Côte d’Ivoire : Retour des ex-rebelles au conseil des ministres après trois mois de boycottABIDJAN, 22 déc (AFP) - 19h49 - Les ex-rebelles ivoiriens ont décidé lundi, au cours d’une réunion dans leur fief de Bouaké (centre), de reprendre leur participation au conseil des ministres après trois mois de boycott, a annoncé à l’AFP le porte-parole des Forces nouvelles, Sidiki Konaté. Le Premier ministre de réconciliation, Seydou Diarra, a déclaré à l’AFP avoir reçu de la part des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion), un "message direct" confirmant leur retour. "Le monde appartient à ceux qui sont patients et tolérants", s’est-il réjoui, soulignant que le président ivoirien Laurent Gbagbo "est tout heureux" de la nouvelle. Le dernier conseil des ministres de l’année 2003 se tient lundi soir à Abidjan, en l’absence de ses membres issus de la rébellion, mais les Forces nouvelles y seront présentes dès janvier 2004. Les Forces nouvelles avaient suspendu depuis le 23 septembre la participation de leurs ministres aux réunions du gouvernement de réconciliation nationale, pour protester contre des blocages dans le processus de paix et l’application des accords de Marcoussis, signés en France fin janvier par les principaux partis politiques et les mouvements rebelles. Parmi les points de blocage : la désignation, il y a quelques mois, des titulaires des portefeuilles de la défense et de la sécurité intérieure, deux postes ultra-sensibles, ainsi que la sécurité des "ministres rebelles" à Abidjan. Le retour des ministres FN était réclamé avec force de toutes parts depuis des mois : le Premier ministre ivoirien de réconciliation nationale Seydou Diarra, les Nations unies, la France, plusieurs dirigeants ouest-africains, le comité international de suivi des accords de Marcoussis. La plupart des ministres FN continuaient toutefois de diriger leurs départements à Abidjan et d’effectuer des missions dans le cadre de leurs fonctions, mais "boudaient" symboliquement les réunions des conseils de gouvernement et des conseils des ministres hebdomadaires. Les dirigeants des FN, qui contrôlent la moitié nord de la Côte d’Ivoire, devaient également discuter lundi de la venue à Bouaké du président Gbagbo, qui a annoncé son intention d’y proclamer officiellement la fin de la guerre "avant la fin de l’année". Le président ivoirien Laurent Gbagbo s’est pour la première fois engagé le 4 décembre dernier à appliquer intégralement les accords de paix de Marcoussis. Il a également signé le 12 décembre dernier une délégation de pouvoirs au Premier ministre Seydou Diarra lui conférant les prérogatives de l’exécutif jusqu’à l’élection présidentielle d’octobre 2005, l’une des principales revendications des Forces nouvelles. Alors même que les chefs de l’ex-rébellion entamaient leur réunion, l’ex-putschiste Ibrahim Coulibaly, qui avait jusqu’alors démenti tout lien avec les Forces nouvelles, avait annoncé qu’ils allaient rejoindre le gouvernement. "Tous les ministres (des Forces nouvelles, ex-rébellion) vont rejoindre le gouvernement. Je leur ai parlé au téléphone, ils sont tous d’accord", a affirmé le sergent-chef "IB" à l’AFP depuis Paris, où il a été placé en liberté sous caution après une mise en examen par la justice française, qui le soupçonne d’avoir préparé l’été dernier une tentative de coup d’Etat contre le président Laurent Gbagbo. "Je viens d’ordonner à chacun de nos ministres de rejoindre dès ce lundi leur poste", a ensuite affirmé dans un communiqué reçu par l’AFP à Abidjan "IB", disant s’exprimer "en qualité de président des Forces nouvelles". Tout en étant très proche des militaires qui ont pris les armes en septembre 2002 contre Laurent Gbagbo, "IB" avait jusqu’à présent démenti tout lien avec la rébellion. De leur côté, les FN ne lui ont jamais reconnu officiellement une quelconque fonction au sein de leur mouvement, dont l’organigramme ne comporte pas de poste de "président". AFP |