Présidentielle ivoirienne : O.K., tranchons alors !A la suite des Accords de Linas Marcoussis et d’Accra, ceux de Pretoria signés sous l’instigation du président sud-africain, Thabo M’Beki, censés conduire les protagonistes de la scène politique ivoirienne vers une sortie de crise sont un échec cuisant. La tension qui est montée sur les bords de la lagune Ebrié, depuis le début de la semaine écoulée, témoigne de la précarité du silence des armes. A moins que, comme le souhaite si bruyamment le président ivoirien, la communauté internationale tranche et dans les meilleurs délais, car le temps presse. Si le Rassemblement des démocrates (RDR) d’Alassane Dramane Ouattara doute, les Forces nouvelles, elles, en tout cas sont formelles, annonçant qu’elles prendraient leurs responsabilités le 30 octobre 2005 à minuit. Conclusion, en effet, de leur retraite à Bouaké, le foyer de la rébellion armée, la semaine dernière : "Si Laurent Gbagbo a tergiversé depuis janvier 2003, parce qu’il espérait d’une partie de la communauté internationale son maintien, en toute illégalité et en toute illégitimité à la tête de l’Etat, il se trompe". Ces propos, qui ont valeur d’ultimatum, auraient dû interpeller la CEDEAO, l’Union africaine, l’ONU et les grandes puissances, mais en vain leur réaction se fait attendre. On est tenté de comprendre ce mutisme par cette réflexion : "Nous sommes tous fatigués, mettez les feux aux poudres et qu’on en finisse une fois pour toutes". Mais en arriverons-nous là, quand nos mémoires sont encore chargées des horreurs survenues dans les pays des Grands Lacs, en Afrique centrale, et plus près de nous au Liberia et en Sierra-Léone ? Le PDCI/RDA, l’ancien parti unique, achève de nous convaincre que malgré l’entêtement du couple présidentiel Gbagbo, aucune consultation électorale n’est réalisable en deux mois en Côte d’Ivoire, sauf peut-être dans les pays occidentaux ou dans ceux à forte tradition démocratique. Le constat fait par le parti de Henri Konan Bédié au cours de la réunion de son Bureau politique national le 25 août 2005 est des plus amers :
Le PDCI-RDA ainsi s’associe-t-il à l’opposition, qui, dans des correspondances adressées à Thabo M’Beki les 25 juillet et 12 août, dénonce :
Mission impossible pour les Forces onusiennes et la Licorne, qui misaient sur la réelle volonté des Ivoiriens, d’enterrer définitivement la hache de guerre. Et cette paix tant recherchée, ils ne la connaîtront sans doute pas tant qu’elle ne leur sera pas imposée d’une manière ou d’une autre. Le vin est tiré, il faut le boire. Le réveil soudain de Simone Ehivet Gbagbo est porteur de tous les dangers : "Après le 30 octobre, Alassane Dramane Ouattara n’est éligible à aucune autre élection en Côte d’Ivoire". A bon entendeur... ! Maintenant que le clan présidentiel réussit le tour de force de créer des ennemis même au sein de ses anges gardiens, qu’en attendre ? Gageons que la providence saura nous épargner les affres d’une guerre civile, car sait-on jamais ! Observateur Paalga |