiégo Tiemtoré Nous partageons avec vous le texte intégral du Sermon de l’Aid El Fitr 2020. BISMILLAHI ARAHMANI RAHIM Toutes les louanges sont à Allah, l’Unique qui jouit de la majesté, de l’éternité, de la grandeur, de la magnificence et de la puissance absolue. Chers frères et sśurs, Dieu nous exhorte à sa crainte et la recherche de sa proximité, par l’accomplissement d’śuvres d’adoration en quantité et en qualité. C’est un appel vers des valeurs, pour éveiller et conforter la compassion, la solidarité envers les autres, ou encore pour s’armer de patience et apprendre à mieux se contrôler. Mois de partage et de proximité divine, en ce sens qu’il va inciter le musulman à accomplir beaucoup de bonnes actions qu’auparavant.Parmi ses enseignements spirituels, il y a la dimension du partage. Mais comment partager et être solidaire, si on n’expérimente pas la privation ? La faim et la soif deviennent en ce moment des viatiques que Dieu utilise pour éduquer le musulman et aiguiser son sens de la solidarité.Celui qui a vécu la faim et la soif, comprend la privation vécue par des hommes et des femmes autour de lui et devient apte à développer des gestes de compassion. Dans la recherche de cette proximité divine, les actes accomplis durant le mois de Ramadan tels que le sens de la générosité, la maîtrise de nos sens, le goût de l’invocation et surtout, la pratique de la prière nocturne, doivent nous y aider. Le Coran vante les mérites de « ceux qui s’arrachent de leurs lits pour invoquer leur Seigneur par crainte, espoir et ils font largesse de ce que nous leur attribuons » (Coran 32 :16) L’enseignement du prophète Mouhamad (saw) nous apprend que « La meilleure prière après celle prescrite, est la prière effectuée au milieu de la nuit ». Et la finalité du Ramadan pose des préoccupations de tous les temps : Comment cheminer sur la terre de Dieu, avec ses signes, au profit de l’humanité ? Comment développer une spiritualité citoyenne afin d’être un citoyen utile ? Et Dieu de nous enseigner cette vérité : "Et que vous proclamez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissants" (Sourate 2 / 185) Autant de belles leçons de foi et de vie apprises et pratiquées, ne sauraient s’évaporer après le ramadan. Chers frères et sśurs, Dans toutes ces deux situations, il faut saluer la mémoire des victimes, féliciter l’action de tous les acteurs, et appeler à la solidarité et à la compassion, à l’égard des personnes et des familles éprouvées. La situation nous interpelle sur l’impératif de l’unité nationale. Il n’y a pas de place pour la division. Il faut resserrer les coudes pour développer notre pays, préserver l’héritage de nos devanciers et préparer de meilleurs horizons pour nos progénitures ; et on a besoin de tout le monde. Cette responsabilité fait du musulman, un agent actif de développement. Où se trouve notre foi, quand on est indifférent aux pleurs de l’orphelin, la misère de la veuve, la complainte du malade, la destruction de l’environnement, les déboires des réfugiés, etc. C’est le lieu d’appeler à la mise en place d’un ‘’Fonds Zakat National’’ qui profiterait non seulement aux musulmans, mais aussi à tous nos concitoyens. Le défi de la compréhension saine de la religion : l’islam est un code de vie, une civilisation qui embrasse tous les domaines de la vie de l’homme et qui vise à parfaire l’individu et le mettre au service de la communauté, grâce à l’éducation reçue par la pratique des actes cultuels. Le défi des savoirs et connaissances, pour un Islam des lumières : revenir à la vraie dimension du Iqraa coranique qui exalte la recherche, la quête de tout ce qui permet d’être équilibré ; lire et comprendre l’Univers pour le dominer. La première révélation fait de nous, un peuple des savoirs, de la lecture et de la découverte, avec environ 750 versets du Coran qui encouragent à réfléchir sur l’univers et ses structurations. Quand le Coran dit que « la miséricorde de Dieu embrasse toute chose », cette miséricorde ne fait pas de distinction entre des choses qui mériteraient cette miséricorde et celles qui ne la mériteraient pas. Au contraire, cette miséricorde vise la totalité des créatures. Le défi de la citoyenneté responsable : Il faut s’impliquer dans tous les combats citoyens, la participation politique, l’éducation, la santé, l’humanitaire, l’engagement des femmes, l’environnement, le refus de l’exclusion sociale, etc… Il nous semble important aujourd’hui, pour toutes les communautés musulmanes, de vivre un Islam des lumières et des finalités, ‘’qui fait sortir des ténèbres vers la lumière’’ (Coran 14/2), parce qu’être musulman, c’est vivre avec les autres, parmi les autres et leur être utile. (Coran 49/13). C’est en cela qu’il faut saluer, chers frères et sśurs, toutes ces initiatives des Burkinabè de l’intérieur comme de l’extérieur, des communautés étrangères vivant avec nous, des pays amis, des partenaires techniques et financiers, des organisations de la société civile, qui contribuent à redonner de l’espoir à ces populations éprouvées par les actes terroristes et par le Covid-19. Dans cette quête de bien-être, comment ne pas être solidaires de tous les peuples éprouvés par les affres du Covid-19. Cette pandémie constitue, par ses conséquences économiques et sociales, une crise mondiale sans précédent. Selon les récentes estimations de la Banque mondiale, la pandémie pourrait faire sombrer quelque 49 millions de personnes dans l’extrême pauvreté en 2020. Les pertes d’emplois, les hausses de prix des produits et services (dont le contrôle est primordial, pour freiner la voracité de certains acteurs économiques sur des hausses qui ne se justifient pas), la désorganisation des services d’éducation et de santé, sont autant de conséquences prévisibles des mesures prises pour contenir la propagation du coronavirus. Aussi, faut-il saluer l’engagement de tous les acteurs dans la riposte contre le COVID-19 et inviter à la responsabilité individuelle et collective dans la lutte qui doit continuer, car la maladie n’est pas encore totalement derrière nous. Ces mesures ont des fondements islamiques. La religion vise cinq finalités : la préservation de la vie, la raison, la croyance, la filiation et la propriété. La protection de la vie vient en première position, et, dans la charia, la nécessité lève l’interdiction. Cette nécessité, ce sont les cas où on risque de perdre la vie ou de faire perdre la vie à quelqu’un d’autre. Devant une telle crise multidimensionnelle, il est important d’appeler à l’union sacrée de toutes les composantes de la Nation et d’exhorter les Autorités à la prise de décisions qui tiennent compte de la fragilité de la plupart des ménages. Le Covid-19 nous enseigne, pour le Croyant, tout un signe : la fragilité et la vulnérabilité de la créature humaine face à l’épreuve. Devant les épreuves difficiles, la tradition musulmane nous recommande le repentir sincère, la multiplication des śuvres de bienfaisance surtout en faveur des nécessiteux, la justice sociale et les invocations. Tout sur terre et dans les cieux : l’univers, les être humains, les animaux, les plantes, la succession du jour et de la nuit, les variations saisonnières, deviennent, au-delà de leur matérialité, des signes qui rappellent la présence divine. « Il n’est pas un seul élément qui ne célèbre pas les louanges de Dieu, mais vous ne comprenez pas leurs louanges’’ dit le Coran. A côté du Covid-19, il faut reconnaitre que notre pays traverse des moments difficiles sans précédent. Des actes de haine, de rejet des autres, de discriminations et de défiance de l’autorité de l’Etat, menacent dangereusement notre vivre ensemble. Gouvernants et Gouvernés, tous doivent s’engager à créer un environnement apaisé et à cultiver un esprit de paix, gages de stabilité et de développement durable. DEUXIEME PARTIE Chers frères et sśurs, Pour maintenir notre cśur éveillé et attentif, Dieu a fait de nous, une communauté de souvenir : cinq fois par jour, un cśur présent à travers la prière ; chaque vendredi, un bilan hebdomadaire ; une fois dans l’année au mois de Ramadan, le retour à lui pour nous recharger spirituellement ; répondre à son appel, une fois dans sa vie (qui efface tous les péchés) en allant aux lieux saints. Quand le Coran proclame, ‘’Ô vous les croyants, répondez à l’appel de Dieu et de son messager quand ils vous appellent à ce qui fait revivre vos cśurs’’ (Sourate 8 : 24), c’est une invite à ne jamais oublier le lien vertical qui nous nourrit de lumière pour éclairer l’horizontalité de nos rapports quotidiens dans la cité des hommes. En ces instants de souvenir et de rappel, nous ne pouvons pas oublier, le Cheick Aboubacar Fofana, Guide de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire rappelé à Dieu, le dimanche dernier. Cheick Aboubacar Fofana : c’est une vie entière consacrée à Dieu et aux hommes : pour enseigner, éduquer et conduire vers la verticalité. Un visionnaire et un monument qui a prôné un islam du juste milieu. Que son exemple d’engagement et de don de soi puisse inspirer les générations actuelles et à venir ! Puissent les jours bénis du Seigneur de la création, qui viennent et qui reviennent, apporter à nos familles, nos pays et au monde : paix et sérénité, comme le fait la voix du muezzin, sereine et mélodieuse, du haut des minarets, lorsqu’elle se pose sur un peuple prosterné et soumis au vrai Seigneur des Mondes. Qu’ils nous procurent la joie d’être en compagnie des gens qui nous font aimer Dieu, qui partagent avec nous leur amour de Dieu et qui veulent nous faire connaître le vrai bonheur, celui d’être parmi les bien-aimés de Dieu, içi et demain ! Bonne fête de Ramadan à toutes et à tous ! Imam Tiégo TIEMTORE |
Vos commentaires
1. Le 26 mai 2020 à 10:28, par fasoden En réponse à : L’Aïd El Fitr 2020 : Imam Tiégo Tiemtoré appelle à plus de solidarité envers les personnes éprouvées par les actes terroristes et le COVID-19
Je me reconnais entièrement dans cet islam respectueux des principes de l’état de droit. Mes félicitations à l’imam TIEMTORE et l’ensemble des organisateurs de la prière. Contrairement aux déclarations de certains Imam appelant au respect des consignes de lutte contre le covid_19, lui au moins a traduit en acte ce qu’il a dit.
J’ai toujours demandé au gouvernement de bander les muscles face aux agissements de certains soit disant musulmans dans le cadre de la lutte contre la pandémie. On ne sensibilise que des gens qui ont des oreilles pour écouter. Regardez vous même comment les gens étaient regroupés lors des prières le dimanche sur les autres sites et écoutez les sermons des Imams qui ont dirigé ces prières. C’est, excusez moi du terme, à la limite irresponsable. Ce sont les mêmes qui seront toujours prêts à vider leur bile sur le gouvernement en cas propagation exponentielle.
2. Le 26 mai 2020 à 11:50, par L’Aïd El Fitr 2020 En réponse à : L’Aïd El Fitr 2020 : Imam Tiégo Tiemtoré appelle à plus de solidarité envers les personnes éprouvées par les actes terroristes et le COVID-19
Félicitations à l’AEEMB et au CERFI pour leurs sens très élevé de la responsabilité !
AEEMB, la conviction d’une jeunesse !!!
3. Le 26 mai 2020 à 15:27, par ô pays mon beau peuple En réponse à : L’Aïd El Fitr 2020 : Imam Tiégo Tiemtoré appelle à plus de solidarité envers les personnes éprouvées par les actes terroristes et le COVID-19
On voit ici la différence entre ceux qui pratique et comprenne la religion et ceux qui pratique parce qu’ils sont musulmans seulement. L’Islam est une très belle religion pratiquée très souvent par des ignorants. Le meilleur des hommes est celui qui est utile à sa communauté, à son pays et de façon générale à toute la créature de Dieu Tout Puissant. Longue vie à vous Imam. Que Dieu protège notre chère Patrie !